Mes yeux suivent avec difficulté la colonne de fumée qui s'échappe de... Comment est-ce que cette boîte rouge s'appelle, déjà ? Je suis pourtant certain que Maria, ou plutôt Mrs. Croftwell comme maman voudrait que je la nomme, m'en a déjà parlé. Enfin bon, si je ne n'ai pas retenu le nom de cet engin, c'est que ce ne devait pas être si important que cela, comme d'habitude. Maria a beau se plaire à prétendre que si je ne retiens jamais ses leçons, c'est parce que je ne fais pas d'effort, je ne suis pas d'accord. Mon cerveau n'a tout simplement pas la place pour de telles bêtises, comme lire l'heure ou connaître le nombre de mornilles dans un gallion. Quoique, les deux ont bien fini par rentrer dans ma mémoire, à force de l'acharnement de cette institutrice sadique à me répéter ces informations une centaine de fois par jour.

J'observe le quai grouillant d'élèves, et un large sourire ne peut venir s'empêcher de s'étaler sur mes lèvres. Ça y est ! Je vais enfin aller à Poudlard, je vais apprendre à me servir de ma baguette super stylée... Je vais pouvoir narguer mon frère une centaine de fois plus que si j'avais été avec lui à la maison. Il va être si jaloux de savoir que je lance des sorts, Poudlard me permet décidément de réaliser mes rêves.

– Que fais-tu encore planté là ? Allez, tu vas encore être en retard, dépêche-toi de monter à bord du train.

– Noon, j'veux pas qu'il aille à Poudlard sans moii !

Mais qu'il est fatiguant lui, jamais un mot positif. Ça le tuerait un au revoir ? Cependant, mon père a raison, il faut que je monte dans cette boîte sous peine de ne plus trouver de place sinon. Je me retourne donc vers les deux membres de ma famille, serre brièvement mon géniteur avant de jeter un regard désabusé à Jeremy.

– J'irai, quoi que tu dises, parce que tu ne fais pas le poids face à moi.

Et toc, ma répartie du tonnerre fonctionne très bien, puisque cet imbécile que j'ai pour frère me laisse partir sans d'autres mots. Je suis sûr qu'il regrette, je le connais. D'ailleurs, je pense que nos disputes me manqueront peut-être un peu... Enfin, je trouverai d'autres gens à embêter, je ne suis pas inquiet.

Je grimpe les marches, et, à peine arrivé dans le train je commence à chercher une place de libre. Ça ne sert à rien de m'attarder sur des détails inutiles, comme ces vitres affreuses ou encore ce tissus moche que j'entrevois alors que j'ouvre les portes des compartiments sans ménagement. Ah zut, je me suis attardé sur ces détails finalement, vu que je les mentionné. J'ai envie de me prendre la tête dans les mains. C'est si compliqué de faire le tri, parfois. Ne te laisse pas abattre, Nolan ! Tu vas y arriver. Je reprends donc mes recherches jusqu'à arriver dans un compartiment qui ne me semble pas trop terrible. Il y a une fille, mais des places sont libres tout de même. Cela me permettra d'avoir de l'espace sans m'ennuyer tout seul dans un wagon. Parfait.

Je n'attends pas l'approbation de cette inconnue, qui a sûrement entendu mon arrivée vu le bruit que j'ai fait en ouvrant la porte, et m'assois en face d'elle. Le train va démarrer dans quelques minutes, je m'en aperçois soudainement. Un pic d'adrénaline s'empare alors de moi tandis que je réalise une nouvelle fois où je me trouve. Dans le Poudlard Express, par Merlin ! Je vais aller à Poudlard ! Je vais apprendre des sorts ! Je ne peux m'empêcher de sourire de toutes mes dents, et un frisson me parcourt. J'ai besoin de partager cet enthousiasme, sous peine d'exploser d'impatience à peine contenue.

– Salut ! Moi c'est Nolan, tu t'appelles comment ? Tu connais Poudlard, t'as des frères et sœurs là-bas ? Mes parents m'ont dit qu'on serait réparti, mais je n'en sais pas plus.

D'ordinaire, j'arrive à me retenir très légèrement, mais la situation fait que je suis beaucoup trop bouillonnant. J'ai besoin d'échanger, et de rêver quant à ce que je découvrirai dans cette célèbre école de magie.

Honnêtement, les gens qui étaient nés en juin ou juillet, ou aout, ils en avaient de la chance. Eux au moins, ils n'avaient pas à attendre un an entier avant de rentrer à Poudlard ! Un an entre l'anniversaire des onze ans et cette fichue rentrée que tout le monde - ou presque - attends plus que son propre anniversaire !
Renn n'aimaient pas ces personnes. Enfin, elle pouvait les aimer, mais rien que le fait de se dire qu'ils n'avaient dû patienter que quelques semaines avant d'atterrir dans le château dont elle avait tant entendu parler, alors qu'elle, elle avait attendu quasiment un an !? Bon, ok, trois-cent-quarante-six jours précisément, elle avait calculé, mais tout de même.

- Bon tu te décides à monter dans le train où tu attends que les sombrals soient visibles ?

Renn sursauta. Non seulement elle ne s'était pas rendue compte qu'elle était plantée au milieu des marches du wagon, mais en plus, elle découvrit lorsqu'elle se retourna qu'il y avait une petite file de quatre ou cinq personnes qui attendaient pour monter eux aussi dans le train. Ils n'avaient pas 'autre wagons pour monter au lieu de choisir celui où elle était ? Il était assez long le train, enfin ! Mais elle ne s'attarda pas, lança à la volée :

- Euh oui, à bientôt Papa !

Puis, elle gravit la dernière marche sans demander son reste, s'enfermant dans le premier compartiment vide. Oh, ce n'avait pas été bien compliqué à trouver, elle était dans les première à monter dans le train. L'engin partait à 11 heures, soit dans une quinzaine de minutes. Qui, à part elle et les quelques personnes bizarres qui étaient montées en même temps, voulaient poireauter quinze minutes de plus dans le train où ils allaient huit heures de leur journée ?

Elle s'ennuyait fort, alors qu'elle n'était là que depuis cinq minutes. Et dire qu'elle allait devoir passer huit heures dans ce fichu train... Si au moment de démarrer, personne ne l'avait rejoint, elle irait se trouver des copains de voyage dans d'autres compartiments, elle n'allait pas supporter d'être toute seule pendant la moitié de la journée !
Juste à ce moment là, un garçon ouvrit la porte du compartiment comme si il devait la débloquer à la seule force de ses bras. Et il s'installa, sans même adresser un mot à Renn. Elle le regardait d'un air étonné, *plus de calme c'est bien aussi*.

Ah, enfin il se décida à lui parler ! Elle n'était pas un fantôme, c'était déjà ça. Mais c'était une vraie machine à paroles ce gars, il ne pouvait pas respirer deux secondes au lieu d'enchaîner 36 questions à la seconde ? Enfin, à part ça, il avait quand même l'air sympa. Avec un peu de chance, il ne parlait pas autant d'habitude.

- Moi c'est Renn. Et j'ai des frères et sœurs ouais mais ils sont plus petits du coup bah non là ils sont pas à Poudlard, et toi ?

Tiens, son père aussi lui en avait parlé, de cette fameuse répartition que soit disant tout le monde attendait.

- Ouais je sais, je crois on doit passer sous un vieux chapeau pourri qui date de perpète qui nous classe par maison, c'est bizarre je trouve un peu

Cette fille semble blasée, c'est fou. Comme si aller à Poudlard ne lui procurait aucune émotion, ça me rendrait presque triste pour elle si j'en avais quelque chose à faire, de ce qu'elle ressent. Cependant, ce n'est pas le cas, et je passe à autre chose sans plus. Il y a tellement intéressant à discuter, tellement de sujets à aborder. J'en aurai presque envie de danser dans ce wagon.

Enfin, elle ouvre la bouche et j'apprends qu'elle se prénomme Renn. Renn. Renn. R... Son prénom me fait une impression bizarre. Ce n'est pas que je ne l'aime pas mais... Renn. On dirait qu'il n'est pas terminé, voilà, il manque quelque chose à cette unique syllabe. Enfin bon, je ne vais pas non plus lui dire, et puis voilà qu'elle enchaîne sur le sujet, il est donc trop tard pour lui faire remarquer l'erreur de ses parents. J'oublie alors immédiatement cette histoire de syllabe pour me concentrer sur ce que ma compagne de voyage évoque. Un thème que j'ai abordé consciemment pour en savoir plus. Un thème sur lequel j'ai tanné mes parents de mon réveil à mon coucher pour en apprendre plus. J'ai même essayé d'entraîner mon frère dans une coalition, et il a accepté ! Lui, ce sans cœur, était d'accord avec moi pour faire remarquer à mes géniteurs combien connaître ce qui m'attendait était important. Enfin, je suis persuadé que son action n'était pas désintéressée non plus, même si je ne sais pas pourquoi il a accepté de m'aider.

Je reporte mon attention sur Renn qui vient d'affirmer... "Bizarre" ?! Elle trouve cela bizarre que les élèves soient répartis ? Elle critique un vieux chapeau qui... Il fait quoi déjà ce vieux chapeau ? Je ne sais plus, mais je ne peux pas la laisser critiquer la répartition de Poudlard aussi impunément ! Le célèbre Harry Potter, dont j'ai sa figurine à la maison, est passé par Poudlard ! Cette répartition ne peut être que qualitative. Emporté dans mon indignation, je me lève alors en ouvrant grand les bras, et sautant à moitié. Elle ne comprends rien, cette Renn !

– Mais non ! Cette répartition est géniale ! Je ne sais plus ce que tu as dis, mais tu n'as pas le droit de la critiquer, je suis sûr que c'est incroyable. Il y a des tas des gens qui sont passés par là.

À l'instant, je me fiche de ce à quoi peut penser cette fille en me voyant debout à ouvrir grand les bras et sautiller à moitié. Le regard des autres ne m'a jamais affecté, ce n'est pas maintenant que cela va commencer. Et puis, j'ai encore plein de choses à dire. En effet, le train a démarré il y a peu, et on peut à présent voir le paysage défiler par la fenêtre. C'est extraordinaire !

– T'as vu le paysage ? Il passe comme ça, wow !

J'aurai presque envie de passer ma tête par la fenêtre, à travers la partie haute, conçue pour aérer le compartiment. Je suis persuadé qu'elle a été spécialement créé pour moi, d'ailleurs. Spécialement créé pour que j'y passe ma main et sente le vent sur ma paume, comme à l'instant.

Avec un grand sourire, je regarde ma camarade, l'irritation de la voir critiquer la répartition envolée. On s'entend bien tout de même, je trouve.

Eh, il partit au quart de tour, le Nolan là. Elle avait juste dit qu'elle trouvait ça bizarre que l'école ait gardé le même vieux chapeau moisi depuis sa création, pas que les élèves soient répartis ! Pas besoin de s'énerver comme ça d'un coup comme un hippogriffe qu'on prend pas la peine de saluer.
Renn le regardait, les yeux grands ouverts, le toisant de son air dédaigneux habituel. Elle souffla, tendant une main vers le garçon. Si il pouvait se rassoir ce serait pas plus mal, elle n'aimait pas le fait qu'il soit "plus grand qu'elle" à cet instant. Et puis, elle n'avait rien dit de mal, qu'est-ce qu'il fichait à être debout comme si elle avait dit la plus grosse bêtise de sa vie, alors ?

- Nan mais respire, j'ai pas dit que c'était bizarre d'être réparti, juste qu'ils ont gardé le même chapeau depuis la création de l'école. Pas besoin de t'énerver comme ça !

Renn, assise en tailleurs, observait toujours Nolan, qui sautillait à moitié. Elle n'avait jamais rencontré d'enfant plus excité que lui. Même Melian ne l'était pas autant ! Alors que bon, il y avait de la marge pour être aussi excité qu'elle. Des fois, Renn se demandait comment elle faisait pour être amie avec une fille qui faisait dix milles choses à la seconde tellement elle est excitée...
En parlant de Melian, elle lui manquait déjà. Elle l'avait vu deux jours plus tôt, mais elle était moldue, forcément elles n'allaient plus ce voir jusqu'aux vacances de Noël au minimum.

La petite sortit de ses pensées aussi vite qu'elle y était rentrée, par le cri de Nolan qui s'extasiait comme si il n'avait jamais prit de train de sa vie. Vu sa réaction, c'était sûrement le cas, mais soit.

- T'es jamais monté dans un train ? Forcément le paysage il défile vite, on doit être à je sais pas combien de kilomètres heures là je parie

Elle regarda quand même par la fenêtre, il n'y avait que des montagnes à perte de vue. Elle avait vu mieux, genre la mer et l'océan à perte de vue, c'était beaucoup plus joli à voir !

N'empêche, Renn aurait bien aimé continuer à parler de la répartition, ça l'intéressait, elle, et Nolan aussi, vu la façon avec laquelle il avait abordé le sujet. Certes, elle avait l'air d'en savoir bien plus que lui, ce qu'elle trouvait bizarre puisqu'il semblait être trop curieux pour en savoir aussi peu, mais tout de même.

- Dis mais du coup, tu savais toi qu'on était répartis en quatre maisons ? C'est mon père il me l'a dit hier, mais il m'a rien dit d'autre, juste que j'en saurais plus ce soir parce que y a le vieux chapeau il chante une chanson ou je sais pas trop quoi

Je suis heureux. Cette évidence me frappe alors qu'un sourire est toujours accroché sur mes lèvres, et que Renn me tend une main. Je ne sais pas ce qu'elle souhaite, je ne sais pas pourquoi elle prend un air aussi dédaigneux alors que nous sommes pourtant en chemin vers l'école la plus fantastique qu'il soit, mais tout cela n'a aucune importance. Mon impatience est si grande qu'elle éclipse le reste. À l'instinct, je décide donc de saisir sa main avec la mienne, la gauche, celle qui n'a pas connu le vent du voyage, et je m'assois aux côtés de cette personne qui manque d'enthousiasme. Je ne suis maintenant plus en face d'elle, mais j'aime bien être à côté, aussi. C'est drôle de voir la banquette d'en face vide, j'ai une forte envie de faire des grimaces pour voir si quelqu'un va surgir du dessous de ces longs fauteuils et rire avec moi.

Renn continue de parler, et j'essaie de me calmer. Mais c'est tout simplement impossible ! Je suis en route vers l'école la plus fantastique qu'il soit, je ne peux que sauter de joie ! Mais soudain, Renn sort une bombe. Une énorme, qui explose comme les Fuseboum des Weasley, sauf qu'il n'y a malheureusement pas de dragons. « Trin ». « Kilomaitreure ». Je crois que papa avait déjà mentionné le premier mot, tout à l'heure, mais je n'en suis même plus sûr. J'ai une nouvelle fois envie de me prendre la tête entre les mains. Je suis perdu, j'aurai dû mieux écouter mes leçons, je vais encore passer pour un ridicule qui ne connait rien... Mais je n'en ai que faire, après tout, non ? À cette idée, mon sourire qui commençait à faner renaît de plus belle. Je suis heureux. J'ai onze ans. Je vais aller étudier dans une école de magie. Pourquoi commencer à me prendre la tête avec des problèmes qui n'ont pas lieu d'être ?

De toute façon, occupé comme je l'étais à m'affoler sur la signification des mots train et kilomètre-heure, je n'ai pas eu le temps d'anticiper la nouvelle prise de parole de ma camarade grise. Ou marron ? Je ne sais pas vraiment, je pense que n'importe quelle couleur froide pourrait fonctionner avec elle. Peut-être plus le bleu d'ailleurs, parce que gris ça fait vraiment terne, tout de même. Il faut peut-être que je lui demande... Enfin bref, je n'ai pas eu le temps d'en caser une, et elle embraye sur un sujet qui...

– QUOI ?!

J'ai de nouveau envie de sautiller. Des maisons ! On sera chacun dans une maison ? Des vraies maison ? Avec un toit, une cuisine, des chambres ? Je croyais pourtant que Poudlard était une école... Enfin peu importe, ce que Renn vient de m'apprendre est tout simplement incroyable. Des maisons, si j'avais su ! Elle a de la chance que ses parents veuillent bien lui parler de Poudlard, eux... Les miens sont rabat-joie, ils m'énervent.

– C'est génial ! Et elles sont comment les maisons, grandes ?

Mon attention est à présent entièrement focalisée sur la brune, alors que je poursuis :

– Tes parents sont plus cool. Moi je ne sais rien, c'est si frustrant !

Rien que de penser à cette frustration, j'ai envie de tirer très forts sur les rideaux de ce compartiment et de les arracher. C'est peut-être une mauvaise idée, mais ça me ferait tellement de bien ! J'ai été mis à mal tout l'été par de ce manque de réponse, il ne faut pas qu'ils s'étonnent si après je dois évacuer toutes ces émotions négatives. Ils ne voudraient pas que je devienne dépressif, tout de même ?

A cet instant là, Renn ne comprenait plus rien. Elle avait tendu la main pour que Nolan s'assoit, pas pour qu'il la prenne ! Elle se retrouvait là, à tenir la main d'un garçon plus excité qu'une puce qu'elle ne connaissait même pas et même par toute la volonté du monde, ne parvenait visiblement pas à calmer son excitation. Et le pire, dans tout ça, c'était que Renn réussissait à faire abstraction de l'hyperexcitation du garçon, alors que d'habitude elle n'avait qu'une envie, c'était de lancer des bombabouses sur les gens excités comme ça. Ceci dit, elle n'avait pas de bombabouses à portée de main, cela expliquait peut-être certaines choses...

Enfin, cela est-il que Nolan s'assit à côté d'elle. La banquette en face d'eux était vide, désormais. Cela rendait le compartiment un peu plus vide qu'il ne l'était déjà. Quoique, à bien y réfléchir, le blondinet à côté d'elle était suffisamment actif pour combler l'absence d'autres personnes dans la petite pièce - si on pouvait appeler ça ainsi.

A peine Renn avait-elle fini d'étaler ses connaissances au sujet des maisons (connaissances qui étaient bien maigres, certes) que Nolan se mit à crier, la faisant sursauter. Alors là, pour ne pas s'y attendre, elle ne s'y attendait vraiment pas. Quelle idée de crier d'un seul coup comme ça !? Elle était à la limite de se prendre pour une mère qui essaie de calmer son enfant à coup de "Mais calme toi, enfin !".

Elle haussa les épaules, accompagné d'un petit bruit de bouche signifiant qu'elle n'en savait pas plus que lui concernant la grandeur des maisons. A vrai dire, son père ne lui avait rien dit de plus, soit disant parce que "tu verras tout le reste quand tu arriveras". Soit, mais elle était impatiente de savoir ! Même si elle ne le montrait pas forcément, ou du moins, pas autant que Nolan, mais elle l'était quand même.

- Bah, je sais que ça, mon père il a rien voulu me dire de plus

Mais Renn comprenait totalement Nolan lorsqu'il disait que c'était frustrant. Ce n'était pas demander la lune de poser des questions sur Poudlard, non ? Alors pourquoi n'avoir rien voulu dire de plus ? Elle ne comprenait vraiment pas son père, parfois.

- En plus, c'est pas comme si on attendait beaucoup de chose, juste savoir des trucs sur l'école, ils auraient pu nous le dire !

Elle essayait de remonter dans ses souvenirs, elle avait certainement dû avoir d'autres infos ce n'était pas possible, au pire de ses grands-parents, si son père ne lui avait rien dit de plus... Manque de pot, Renn avait une mémoire largement plus visuelle qu'auditive, elle ne retenait pas vraiment ce qu'on lui disait oralement.

- Ahhh mais attends ! Je crois ma mamie elle m'avait dit une fois qu'elle elle avait été dans une maison dans les cachots, mais je sais plus trop. Mais c'est bizarre tu crois pas, on dirait c'est pas vrai, une maison dans des cachots genre, c'est pas possible ça

Ah ! Ses parents aussi sont affligeants, un point commun de plus ! Je n'ai pas compté les derniers, mais nul doute qu'ils se montrent nombreux malgré l'apparente asociabilité de cette fille. Elle n'a pas l'air de faire vraiment d'efforts. Remarque, je n'en fais pas non plus, donc nous sommes quittes à ce niveau là, on peut dire. Je ne sais pas si j'ai tenté de faire un effort un jour, d'ailleurs. Cette question subite me traverse le cerveau à l'instant, et je serais bien en peine d'y répondre. Interdit, je reste silencieux quelques instants avant de me rassurer d'un geste de la main. Arrête de te poser des questions qui ne servent à rien, Nolan. Ça ne te fera pas avancer.

La fille reprend tout en renchérissant sur ces précédents propos, et je la regarde d'un nouvel œil. Tiens, tu vois, tu n'es pas si blasée quand tu veux ! Satisfait, je hoche vigoureusement la tête, le château de Poudlard toujours dans mes pensées, et m'apprêtant à soupirer une énième fois à cause de mon impatience d'arriver à Poudlard. Ce trajet est si long ! Pourquoi ne prend-on pas la poudre de cheminette, ou je ne sais quoi de plus moderne qu'une vieille boîte croulante qui fait de la fumée, et qui roule sur des espèces de barres de fer ? À mon grand regret, je suis un peu déçu. Certes, je pourrais me dire que l'impatience du voyage ne rend l'expérience que plus excitante... Mais non ! Je veux simplement arriver le plus vite possible à Poudlard, moi. Arriver en quelques secondes dans ce château incroyable, et découvrir ma maison qui aura un beau toit rouge, j'en suis certain !

Je soupire. Je suis si impatient d'arriver à Poudlard, j'en ai marre ! Après la frénésie de début de voyage vient maintenant l'attente fébrile, et j'ai l'impression qu'elle tire beaucoup plus sur mes nerfs que de sauter partout. Mais Renn reprend la parole, et ses mots suffisent pour que mon pied arrête de taper nerveusement contre le sol du compartiment. Qu'a-t-elle dit ? Des cachots ?! Je la regarde d'un air hébété, elle est sûre, vraiment ? J'hésite maintenant entre l'abasourdissement, et le côté génial que je trouve à cette nouvelle information.

– C'est dingue ! Ils sont si riches à Poudlard qu'ils font des maisons individuelles avec des cachots ?

J'ai de nouveau envie de me lever, c'est plus fort que moi. Il me faut évacuer ce trop-plein d'énergie. Cependant... Je regarde Renn. Parler avec elle est bien plus intéressant maintenant, alors que je me contiens un peu plus qu'avant. Ce n'est pas très compliqué de m'en rendre compte. Donc j'hésite. J'ai vraiment envie d'en savoir plus sur Poudlard, et pour l'instant, cette fille qui se la joue blasée est ma meilleure source. Je ne dois pas la laisser s'échapper. Restant finalement en place, je renchéris donc les yeux brillants :

– Franchement, si c'est ça, c'est franchement incroyable ! Quoique, je ne sais pas si j'aurai envie de vivre dans une maison avec des cachots, imagine il y a des trucs pas nets qui se cachent dedans.

Enfin bon, même s'il y a des maisons avec des cachots louches, je démolirais tous les monstres dedans ! S'ils ne sont pas trop, évidemment, sinon je laisserai faire le directeur ou la directrice.

Le fait d'avoir des maisons individuelles dans une école avait beau lui sembler bizarre, elle ne parvenait pas à s'imaginer autre chose. Son père ne lui avait dit que le mot maison, et sa grand-mère aussi par ailleurs, ils n'avaient qu'à être plus précis ! Résultat, elle et Nolan s'imaginaient des trucs totalement farfelus, comme si c'était réellement possible qu'il y ait des centaines voir plus de maisons individuelles dans une école, d'autant plus une école crée dans un château. Même si, le côté terre-à-terre de Renn la faisait douter fort sur ce point.

Enfin...

- Faut croire, répond-elle en haussant les épaules.

L'histoire des cachots aussi, elle trouvait ça bizarre. N’importe quelle personne censée n'aurait pas eu l'idée de mettre des cachots dans des maisons pour des enfants. Des cachots quoi... Une cave à la rigueur, même si elle ne voyait pas à quoi elle pouvait servir puisqu'elle allait dans une école, mais des cachots encore moins. Si sa grand-mère avait dit cela, c'était bien qu'elle ne savait plus qu'elle, forcément, les grands-parents en savent toujours plus, mais de là à parler de cachots...

- J'avoue les cachots ça fait peur un peu, surtout qu'on est dans une école de sorciers genre tant y aura des bêtes bizarres et tout ! Je veux pas être dans une maison comme ça moi !

La petite sentait que Nolan avait de nouveau envie de sauter partout -si cette envie s'était réellement dissipée à un moment donné. Elle, elle n'avait plus qu'un envie, c'était d'arriver vite. Elle n'en pouvait plus d'être assise ; et dire qu'il lui restait encore quelques heures de voyage... Elle inspira plus longuement que d'habitude avant de se tourner vers Nolan.

- Dis mais du coup, tu penses qu'on sera tous seuls dans les maisons ? C'est triste un peu tu trouves pas, j'aimerais bien qu'on soit plusieurs moi, genre je sais pas, je me vois pas passer toutes mes nuits toute seule dans une maison pendant sept ans surtout si y a des trucs pas nets à côté

Une moue dubitative s'était dessinée sur son visage. Non vraiment, elle ne voulait pas rester toute seule dans ces maisons, elle espérait plus que tout qu'elle allait être avec d'autres personne. Et que ces personnes deviennent ses amis, tant qu'à faire !

Je hausse les épaules. Ouais, une maison avec des bêtes, ça ne m'enchante pas vraiment non plus. Quoique... Si j'arrivais à les dompter, ça serait franchement plutôt stylé. Je serais Nolan, le célèbre dresseur de dragon, Nolan, l'homme de la situation ! Tous les plus démunis se tourneraient vers mon aura rayonnante et... Ce serait génial ! Tout émoustillé à l'idée, je ne peux m'empêcher de faire part de mes pensées à ma camarade, c'est sûr, ces bêtes sont là pour nous tester !

– Je sais pourquoi il y a des bêtes, en fait ! C'est pour qu'on les dresse et qu'on devienne fort !

Plus j'y pense, et plus je me dis que les gens de Poudlard sont vraiment doués. Ce n'est pas moi qui y aurait pensé, de mettre des bêtes dans nos maisons pour que nous devenions plus fort. C'est plutôt incroyable comme procédé, je ne savais pas que le collège où je me rendais serait si redoutable !

– Et on sera hors-norme, avec nos dragons et nos sombrals, et on ira sauver le monde, c'est hyper bien !

Je ne peux m'empêcher de penser à mes leçons, sans elles, je n'aurais jamais su nommer un sombral... Peut-être que devoir apprendre toutes ces choses n'était pas si inutile, finalement ? Enfin, j'ai tout de même un doute. D'accord, pouvoir impressionner les autres avec des connaissances en jette, mais honnêtement je ne trouve pas ça très utile. À moins que la clef du problème soit là ? Papa et maman souhaiteraient juste que j'en jette avec mes connaissances ? Je ne sais pas si c'est vrai, cependant, si cette affirmation se révélait juste... Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je pense que je serais déçu.

Mais je n'ai pas envie de songer à cela. Ce n'est pas le moment, je vais à Poudlard, pour devenir le plus grand sorcier de l'école ! Et puis de toute façon, je ne peux pas me permettre de songer à des problèmes devant d'autres personnes. Sinon, ils commencent à vous poser des questions gênantes, et ils vous regardent de ce regard-là, celui qui ne sait pas quoi faire et qui transpire la pitié. Ils posent des questions sur ce qui ne les concernent pas... Et c'est juste insupportable ! Si j'avais envie de parler de mes problèmes, je le ferais. Mêlez-vous de vos histoires, à la fin !

Encore indigné par ces pensées qui me traversent l'esprit, je ne peux d'ailleurs m'empêcher d'être un peu brusque lorsque je réponds à Renn, qui me demande si nous serons seuls dans nos maisons.

– Je ne sais pas, moi !

À vrai dire, je n'avais pas pensé une seule seconde à ce que l'on puisse partager les mêmes maisons, et maintenant que c'est évoqué cela me paraît plus... Logique. Ils auraient moins de maisons à construire, moins de bêtes à dompter... Mais ce serait beaucoup moins amusant. Je ne peux empêcher une moue déçue de s'installer sur mon visage.

– Tu dois sans doute avoir raison, on sera plusieurs... Mais j'aurais bien voulu vaincre à moi tout seul les bêtes ! Ce n'est pas juste de devoir partager.

Enfin, j'imagine que si je me débrouille bien, je pourrais prendre en douce la partie des autres. Sauf si... Ça serait sympa d'être dans la même maison que cette fille. Par contre, si elle fait sa blasée tout le temps comme au début, je ne veux plus d'elle. Elle a mis tellement de temps à s'intéresser à ce que je lui racontais, c'était frustrant !

Donc la direction de l'école aurait mit des bêtes dangereuses délibérément dans les maisons pour que les élèves deviennent forts ? Cela parraissait un poil louche. Renn allait dans une école, où elle était censée apprendre à canaliser sa Magie, pas dresser des animaux ! Elle regarda Nolan, sceptique.

- Tu crois ? Je sais pas ça me paraît louche.

Elle haussa les épaules, préférant passer à autre chose au lieu de se retourner le cerveau à chercher le pourquoi du comment. A chercher la moindre logique dans cette école en fait. Si elle avait su, elle avait lu son livre de l'Histoire de Poudlard avant de venir ! Elle aurait été plus renseignée qu'en demandant uniquement à son père et sa grand-mère !
En parlant de l'Histoire de Poudlard... Elle l'avait dans sa valise. Soit, elle pouvait très bien le sortir et toutes leurs interrogations à Nolan et elles trouveraient enfin des réponses... Si elle le disait au garçon, toutes leurs questions trouveraient des réponses, normalement.

Cette idée disparut aussi vite qu'elle était apparue dans son esprit, par Nolan qui recommençait à s'énerver après qu'elle ait demandé si ils seraient seuls dans les maisons. Renn resta statique, fixant le blond d'un œil à la fois désespéré et énervé avant de lâcher.

- Nan mais tu vas pas bien c'est pas possible, pourquoi tu t'énerves sans raison comme ça ?

Elle souffla, avant de se tourner vers Nolan, intriguée par ce qu'il venait de dire. Ainsi il voulait combattre les bêtes à lui tout seul ? Il se prenait sérieusement pour le sauveur de l'univers... Ceci dit, pourquoi pas, au moins il avait une bonne grosse dose d'imagination, lui... Mais Renn n'arrivait pas à le prendre au sérieux.

- Et tu veux les combattre comment tes bêtes ? On sait rien faire avec notre baguette et on a pas d'épée ni rien, dit-elle, un petit sourire taquin accroché au visage.