Le cours sur les abraxans avait été une réussite. Les élèves - du mois la majorité d'entre eux - avaient un sourire aux lèvres, contents d'avoir pu découvrir deux espèces en une : les chevaux et les oiseaux. Certains avaient demandé à Samy s'ils pourraient monter sur leur dos, requête que le jeune professeur avait dû refuser, à son plus grand malheur, pour des questions de sécurité.

Devant la porte de l'enclos, Samy salue les élèves qui repassent par le préau faire leur sac avant de reprendre la direction du château, couverts comme des esquimaux face au froid mordant du début de l'hiver. Il repère Ennis, un peu plus loin, encore en train de ranger ses affaires, et s'approche d'elle. Elle est son étudiante préférée, et même s'il essaie de rester neutre et équitable pour éviter de se prendre dans la tronche qu'il fait du favoritisme, il faut bien se l'avouer, il n'y parvient pas toujours.

« Ennis, hey ! Tu as deux minutes ? »

Sur le ton de la confidence, Samy avance et s'installe sur le pupitre d'en face, détendu.

« J'ai encore quelques heures avant de ramener les abraxans à leur réserve... Je sais que tu aimes beaucoup les potions alors hum... Ca te dirait de... récolter des crins avec moi ? Tu pourras en garder la moitié pour t'entraîner aux potions de ton côté, c'est promis. Magdaléna m'a demandé de lui en rapporter ce soir, et je me suis dit qu'il me fallait une sorcière douée pour m'épauler dans cette tâche, tu comprends ? »

Tourner autour du pot, une seconde nature chez Samy.

Le cours sur les Abbraxans venait de se terminer et Ennis, comme tous ses camarades, rangeait ses affaires et comptait bien se rendre au repas directement. Histoire de ne pas trop perdre de temps. Ayant laissé passer un maximum de personne devant elle pour éviter la bousculade, elle allait rejoindre Jeffrey qui devait certainement l'attendre un peu plus loin quand elle entendit l'interpellation du jeune professeur à son encontre. Il avait l'air plutôt détendu et vint s'installer sur le pupitre qui lui faisait face. Le regard de l'adolescente se porta mécaniquement ver sa porte. Personne. Elle ne savait pas combien de temps son directeur de maison voulait lui parler. Elle espérait que son petit-ami n'allait pas l'attendre trop longtemps, voir qu'il prenne la décision de rentrer au château. Il y avait mille cause possible à cette demande de rester plus longtemps.

- "Oui. Il..." La châtain allait demander s'il y avait un problème quelconque. Mais le jeune homme ne lui en laissa pas le temps, expliquant pourquoi il lui demandait de rester. Un sacré privilège qu'il lui offrait là. Elle savait qu'elle était dans ses élèves préférés. Du moins chez les cinquième année. Pas qu'elle ait des passes droits quoique... il était d'un naturel tellement gentil, trop gentil, qu'elle le soupçonnait parfois d'une tolérance un peu plus accrue avec elle. Si c'était lui qui les avait surpris en haut de la Tour d'Astronomie avec Jeffrey, il aurait été fichu de fermer les yeux. Pas que ça les auraient dérangés ceci dit. Elle poussa cette pensée à sa juste place dans son esprit, sous sa forme de petit hiéroglyphe égyptien planqué sous sa mandibule droite, et se concentra plutôt sur la proposition qui lui était faite. Le métisse faisait peut être preuve de favoritisme, mais au moins il le faisait bien!

Ennis qui gardait généralement un visage des plus neutre esquissa un sourire. Il devait être fin observateur, ou avoir parlé à la professeur de potions de son intérêt pour cette matière. Comme il avait décelé ses capacités à s'occuper de créatures magiques alors qu'elle ne faisait pas en sorte de se détacher du lot, ni en théorie où elle ne répondait que sur interrogation, ni en pratique ou elle suivait les consignes le plus scrupuleusement du monde. Elle n'avait pas de fibre pour ça, simplement des prédispositions découvertes pendant la quatrième année, et ne les utilisaient que pour l'intérêt qu'elle y trouvait: les potions.

- "Merci d'avoir pensé à moi." Commença-t-elle par répondre avant de se laisser emporter et de continuer par: "Mais j'aurais accepté sans flâterie." Elle oubliait parfois que ce n'était pas parce qu'il avait l'âge de son frère Domhall qu'elle pouvait pouvait se permettre le même genre de taquinerie. En cours c'était assez facile d'y penser. Mais là...

Les jambes écartées, appuyé sur ses mains posées sur le pupitre, Samy a une drôle d'allure pour un professeur. Vêtu d'une chemise à carreaux brune et d'un gros pantalon large tout plein de poches, il fait tâche à la table des professeurs lorsqu'il y mange ; il faut dire qu'il enfile le moins souvent possible sa longue robe de sorcier, elle entrave ses mouvements et il n'apprécie pas ça des masses.

Face à Ennis l'enseignant est naturel bien qu'un peu stressé, il veut faire bonne impression devant l'étudiante, il sent qu'ils pourraient vraiment bien s'entendre, et quand il sent ça, Samy ne sait plus où se mettre, un rien le stresse tant il tente de faire les choses bien pour ne pas tout gâcher. Aussi rigole-t-il vraiment à la plaisanterie de la jeune fille, il ne s'était pas trompé, elle est vraiment rigolote, ramasser des crins d'Abraxan ensemble promet de ne pas être ennuyant.

« Eh bien, toi t'as pas la langue dans ta poche ! Allez, viens, Ennis la flattée, on a du pain sur la planche ! »

Le jeune homme se redresse et prend la direction de l'enclos, sur la droite du préau, dans lequel se trouvent Philarmonia et Bart, une jument et un étalon, qui broutent calmement.

« Est-ce que tu as déjà lu ou appris dans quelle potion leurs crins pouvaient être utiles par exemple ? »

Il avance vers la femelle avec un air sûr sur le visage mais s'approche doucement, pour ne pas l'inquiéter. Devant ses yeux il sort de ses poches un tube de verre et des ciseaux à lame fine. Quand elle s'ébroue, il invite Ennis à approcher.

« N'oublie pas, ne passe ja-mais derrière sa croupe, c'est très important. Ce sont des animaux nerveux, s'ils ne te voient pas et ne devinent pas tes intentions, les Abraxans se cabreront et crois-moi, il vaut mieux éviter de recevoir un coup de leur part. »

Ennis dû faire un effort particulier pour empêcher son sourcil gauche de se relever en accent circonflexe. Le comportement du jeune homme était à mille lieues de ce qu'on imaginait d'un professeur. Et pourtant, il l'était bien. Cela rendait la tache assez ardue à l'adolescente, elle n'arrivait pas à savoir comment interagir avec le métisse. D'un côté il avait été ce jeune garde chasse, le grand frère de plus ou moins tout le monde. De l'autre, il était devenu enseignant. Et même si les deux rôles demandaient de faire respecter le règlement de l'école. Et puis il avait vingt ans, comme son aîné. Une confusion totale pour la jeune fille qui n'arrivait pas à le situer. Son cerveau ne parvenait pas à faire de lui un professeur, elle était d'ailleurs incapable de l'appeler par ce titre. Ni par son surnom, elle n'avait jamais pu. Jusqu'à juin dernier elle utilisait son prénom. Et maintenant, elle disait toujours Mister Falkner, il n'y avait rien à faire.

Le professeur venait de lui demander de le suivre. Ennis se leva et retira sa robe de sorcière. Elle en portait toujours, profitant de chaque moment où elle pouvait s'habiller autrement qu'en tenue scolaire pour passer celles qu'elle avait prises chez elle, meilleures coupes et factures. Mais pour certaines pratiques, il était préférable de ne pas porter de tenues aussi amples, approcher des équidés magiques et volants aussi imposants que les Abraxans en faisait parti. Se félicitant d'avoir mis son pull de laine d'uniforme à manches longues, la cinquième année se dirigeait vers l'enclos deux pas en arrière du spécialiste qui lui posait une question tout en s'approchant de la jument:

- "Dans la potion Stimucharme renforcée, pour potentialiser la puissance de ses sortilèges. La version améliorée de la potion Stimucharme avec des crins de Granians. Et dans la puissante Stimucharme ce sont des crins de licorne." Il y avait récemment eu un dossier dans la revue du Potionniste, autant dire qu'elle la lisait chaque mois avec intérêt vu sa passion pour cette discipline. "Domhall m'a aussi dit qu'ils en utilisaient dans des baguettes magiques. Que les baguettes produisent étaient particulières mais intéressantes." Elle venait de mentionner son frère sans plus de précision, persuadée que le métisse ferait le lien tout seul malgré son attention toute tournée vers la femelle Abraxan. Elle se secoua vivement, c'était le moment pour l'élève de s'approcher.

Surveillant du coin de l'œil l'étalon qui la suivait du regard, elle se dirigea doucement vers son professeur. Lirlandaise prenait garde à bien avancer à hauteur de garrot, par le côté, pour que la créature la voit bien arriver. Une fois contre son antérieur, elle posa sa main sur son coude, elle ne pouvait de toute façon pas le faire plus haut, et la jument vient lui flairer le haut du crâne.

- "Je n'ai pas prévu d'ajouter de la paperasse à la direction." Répondit Ennis en sachant pertinemment quun coup de pied d'un tel animal signifiait au bas mot de perdre l'usage de ses quatre membres et potentiellement de finir dans un service de soins spécialisé pour sorcier à l'état de courge gâtée. "Et puis je ne fais pas tout ces efforts pour mon épaule pour tout gâcher bêtement." En parlant, elle avait gratté doucement les poils palomino tout en observant Mister Falkner lui montrer une paire de ciseaux à très fines lames et un petit tubes à essais. La jument tout occuper à souffler un air chaud et un peu humide sur ses cheveux et dans sa nuque.

Samy écoute avec attention les réponses de l'adolescente et sourit : il est content, il va pouvoir lui apprendre une chose qu'elle ignore.

« Tout bon, mais ce n'est pas tout. On t'a déjà parlé de la potion Exstimulo ? Elle peut être faite avec des poils de licornes, des poils de gronian, mais il vaut mieux dans tous les cas utiliser des poils d'abraxan, elle a plus de chances d'être réussie. En plus, elle sera plus puissante qu'avec des poils de gronian, va savoir pourquoi. »

Samy a un léger sourire en coin. Il pense à ce petit échantillon de potion glissé dans sa besace qu'Ennis a une possibilité de remporter si elle se montre assidue, curieuse et bosseuse aujourd'hui.

« Question pour un champignon, la potion d'Exstimulo, ça a quel effet ? Si tu ne sais pas je te donne trois minutes pour aller farfouiller dans mon bureau, et trouver l'info dans un bouquin laissé en évidence sur le bureau. »

Hop, son fameux clin d'oeil.

Quand Ennis évoque son épaule, le directeur de sa maison la regarde, peiné. Il ne sait pas quoi répondre sans risquer d'enfoncer le couteau dans la plaie, ou, devrait-on dire, le poing dans l'épaule. Il se contente de hocher la tête, de se diriger vers la jument et de lui donner de l'herbe à brouter. En attendant la réponse de sa préfète, il vérifie qu'il a bien ses petits ciseaux à portée de main.

Ennis fronça les sourcils, ce n'était pas la potion dont elle venait de parler? Mais qu'avait-il donné comme nom? Exstimulo? Mais bien sûr! Ses yeux s'arrondirent doucement en comprenant ce qu'il s'était passé. Elle avait donné le nom irlandais sans penser à le traduire tant elle était concentrée à observer les réactions des deux équidés qui faisait au moins deux fois sa taille et... cinquante fois son poids? Au bas mot!

Et l'erreur linguistique avait mis une sacrée confusion dans la discussion puisque son professeur et directeur de maison - car c'était bien ce qu'il était malgré son jeune âge et sa familiarité qui la mettait parfois mal à l'aise à cause du contraste avec ce qu'elle connaissait - lui demandait quel était l'effet de la fameuse potion dont ils venaient de parler: "Je suis désolée, je l'appelée par son nom irlandais mais je vous ai donné son effet. Je veux bien aller vérifier mais..." Elle tourna la tête vers le bureau puis les deux créatures qui restaient paisibles, notamment la jument qui continuait de souffler doucement sur ses cheveux.

- "Ce sont trois potions qui potentialisent les effets des sortilèges que l'on lance, ils sont donc plus forts, plus efficaces. La version avec des poils d'Abraxan étant la plus puissante, celle avec des crins de Granians la moins puissante. Et si on utilise des crins de licorne l'effet est intermédiaire." Ne restait plus qu'à espérer ne pas s'être mélangée dans les puissantes respectives de ces potions. "Je l'ai lu dans la revue du Potionniste du mois dernier." Expliqua-t-elle pour montrer d'où lui venait cette connaissance, car ce n'était pas fréquent pour des cinquièmes années de savoir ce genre de choses.

Mince, Samy a l'air d'une andouille sur patte, il ignorait que cette potion avait plusieurs noms ! Heureusement le jeune homme n'a pas le temps de s'attarder sur ce détail, une chose gravissime vient de se produire.

« Ennis, vraiment, tu ne veux pas me tutoyer ? J'ai l'âge de ton frère haha ! »

Elle semble avoir un problème à associer sa vision de l'autorité et l'image qu'il lui renvoie, comme si tout ceci la perturbait, comme si un adulte devait faire peur et se tenir à distance, et être âgé, et qu'un enfant était celui qu'on tutoyait et avec lequel on plaisantait. Samy peut le concevoir, évidemment, mais il pense qu'il n'est pas nécessaire de se faire tant de nœuds au cerveau. Il y a des adultes drôles, si si, ce sont des choses qui arrivent ! Ou du moins, il l'espère, sinon c'est qu'on lui a menti sur son âge et que d'ici très peu de temps il atteindra la majorité et deviendra morne et plat et froid. Il sourit mentalement en pensant à cela, qui, il l'espère, n'arrivera jamais. Cela le rendrait trop malheureux.

Quand Ennis explique avec beaucoup de précision les effets de telles potions, Samy est impressionné et ne peut que lui donner raison à l'aide d'un hochement de tête et d'un sourire.

« Tu as de drôles de lectures, jeune fille - lui rétorque-t-il en plaisantant. Oui, c'est tout à fait ça. La théorie, tu la maîtrises. Mais la pratique dans tout ça ? Essaie d'abord d'obtenir la confiance de Philarmonia. Je te laisse pas la tâche la plus simple, elle est un peu stressée après ce cours et après avoir été observée par autant d'élèves. Si jamais ça peut t'aider, à l'entrée, il y a un sac de nourriture et d'objets à mâchouiller. A toi de déterminer la façon la plus simple de l'amadouer ! *»


*^{[viens me voir en pv si tu tentes une action, on déterminera la réussite par un lancer de dés !]}

Il avait beau le lui demander encore et encore, elle n'y parvenait pas. Elle n'avait jamais pu même si effectivement, Samuel Falkner avait l'âge de son frère Domhall et qu'il devait être en sixième année quand elle avait fait sa première rentrée à Poudlard. Elle répondit donc en haussant son épaule gauche: "J'ai toujours fait comme ça, même les années passées." Ennis faisait référence aux mois où il était garde-chasse. "Mes parents me vouvoient. C'est normal pour moi. Ça n'enlève rien au reste." Vouvoiement, tutoiement... Ça ne changerait rien au fait qu'elle ne sache pas trop comment faire avec le jeune professeur. Et l'habitude du vouvoyer était là, s'en défaire était difficile.

L'adolescente laisse un sourire se dessiner sur ses lèvres aux remarques de Samuel. Drôles de lectures? Une revue sur les potions passionnante qui ne demandait pas d'efforts et permettait d'agrémenter ses cours et donc ses devoirs. Elle n'allait pas s'en plaindre de gagner des demis-points par ci et par là pour une remarque pertinentes ou un ajout dans ses contrôles de potion, de botanique ou de soins aux créatures magiques. Elle hocha ensuite la tête à la demande, amadouer la jument qui lui soufflait sur les cheveux depuis le début de cet entretien avec le professeur.

La Gryffondor, qui avait toujours gardé le contact sur l'antérieur de l'immense jument, lui fit une dernière caresse avant de s'éloigner doucement non sans lui avoir expliqué ce qu'elle allait faire. La châtain s'éloigna donc pour récupérer quelques petites pommes bien mûres et juteuses qu'elle coinça dans ses poches - si elle était à l'image de celles qui avaient déjà été mangées par les deux équidés ailés pendant le cours. Vu la taille de la jument, impossible que le fruit reste coincé dans son œsophage. Elle revint ensuite posément, toujours en l'abordant par le côté et en présentant sa main libre pour être flairée avant de lui proposer la golden. Philarmonia secoua la tête en ronflant. Ennis hésita, elle était imposante tout de même, mais, la créature vint délicatement croquer la pomme avant de pousser l'épaule gauche de l'irlandaise du bout de ses naseaux. "Une autre?" L'étudiante en ressortit une de sa poche et le fruit fut bien vite engloutit dans une sorte de soupir de satisfaction.

Lancer de dé vu en privé: La jument est réceptive et ronronne de plaisir

Coucou ! Ayant du mal à écrire en ce moment, j'adopte un style très très léger et simpliste, bien moins travaillé, qui me décourage un peu moins. C'est vrai quoi, faudrait que j'avance dans mes histoires sinon je vais pas m'en sortir x). J'espère que ça ne te posera pas de problème ? Si c'est le cas, dis-le moi, je reviendrai au style d'origine dans mon prochain post !

Ses parents la vouvoient, bien, bon, ça change pas mal de choses. Le jeune homme sourit, il comprend mieux le tempérament de la Gryffondor même s'il a du mal à concevoir qu'on puisse instaurer autant de distance au sein d'une famille. Enfin, si ça ne change rien au reste... Il décide de la croire, elle semble l'apprécier et avoir envie d'en apprendre davantage sur sa matière, au fond c'est tout ce qui compte. Pauvre Samy, il a si peu de confiance en lui et a tellement peur du rejet et du fait de ne pas être aimé qu'il en vient à se rassurer auprès de ses élèves favoris. Ce n'est pas ce qu'on attendrait d'un adulte responsable.

Ceci dit, tant qu'il fait son travail, qu'il donne des cours qualitatifs, qu'il protège au mieux les jeunes du cruel monde qui les entoure et qu'il assure la supervision et l'encadrement des lionceaux, on ne peut rien lui reprocher. Il fait de son mieux, et, en toute honnêteté, il trouve qu'il gère plutôt bien les tâches pour lesquelles il a été employé. Le reste n'est que du détail.

Devant les yeux étonnés de Samy, Ennis s'approche de la jument et l'apprivoise sans la moindre peine. Aurait-il l'air d'un rabat-joie avec ses conseils devant une adolescente si calme et talentueuse ? La bestiole croque la pomme et en redemande à nouveau, elle semble être à l'aise, c'est surprenant.

« Eh bien, tu m'avais caché ce don ? Impeccable, tu peux lui piquer quelques crins, elle te fait entièrement confiance. Toujours sans gestes brusques, hein ? »

"Allez Ennis, tu peux le faire ! Ca me ferait drôlement plaisir que tu remportes le petit flacon de potion en jeu, tu saurais en faire bon usage, c'est certain" pense très fort le professeur au même moment.

Le professeur sembla particulièrement dubitatif face à ses explications. Enfin c'était ainsi qu'elle interprétait son absence de réponse verbale et ce qu'elle pensait voir s'exprimer sur les traits de son visage. Ce n'était ni le premier ni le dernier à ne pas vraiment comprendre, qu'il ait certainement côtoyé ses deux frères pendant sa scolarité ici ne changeait de toute évidence pas la donne. Après tout, il pouvait bien penser ce qu'il voulait tant qu'il n'essayait pas de la forcer à aller contre sa nature et qu'il acceptait de répondre aux questions qu'elle pouvait poser sur sa matière - bien souvent en dehors des cours - elle, ça lui allait bien.

Tout contre à la jument gigantesque, Ennis avait réussi à se faire accepter d'elle sans trop de difficultés. Maintenant, elle se devait d'aller récolter des crins sur sa queue. Aussi se déplaça-t-elle sans rompre le contact physique tout en répondant à son professeur. "Je m'en suis vraiment rendue compte en toute fin d'année dernière. Je ne sais pas ce que je fais de particulier." Voilà, elle y était. Elle flatta la croupe... Enfin non, le plus haut possible sur la cuisse de l'équidé puis, tout en restant le long de sa jambe, tendit le bras pour se saisir doucement de quelques crins dénués de paille. Elle parlait doucement en irlandais en même temps, bien consciente que la tête de Philarmonia se trouvait maintenant juste derrière son épaule, prête à l'envoyer voler un peu plus loin, et sans balai.

La préfète agit doucement, parlant à la jument de ses faits et gestes et put ainsi récupérer une quantité honorable de crins. Elle rangea la paire de ciseau dans sa poche puis revint caresser l'Abraxan et revenir près de son épaule. Elle montra la poignée au métisse et demanda: "Ça ira où il en fallait plus? Elle est plutôt coopérative, je pense que je peux en couper, peut-être de l'autre côté de sa queue."