TW, cet Écrit peut heurter votre sensibilité. Il contient des mentions de souffrance, de sensation d’être inutile et de haine envers soi-même. Si vous ne vous sentez pas aptes à lire ces Mots, ne vous forcez surtout pas. Merci de votre attention.

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❝ You tell me that I’m crazy
Doing this alone
You don’t need to save me
Oh, how I’ve grown
I am capable of everything you can see
But now I want to change ❞



Tu ouvris les yeux et tournas la tête ; tu soupiras à la vue de ce nouvel appartement. La veille, tu t’étais endormie dans l’espoir que la magie qui semblait entourer le jour de Noël t’aurait apporté le plus beau des présents. Hélas, tu dus bien t’avouer que tes rêves puérils ne verraient jamais le jour ; comment avais-tu pu croire une seule seconde que tes désirs de pauvre enfant perdue importaient ? Une injustice sans nom te faisait face, et tu ne pouvais la contourner. Ton regard percuta un petit paquet joliment emballé au pied de ton lit ; tu soupiras et t’extirpas enfin de ton cocon chaud et douillet. Tu attrapas d’une main molle ton présent et arrachas sans aucune émotion visible sur le visage l’emballage qui avait dû occuper ta mère durant des heures. Tu fronças les sourcils à la vue du paquet : qu’était-ce ? Tu n’en savais rien.

Tu t’apprêtais à sortir prendre ton petit-déjeuner lorsque ta mère entra, ayant sûrement entendu le bruit qu’avait produit le déchirement du papier. Elle t’adressa un regard interrogateur, accompagné d’un sourire éclatant ; tu en compris la signification. Tu souris à ton tour ; tu savais que le présent que tu tenais entre tes mains avait demandé beaucoup d’investissement de la part de ta tutrice. Vous aviez en effet quelques problèmes à subvenir à vos besoins, ce qui vous avait empêché de pouvoir partir vous aérer l’esprit. Rose s’approcha de toi et ouvrit la boîte en carton : tu observas attentivement ses gestes, fronçant légèrement les sourcils. Tu remarquas les rides qui striaient le visage de celle qui t’avait mise au monde : tu pouvais lire tous ses efforts pour tenter de te faire avoir une vie correcte, enchaînant les petits métiers à droite, à gauche. Tu avais de la peine pour cette femme qui donnait tout pour sa fille qui ne désirait que d’avoir une famille complète. Tu te rendis compte de l’égoïsme dont tu faisais preuve, de toujours en demander plus à ta pauvre mère qui avait déjà du mal à payer son loyer. Ta mère te sortit de tes pensées en tirant de la boîte ce qui s’apparentait à un appareil moldu ; elle t’expliqua qu’il s’agissait d’un téléphone – tu avais déjà entendu ce terme une multitude de fois, mais jamais tu te serais imaginée que cet objet finirait entre tes mains. Elle te le tendit et te regarda en souriant le palper entre tes mains, imprégnée d’une curiosité sans nom. Tu savais qu’un nouvel univers se tenait devant toi, tu pouvais sentir une nouvelle page se tourner, laissant place à une autre Ivy.



Tes doigts tremblaient ; tu ne savais pas encore où tu t’aventurais. Peut-être était-ce le monde magique que s’étaient créé les moldus ? Ta mère t’avait indiqué comment faire : tu avais toutes les armes en main pour trouver enfin des réponses à tes questions. Tu ouvris le navigateur du téléphone, et, avec mille précautions, tu écrivis la phrase qui te hantait l’esprit depuis si longtemps dans la barre de recherche. Tu sursautas lorsque tu vis apparaître la longue liste de résultats ; tu cliquas sur le premier lien. Si tu savais à ce moment-là sur quoi tu tomberais, tu l’aurais fait beaucoup plus tôt. Tu venais de trouver les ailes qui te permettraient de sortir de ton gouffre.



– Maman, on pourrait aller voir Papa et Stephen pour le Nouvel-An ?

La question avait franchi tes lèvres d’elle-même. Ta voix avait tremblé, mais jamais ta mère ne se serait douté à quel point tu avais mal au fond de toi. Tu avais l’impression que ton âme s’était déchirée en même temps que ta famille ; tu te sentais si inutile, un poids pour ta mère qui aurait pu continuer à vivre avec son fils et son mari si elle n’avait pas donné naissance à une sorcière. Tes réflexions noyaient ton questionnement habituel, elles prenaient le dessus sur ton cerveau qui ne pouvait que succomber devant ta douleur.

Tu connaissais la réponse à la question, mais tu voulais en quelque sorte montrer à ta mère que tu n’allais pas bien, que ta famille te manquait. Tu espérais que celle qui t’avait fait don de la vie comprendrait ta peine, qu’elle saurait lire au-travers de ton regard que tu doutais de toi, de ton utilité sur Terre. Tu te souvins du matin même, de ton idée d’écrire ta douleur sur une feuille que tu donnerais à ta tutrice. Tu n’avais pas réussi à poser de mots sur le papier, à présent chiffonné et roulé en boule sous ton lit.



Le nez collé à ton écran, tu parcourais les lignes que ton navigateur t’avait proposées. Une sensation étrange te parcourait : comme si tu avais retrouvé la moitié qui t’avait été arrachée avec le divorce de tes parents. Tu avais trouvé les tiens, tu étais sûre que ta place était à leurs côtés. Tu tombas rapidement sur des articles beaucoup moins joyeux, qui t’arrachèrent quelques larmes. Tu te doutais bien qu’un paradis ne pouvait exister sans cacher un enfer, mais que les démons soient aussi cruels, jamais tu n’y aurais pensé.

Tu éteignis l’écran et te dirigeas vers la cuisine : il ne restait maintenant plus beaucoup de chemin avant ton Envol. Tu ne savais pas vers quoi tu t’aventurais : chaque pas te rapprochait d’une destination inconnue. Si tu craignais le voyage et toutes les mésaventures qu’il apporterait, tu ne fis pas pour autant marche-arrière : tu atteindrais ta destinée, quoi qu’il en coûte.