Tu étais affreusement stressée. Ce matin, tu avais reçue une lettre de ta mère. Et ça t’inquiétait horriblement. La dernière n'avait rien annoncée de bon - au contraire : maman avait été viré. Tu n'en connaissais pas la raison, mais c'était beaucoup trop injuste. Depuis que tu étais rentrée à Poudlard l'année dernière, elle ne comptait plus ses heures de boulot. Et maintenant, voilà qu'on la virait du jour au lendemain de son poste de rédactrice en cheffe. Un scandale. C'était un scandale. Un injuste scandale, dont les répercussions t'angoissaient aussi. Maman était seule à Harrow, sans travail dans lequel se plonger. Tu avais peur de ce qui pouvait se passer, d'autant plus que tu avais peu de nouvelles depuis qu'elle avait été virée. La peur et le stress ne faisaient pas bon ménage.

Tu t'étais donc rendu au lac pour lire cette lettre. L'air froid du mois de décembre mordait ta peau, mais ça t'importait peu. Assise au bord de l'eau, tes genoux ramenés contre ta poitrine, tu triturais l'enveloppe entre tes doigts. Tu ne voulais pas l'ouvrir. Tu ne voulais pas découvrir son contenu. Tu avais bien trop peur qu'il soit négatif.

Oui. Tu avais peur.

Mais au bout de plusieurs minutes, tu saisis le bord de l'enveloppe pour la déchirer et en sortir le papier autrefois vierge. Plié en accordéon. Impossible de voir l'écriture. Mais ça ne pouvait pas être maman. Elle ne les pliait jamais de cette façon. Sam ?

Tu déplias le papier et tu ne pus reconnaître l'écriture. Qui cela pouvait-il bien être ? Est-ce que c'était pour t'informer qu'il était arrivé quelque chose à maman ? Ton estomac se tordit à cette idée. Par Merlin, faites que non...

Tes yeux commencèrent à lire précipitamment les mots. Ce n'était pas pour maman. Non, c'était bien pour toi. Toi seule. Et tu te figeais de plus en plus au fil de ta lecture - et ce n'était pas dû au froid.

Chère Clarke,
Après une intense réflexion de ma part et de la part de la famille, nous avons décidé de faire une demande auprès du juge pour pouvoir avoir ta garde de manière exclusive. Bien évidemment, tu changerais d'établissement. Celui où tu es actuellement n'est pas pour toi et te change en plus de t'éloigner de ta famille. Grâce à quelques contacts, j'ai pu t'avoir une place dans le meilleur collège de Londres. C'est une bonne nouvelle, n'est-ce pas ? Tu vas pouvoir quitter l'asile de fou dans lequel ta mère t'as envoyé et te rapprocher de ta famille ! La décision n'a pas encore été définitivement approuvée par le juge, mais au vue de la situation professionnelle de ta mère je ne pense pas qu'il y aura trop de difficultés.

J'espère que tout se passe bien de ton côté, nous avons hâte de t'avoir à nouveau auprès de nous,

Bien à toi,

Papa.

Tes yeux s'embuèrent, tu étais fébrile. Tu avais l'esprit complètement embrumé par tes pensées. Elle faisait trop de bruit. Beaucoup trop.

Tu songeais à maman. Elle allait être définitivement seule. Non, ça ne pouvait pas arriver. Ca ne devait pas arriver !

Tu songeais à Poudlard. Devoir partir d'ici, après avoir autant lutté pour te faire une place ? Non, ce n'étais pas envisageable. Tu aimais être ici, tu avais ta vie ici, tes ami.e.s !

Tu songeais à ce que cela impliquait de retourner à Londres. D'y être continuellement. D'y vivre définitivement. Tu serais seule face à Helena. Seule face à Enola. Ces deux-là qui se prétendaient être de ta famille alors qu'elles te pourrissaient la vie pire qu'en enfer. Elles te voyaient comme un monstre, quelque chose qui ne devrait pas exister. Seule face à cet homme qui se dit être ton père. Toi tu ne pouvais pas le considérer comme cela. Pas après ce qu'il avait fait. Et surtout ce qu'il n'avait pas fait. Et encore moins maintenant que tu savais ce qu'il pensait de ta condition magique. Tu serais seule et Sam ne serait pas là.

Malgré le fait que tu sois en extérieur, tu te sentais incapable de respirer correctement. Tes mains tremblaient plus que de raison et tu avais l'impression qu'à tout moment tu allais t'effondrer sur le sol. Le froid qui te mordait la peau il y a encore quelques minutes ne te parvenait plus. Tout comme les sons. Tu n'entendais que le bruit de tes pensées. Elles étaient affreusement bruyantes. Tu avais envie de leur hurler de se taire, de la fermer une bonne fois pour toute. Mais c'est toi qui la fermais actuellement. Les mots ne quittaient pas ta bouche. Tu frissonnais, mais ce n'était pas à cause du froid. Non, c'était autre chose.

Instinctivement, tu t'étais levée pour essayer de mieux respirer. Tu suffoquais. Peut-être que ton corps replié sur lui-même t'empêchait de réaliser cette action pourtant naturelle ? Mais non, ça ne s'arrangeait pas. Au contraire, tu avais l'impression que c'était pire : en plus du reste, voilà maintenant que tes jambes ne semblaient plus capable de soutenir le poids de ton corps. A moins que ce soit le poids de ta conscience qui soit devenu trop lourd. Peu importait pour le moment. Tu t'assis lourdement au sol pour arrêter cette horrible sensation de vertige et tu fermas les yeux, alors que les larmes roulaient toujours sur tes joues.

Tout va bien.

Pourquoi est-ce qu'il fallait que tu te mettes dans un état pareil ?

Qu'est-ce qu'il se passait exactement ?

Bordel, faites que ça s'arrête !

Tu avais perdu le contrôle. L'angoisse te tordait les tripes. Tu n'arrivais pas à te calmer, et tu étais incapable de comprendre ce qui était en train de t'arriver.

Et ça t'angoissait encore plus.

Maiy s'aérait l'esprit. Décembre avait commencé et avec, une de ses périodes de l'année préférée. Celle des fêtes de fin d'années. La joie, la bienveillance qui régnait, cela rendait Lewis très heureuse. Poudlard était vraiment un endroit magique en cette saison. Les décorations, les sapins, la nourriture ; tout le château, même les plus grincheux s'en trouvait enchanté.

Et bien-sûr, cela signifiait aussi revoir ses parents, sa famille ; après quatre long mois ! Elle reconnaissait qu'elle aimait passé du temps avec ses amis, mais la famille... C'est la famille, on la remplace pas.

Il n'y avait pas beaucoup de monde dans le Parc à cet heure-ci. C'était agréable pour les introvertis, et ceux qui n'aiment pas la foule. Comme Edwin, tiens. Elle sourit, son meilleur ami avait ce genre d'endroits secrets à des horaires spéciales où il se retrouvait pour être en paix. Maiy savait qu'il en avait ; mais c'était à lui, ses secrets.

Elle s'apprêtait à retourner vers les cachots, après sa petite balade, quand elle aperçut une jeune fille, plus jeune qu'elle, un peu plus bas de la colline. Normalement, Maiy aurait passé son chemin. Sauf que cette cette fille... n'avait pas l'air bien du tout.

Tiraillée par la curiosité, elle s'approcha. Si elle s'était fait des idées, elle pouvait toujours repartir, et prétendre qu'elle n'était pas venue. Mais quand même... si jamais...

Elle fit quelques pas et découvrit une tête brune.

Qui faisait une crise de panique.

Maiy n'hésita pas et fonça vers elle. Elle avait fait des crises de panique elle aussi, en première année, et c'était la pire chose au monde. Qu'elle veuille de son aide ou non, elle en avait besoin.

Elle s'approcha doucement, et lui prit les mains.

- Hey, doucement, respire, lui dit-elle d'une voix la plus douce possible. C'est quoi ton nom ? Je suis Maiy, on est dans la même maison, tout va bien, je suis là. Je vais t'aider à te calmer.

@Clarke Kane, après tout ce temps

Tu étais seule. Tu l'étais ? Oui. Alors à qui sont ces mains qui serrent les tiennes ? Il y a quelqu'un. Une voix résonna dans tes oreilles, mais tu ne compris que quelques mots. Maiy, maison, t'aider. Ce sont les seuls que tu fus capable de retenir. Tu te souvenais de cette fille, celle du bal d'Halloween. Vous vous étiez bien entendu, même si vous ne vous étiez pas reparlé depuis cette soirée. Dans un effort qui te semblais insurmontable vu la pression intérieure sur ta cage thoracique, tu murmura :

- Clarke...

Tu tentais de te calmer, mais ce n'était pas une franche réussite. Tu respirais lamentablement, tu tremblais toujours et tes pensées étaient toujours aussi bruyantes. Tu ne pouvais pas t'empêcher de penser à tout ce qui pourrait arriver à Londres. Si Sam avait été là, les choses auraient été mieux, mais... Mais Sam n'était pas là. Tu serais seule.

À cette nouvelle pensée, tu serras les mains de Maiy sans t'en rendre compte. Tu avais besoin de savoir que quelqu'un était là, que tu ne l'avais pas inventé cette voix qui t'avais semblé si lointaine. Et heureusement, il y avait bien quelque chose entre tes mains tremblantes. Tu ouvris enfin les yeux comme pour t'en assurer une bonne fois pour toute. Tu tombas alors sur les yeux noisettes de Maiy. Il y avait bien quelqu'un. Allait-elle réellement t'aider ?