La nouvelle année était arrivée assez rapidement, et les jours passaient aussi vite que d'habitude. Audric aurait juré qu'hier, il était allongé dans un de ces grands lits du Chaudron Baveur, ou encore entrain de se promener dans les ruelles parsemées de neige du Chemin de Traverse. Mais voilà, il était revenu, par le Poudlard Express. On lui avait alors rendu sa précieuse baguette magique qu'il avait retrouvé avec joie, puis il avait parcouru toute l'Angleterre dans un compartiment vide, avec sa nouvelle coupe, ayant visité un coiffure moldu durant son séjour à Londres. Il y avait bien sûr moins d'élèves que lors des rentrées de Septembre, ainsi, le calme d'un wagon presque silencieux lui avait été offert. La veille au soir, après avoir mangé à sa faim, il avait rejoint ses compères de Serpentard en Salle Commune, pour une soirée du Nouvel-An assez festive. Ce matin là, il s'était donc réveillé assez en retard pour son cours de Soin aux créatures magiques, ce qui l'avait plutôt frustré. Si il avait fait perdre quelques points à sa confrérie pour cet oubli de réveil, il espérait néanmoins que personne n'avait remarqué que dès le début de l'année, il compromettait ainsi l'obtention de la coupe des quatres maisons. Mais, depuis ce matin là, il avait la désagréable sensation d'être observé.

Il avait revu Megan, à ce cours, mais assez loin de lui. Il n'avait pas oublié le moment gênant passé à la bibliothèque, et ressentait ainsi une grande frustration depuis deux semaines de s'être comporté comme un imbécile, persuadé qu'elle aussi le détestait désormais. Les deux adolescents partageaient divers centres d’intérêts et passions, ce qui rajoutait à la frustration du premier, pensant être passé à côté d'une potentielle amitié, une relation de plus dans un réseau pourtant déjà assez large de connaissances. L'après midi était arrivée, et c'est en baillant qu'Audric n'avait pas voulu manger, après un soporifique cours. En passant dans sa salle commune, il glissa ses prochains manuels et de nouveaux parchemins dans sa sacoche d'écolier avant de remonter tout le château vers son prochain cours, celui de Sortilèges. Il profita de cette "promenade" pour discuter quelques secondes avec une armure qui proclamait s'appeler Régis -ce qui le fit bien rire-.

Observant les portraits accroché sur les couloirs qu'il traversait alors, il saluait parfois les têtes réveillées bien que la plupart n'aient pas vraiment de conscience propre. Distrait par les histoires que racontaient ces peintures, c'est aussi distrait et rêvassant qu'il pénétra dans la Salle des Sortilèges. Puisqu'ils étaient désormais en Quatrième année, peu importait leur professeur que les élèves se placent ou non aux mêmes endroits à chaque cours. Ainsi, Audric posa ses affaires sur la table qui lui sembla la plus propre et proche, de façon à ce que quelqu'un puisse prendre place à ses côtés s'il le désirait. Ne faisant alors pas vraiment attention à ses camarades, il s'empressa de sortir son rouleau de parchemin neuf et son encrier à mesure que les élèves arrivaient par petits groupes, prenant place autour de lui. Tête fourrée dans sa sacoche, il ne se préoccupa pas des tables voisines avant que le cours ne commence vraiment. Jetant un rapide coup d'œil à sa gauche, il tiqua. Megan Arrington avait prit place juste ici. Le savait-elle ? Venait-elle de voir qu'il la regardait ?

Le cours avait commencé, la classe était devenue plus ou moins silencieuses, et le sujet avait été abordé. Le cours de Sortilèges n'avait jamais été la matière pour laquelle il avait eu le plus d'affection, mais elle était très loin d'être la pire. Pourtant, ce cours ci sembla se révéler être l'un de ceux où il hésite à s'endormir sur son parchemin, préférant de loin la pratique à la théorie. Mais, s'il voulait éviter le regard de sa voisine, il n'avait comme option que de rester attentif. Après tout, cela pouvait se révéler assez intéressant. Il avait lu un jour que les sorciers venant du continent Africain utilisaient leurs propres mains pour lancer des enchantements ! Cela signifiait-il que les Européens étaient des gros flemmards ? Peut-être. Cela signifiait-il que la magie coulait dans ses veines, au sens littéral, et qu'il pouvait lui aussi pratiquer la manumagie ? Cela restait à prouver. Merlin ! Cela faisait peut-être 5 bonnes minutes qu'Audric était plongé dans les paroles de sa professeure ! Comme quoi, avec un peu d'entrain...

Observant du coin de l'œil les alentours, il fronça les sourcils en remarquant un parchemin posé sur sa table. Était-ce lui qui l'avait posé là ? Attrapant la feuille, il remarque une écriture qui n'est pas la sienne, et son regard se releva aussitôt vers sa camarade de Poufsouffle. Son cœur battait à la fois très fort par la surprise, la joie de savoir que tout va bien, et la gêne qu'il éprouvait. Le cours lui, ne les attendait pas. Alors, Audric attrapa sa plume neuve et griffonna rapidement une réponse à l'attention de la jeune fille. Mais avant de pouvoir repasser le parchemin à Megan, son coude percuta l'encrier qui vacilla sur sa table, tâchant son message. Poussant un juron qu'il espérait inaudible, il essaya d'effacer sa bêtise, qui au contraire ne fit que s'étaler. Ne lui demandez pas pourquoi, en plein cours sur les baguettes magiques, il n'eut pas l'idée d'utiliser la sienne. Chiffonnant le bout de papier, il se résolut à se pencher vers son interlocutrice, murmurant pour à la fois ne pas gêner la classe, et surtout ne pas se faire prendre trop vite à des bavardages.

« Désolé encore. C'était con de ma part, je voulais pas que ce soit gênant mais j'ai tout fait qu'empirer... »

La Poufsouffle avait aussitôt répondu au Serpentard, chuchotant à son tour. Comme par réflexe, celui-ci opina de la tête pour démontrer sa compréhension. Tous les deux penchés l'une vers l'autre, leur discussion n'était plus si discrète. Alors, à l'unisson, ils se redressèrent. Il était fou de réaliser combien de temps pouvait faire perdre quelques bribes de paroles échangées. Griffonnant quelques informations sur les baguettes et autres branches, l'adolescent observa du coin de l'œil sa camarade qui s'était mise au travail également. Reportant son attention sur sa plume, il tenta de récupérer les restes d'encres au fond de son pot vidé à moitié. Bien sûr, il n'avait pas eu l'idée de le remplir juste avant son cours, et il observa alors son pot qu'il n'avait jamais vu autant vide. Soudain, Audric fut sorti de ses pensées sur les quantités par la voix de sa voisine. S'il ne s'était pas tâché ? L'adolescent regarda piteusement ses mains, noircies, avant de regarder de nouveau la jeune fille, arborant un petit sourire en coin, amusé de la situation.

« Visiblement, si. »

Après avoir ricané silencieusement, le Serpentard se mit à frotter ses mains contre son uniforme tout aussi noir. Si le monde moldu avait pu lui apprendre quelque chose, c'est que parfois, on gagnait du temps à ne pas forcément utiliser sa baguette et... Après avoir effectué sa grossière action, Audric venait se poser sa main sur sa joue. Ses yeux s'écarquillèrent et il étouffa un second rire en regardant de nouveau Megan. Visiblement, il allait devoir utiliser sa baguette. Sa résolution n'avait-elle pas été de réfléchir avant de faire quoi que ce soit ? Toussotant légèrement pour camoufler son envie d'exploser de rire, ses grands yeux verts fixèrent la Poufsouffle avant qu'il n'essaye de se remettre à chuchoter.

« J'en ai beaucoup ? »

Sa baguette, posée sur sa table, n'attendait que lui. Il suffisait d'un simple Recurvite pour effacer la saleté. Mais Audric, mêmes'il ne l'aurait avoué pour rien au monde, n'avait jamais été doué pour se lancer lui même des sortilèges. S'il s'agissait de nettoyer sa table, pourquoi pas. Mais viser sa propre figure, c'était l'angoisse ! Et si son sort déviait dans son œil ? Et si son nez était modifié ? Merlin, maintenant il s'en voulait. S'il ne savait même pas s'il pouvait utiliser sa propre baguette magique dans un cours portant sur son utilité, il ne pouvait pas, cela était sûr, demander à quelqu'un d'autre de le faire pour lui !

Le temps passe, le cours avec, et Audric est toujours couvert de cette maudite encre. De plus, la sensation d'avoir tâché sa cape revient à lui, et c'est en souillon qu'il se trouve assis là. Avant qu'il ne puisse réagir, la Poufsouffle se propose de lui effacer cette saleté... Il ne voudrait pas refuser. Non, il ne veut pas refuser, car il a trop peur de le faire lui même. Mais quelle honte ! Si leur enseignante se retournait ou regardait dans leurs directions, ou si un quelconque autre élève s'attardait sur eux, ils verraient la déception qu'était le Serpentard. Lui qui aimait tant conserver les apparences... Mais la jeune Arrington ne le laisse par parlementer, et alors que quelques secondes sont passées, elle tend sa baguette vers Audric, et lance le simple Recurvite sensé être maîtrisé.

Aussitôt, le Serpentard senti comme une douce brise passer sur son visage, aussi fraîche que les matins de Janvier. Ses paupières se fermèrent, comme si un voile passait sur sa face, et lorsqu'il rouvrit les yeux, il se sentait tout nouveau. Comme après avoir passé de l'eau sur son visage, il se mit à sourire, murmurant un léger « Merci ! » à l'attention de Megan. S'il fût pris de nouveau de l'envie de ricaner, ses yeux se tournèrent vers le tableau où de nouvelles informations étaient apparues. Attrapant sa plume, il jaugea son encrier désormais presque vidé.

« Je peux t'en emprunter un peu ? » demanda-t-il à l'attention de la Poufsouffle.

Tant pis pour les trous dans sa leçon. En plus de n'être qu'un simple cours théorique, Audric se rassura en pensant à la bibliothèque pleine de livres à ce sujet qui n'attendait que lui. Et puis, il pourrait demander à son Keith, dont il était d'un an son cadet, pour compléter sa leçon. Après tout, elles ne devaient pas tellement changer d'années en années... Songeant à son ami, son attention se reporta sur la Poufsouffle qu'il venait de déranger alors qu'elle essayait elle aussi de reprendre le cours. C'était bon de savoir qu'elle n'avait pas de rancune envers lui. Audric devait songer à moins réagir à vif, aussi. Pourquoi fuir, lorsqu'on peut naturellement s'expliquer ?

Megan avait accepté sans hésiter, et Audric l'avait remercié discrètement en murmurant quelques remerciements. Son petit sourire s'étira lorsque la Poufsouffle tenta une blague à propos de l'encrier. Si la situation était plutôt drôle, Audric devait avouer qu'il avait honte. Ce n'était pas digne d'un futur sorcier ayant pour but de devenir célèbre. Que dirait la Poufsouffle lorsqu'ils auraient grandi ? Peut-être aurait-elle contacté la Gazette. Peut-être même l'avait elle déjà contactée... Non, c'était stupide. L'adolescent trempa sa plume dans l'encrier. Après tout, il ne pouvait même pas savoir si elle s'en souviendrait encore quelques années plus tard. Et puis... la célébrité d'Audric n'était pas assurée. Certes, ses nuits étaient composées de doux rêves lui faisant voir un sorcier roux devenu aussi important que Merlin en son temps. C'est donc à ses pensées qu'Audric avait écrit délicatement sur son parchemin, plus proprement qu'il ne l'avait jamais fait, avant d'être interrompu par sa camarade soucieuse de rattraper le plus de cours. Regardant piteusement sa feuille, sa bouche forma une moue qui valait plus que des mots. Poussant son parchemin vers l'adolescente, et lui laissa voir les quelques phrases notées, datant déjà du début d'heure. À moins qu'elle ait eu pour but de recopier le nom d'Audric, il était presque certain qu'aucunes informations ne lui auraient-été utiles.

« Des dates, des infos clés, Ollivander, Gregorovitch, et... un tâche d'encre. »

Le Serpentard pouffa avant de lever ses yeux du parchemin. Le cours s'était révélé ne porter que sur les fabricants de baguettes magiques, pas sur les catalyseurs autour du monde.

« Il y a aussi Yoho... Yokohya..ma au Japon, je crois. »

S'empressant de noter cette information là, l'adolescent adressa un demi-sourire à Megan, zieutant quelque peu sur son parchemin. Certes, la bibliothèque et Keith auraient pu l'aider, mais le plus important pour réussir ses examens était de réellement suivre le cours. Quelque peu raté pour celui-ci...