Cela faisait un peu plus d'un mois que tu étais rentrée de tes vacances. Si la première semaine avait été un peu étrange, la deuxième avait été génial ! Tu avais pu passer du temps avec Sam qui s'avérait être complètement différente de ce qu'elle montrait à Londres. La fille hautaine et méchante avait laissé place à la demi-sœur protectrice, gentille et adorable. Vous vous étiez nettement rapprochés pendant ces vacances-ci, si bien qu'elle vous avait accompagné - toi et maman - à la gare de King's Cross pour ton retour à Poudlard. Bref : tout allait pour le mieux, et ça faisait un bien fou après le début d'année scolaire compliqué.

Ce jour-là, tu avais ton après-midi de libre et tu avais décidé de répondre à la lettre de Sam. Tu savais qu'elle allait passer chez maman d'ici quelques jours pour le courrier, alors c'était le moment de lui répondre. Cela faisait un moment que vous discutiez via hibou avec cette organisation là et, même si le fait que tu doives attendre plus longtemps pour avoir une réponse de sa part, tu aimais beaucoup vos échanges qui étaient devenus ton quotidien ce dernier mois.

Lorsque tu eu atteins le haut de la tour, tu t'approchas d'un des volatiles pour nouer ton parchemin autour de sa patte. Malgré le temps qui avait passé, tu avais encore du mal à accrocher les bouts de papier à la patte des oiseaux de la volière. Et aujourd'hui ne faisait pas exception.

Fin de semaine, moment idéal pour poster la lettre que je suis censé envoyer à mon frère ! Il la recevra probablement dans la nuit, et verra son beau week-end gâché par mes extases concernant les merveilleux sorts que j'ai appris en Défense Contre les Forces du Mal. Ah, quel beau panorama, j'aurai aimé pouvoir assister à ce moment. Son visage se décomposant devant la lecture de ma si merveilleuse lettre. Rien ne vaut un petit frère enragé, je le garantis.

Guilleret — embêter mon frère, n'y a-t-il pas de plus beau programme, après tout ? —, je monte vaillamment les marches de cette interminable tour. Je suis un explorateur renommé qui cherche un trésor caché dans de sombres recoins ! Je sens mon rythme cardiaque s'accélérer. Là-bas, objectif en vue. Une lumière filtre au sommet de ces escaliers, synonyme de tout mes espoirs depuis le début de mon exploration à travers ces cités sorcières antiques ! Il ne me suffit que de quelques marches de plus. Je me mets alors à courir, exalté par les méandres de mon imagination, et débarque dans la volière, l'odeur des fientes de hibou m'agressant brutalement. Cependant, ceci est bien trop peu pour me tirer de cette expérience, et je m'écrie, me ruant sur la première personne que j'aperçois :

– Hourraa ! L'EXPÉDITION EST ENFIN TERMINÉE ! Les cités sorcières ont été découvertes !

Emporté dans mon élan, je serre davantage cette personne, avant de me dégager, les bras en l'air en signe de victoire. À l'instant, je suis tout aussi heureux qui si j'avais réellement découvert le secret de ces mystérieuses cités sorcières. Et puis, il faut que j'envoie cette lettre, aussi. De quoi me rendre encore plus aux anges !

Encore légèrement essoufflé, je recule de quelques pas avant de soudainement m'arrêter. En soit, je viens seulement de sauter dans les bras d'une personne qui m'est totalement inconnue. Quasiment rien. Alors... Pourquoi est ce que je déglutis soudainement, comme ça ? Pourquoi suis-je dans l'attente d'une réaction ? J'ai seulement fait s'envoler son hibou, ce n'est pas grand chose. Et puis, comme j'aime à le répéter, je me fiche bien de ce que les élèves peuvent penser de moi.

Un cri, puis des bras t'entourèrent pour te serrer et tu te figeas. Le hibou avec lequel tu ta battais s'envola : heureusement, tu n'avais pas réussi à attacher ta lettre qui tomba au sol. Les bras te serrèrent plus fort et tu te crispas. Tu n'aimais pas les contacts physiques, encore moins avec des inconnus. Et en plus, cet imbécile t'avais fait peur. Lorsqu'enfin la tête blonde te lâcha, bras en l'air, tu le fusillas du regard. Cette fois-ci, c'est lui qui s'arrêta soudainement.

- Nan mais ça va pas ? Qu'est-ce qui t'as pris au juste ? Tu m'as fichu la trouille idiot !

Tu pestas quelques instants en ramassant le parchemin par terre et tu t'approchas d'un autre hibou pour accrocher ta lettre. Mais, une fois n'est pas coutume, en vain.

- _{C'est pas possible, faut avoir fait des études pour accrocher un parchemin à la patte d'un hibou ?} Râlas-tu.

Malheureusement, ce hibou semblait moins coopératif que son camarade partit plus tôt : son bec pinça mon pauvre doigt.

- Aïe !

Ta lettre tomba à nouveau au sol pendant que tu portais ton doigt à tes lèvres par réflexe. Et puis merde ! Finalement, tu n'allais peut-être pas poster cette lettre aujourd'hui !

Tu te tournas vers le blond, repensant à ses histoires de cités sorcières. Tu n'y avais pas prêter attention sur le coup, mais maintenant... Tu n'en avais jamais entendu parler, et même si tes connaissances sur le monde sorcier s'étoffait au fil du temps... Et bien tu ne connaissais pas tout, tu en avais conscience.

- Et puis c'est quoi ces histoires de cités sorcières ? Demande-tu sur les nerfs.

Qu'est-ce qui m'a pris... Bonne question, non ? Mais j'ai découvert ces fabuleuses cités, cela ne suffit-il pas pour que je partage ma joie à cette fille ? Car oui, après quelques instants d'hébètement, je m'aperçois bien que la personne en face de moi correspond à une fille.

– J'étais content ?

J'ai davantage l'impression de poser la question à moi-même, qu'à cette fille. Être heureux, est-ce une raison suffisante pour me jeter dans les bras de personnes que je ne connais pas ? J'ai soudainement un doute. Mais bon, personnellement, ça ne me dérangerait pas qu'on se jette dans mes bras donc... L'action que je viens de faire ne doit pas être si gênante que cela. Cette fille est simplement un peu grognon. Comme la majorité des habitants de ce château, j'ai l'impression.

Puis, voilà que je l'entends qui râle à l'adresse de son hibou. Ah ! J'avais raison ! Juste une fille grognon, qui ne sait pas profiter de la vie et expédie même sa mauvaise humeur sur les animaux. Cependant, elle semble s'être amoché un doigt, et je souris. Elle ne doit pas avoir bien l'habitude, il suffit juste d'être doux. Les mouvements brusque sont à proscrire, avec ces animaux nocturnes.

– Tu permets ?

C'est plus une question réthorique qu'autre chose. Je m'approche rapidement, tandis que je me baisse pour saisir la lettre au sol, et me dirige vers un hibou. Cependant, il semble que je sois interrompu dans ma tâche, par une question qui me paraît légitime. C'est vrai, elle ne peut pas savoir ce que sont ces fameuses cités sorcières, même si la réponse me paraît évidente. Alors, pendant que j'arrive à hauteur d'un volatile, et lui accroche en quelques mouvements habitués la lettre, je réponds... L'enthousiasme s'emparant de moi, mais veillant tout de même à ne pas faire peur au hibou :

– Ce sont des cités géniales, que seuls les explorateurs sorciers incroyables découvrent ! Elles sont dissimulées par des sortilèges très compliqués à percer !

À vrai dire, je ne sais pas si de telles cités existent, et elles ne vivent probablement que par mon imagination.

Je pointe finalement du doigt le hibou, tandis que j'ajoute à l'intention de cette fille :

– Mieux vaudrait que tu lui indiques l'adresse, si tu veux qu'il se rende au bon endroit... À moins qu'un inconnu lise ton courrier ne te dérange pas.

Le garçon lui-même ne semblait pas convaincu par sa justification. Mouais. Est-ce que la joie est un prétexte suffisant pour se jeter dans les bras d'une inconnue ? Sûrement, du moins pour certaines personnes. Mais pas pour toi.

Alors que tu avais abandonnée l'idée d'envoyer ta lettre aujourd'hui, le garçon s'avança vers toi pour prendre la lettre. Tu lui répondis par un hochement de tête approbateur en veillant malgré tout à ce qu'il ne lise pas ta lettre.

Simple précaution.

Tandis qu'il s'affairait à sa tâche - tâche dont il semblait avoir l'habitude -, il répondit à ta question avec un engouement non dissimulé. Des cités découvertes seulement par des explorateurs et qui sont cachées grâce à des sortilèges complexes ? Non, tu n'en avais décidément jamais entendu parler.

- Où est-ce que t'as découvert ça ?

Tu suivis du regard son doigt qui pointait le hibou qui avait désormais ta lettre accrochée à la patte. Effectivement, tu n'avais aucune envie qu'un inconnu lise ton courrier !

Tu t'approchas de l'animal pour lui indiquer l'adresse de chez ta mère. Elle saurait rapidement que c'est pour Sam, c'est comme ça que vous faisiez pour éviter que votre père ou encore Helena intercepte vos lettres.

- Je déteste qu'on lise mon courrier. Si c'était destiné à être public je m'embêterais pas tous les trois jours à accrocher une lettre alors que je galère à chaque fois. Rajoute-tu en riant.

Où est-ce que... ?

Je stoppe quelques instant mes mouvements, avant de regarder cette fille. Je ne sais pas si je suis amusé ou embêté pour elle. Je pensais que... Enfin normalement, quand je fais ça, les gens se moquent juste de moi ou ne me prennent pas au sérieux. Et puis bon, peut-être que les cités sorcières existent — je n'en sais rien après tout — mais ça ne me paraît pas vraiment flagrant. Je veux dire : j'adore inventer des histoires, me croire invincible avec une épée à la Gryffondor... Mais tout ceci reste un jeu. Elle y a vraiment cru ?

Oh et puis ce n'est pas mon problème, je n'y peux rien si elle est crédule.

– Dans ma tête.

Je pointe mon index contre mon crâne tandis qu'elle se dirige finalement vers le hibou pour lui indiquer l'adresse, et je tente de lui expliquer un peu plus en détail le fonctionnement de mes cités.

– Mais ce sont des cités vraiment sympas hein ! Ce n'est pas parce qu'elles sont de moi qu'elles sont nulles. Je suis un explorateur, et je dois les découvrir.

Puis, elle prononce quelques mots, et je hoche la tête. En soit, ça ne me dérange pas tant que ça que des personnes lisent mon courrier, de toute façon je n'y marque rien de compromettant. Par contre, ce qui me met en colère reste lorsque quelqu'un lit mon courrier. Si une lettre a été écrite pour moi, ce n'est pas afin que quelqu'un d'autre aille fouiner dedans. Non mais franchement !

Je soupire finalement alors que la fin des paroles de cette fille attirent soudainement mon attention. Elle a tant de mal à accrocher des lettres ? Vraiment ? Enfin c'est peut-être parce que j'ai l'habitude, mais je ne trouve pas ça si compliqué...

– Tu veux que je te montre comment je fais, sinon ? Ou peut-être que tu es trop brusque ? Parce que le hibou de tout à l'heure... Enfin tu comprends mais tu n'étais pas non plus hyper détendue.

Je ne suis pas un spécialiste, mais honnêtement je comprends que le hibou ait fui. Elle a l'air aussi tendue lorsqu'elle essaie d'accrocher sa lettre que moi lorsque je tente de comprendre les cours de botanique. J'ai bien vite arrêté d'essayer, d'ailleurs.

Ah. Dans sa tête. Ce n'est pas vraiment ce à quoi tu avais pensé. Pas du tout même. Tu t'étais imaginer de vraies cités, des cités anciennes et abandonnées par les sorciers. Tu étais encore dans la découverte de ce monde que tu avais rejoins il y a quelques mois, alors sur ce coup il est vrai que tu t'étais montrée assez crédule - alors que ce n'était pas vraiment ton genre.

- Si tu le dis.

Tu ne pouvais cacher ton étonnement, c'est pas tous les jours que tu rencontrais un ado qui imaginait des cités sorcières dans sa tête en pensant être un explorateur. Mais soit, chacun fait ce qu'il veut. Son engouement pour ses cités te rendis malgré tout curieuse.

A la proposition du garçon, tu relevas la tête vers lui, surprise. Il voulait vraiment perdre son temps à t'apprendre à accrocher une lettre à la patte d'un hibou ? Ca t'arrangerait bien, c'est vrai, si tu pouvais arrêter d'y passer un temps fou à chaque fois ça serait vraiment super. D'autant plus que tes échanges avec Sam devenait de plus en plus fréquent - elle semblait passer de plus en plus souvent chez maman pour le courrier -, sans parler des lettres de maman. Ca te ferait gagner du temps, c'est certain.

- Si t'es vraiment ok pour perdre du temps pour m'apprendre ça, je vais pas refuser.

Tu ajoutas rapidement :

- Tu pourras me parler de tes cités sorcières comme ça.

Mon interlocutrice me regarde d'un drôle d'air, et je hausse les épaules. Il y en a bien qui s'amusent à écrire des dissertations pour les cours d'Histoire de la Magie, je ne vois pas en quoi inventer des cités sorcière l'est plus. Je trouve même cela beaucoup plus constructif qu'une dissertation ! Je me retiens de soupirer. Je ne sais vraiment pas ce que je fabrique dans ce collège, il est si ennuyant qu'il déteint sur ses élèves... La preuve, quelqu'un avec un minimum de bon sens se serait intéressé à mes dires, mais voilà qu'elle se contente d'un simple “si tu le dis”.

Je dois bien avouer me sentir un peu vexé par le peu de crédit que cette fille accorde à mes mots.

Cependant, voilà que celle-ci prend de nouveau la parole, et sa réponse à ma proposition me fait rapidement oublier mes sentiments négatifs... Ou presque. Je fronce les sourcils, ne pouvant m'empêcher de rester perplexe face aux mots que ma camarade utilise. Elle ne peut pas refuser ? Quelle drôle d'idée, on pourrait croire que je la force... Alors que ce n'est pas du tout le cas ! Une simple proposition, je voulais me rendre utile. Si elle se sent si oppressée que cela, et bien soit, je garderais mon aide pour quelqu'un d'autre.

– Tu pouvais refuser, hein. Enfin c'est trop tard maintenant, mais je te laissais parfaitement le choix.

Quand je dis que c'est trop tard, c'est parce que j'ai décidé que je ne reviendrais pas sur ma proposition. Elle a accepté, et je ne vois pas pourquoi j'irais remettre sa parole en doute. D'ailleurs, je suis un homme d'action, donc je vais agir. Comme Harry Potter ! Et, je suis au moins aussi classe que lui.

Je m'avance vers un hibou, tâtant dans ma poche ma lettre pour mon maudit frère, que je sors finalement d'un geste fluide. Je souris une énième fois à l'idée de la tête qu'il fera en la recevant. Aaah, douces représailles. Pas que je tienne spécialement à me venger, il faut noter, mais simplement en guise de précaution : j'aurais ainsi une longueur d'avance dans la bataille. Enfin bon, trêve de rêveries ! Je me tourne vers cette fille, ayant besoin d'une information avant de lui montrer la manœuvre.

– Au fait, tu t'appelles comment ? Moi, c'est Nolan.

Avec un sourire enthousiaste, je pointe ensuite du doigt ma lettre.

– C'est pas vraiment mon truc l'enseignement tout ça, regarde comment je fais, je vais essayer d'aller lentement.

S'il est courant de simplement glisser le courrier dans le bec du hibou, je préfère de mon côté l'attacher à une de ses pâtes. Et c'est pour cela que j'ai au préalable roulé le parchemin ensuite fermé par une ficelle. Il me suffit à présent d'une caresse à l'oiseau, tandis que je murmure quelques mots apaisant, pour fixer le reste de la ficelle un peu au-dessus de la serre.

Le volatile semble s'agiter quelque peu, et d'une caresse je tente de l'apaiser, avant de m'adresser à ma camarade.

– Allez tout doux... Les cités sorcières sont des cités pavées, comme on peut en trouver dans... Dans...

Je ne sais plus où, ce n'était pas à Godric's Hollow que j'avais vu des rues pavées ? On va dire ça, alors.

– Dans... À Godroc's Hollow. Tu sais, des pavés un peu vieux. Et en fait, ces cités sont abandonnées, et de nombreux explorateurs les cherchent... Dont moi ! Qui fait bien évidemment partie de l'élite !

Alors que je prononce ces mots, je m'enflamme, le regard vibrant et totalement dans mon monde. Un célèbre explorateur, si génial...

Mais voilà que le hibou qui s'agite de nouveau me fait revenir à la réalité, et après un soupir j'adresse finalement un regard de plus à mon interlocutrice.

– Tu as compris comment faire... ? Tu veux essayer ?

Si besoin, je pourrais détacher mon courrier et alors elle pourra tenter de l'attacher.