Mission #7 CdC Décembre 2021 - Un de perdu, dix de retrouvés ? - @Alexander Luben

Octobre 2046 - Dans les couloirs, un jour de semaine

Les rumeurs étaient nombreuses à Poudlard et de toutes natures. Dans sa cinquième année, Jeffrey avait appris à ne pas les prendre toute au sérieux. Loin de là même. On trouvait bien évidemment de nombreux ragots sur les autres élèves, que cela concerne leur vie amoureuse ou bien leurs activités extra scolaires comme le Quidditch. Le Poufsouffle avait d'ailleurs du composer avec celles-ci dès sa première année dans les deux cas de figure. Nombreux étaient aussi les bruits qui couraient sur les enseignants ou même encore sur le monde extérieur. S'il aimait être au courant de tout ce qui se disait il ne participait en général pas au colportage des bruits de couloir et préférait se mêler de ce qui le regardait.

Cependant son leitmotiv fut mis à rude épreuve quand un type de rumeur bien particulier vint jusqu'à ses oreilles. Cela s'était produit quelques jours plus tôt dans la Grande Salle, quand l'anglais avait entendu un jeune Poufsouffle - Derek lui semblait-il - parler avec une camarade de Gryffondor. Les deux élèves avaient entendu dire qu'une collection de cartes chocogrenouilles avait été confisquée récemment et emmenée dans le bureau de Rusard. Aussitôt l'instinct de chasseur de cartes de l'aîné des Hunter s'était éveillé. Malgré lui il avait tendu l'oreille à la recherche d'autres indices mais en vain.

Dans les heures qui avaient suivies, Jeffrey avait essayé de chasser une idée naissante de sa tête : celle d'aller fouiller le bureau du fantôme à la recherche de la carte de Gellert Grindelwald. Il s'agissait d'une des rares cartes Or qu'il ne possédait pas encore pour terminer sa collection et l'occasion était trop belle pour être ignorée. Pourtant l'adolescent était un peu échaudé par la récente punition dont il avait écopé. Ce ne fut qu'après deux jours consécutifs à y penser constamment que le grand brun décida de céder à sa collectionnite aigue.

Le Poufsouffle avait alors tenté plusieurs fois de trouver une ouverture pour aller dans le bureau de Mr Devon mais aucune opportunité décente ne s'était offerte à lui jusque là. Mais alors que Jeffrey venait de raccompagner Ennis à sa Salle Commune, l'anglais avait décidé de faire un crochet par le bureau du concierge au cas où. Arrivé dans le couloir le Poufsouffle fit un point rapide de la situation. Le couloir était particulièrement calme et la porte paraissait fermée. Et tous les voyants semblaient au vert pour tenter quelque chose.

Le garçon réfléchissait à toute vitesse quand à la meilleure stratégie à adopter. La franchise serait certainement la meilleure d'entre elle. Oui, c'était préférable vu les récents évènements. Il 'n'aurait qu'à dire qu'il cherche un objet qu'il a égaré et demander à regarder. Et si personne ne répondait il pourrait toujours tenter de rentrer par effraction.

Le Poufsouffle s'avança donc jusqu'à la porte du bureau où se trouvait un affichage des sorties à Pré-Au-Lard. Jeffrey frappa par trois fois à la porte et attendit. Ce fut pile à ce moment qu'un élève arriva au détour du couloir. La poisse... pensa sombrement l'anglais en voyant le nouvel arrivant.

Pris dans les engrenages d’une machine infernale. Cela faisait maintenant quelques jours que c’était l’état dans lequel se sentait Alexander. Une routine affolante, un rythme effréné que le jeune garçon avait bien du mal à suivre. Même s’il en était en partie responsable, en ayant tenté sa chance dans l’équipe de Quidditch, il ne s’attendait pas à ce que l’équilibre entre les entraînements, les devoirs toujours plus nombreux imposés par les professeurs et un sommeil digne de ce nom, soit si difficile à maintenir. Les rares moments de calme qui s’offraient à lui étaient bien souvent amortis par une sieste bien méritée ou par une rapide promenade dans le parc lorsque le temps était assez clément. Ce jour-là, Alexander avait décidé de ne pas travailler et de profiter de la fin de journée pour se reposer. Finalement, son choix s’était porté sur le Club de Chocobataille, situé dans la tour Nord.

Bien que peu intéressé par les cartes Chocogrenouilles, Alexander avait tout de même entamé une maigre collection, se limitant essentiellement aux joueurs de Quidditch célèbres, mais aussi une toute particulière à ses yeux : celle à l’effigie de Godric Gryffondor. La plupart du temps, alors qu’il terminait de manger sa friandise chocolatée, le garçon se contentait de donner la carte qu’il avait obtenue à un de ses camarades. Le deuxième année avait du mal à comprendre la passion que pouvaient entretenir les jeunes sorciers à cet égard, mais il se rendait de temps en temps au Club de Chocobataille, lors d’évènements particuliers, ou tout simplement pour flâner en regardant d’autres élèves jouer.

Alors que le jeune garçon arpentait les couloirs presque vides du sixième étage en direction de la salle du Club, une présence surprenante devant le bureau du concierge attira son attention. Planté devant la porte, un élève, de toute évidence plus âgé que lui. Il y a vraiment des gens qui rendent visite à Rusard, ce vieux fantôme sadique et diabolique ? Impossible… Sa curiosité piqué au vif, l’anglais se dirigea vers lui. Le club attendrait.

« Tu sais, il n'y a pas grand monde dans ce bureau depuis que m’sieur Devon est plus là, tu risques d’attendre pendant des heures. »

Alexander posa sa main sur la poignée de la porte avant d’appuyer dessus délicatement. Fermé. Evidemment. Ça aurait été trop simple ! Le Gryffondor sortit sa baguette, déterminé à user de magie pour tenter d’ouvrir la porte bloquée. Depuis le départ du précédent concierge, il ne devait plus rien y avoir de précieux dans la pièce, si ce n’est les effets personnels des élèves qui auraient été confisqués. Pour le garçon, peu probable qu’elle ait été verrouillée avec un sortilège trop puissant.

« D’ailleurs, t’es là pour quoi toi ? Tu voulais prendre le thé avec ce bon vieux Rusard ? »

Les yeux rieurs, il n’avait prononcé cette phrase que pour souligner l’étrangeté de la situation. Au fond de lui, la raison de sa présence lui importait peu, et il comptait bien ouvrir cette porte. Ne serait-ce que pour montrer au Poufsouffle qu’il était peu probable que le fantôme du concierge soit effectivement là. Et au mieux, il pourrait fureter rapidement dans le bureau à la recherche de biens égarés par les élèves ou oubliés par Mr. Devon avant son départ. Sa baguette pointée vers la serrure, le jeune garçon murmura doucement : « Alohomora. »

Bien évidemment le jeune Gryffondor ne tarda pas à approcher et ne poursuivit pas sa route. Il redoutait Mr Devon ou Rusard, voir même le passage d'un professeur. Par bonheur il avait jusque là échappé à tout ça mais il avait fallu qu'un gamin vienne se mettre dans ses pattes pour gêner son entreprise. Quand il approcha, Jeffrey reconnu Luben, une recrue des Griffes Ardentes. Il se rappelait qu'Ennis lui en avait parlé mais il avait oublié le prénom du garçon.

L'entrée en matière du rouge lui apporta une information qu'il avait oublié : Mr Devon n'était plus au château. Maintenant qu'il y repensait il ne l'avait effectivement pas vu lors du banquet de début d'année et peut-être que Miss Loewy l'avait évoqué dans son discours mais Jeffrey ne s'en souvenait pas. Un problème de moins. se dit le Poufsouffle.

« Ah ouais c'est vrai j'avais zappé. Faut dire que je passe pas souvent par ici. » admit l'anglais.

Il ne montait pas souvent plus haut que le cinquième étage pour voir Ennis ou aller s'entraîner avec elle dans la Salle sur Demande. En effet le garçon ne suivait plus de cours de Métamorphose et d'Astronomie. Il n'avait pas non plus de cours de Divination et n'avait que quelques cours de Runes en option. Il n'était donc pas spécialement facile de justifier sa présence ici alors autant jouer franc jeu. Au moins en partie.

« Plutôt manger des véracrasses que de discuter avec lui. Non, je venais récupérer un truc. » dit il d'un évasif.

Après tout Luben n'avait pas besoin de trop en savoir. Mais le Gryffondor ne semblait pas du tout du même avis puisqu'il sortit sa baguette pour déverrouiller la porte. L'anglais fronça les sourcils devant cette initiative qu'il trouvait intrusive.

« Parfait. Merci du coup de main mais j'aurai pu m'en débrouiller seul tu sais ? Je m'en voudrais de te faire perdre ton temps ou que tu sois puni à cause de moi... » dit l'anglais en poussant légèrement la porte.

Aussitôt une forte odeur de renfermé lui parvint aux narines. Depuis le départ de Mr Devon la pièce ne semblait pas avoir été nettoyée et était très poussiéreuse mais plutôt ordonnée. Les rideaux n'étaient pas complètement tirés sur les fenêtres, ce qui permettait de voir à peu près l'ensemble de la pièce. La pendule sur sa gauche émettait un rythme soporifique. Jeffrey oublia momentanément la présence du Gryffondor à ses côtés et fit un pas supplémentaire pour entrer entièrement dans la pièce. Moins il passerait de temps ici, moins il risquerait la punition. Il fallait donc se lancer. Résigné, l'anglais se tourna vers Luben et s'adressa à lui d'un air plus empressé.

« Bon, entres ou sors mais ne laisse pas cette porte ouverte. Rusard peut se pointer à tout moment. »

Une simple porte fermée n'arrêterait pas le fantôme de l'ancien concierge mais au moins elle attirerait moins l'attention des professeurs et Préfets qui pourraient passer par là.

Et la porte fut déverrouillée. Alexander n’était pas peu fier d’avoir réussi son sortilège. En effet, les deuxième année venaient tout juste de commencer à apprendre les spécificités des verrous et des différents moyens de passer outre. Le cours avait particulièrement intéressé le Gryffondor, qui avait songé à leur utilisation dans des cas de figures se rapprochant tout à fait de ce qu’il venait d’accomplir : pénétrer dans des lieux interdits. De ce fait, il s’était particulièrement appliqué à maîtriser ce sortilège de déverrouillage au plus vite.

Le Poufsouffle, quant à lui, semblait avoir oublié le départ de l’ancien concierge. En même temps, les changements de poste au sein de l’équipe éducative étaient souvent assez nombreux à chaque début d’année scolaire. Généralement, lors du banquet et de la cérémonie de répartition, les élèves étaient bien plus galvanisés par les retrouvailles et les nouvelles têtes qui intégraient leur maison que par le mercato estival qui avait animé Poudlard. Néanmoins, Alexander avait bien vite remarqué l’absence du concierge, ce qui signifiait pour lui une personne de moins surveillant les couloirs. Même si Rusard était probablement toujours aux aguets, il ne pouvait pas être partout à la fois. Ce qui signifiait, pour les élèves, une ouverture plus importante pour accomplir les coups les plus tordus.

Comme s’en doutait le deuxième année, le Poufsouffle n’était évidemment pas venu pour passer un moment en tête à tête avec le vieux fantôme. Qui se pointerait dans le bureau du concierge si ce n’est pour récupérer quelque chose ? En revanche, celui-ci semblait toujours vouloir garder son objectif secret, ce qui ne manqua pas d’attiser à nouveau la curiosité du jeune sorcier. S’il s’était contenté de dire qu’il était à la recherche de son frisbee à dents de serpents, d’une bombabouse subtilisée ou de n’importe quel objet interdit, il aurait sans doute passé son chemin. Mais si le Poufsouffle semblait prêt à s’introduire dans le bureau, c’est que la prise de risque en valait la peine.

Alors que le garçon plus âgé entrait dans la pièce, Alexander resta planté quelques secondes devant la porte. Il jeta un œil de chaque côté du couloir, vérifiant que personne ne les avait vus s’introduire dans le bureau. Il remonta sa chemise au-dessus de son nez pour se protéger de l’odeur poussiéreuse de la pièce avant d’y pénétrer à son tour, en refermant doucement la porte derrière lui. Le Gryffondor parcourut la pièce du regard quelques secondes, avant de se diriger vers le bureau de l’ancien concierge et de s’y adosser, les bras croisés.

« Tu cherches quoi ? Maintenant que je suis là, j’peux peut-être t’aider ? J’avais prévu d’aller regarder quelques parties de Chocobataille, mais bon, ça ne m’intéresse pas vraiment… Tu t’es fait confisquer un truc ? »

Un vrai pot de colle ce Luben

Luben marqua un temps d'arrêt supplémentaire avant d'entrer, ce qui eut pour effet de faire monter d'un cran la fébrilité du Poufsouffle. Mais qu'est ce qu'il tourne encore... se dit un brin agacé le cinquième année. Le joueur des Griffes Ardentes tourna la tête de chaque côté afin de vérifier que personne ne les avais vu entrer. Ce n'était pas une mauvaise idée à la base mais l'anglais se dit qu'à force de tergiverser Luben multipliait les risques de se faire effectivement surprendre par quelqu'un. Et Jeffrey n'avait clairement pas envie d'être à nouveau en retenue. Au bout de quelques secondes qui parurent interminables, son camarade finit par entrer dans la pièce et referma précautionneusement la porte en essayant de ne pas faire de bruit.

Jeffrey reporta donc à nouveau son attention sur le bureau dans lequel il venait de pénétrer. Il n'était pas dans la pénombre car un rayon d'un timide soleil traversait la pièce, orienté par un vieux rideau à moitié tiré. A travers la pièce on voyant la poussière danser à travers ce faisceau lumineux, donnant une ambiance spéciale à ce lieu. Le Poufsouffle prit sa baguette magique et murmura un « Lumos » afin d'y voir davantage. Cette solution avait l'avantage de pouvoir amener la lumière à l'intérieur des armoires et lourds casiers disposés dans le bureau du concierge. Le garçon vit Luben entrer en se masquant le visage comme s'il craignait la poussière. Jeffrey était curieux de savoir pourquoi il faisait cela. Peut-être était il un peu asthmatique ? Il se retint toutefois de poser la question, d'une part car ça ne le regardait pas et d'autres part car il avait d'autres Matagots à fouetter.

Le grand brun entreprit donc de débuter sa recherche par la grande armoire située au fond à droite de la pièce mais il n'eut pas le temps de faire un pas vers elle que Luben lui faisait face, adossé au bureau. Le pot de colle ne semblait pas pressé de quitter les lieux et questionna l'anglais assez sereinement, les bras croisés, comme s'il se trouvait dans son propre bureau et que Rusard ne risquait pas de débouler d'un moment à l'autre. Le Poufsouffle eut envie d'envoyer paître le garçon mais il se doutait qu'il n'y arriverait pas facilement et le temps pressait. Alors le grand brun accepta l'aide du garçon à contrecœur.

« Bon d'accord... Je cherche des cartes chocogrenouilles. La carte Or de Gellert Grindelwald plus précisément. Et j'me dis que si j'ai une chance de la trouver c'est bien ici. Et plus vite on la trouvera mieux ça vaudra, avant que Rusard ne se pointe par ici. Il paraît qu'il aime bien venir ici pour ruminer contre les élèves. » dit Jeffrey tout en avançant vers l'armoire.

Après tout ils pouvaient commencer à chercher tout en discutant. Le garçon essaya d'ouvrir les portes de l'armoire mais elles étaient verrouillées. Le cinquième année pointa donc sa baguette sur la serrure et lança un Alohomora pour y remédier. A la lueur de sa baguette, le Poufsouffle entreprit de commencer sa fouille tout en écoutant ce que le Gryffondor allait lui répondre.

Alexander resta quelques instants appuyé contre le bureau de bois, observant le Poufsouffle se diriger dans un coin de la pièce à la lueur de sa baguette. L’élève plus âgé semblait vouloir débuter ses recherches du côté des armoires. Alors qu’il avançait, ce dernier révéla enfin les véritables raisons de sa présence à cet endroit. Décidément, à cet étage ils n’ont que ce mot-là à la bouche ! Chocogrenouille par-ci, Chocogrenouille par-là ! L’excitation du Gryffondor retomba presque aussi vite qu’elle avait germé dans son esprit. Lui qui s’attendait à quelque chose de plus excitant, cela ne lui offrait finalement que de la frustration. Le deuxième année soupira et se redressa, le bureau laissant échapper un léger grincement. Maintenant qu’il était-là, autant aider le collectionneur à trouver la perle rare. Avec un peu de chance, il trouverait également son bonheur dans cette quête.

Alexander décida de se diriger vers les casiers situés à l’opposé du Poufsouffle. À première vue, rien de très intéressant. Mimant le sortilège que son comparse avait utilisé plus tôt, il murmura à son tour « Lumos » afin d’y voir un peu plus clair, la lumière de sa baguette éclairant le contenu des cases. Malheureusement, son exploration n’était pas très concluante. Sous ses yeux, des classeurs, des piles de papier en tout genre. Rien de très intéressant pour le Gryffondor. Pour pimenter un peu sa recherche, il s’adressa au Poufsouffle :

« 2 gallions que j’la trouve avant toi ! Bon j’te la donnerai quand même, j’m’en fiche de Grindeltruc…» Vraiment, risquer une punition pour une carte Chocogrenouille ?! Le deuxième année tourna la tête en direction du deuxième année toujours occupé à fouiller les armoires avant d’ajouter. « Enfin, elle est vraiment rare cette carte ? J’veux dire, oui c’est une Or, mais elle vaut le coup de venir jusqu’ici ? » Il était presque déçu de l’effort que le Poufsouffle mettait en œuvre pour agrandir sa collection. « Ah au fait, c’est quoi ton nom mister carte Or ? Moi c’est Alexander Luben. »

L’anglais se dirigea ensuite vers la console située à côté de la pendule, dont seul le tic-tac irrégulier se laissait entendre dans la pièce, entrecoupé par les investigations des deux élèves. Cette fois, la clé était directement sur la serrure qui verrouillait le tiroir du petit meuble. C’est complètement stupide ça. Le Gryffondor n’eut qu’à tourner doucement la clé puis tirer à lui le compartiment pour dévoiler le contenu de celui-ci. Quelques enveloppes, sur lesquelles reposaient quelques sucreries plus ou moins bien conservées. Alexander fourra quelques Caracollants dans sa poche avant de s’intéresser de plus près au courrier laissé à l’abandon. Se saisissant d’une première lettre, sa baguette en main gauche éclairant le bout de papier soigneusement plié en trois, le Gryffondor hésita quelques secondes.

Luben n'avait pas répondu immédiatement et Jeffrey l'avait entendu marmonner également un Lumos, signe qu'il allait très probablement l'aider dans sa quête de Gellert Grindelwald. L'anglais interrompit sa fouille l'espace de quelques secondes pour voir où s'était dirigé le Gryffondor et il constata qu'il s'était dirigé vers les casiers. Et quelques secondes plus tard il répondit au Poufsouffle sur le ton d'un défi désinvolte. Jeffrey rigola en entendant la proposition et il déclina aussitôt.

« Je ne tiens pas le pari. En tout cas pas avec de l'argent. » dit l'anglais, conscient d'être un peu rabat-joie. Au pire cela découragerait son camarade et il pourrait poursuivre sa fouille sans avoir à tailler le bout de gras. Mais malgré tout Jeffrey était surpris que certains sorciers ne connaissent pas Grindelwald. Le rouge et or l'avait appelé "Grindeltruc", montrant que ce nom ne lui disait rien. Ou alors il s'agissait d'une petite provocation destinée à montrer que son hobby de collectionner des cartes chocogrenouilles était dérisoire et sans grande importance. C'était vrai en soit, il ne s'agissait que de bout de cartons mais le Poufsouffle essayait toujours de ne jamais juger les passions des autres. Au pire, il s'y montrait indifférent.

Jeffrey sentait poindre un petit élan d'antipathie pour le garçon mais ne fit pas de commentaire. Ce n'était pas en deux minutes qu'il allait se faire un avis définitif sur le garçon, d'autant plus qu'il s'intéressait tout de même un peu à sa collection et aux raisons qui l'avait poussé à venir ici.

« C'est dans les plus rares je crois. » confia l'ainé des Hunter. « Tout dépendra de l'issue de la recherche. » poursuivit l'anglais tout en continuant à fouiller l'armoire à la lueur de sa baguette magique. Il avait bien trouvé jusque là quelques cartes isolées mais aucune d'entre elles n'était une carte Or. « Si on trouve la carte sans se faire prendre ça aura valu le coup mais sinon... Donc voilà pourquoi je me bouge. »

Assurément Jeffrey n'était pas très ouvert à la discussion, sans doute un peu crispé à l'idée de voir surgir Rusard à tout moment. En temps normal il aurait sans doute été un peu moins tendu mais comme il avait récemment été puni il n'avait pas envie de renouveler l'expérience. Lors de sa seconde année il avait connu l'humiliation d'une Beuglante en plein dans la Grande Salle et il n'avait pas envie de revivre ça à cause d'une seconde punition en peu de temps. Et de surcroit à cause de cartes chocogrenouilles encore, trois ans après.

« Je sais qui tu es. T'es un joueur des Griffes Ardentes si j'me trompe pas. En tant qu'ancien joueur j'ai gardé le réflexe d'observer les compositions des équipes de chaque Maison. Moi c'est Jeffrey Hunter, cinquième année. »

Il était bien loin de connaître chaque élève du château, surtout parmi les plus jeunes étudiants. Mais il n'avait pas l'habitude qu'on ne connaisse pas au moins son nom. Être joueur de Quidditch apportait une très grande visibilité aux yeux des autres élèves et Jeffrey avait écumé les terrains pendant trois ans, remportant deux championnats. Mais voilà maintenant plus d'un an qu'il avait quitté les Hel's et Jeffrey retrouvait peu à peu un relatif anonymat, dû à son retrait de l'équipe mais aussi au renouvellement des élèves du château. A présent il était presque autant connu pour être le petit ami de la Préfète de Gryffondor Ennis que comme l'ancien poursuiveur des Hel's. L'anglais ne s'en vexait pas le moins du monde, au contraire. Il avait une part de lui qui était très solitaire. C'était agréable de retrouver de la tranquillité et de pouvoir mener ses petites affaires sans être observé ou importuné. Quoi qu'aujourd'hui ce n'était pas le cas et le Quidditch n'y était pour rien...

Tout en poursuivant sa fouille, le nez toujours dans l'armoire, Jeffrey s'intéressa à Luben autant qu'il s'intéressait à lui.

« Tu joues à quel poste déjà ? J'ai pas vu un seul match de Quidditch l'an dernier. J'avais besoin de ça pour passer à autre chose après avoir quitté les Hel's. D'ailleurs tu vas bientôt les affronter et ça va être un sacré test. C'est sur ça qu'on devrait parier plutôt... »

Alors qu’Alexander tenait toujours la lettre dans ses mains, sur le point de laisser sa curiosité prendre le dessus – et pourquoi pas, dans son imaginaire, découvrir une potentielle correspondance romantique de l’ancien concierge – le Poufsouffle refusa son défi. L’anglais soupira, en secouant doucement la tête de gauche à droite. T’façon, j’suis même pas sûr de les avoir les deux gallions… Il souhaitait seulement rendre cette fouille un peu moins ennuyeuse, et oublier que les deux garçons se trouvaient à un endroit où ils n’étaient pas censés être. Bon, Grindelchouette, t’es où ? Le deuxième année reposa sur la console la lettre qu’il tenait. Tant pis pour les supposées correspondances romantiques de Mr Devon. Il n’avait pas le temps pour ça, et continua à fouiller sous l’épaisse liasse de papiers du petit meuble, en écoutant les explications de son camarade. Alexander, malgré le peu d’intérêt qu’il portait aux cartes, avait compris grâce à ses amis que certaines cartes étaient plus difficiles à trouver, et lorsqu’il s’agissait de les échanger, les jeunes sorciers devenaient plus avares que les gobelins de Gringotts.

Alors que Hunter assurait connaître son nom, le Gryffondor se retourna dans sa direction. Il n’avait même pas encore joué le moindre match, mais son appartenance à l’équipe de Quidditch de sa maison semblait déjà être parvenu jusqu’aux oreilles de cet élève. Cette relative célébrité n’était cependant pas pour lui déplaire. Il n’avait pas rejoint les Griffes Ardentes dans le but de devenir excessivement populaire, mais savoir que les gens retenaient son nom sans même qu’il n’ait à se présenter avait une saveur toute particulière. La reconnaissance était quelque chose d’important pour le jeune garçon. Alors même si pour le moment, il n’avait encore rien accompli, il espérait que cela changerait bientôt. Jeffrey Hunter, cinquième année ? Jamais entendu parler. En même temps, le deuxième année n’était pas spécialement habitué à fréquenter les Poufsouffle, encore moins ceux qui étaient beaucoup plus âgés que lui.

« J’suis que remplaçant pour l’instant. Gardien et Poursuiveur. J’sais même pas si je vais jouer pendant le match, on verra bien… Mais j’suis content qu’on me laisse ma chance dans l’équipe. Même si c’est seulement pour quelques minutes par match, ce sera amplement suffisant pour montrer ce que je sais faire. »

En effet, le deuxième année était conscient qu’il ne rentrerait probablement sur le terrain que pour changer la dynamique d’un match mal parti, en cas de fatigue ou de blessure. D’un côté, il ne souhaitait pas que son équipe soit confrontée à cela, mais de l’autre, il espérait pouvoir faire ses preuves pendant ce match, et pendant tous ceux qui suivraient.

« Pfff, inutile de parier, c’est évident qu’on va gagner ! Les meilleurs joueurs sont chez les Griffes Ardentes ! J’ai confiance. »

Du bout de ses doigts, Alexander reconnut une forme familière au fond du tiroir et essaya de l’extirper du fond du tiroir entre son index et son majeur. Bingo ! Il éclaira de sa baguette la carte récupérée, avant de constater avec déception qu’il ne s’agissait là que d’une carte argent. Ayant terminé l’inspection de son côté du bureau, il se dirigea vers Hunter en lui tendant la carte.

« Sybille Trelawney. Tu la veux ? Sinon, tu jouais à quel poste toi ? »

L'absence de réaction dans le regard de Luben lorsque Jeffrey s'était présenté avait indiqué assez clairement qu'il ne le connaissait pas du tout. Ça y est t'es déjà un has been s'amusa fugacement l'anglais en constatant la non réaction du jeune élève avec qui il discutait. Quand Jeffrey avait fait son entrée à Poudlard il avait très précocement visité le salle des trophées afin de se renseigner sur les joueurs qui avaient marqué l'histoire récente des championnats de Quidditch à Poudlard. Sans doute que le bourrage de crâne et le conditionnement mis en place pendant des années par son père, lui aussi ancien joueur de Quidditch, avait influencé sa démarche. Mais il était vrai aussi qu'à l'époque Jeffrey était assez obsessionnel quant à sa passion de ce sport. Côté obsessionnel qui refaisait parfois surface comme en ce moment même où il cherchait à compléter sa collection de chocogrenouilles.

« Ouais tu verras bien. En tout cas ce sera une super expérience. Et parfois on se fait une place dans l'équipe plus vite qu'on ne le pense. »

Le Poufsouffle en savait quelque chose. Quand il était arrivé en cours de saison dans l'équipe de sa Maison, alors appelée les Frelons, il n'avait eu guère d'espoir d'obtenir du temps de jeu tant les titulaires étaient impressionnants. Alice Huet dans les buts et Rey Sifferlen étaient de très bons joueurs mais c'était surtout les autres joueuses qui étaient des vraies stars. Elina Montmort attrapait tous les viffets à une vitesse ahurissante et la batteuse Ambre Baxhrendel semblait se diriger droit vers une carrière professionnelle à l'époque.

Jeffrey s'était souvenu être simplement heureux d'être aux entraînements en si impressionnante compagnie et de son pote Calum, lui aussi nouvelle recrue. Pourtant dès son premier match il avait eu du temps de jeu et plus que ça il avait marqué quatre buts. Tout s'était alors accéléré à une vitesse folle pour l'anglais. Quelque part il souhaitait à Luben de connaître ce sentiment grisant mais pas tout de suite. Pas contre les Hel's. S'il ne soutenait même pas pleinement Ennis pour ce match, il n'allait certainement pas le faire pour un de ses coéquipiers. Et puis contrairement au Poufsouffle à l'époque, Luben semblait déborder de confiance en lui. L'ainé des Hunter espérait que ses anciens coéquipiers des Hel's sauraient en tirer partie.

« Ouais ouais on verra... » dit le cinquième année avec un sourire goguenard, confiant lui aussi.

L'anglais retourna à sa fouille de l'armoire. Le plupart des objets étaient en sale état comme le frisbee aux dents de serpent toutes arrondies ou le jeu d'échecs version sorcier composé de seulement cinq pièces... Et c'était sans compter sur les nombreuses feuilles de papiers volantes. Il était étonnant que Mr Devon soit si peu ordonné. Non, ce n'était surement pas ça. A tous les coups de nombreux raids avaient été fait dans son bureau depuis le départ du concierge. Après tout il était de notoriété publique que Rusard passait beaucoup de temps à chasser les élèves et surtout Peeves. Et en tant que fantôme il ne risquait pas de faire le ménage et le rangement du bureau.

Malgré tout Jeffrey trouvait ça et là quelques cartes chocogrenouilles. Mopsus, Alberic Grunnion, Glanmore Peakes, Edgar Stroulger étaient au rendez-vous mais toujours pas de Gellert Grindelwald... Le Gryffondor l'interpella pour lui proposer gentiment la carte de Trelawney. Il ne l'avait pas en cinquante exemplaires mais il n'avait pas besoin de davantage d'exemplaires. Le Poufsouffle déclina donc la proposition.

« Merci mais je l'ai déjà plusieurs fois. Gardes les bronzes et argents que tu trouves pour ta collec. Ou bien pour les troquer contre d'autres objets qui t'intéresseraient plus. » proposa le cinquième année avant de répondre à l'autre question de Luben. « J'ai joué une saison comme batteur en deuxième année où c'était pas super concluant. Sinon j'ai été poursuiveur en première et troisième année où c'était beaucoup beaucoup mieux. » dit l'anglais en faisant référence aux deux championnats gagnés.

Jeffrey aimait parler de Quidditch, savoir pourquoi les autres venaient à ce sport. Il pouvait parler de ce sujet pendant des heures mais la situation ne s'y prêtait pas pour l'instant. Il fallait se recentrer sur l'objectif de leur incursion en ces lieux car le temps filait. En plus Jeffrey était pris d'un doute et il préféra en faire part à son complice en changeant de sujet.

« Tu trouves pas que c'est pas ouf ce qu'il y a dans ce bureau ? J'aurai pensé qu'il y aurait plus de choses intéressantes... En tout cas j'ai pas encore trouvé de classeur de cartes choco. Peut-être que d'autres ont déjà fait un raid avant nous non ? On ferait peut-être mieux d'y aller. »

L'anglais tourna machinalement son regard vers la vieille horloge près de l'entrée, essayant de jauger le temps qu'il leur restait raisonnablement avant de risquer un retour de Rusard.

Se faire une place dans l’équipe de Quidditch de sa maison était évidemment un des objectifs que poursuivait Alexander. Mais il ne voulait pas pour autant entrer dans une compétition malsaine avec ses coéquipiers. S’il faisait ses preuves à l’entraînement comme en match, sa titularisation viendrait tôt ou tard, il en était convaincu. En attendant, le deuxième année se donnerait au maximum pour apporter sa pierre à l’édifice que bâtissaient ensemble les Griffes Ardentes. Soulever la coupe cette année encore serait une véritable fierté pour Gryffondor. S’il y contribuait, ce serait encore mieux. Mais l’équipe ne manquait pas de talents : Ennis, Elfie, Leo, des joueuses qu’il avait encouragé l’année passée, et qui étaient désormais ses coéquipières.

« L’équipe est solide, les joueuses titulaires ont déjà au moins toutes fait une saison, voire plus. Alors je verrai bien, mais je me donnerai à fond ! J’ai hâte d’être sur le terrain, ne serait-ce que pour voler ! »

Hunter semblait confiant quant au niveau de jeu des Hel’s. Il devait bien le reconnaître, toutes les équipes de Quidditch de Poudlard avaient un niveau de jeu impressionnant, pour les avoir vues à l’œuvre. Mais les Griffes Ardentes sortaient du lot. Et Alexander devait lui aussi atteindre ce niveau pour ne pas rester toute sa scolarité sur le banc de touche.
Alors que le Poufsouffle déclinait sa proposition, Alexander fourra la carte qu’il avait trouvée dans sa poche. Elle ne l’intéressait pas vraiment, Sibylle Trelawney n’était définitivement pas une joueuse de Quidditch. Elle ne trouverait donc pas vraiment sa place parmi les cartes qu’il possédait. Le Gryffondor trouverait sans doute quelqu’un à qui la donner au dortoir. Avec un peu de chance, comme l’avait suggéré le cinquième année, il pourrait en profiter pour glaner une friandise en échange.

En écoutant Hunter raconter son expérience personnelle en matière de Quidditch, Alexander haussa les sourcils lorsqu’il évoqua avoir joué comme poursuiveur. S’il n’avait pas été de la maison qu’ils allaient bientôt affronter, il n’aurait probablement pas hésité à lui demander quelques conseils. Supposant que cela n’allait pas être concluant, Alexander s’abstint. Son attention se reporta à nouveau sur la fouille du bureau. Visiblement, les deux garçons perdaient leur temps ici, en plus de risquer une punition qui ne valait définitivement pas le coup.

« Ouais. J’ai rien trouvé d’intéressant, à part des friandises qui doivent être là depuis au moins un siècle ! C’est dommage pour ta carte, mais bon, si d’autres personnes sont au courant, peut-être que quelqu’un est venu la prendre. Il soupira avant de poursuivre : « Tu as raison, on ferait mieux de filer avant de tomber sur Rusard. »

Alexander se dirigea vers la porte, et l’entrouvrit légèrement afin de vérifier si quelqu’un se trouvait dans le couloir. Ne distinguant aucun bruit, le Gryffondor regarda par-dessus son épaule pour voir si Hunter était prêt à partir. Il ouvrit un peu plus la porte, passa sa tête à travers l’espace, jetant des regards furtifs de part et d’autre. Personne.

« Y’a personne. Viens ! »

@Jeffrey Hunter Navré pour le retard !