Si vous voyez une petite gamine rousse avec un pull jaune trois fois trop grand pour elle et un casque à ses oreilles près du lac, qui marche sans but précis, c'est Lia. Un conseil, Ne lui parler pas, ce n'était pas son jour. En fait, ne l'approcher jamais, puisque ce n'était jamais son jour.
Pour revenir à la rouquine, elle était là, elle marchait maladroitement, regardant ses conserves blanche légèrement abîmée. Une musique de Lomepal dans la tête, elle pensait. La gamine ne savait pas ce qu'elle faisait ici. Elle n'allait voir personne, puisqu'elle n'avait pas d'amis.
* Fin... J'crois...*
Lia leva les yeux. Des yeux vide, vert émeraude, aucune émotions. Ils regardaient la lumière du soleil qui se reflétait sur le lac.
* Beau paysage...*
L'eau du lac était si belle. On pouvait presque voir ce qu'il y'avait au fond.

Elle arrêta de regarder le paysage, et se mit à observer les Autres qui étaient là, eux aussi. Aucun endroit n'était épargné par leur présence.
* À part p't-être le Tour d'Astro... J'aurais du y'aller au lieu de rester seule comme une folle au milieu du lac. *
Presque toutes les personnes aux alentours étaient au moins deux.
* Eux, y ont des... Amis. *
Lia se mordit la lèvre inférieure. Elle essayait de faire des efforts, mais ça finissait souvent par les énerver. Après, la gamine ne jugeait pas avoir besoin d'amis, mais là, aujourd'hui, être seule la pesait comme si, ceux qu'elle voyait devant elle, la rendaient jalouse de ceux qu'ils ont en plus qu'elle.
* Nan ! J'vais pas envier les Autres. On est bien mieux seule qu'avec des gens qui risquent très certainement de nous trahir. N'importe quoi. *

Légèrement en colère contre elle-même, elle fit demi-tour, mais s'arrêta en plein milieu. Elle vit une fille, d'approximativement son âge, qui était là, assise, les épaules affaissées, et, surtout, cette Serdaigle était seule.
* Seule... Pourquoi ? *
Sans même qu'elle s'en rende, compte, ses jambes la portèrent jusqu'à elle. Lia était là, devant cette fille aux cheveux blonds, et cette fille n'avait même pas l'air de l'avoir remarqué.
* Qu'est ce que j'fous ? Pourquoi j'suis là, à la regarder, comme si c'était une bête de foire... J'devrais la laisser seule, c'est mieux quand t'es triste. *
Étrangement, elle s'empêcha de partir. La gamine ne voulait pas la laisser seule.
* Ou juste que c'est Moi qui ne veut plus être seule ! *
Assise à côté de la Serdaigle, elle regarda l'herbe devant elle pour passer le temps. Elle enleva par la même occasion son casque. Sans savoir vraiment combien de temps Lia était resté à côté d'une fille qu'elle ne connaissait pas, elle se mit à la regarder et croisa son regard. Bleu, vert. Un regard plus que triste. Ça la rendit nerveuse de voir qu'elle n'allait vraiment pas bien.
* Et maintenant ? J'fais quoi ? *
La gamine brisa le silence, ne pouvant plus la regarder droit dans les yeux sans lui demander ce qui la tracassait.

" Si... Si tu veux dire quelque chose... "

Lia s'étonna de ce qu'elle venait de dire.
* Mais, pourquoi j'veux savoir, moi ? J'veux pas savoir sa vie ni être intrusive... J'me sens conne là. Putain, mais pourquoi j'suis pas partie !? *
S'en aller maintenant, serait plus que bizarre, et même si elle s'en foutait de sa réaction, elle ne partit pas. Son corps ne voulait pas.
* Bon... Attendons comment elle va réagir. J'espère pas mal, j'ai pas la force de gérer sa colère. *

La jeune fille pénétra dans le parc, les yeux baissés sur ses pieds. Elle n’avait envie de parler à personne. Elle voulait être seule, ou bien avec quelqu’un à qui elle ne ferait pas pitié. Tous les regards compatissants des personnes qu’elle fréquentait régulièrement depuis le début de l’année ou même de Zoey -bien que celle-ci semblait ne pas avoir changé de comportement depuis la nouvelle du coma de la mère de Canelle- devenaient de plus en plus lourds à supporter. Ils rappelaient sans cesse à la jeune fille que quelque chose avait changé pour elle. Si parfois elle parvenait à oublier son mal être, les regards des autres personnes au courant suffisaient à tout lui rappeler. A lui rappeler ce qu’elle préférerait oublier.

Presque un mois était passé depuis ce fameux jour où elle avait appris la nouvelle d’un lettre sûrement trop brève, mais la douleur était toujours la même. Elle avait souvent entendu que le temps arrangeait les choses, mais là le temps n’arrangeait rien du tout. Au contraire, il ne faisait qu’augmenter son stress a l’idée des vacances. Sa peur de revoir sa famille à présent que celle qui elle tenait le plus n’était plus là. La douleur -pourtant imaginaire- lui tiraillait le ventre et c’était pire encore quand elle y pensait. Pourtant, ce jour-là, après ne pas avoir fermé l’œil de la nuit, elle ne cessait d’y penser, ses idées noires la poursuivant à travers tout le château.

Traversant le parc jusqu’au lac, elle se concentra sur cette idée-là, persuadée que la vue du lac ferait cesser -ou du moins atténuerait- son mal être. Manque de chance, ce ne fut pas le cas.

Se laissant glisser le long d’un tronc d’arbre, la jeune fille sentit les larmes lui montaient aux yeux. Larmes qu’elle refoula presque instantanément. Il était hors de question qu’elle pleure alors que les alentours du lac étaient remplis d’élèves trop heureux et trop curieux. Et puis, elle avait la technique maintenant. L’envie de pleurer lui était venue tellement souvent ces dernières semaines que la jeune fille avait bien été obligée de trouver une façon de ne pas se mettre à pleurer en plein cours. Régulant sa respiration et se pinçant l’avant bras, la blonde sentit ses yeux se séchait aussi vite qu'ils s'étaient remplis. Elle resta comme ca encore un petit moment, n'ayant plus le sens du temps. Il aurait très bien pu se passer des heures comme quelques minutes à peine, la jeune fille n'en aurait pas été étonnée.

Alors que la jeune fille restait dans la même position, le regard dans le vide, elle remarqua à peine la rousse qui arrivait vers elle. Celle-ci la regarda quelques secondes, comme hésitant entre rester et partir. Finalement, Canelle la sentit s’asseoir à ses côtés, sans un bruit. L’absence de questions absurdes du style « ça va » encouragea la Serdaigle à se tourner vers sa camarade, quelques minutes plus tard. Rares étaient les personnes comme elle.

Pendant quelques secondes, Canelle étudia avec attention sa camarade. C’était une rousse au visage pâle, les cheveux plutôt ondulés. La blonde n’aurait pu en être certaine, mais il lui semblait qu’elle était plutôt grande, l’ayant croisé quelques fois au détour d’un couloir.

Sans que la Serdaigle ne s’en rende compte, sa camarade se tourna vers elle, croisant son regard. Des yeux verts clairs ornaient son visage. Pour une fois, Canelle ne détourna pas le regard, n’en ayant pas la force. Elle attendit comme ça, se demandant si quelque chose allait se passer. C’est alors que sa camarade entrouvrit la bouche, coupant le silence qui s’était installé.

La question n’était pas intrusive. Ce n’était d’ailleurs pas vraiment une question. Ça l’invitait juste à parler, si elle en avait envie. Mais est-ce que Canelle en avait envie ? Peut-être bien. Depuis presque un mois, elle faisait comme si de rien n’était. Mais quelque chose était bien arrivé. Quelque chose qui allait tout changer pour elle.

-Je… hésita-t-elle. C’est ju..juste que ma mère est malade et qu'elle est dans le coma il y a un p..peu moins d’un mois. C’est… un peu dur à encaisser.

Pourquoi s’était-elle confiée à une fille à qui elle n’avait jamais parlé ? La blonde n’en avait aucune idée. Elle n’espérait qu’une chose à présent, c’était de ne pas voir cette pitié dans les yeux émeraudes en face d’elle.

Toutes mes excuses pour ce retard