Début Avril 2046 - Dans un couloir non loin de la Grande Salle après les cours - @Ennis O'Belt

Les vacances de Pâques avaient pris fin et Jeffrey avait regagné Poudlard revigoré. Il faut dire que les dernières semaines à Poudlard avaient été très éprouvantes pour l'ensemble des sorciers du château. L'adolescent avait, comme beaucoup de ses camarades, été assez marqué par les évènements récents du Dominion. Sans compter également ce qu'il s'était passé dans les journaux ces derniers temps avec toutes ces révélations sur les Lignées et la fameuse Académie des Arts Obscurs.

Tout ceci avait conduit Jeffrey a redoubler de sérieux pendant les cours et à songer à intensifier encore, si c'était possible, les entraînements clandestins avec Ennis. Il voulait être prêt au cas où, si un jour la nécessité l'imposait. L'anglais avait d'ailleurs fait part de tout ça à sa petite amie par hiboux interposés mais l'adolescent avait eu l'impression au travers des écrits de l'irlandaise que quelque chose n'allait pas. Inquiet il avait cherché à creuser cette impression désagréable auprès de la Gryffondor mais ses réponses écrits étaient bien évasives... L'anglais avait pas mal cogité, se demandant s'il avait fait ou dit quelque chose de mal. Les filles étaient souvent pénibles avec ces choses là... A toujours devoir deviner ce qu'elles pensent. Et quand les garçons y parvenaient et le formulaient la réponse "Non ça va" ou "Non y a rien" voulait souvent dire l'opposé.

Las de devoir lui tirer les vers du nez, Jeffrey avait tout bonnement fait comme si tout allait bien entre eux. Il s'était dit qu'il était aussi pénible qu'Ennis ait été elle aussi affectée par les récents évènements. L'anglais avait alors profité de ses vacances à Nottingham pour se faire chouchouter par sa mère, faire du basketball et du running, jouer à la console et toutes ces sortes de choses. Il avait aussi tenu à changer les idées à Olydia en prenant bien à cœur son rôle de grand frère.

Mais maintenant qu'il était de retour à Poudlard le garçon voulait des réponses car ses questionnements étaient revenus en tête de manière très insistantes. Le grand brun avait envoyé plus tôt ce matin un mot par Khéops pour donner l'heure et le lieu de rendez-vous et il n'attendait plus qu'Ennis, dans les couloirs bondés. Il eut l'impression d'attendre un certain temps avant d'apercevoir enfin la belle silhouette de l'irlandaise. Un large sourire s'afficha sur le visage du Poufsouffle.

« Ah te voilà toi. Ca a été les cours aujourd'hui ? » dit il avant de l'embrasser en guise de bonjour.

Ennis, qui d'habitude n'aimait pas spécialement rentrer chez ses parents pour les vacances maintenant que ses frères avaient leur propre logement commun, avait pourtant cette fois-ci accueillie la semaine de vacances avec une certaine gratitude. Depuis l'agression qu'elle avait subie par Daniel Smith, elle restait sur une forme de qui-vive permanent. Pourtant, il ne s'était pas remontré, il ne l'avait pas retouché, elle ne s'était plus sentie suivie. Quoiqu'Owen ait fait, cela avait semblé porter ses fruits. Au moins lors des trois semaines suivantes. Outre cette hypervigilence, cela avait aussi rendu tout contact physique avec les autres, surtout les garçons, bien plus compliqués. Elle n'avait jamais apprécié être touchée ou prise dans les bras par surprise et cedait parfois selon les circonstances, mais cela c'était hautement aggravé au point que parfois, elle en venait à appréhender les contacts physiques avec Jeffrey, son petit-ami. Jusque là elle avait expliqué évasivement ce comportement nouveau avec ce qu'ils avaient vu du Dominion. Mais l'anglais n'était pas dupe, il avait bien compris qu'il y avait plus. Mais elle n'avait pas voulu en parler, préférant enfouir tous les sentiments qui y étaient liés.

La semaine de pause l'avait aidée à se rassénérer, mêmechez elle où, surprenant tout le monde, elle avait été d'une discrétion absolue, ne cherchant même pas à négocier quelques jours chez ses frères. Elle qui aimait voler et se dégourdir les jambes était rester enfermée dans sa chambre, la salle de travail et la bibliothèque. Elle n'avait pas le goût à grand chose, trop soumises à l'impact négatif de sa mésaventure et aux cauchemars qui l'assaillaient. Elle étaient revenue à l'école au moins aussi angoissée à ce sujet - une inquiétude sous jacente particulièrement délétère. Elle prenait beaucoup sur elle, trop, ce n'était pas faute qu'Owen lui ait dit de venir le voir au besoin. Mais elle voulait être forte, réussir à se débarrasser de tout ça toute seule...

Dans la mâtinée, le hibou de son petit-ami était venu la trouver avec un mot assez court de ce dernier l'invitant à le retrouver près de la Grande Salle à la fin de leurs cours. Elle se rendait donc directement au rendez-vous sans trop se poser de questions. Malgré toutes ses réactions parfois étranges, avec lui, elle se sentait en sécurité.

- "Hey!" Dit-elle doucement en recevant le baiser du beau brun, il y avait du monde autour d'eux, elle ne se sentait pas à l'aise de plus d'effusions. L'irlandaise ne sortaient de sa reserve tactile qu'en petit comité ou lorsqu'ils étaient seuls. D'autant plus maintenant. "Un peu de mal à me concentrer." Répondit-elle à la question en toute honnêteté, c'était le cas depuis un mois après tout. "Et toi?" Questionna-t-elle avec intérêt tout en entremêlées les doigts de sa main droite à ceux de la gauche de Jeffrey. Ça lui permettait d'oublier la foule.

Ennis se montra pudique dans sa façon d'embrasser brièvement Jeffrey. L'anglais en avait l'habitude mais depuis quelques semaines l'irlandaise était particulièrement peu démonstrative. Il avait même parfois l'impression d'être revenu au début de leur relation, quand il se sentait presque rejeté par moments. Le Poufsouffle ne se formalisa pas cependant car le couloir était particulièrement bondé aujourd'hui. Il préféra retenir le geste de sa petite amie, qui avait saisi sa main avec douceur et il garda un instant le silence avant de répondre, profitant de ce geste rassurant de l'irlandaise.

« Ouais tranquille, ça c'est bien passé. Les vacances m'ont fait du bien je crois. Avant la coupure j'aurai pas suivi tout les cours sans décrocher à un moment. » dit l'anglais tout en guidant la Gryffondor dans un couloir moins fréquenté.

L'anglais espérait ainsi que l'ambiance moins oppressante serait propice aux confidences et à la discussion. Il avait également profité pour dire l'air de rien que des vacances avaient été nécessaires sans pour autant rentrer dans le détail. Libre à sa petite amie de creuser le sujet ou non. En tout cas lui voulait en savoir davantage sur les raisons qui conduisaient une aussi bonne élève à avoir du mal à se concentrer en cours. Surtout après des vacances sensées recharger les batteries.

« Et toi donc ça a été dur ? Comment ça se fait ? En général une Miss Optimal comme toi n'a pas de mal à suivre... » plaisanta Jeffrey.

Après tout la taquinerie était une arme comme une autre pour obtenir les informations que l'on souhaitait.

Ennis avait du mal à regarder Jeffrey pendant qu'il parlait. Depuis ce fameux 05 mars, elle peinait à soutenir son regard, de gêne, de honte, comme s'il était inscrit dans ses yeux ce qu'il s'était passé. Et, même si elle s'efforçait de rester la plus naturelle possible avec lui, elle appréhendait tout, et force était de constaté que la semaine loin de l'école, loin de Smith, n'avait pas permis d'arranger son problème. C'était presque pire, tout contact avec le brun - qu'elle aimait toujours autant - lui apportait de l'inquiétude. Comme si Jeffrey pouvait se montrer aussi irrespectueux et imbu de lui-même que le septième année. L'irlandaise se laissa guider un peu plus loin, l'alerte de ses sens s'amoindrit mais elle ne put s'empêcher de jeter un regard circulaire dans le couloir, pour s'assurer de l'absence de son bourreau. Dans ce couloir plus calme, elle se sentait un peu mieux. Ses doigts toujours entrelacés à ceux de Jeffrey se resserrèrent quand elle essaya de lui répondre, difficilement à propos des vacances:

- "Je crois que la semaine a été salvatrice pour beaucoup." Fut la seule phrase bateau qu'elle parvint à sortir, et en même temps, vu l'expérience vécu moins de dix jours avant de reprendre le Poudlard Express, elle ne prenait pas grand risque. Le bel anglais ne sembla pas faire cas de son intervention évasive, il préféra creuser son état à elle, sur un ton léger. Cela faisait des semaines qu'elle résistait et ne prononçait pas un mot sur ce qui lui était arrivé. Et la nouvelle tentative du brun fut celle qui, elle le sentait bien, allait l'obliger à faire preuve d'honnêteté. Pas qu'elle ne soit dépourvu, mais c'était si dur... Cela l'avait déjà été avec Owen, mais il était intervenu à chaud du climax des agressions qu'elles avaient subies, et surtout, il avait surpris une partie de la scène. La préfète qui avait le regard un peu baissé le leva sur le Poufsouffle. Ses yeux portaient les traces de perles salées, prêtes à tomber.

- "Je... Ça va pas. Du tout." Et elle ne parlait pas de cette retenue qui se profilait avec le Professeur Mason à cause d'Alienor.

La révélation de l'irlandaise donna l'impression à Jeffrey d'avoir glissé de son Comète 260 en plein vol. Ennis lui confirmait sans la moindre ambiguïté que quelque chose ne tournait pas rond du tout. Il y avait eu des signes avant-coureurs bien sûr et pas seulement ceux visibles depuis quelques minutes comme cette main serrée nerveusement, les baisers furtifs ou les regards un peu fuyants. Depuis un bon mois déjà la Gryffondor semblait se refermer sur elle comme une huître et Jeffrey commençait à le prendre presque personnellement.

Le Poufsouffle s'était longtemps remis en question. Avait il eu des mots mal interprétés par l'irlandaise ? Ennis l'avait elle vu rire en compagnie de sa meilleure amie Maddie. Se pouvait il qu'elle se soit fait un scénario catastrophe dans sa tête en l'imaginer avec son ex petite amie ? Non tout cela semblait vraiment exagéré, surtout venant d'une fille aussi mesurée et en contrôle que la Préfète des Gryffondor. L'autre théorie qu'avait eu l'adolescent était un problème familial. Ses parents semblaient peu commodes et avaient des idées archaïques en tête, comme ces histoires de mariage arrangé... Se pouvait il que ce soit ce sujet qui ait été remis sur la table pendant ses vacances ?

Le cerveau de l'anglais tournait à plein régime et pour autant, de manière totalement irraisonnée et irrépressible il se sentait coupable. Il se sentit désemparé et impuissant devant la détresse de sa petite amie et il ne parla pas tout de suite. Il sera ses doigts entrelacés avec ceux de sa petite amie et se mit en face d'elle, stoppant leur avancée.

« Qu'est ce qu'il se passe ? » demanda-t-il avec une inquiétude qu'il peina à dissimuler. « Je... C'est ma faute ? J'ai fait quelque chose de mal ? »

Ses semaines d'inquiétude le faisait parler. Jeffrey aurait aimé être parfait et réagir avec calme mais ses propres peurs sortaient au pire moment, en même temps que sa petite amie exposait sa détresse. Le Poufsouffle prit une petite inspiration et se força à prendre sur lui pour se montrer rassurant. De sa main libre il approcha sa main du visage d'Ennis pour lui dégager une mèche de cheveux et s'attarda une seconde sur sa pommette, qui menaçait visiblement d'être humide d'un moment à l'autre.

« Tu sais que tu peux tout m'dire... » dit il avec douceur, bien qu'il ait l'impression que l'irlandaise puisse entendre tambouriner son cœur frénétiquement.

Même sans sa sensibilité exacerbée, Ennis aurait été capable de sentir à quel point les cinq tout petits mots qu'elle venait de prononcer avaient eu l'effet d'un maléfice explosif particulièrement bien maîtrisé. L'adolescent était inquiet et elle se doutait bien qu'il devait se faire mille et un scénario dans sa tête sans savoir auquel donner plus d'importance. A ces questions sur son implication dans son mal-être, Ennis ne parvint qu'à, très doucement et dans une faible amplitude, faire tourner sa tête vers la gauche puis la droite. Il n'y était pour rien, contrairement à elle qui l'avait fait souffrir à cause de sa faiblesse. Elle peinait à retenir ses larmes et le geste tendre du garçon fut le signal pour qu'elles coulent doucement sur ses joues. La jeune fille aux cheveux châtains ferma les yeux pour tenter de les maîtriser, si cela était possible. Elle sentait son stress d'avouer ce qui la tourmentait autant que celui du garçon de recevoir ce qu'elle allait dire. Comment allait-il accueillir pareille information. Elle-même ne parvenait pas à se considérer autrement que comme fautive dans cette histoire - quoi qu'ait pu en dire Owen quand elle était retournée le voir dans le but de lui parler mais qu'elle n'avait pu que répondre par hochement de tête ou signe négatif. C'est donc avec toutes les peines du monde qu'elle commença son explication, les yeux toujours fermés:

- "Depuis septembre... un gars... me... était lourd... et..." Chaque groupe de mots était ponctué d'une pause pour prendre le temps de respirer. Elle ouvrit es yeux et, se força à regarder Jeffrey pour dire la suite sans pouvoir empêcher sa voix de trembler: "Le mois dernier il a voulu..." Les mots restèrent coincés dans sa gorge. Le souvenir de la scène s'imposait à elle.

Tw : Agression / Harcèlement

Jeffrey ressentit un bref instant de soulagement en voyant Ennis faire un timide Non de la tête. Il n'était pas la source de ses malheurs et il aurait pensé ressentir un poids quitter ses épaules mais il n'en fut rien. Effectivement la quatrième année n’exagérait pas en disant qu'elle n'allait pas bien du tout. L'anglais ressentit presque de la culpabilité d'avoir été soulagé l'espace d'une seconde tant il constatait la détresse de sa petite amie. Il relâcha quelque peu l'étreinte sur la main de l'irlandaise mais ne la lâcha pas pour autant, préférant opter pour des mouvements du bout de ses doigts sur le dos des mains de la Gryffondor. Mouvements qui se voulaient apaisants mais qui semblaient totalement inefficaces.

Chaque mot semblait être terriblement douloureux à sortir et le Poufsouffle devait se concentrer pour essayer de les comprendre parmi les sanglots qu'émettait Ennis. La Préfète sembla trouver toute la force qu'elle avait en elle pour parler. Le courage pouvait prendre diverses formes et Jeffrey pouvait voir qu'elle n'avait pas été répartie à Gryffondor par hasard. Au prix d'un grand effort elle réussit à sortir plusieurs mots de suite et Jeffrey sut aussitôt qu'il ne serait pas prêt de les oublier. Il eut l'impression qu'un Détraqueur venait d'arriver soudainement tant l'annonce de sa petite amie tétanisa le garçon. Il faillit lui demander de répéter pour savoir s'il avait bien entendu mais l'attitude d'Ennis parlait d'elle-même.

Dans un geste instinctif il prit la Gryffondor dans ses bras et la serra fort pour qu'Ennis puisse se laisser aller. Il déposa un baiser sur ses cheveux tout en essayant de la calmer. Un mélange d'émotions traversa l'anglais. Il se sentait impuissant et inutile. Il resta silencieux tandis qu'il essayer d'apaiser les sanglots de l'irlandaise. Comment avait il pu ne pas voir à quel point elle allait mal ? Il était certainement le pire petit ami possible... La tristesse s'invita également au bal des émotions car il avait l'impression de ressentir le mal-être d'Ennis, ou du moins une partie. Il ne trouvait pas les mots et l'inquiétude pointait le bout de son nez. Qui était ce gars ? Et qu'avait il voulu lui faire ? Redoutant la réponse Jeffrey déserra quelque peu son étreinte pour regarder sa petite amie dans les yeux.

« Il t'a fait du mal ? C'est qui ce gars ? »

Un autre sentiment menaçait d'arriver d'une seconde à l'autre : la colère.

Sans se faire prier, Ennis se laissa étreindre et, elle d'ordinaire pudique, surtout depuis Smith, se leva même totalement dans les bras sécurisant de Jeffrey. Parler avait été extrêmement douloureux. Revivre certains flash particulièrement difficile emotionnellement parlant. Et à cette instant précis, elle lâchait complètement la pression. Elle laissa les larmes couler de longues minutes gardant ses mains près de son visage pour aider à les évacuer. Le corps de l'anglais lui servait de bouclier aux regards des éventuels étudiants qui passeraient par là, ça faisait du bien. Quand enfin les larmes se tarirent, elle ne bougea pas pour autant, elle attendit que le brun relâche l'étreinte pour relever la tête. Son regard en disait assez long sur les émotions qui devaient se bousculer en lui. Mais l'adolescente était comme anesthesiée par ses pleurs qui avaient laissé ses yeux rougis et gonflés. Pour une fois, son empathie naturelle semblait la laisser tranquille. Elle prit toutefois une grande inspiration pour répondre aux deux questions de l'adolescent dont la voix transmettait sa colère. Ennis n'osait pas s'avouer qu'elle avait peur que celle-ci soit dirigé contre elle-au moins en partie.

- "Il... m'a suivie après des cours.... parfois sifflée... dit des choses..." elle déglutit sans être capable de formuler le mot 'sexuelles', "Quelques fois il m'a aussi... touché... je ne voulais pas." Ça ne datait que de six mois pour les faits les plus anciens, elle peinait donc à donner plus de précisions. Mais elle se força à aller au bout, malgré toute la douleur que ça lui provoquait et la difficulté que ça devait être pour le brun de découvrir tout ça. Elle mettrait sa baguette en jeu qu'il allait s'en vouloir:

- "Il y a un mois il m'a..." pause pour respirer, "coincée dans un couloir." Nouvelles larmes qui coulent sans sanglots. "Il voulait... m'embrasser au moins... de force" Ses yeux se fermèrent et elle deglutit pour tenter de faire passer le goût hautement amer dans sa bouche. "Peut être plus je sais pas. J'ai... je sais pas, je pouvais plus bouger et là... j'ai courru." Ça devait répondre à la premier question.

- "Owen, le prof d'études des modlus. Il est arrivé à ce moment là. Il a pu... m'aider." Elle n'avait pas fait attention au fait qu'elle n'avait pas appelé le meilleur ami de son frère par son nom.

Tw : Harcèlement / langage agressif en réaction

L'étreinte que Jeffrey lui avait donné semblait avoir redonné un peu de force et de courage à sa petite amie. Le Poufsouffle l'écouta attentivement, fronçant les sourcils au début de ses explications. Les garçons qui sifflaient les filles dans les couloirs n'étaient pas légion à Poudlard mais l'anglais en avait vu faire plusieurs fois. En général ils agissaient en bande en riant niaisement entre eux de leur action et des réactions qu'ils provoquaient, tantôt gênées tantôt agacées... Jeffrey avait toujours trouvé ces mecs stupides mais ne s'était jamais questionné plus que ça sur l'impact que pouvait avoir ces agissements sur leurs cibles. En tant que garçon, plutôt grand et costaud de surcroît, il n'avait jamais été embêté ou harcelé personnellement. Mais à présent il prenait pleinement la mesure de ce que pouvait provoquer ces comportements, à priori sans conséquences. Ils avaient en fait été précisément le point de départ de l'enfer que traversait sa petite amie.

Jeffrey peinait à écouter ce que Ennis lui raconta ensuite. Alors il imaginait combien cela pouvait être éprouvant pour la belle irlandaise. Il avait envie de la prendre dans ses bras à nouveau pour la réconforter mais la Gryffondor semblait lancée et déterminée à aller au bout de ses explications. Comment pouvait on faire des choses pareilles ? L'anglais était totalement révolté et avait envie de faire quelque chose, d'agir. Il aurait donné cher pour avoir un Retourneur de Temps et empêcher tout ça. Il culpabilisait, c'était certain. Mais il voulait surtout que sa petite amie n'ait jamais eu à vivre de tels moments.

Heureusement Mr Locke, enfin Owen comme l'avait appelé Ennis, était intervenu. Si un adulte était au courant désormais il était peu probable que la Gryffondor soit encore persécutée par son harceleur. Pourtant Ennis avait quelques minutes avant leur discussion jeté des regards nerveux autour d'elle, comme si tout ça continuait encore.

« Et il a fait quoi Locke ? Le gars te suit plus hein ? » demanda le grand brun avec une rage contenue. Il ne connaissait toujours pas le nom de ce gars et il devait savoir. Il le fallait. Et quand il le saurait...

« C'est qui le mec ? Faut que tu m'dises... Il te touchera plus ce connard. » dit l'anglais en crispant sa mâchoire.

Pour la première fois de sa vie il avait envie de faire mal à quelqu'un. Vraiment mal et pas seulement envoyer un cognard sur un adversaire pour l'empêcher de marquer un but.

Expliquer tout ce qui lui était arrivé depuis des mois avait comme vidée l'adolescente de quinze ans d'une bonne partie de son énergie. Ses explications terminées, elle ferma donc les yeux pour tenter de faire disparaître les images qui dansaient devant ses yeux. Mais c'était pire, en plus des flashes, les sensation set les odeurs lui revenaient avec force. L'irlandaise trembla, la part rationnelle de son cerveau savait qu'elle était avec Jeffrey. Un Jeffrey dans une colère qu'elle ne lui avait jamais connu, même de réputation. Elle rouvrit ses paupières c'était pire que de la colère, c'était de la rage. Et ça effrayait la Gryffondor de le voir ainsi. Sa gorge se serra et des larmes silencieuses rejoignaient leurs sœurs, ajoutant des sillons salés sur ses joues.

- "Jeff, le do thoil." Le supllia-t-elle implicitement en irlandais de se calmer. L'anglais n'était pas bilingue mais elle savait qu'il connaissait quelques mots comme 's'il te plaît', qu'elle venait d'utiliser. Le brun savait aussi qu'elle utilisait sa langue maternelle assez rarement à l'école. Il fallait qu'elle soit particulièrement perturbée.

- "Ow... Locke m'a crue.Elle s'était rattrapée en plein vol. "Complètement." Et ça avait été le début de la fin du calvaire. "Smith," le nom si commun était lâché, la châtain se mordit la lèvre, "il se plaignait car je lui ai cassé le nez en réussissant à partir..." Elle respira doucement, "Et Locke a rien dit sur ça. Il le fait venir à des cours en plus pour qu'il soit pas dans les couloirs. Il l'a collé aussi. Je crois. Je... J'ai pas trop voulu savoir." Ses yeux menaçaient toujours de déborder du trop plein d'émotion. Soulagement de tout dore à Jeffrey, peur que ça recommence. Tout se bousculait.

- "Je crois qu'il me suit plus mais... j'ai toujours peur que si." Restait la dernière question sur l'identité de son agresseur, elle avait bien donner son nom, mais des anglais du nom de Smith, même à Poudlard, il y en avait un nombre conséquent.

- "Daniel Smith," dit elle en chuchotant, "Serdaigle, septième année."