- Pourquoi ? Je crains vraiment rien. Enfin, peut-être un peu mais c'est qu'un simple détail ça.

Bien sûr, on ne peut pas avoir peur de rien, ou ces gens là ont peur d'avoir peur, mais à part si vous n'êtes pas un être vivant, il est impossible de ne pas avoir au moins peur de perdre ce qu'on a de plus cher, sa famille ses amis, ou même son argent, on a tous peur un jour ou l'autre, et heureusement, car la peur nous permet de déceler les choses vraiment dangereuses, car si par exemple, on avait pas peur du feu, tout le monde y mettrait sa main, et nous nous brulerions.

- Excuse-moi Harlez je voulais pas dire ça comme ça. Ça me fait passer pour quelqu'un d'inconscient. Mais je veux juste qu'il t'arrive rien par ma faute.

Je ne lui reprochait rien, absolument rien, non, au contraire, encore une fois, il était courageux de montrer qu'il s'inquiétait, car c'est dur pour un homme, et ça à cause du fameux "Les hommes sont forts, ils ne pleurent pas, ils n'ont pas peur, ils travaillent pour nourrir leur famille", que devrais-je lui reprocher ?

- Ne t'en fais pas pour ça Wayne, mais je ne bougerai pas, sans que tu viennes, car même si pleurer fait du bien, si on en abuse trop, ça nous fait du mal, ça nous déchire de l'intérieur, ça nous ronge les os, j'avais bien assisté sur le mot ronge, comme pour imiter un bruit déchirant, et ça nous consume à petit feu, c'est pour ça qu'en parler fait du bien, car il y aura toujours quelqu'un pour nous comprendre, encore désolée si j'insiste, mais, du fond du cœur, Wayne, je veux t'aider à surmonter cette douleur infame.

Comment faire, pourquoi, ne veut-elle donc pas me laisser ? Je trouve ça admirable de rester sous la pluie, ou du moins sous l'orage actuellement.

- Ne t'en fais pas pour ça Wayne, mais je ne bougerai pas, sans que tu viennes, car même si pleurer fait du bien, si on en abuse trop, ça nous fait du mal, ça nous déchire de l'intérieur, ça nous ronge les os, et ça nous consume à petit feu, c'est pour ça qu'en parler fait du bien, car il y aura toujours quelqu'un pour nous comprendre, encore désolée si j'insiste, mais, du fond du cœur, Wayne, je veux t'aider à surmonter cette douleur infâme.

Une douleur infâme ? Elle ne l'est pas, c'est douloureux certes, mais ce n'est pas infame.

- Je… S'il te plaît Harlez.

Ne force pas, ne force plus. Je vais craquer.
"Alors craque Wayne, elle est là pour toi. Profites-en !"
Devrais-je vraiment en profiter ? Rares sont les personnes qui ne viennent pas par pitié ou pour utiliser cette facette de ta vie, de toi contre toi.

- J'ai juste passé une assez voir terrible journée. Ce n'est rien, il y a pire dans la vie non ? C'est donc idiot de pleurer pour ça…

"Bravo Wayne, tu lui as dit. Je suis fière. "
Alors pourquoi je me sens pas libérer ? Pourquoi j'appréhende ? Pourquoi j'ai peur de ce qu'elle va dire ? Pourquoi l'orage tape pas loin de nous ? J'en tremble de peur...

Il me suppliait.. Un instant, je voulais partir, mais le cœur n'y était pas. J'eus raison de rester puisque juste après il m'annonça qu'il avait passé une terrible journée, excuse bidon, 'fin plutôt première excuse qu'on trouve.

- Si tu veux pas en parler.. T'as le droit hein.. Je veux pas forcer mais j'ai pas vraiment l'impression que c'est la seule raison..

La pluie arrivait par vagues, une fois c'était à peine quelques goutes mais quelques secondes plus tard c'était une vraie déferlante qui nous tombait dessus. Je regardai autour de moi, il n'y avait vraiment personne, enfin si, seule l'eau frétillante du lac un peu plus loin nous accompagnait. Je passa discrètement ma main sur la veste du jeune garçon.. Elle était d'une douceur incroyable..

- Je peux comprendre que tu ne veuille pas en parler, mais même si c'était le cas, tu devrais rentrer dans ta salle commune et te réchauffer un peu, avant de sentir la chouette trempée.

C'était une expression que ma mère aimait beaucoup utiliser, car elle détestait les hiboux, elle trouvait qu'ils laissaient des plumes partout, qu'ils sentaient mauvais et que de nos jours il existait aussi d'autre moyens de communication plus fiables, car pour elle, rien ne nous prouvait que l'animal ne se tromperait pas de destinataire. Je souris intérieurement à cette remarque, elle me manquait beaucoup.

Même si je voulais rentrer, je ne le pourrais pas. Je ne souhaitais pas rentrer dans ma salle commune, même la chaleur ne m'attirer plus vraiment. Car au bout d'un moment la froideur du temps devenait plus agréable malgré les aléas de la pluie. L'orage lui, n'avait l'air de ne pas vouloir nous quitter d'aussitôt, ça me faisait encore peur, l'orage.

- Je ne veux pas rentrer. Harlez, s'il te plaît ne me juge pas… C'est peut-être idiot de pleurer à cause des mauvaises nouvelles accumulées durant la journée, de s'être mal-réveiller et tout ce qui vas avec. Mais…

"Là, tu as juste besoin d'une toute petite marque d'affection Wayne"
Une marque d'affection ? Oui, j'en ai besoin. Ça me consolerait peut-être, calmerait aussi ma peur de l'orage qui grandissait de plus en plus ? Je ne sais plus, je pense comme un enfant de 8 ans. Ça me fait rien intérieurement.

- Harlez, s'il te plaît garde ça pour toi. Tout ce qui va se passer dans les minutes qui suivent, ne se seront jamais passé une fois tout ça fini.

"A quoi joues-tu Wayne ? Ça ne te ressemble pas." me disait cette voix que je n'appréciais gère à ce moment-là. A quoi je jouais ? A rien, je ne sais pas ce que je fais actuellement. Elle me fait perdre la tête des fois.
Mais je savais que je m'étais légèrement livré à elle sans aucune raison ni force de le garder pour moi.

Ce qu'il va se passer dans les minutes qui suivent ? Mais que va-t-il se passer ? En plus à rester sous le froid comme ça il va tomber malade ! Je ne veux pas qu'il tombe malade moi..
L'éclair avant l'orage, cette expression ne désignait plus à présent ce que je ressentais pour lui, ce n'étais plus de l'attirance, mais bien plus, "affection" ? "Inquiétude" ? Mais pas encore ce mot ci, "Amour", car je ne voulais pas aimer.
J'avais peur d'aimer.
J'avais peur de décevoir, peur de ne pas savoir comment l'aimer, peur qu'il ne m'aime pas en retour, peur que ce ne soit que subjectif, peur que ce ne soit pas de l'amour, mais de l'incompréhension. J'avais peur que ce que je ressente pour lui soit autre chose, et même si chacun avait trouvé l'intérêt en l'autre.. Alors cette définition de l'amour que je trouvais dans toutes les musiques, dans tous les livres, dans toutes les définitions en général, pourquoi n'étais-ce pas la même ? Pourquoi je pensais que tout allait trop vite pour moi ? C'est quoi l'amour en général ? Est-ce de la pitié finalement ?
Pourquoi je n'étais pas normale ? Pourquoi j'avais tant de difficultés dans la vie ? Pourquoi je suis moi ? Pourquoi lui ? Il mérite mieux non ?
Tant de questions tournoyaient dans ma petite tête fragile.

- J'ai pas compris Wayne... Que va-t-il se passer ?

"L'éclair avant l'orage" Kwang Sun-ho

"S'il te plaît Wayne ! Écoute moi un peu ! "
Elle était perdue, comme ma petite voix dans ma tête sur qui j'ai toujours un minimum écouté jusqu'à maintenant.

- J'ai pas compris Wayne... Que va-t-il se passer ?

Quelque chose que tu ne comprendras sans doute pas et moi aussi au passage.
Je n'étais sans doute plus connecté au monde, mais peut-être plus dans ma bulle ? J'ai toujours aimé quand j'étais petit rester dans ma bulle. Je me faisais souvent moquer juste à cause de mes lunettes, qui, à ce moment là était plus que tremper.

- Tu n'as pas à comprendre Harlez, crois-moi ça vaut mieux pour nous deux de ne pas comprendre et d'oublier ce moment présent.

Je le souriais du mieux que je pouvais, car mes pleurs s'étais, (ou du moins de ce que je croyais) arrêter. Mais j'avais tort, mes pleurs reprirent et sans que je puisse vraiment me contrôler, je marchais en sa direction lâchant mon parapluie qui pouvait s'envoler prendre sa liberté, je m'en moquais royalement.
"Wayne, s'il te plaît."
Je sais, je ne devrais pas.
"Alors pourquoi ?"
Je ne sais pas.
Je lui avais fait un câlin, un des seuls que j'ai pu lui faire jusqu'à maintenant. C'était à la fois pour me réconforter, mais aussi pour la remercier pour ses cadeaux et son attention à mon égard. Je sais qu'elle sera surprise, mais cette espèce de câlin... Je veux qu'il continue encore un peu,...

Ma conscience m'avait lâché.
Je ne bougeais plus, j'étais figée, et tout se mélangeais dans ma tête.. Tout d'abord.. Son parapluie.. Il dansait dans le vent, pirouettes après pirouettes, ou alors comme ma mère m'avait montrée lors des JO d'hiver - une compétition moldue pour savoir qui était le meilleur dans chaque sport -, sur le ski acrobatique : back flip double flip flip.
Mon coeur aussi faisait des back flip double flip flip. Il faisait des bonds fabuleux dans ma poitrine, mon pauvre coeur oui, souffrant le martyre par toutes les épreuves que ce garçon lui faisait endurer..
Je me tenais aussi raide qu'une statue à qui on aurait fait boire de l'amidon, c'est drôle quand votre corps ne suit pas les indications de votre cerveau, qui lui disait de fuir, de fuir le plus loin possible.
Je fit doucement glisser ma main hors de son emprise, et hésitai un instant, avant de lui tapoter gentiment le dos. Une chaleur émanait de mon ventre, un frisson chaud et doux, un vent de nouveau qui me détendis les os. Je pensais alors qu'il cherchait le réconfort auprès d'une amie, d'une amie, oui, mais moi, le considérais-je vraiment comme un ami ?
Je n'osai pas dire un mot, et les secondes me semblaient être de longues minutes, et les longues minutes me semblaient être des heures.

- Si jamais.. Pour quoi que ce soit tu as besoin de moi.. Je serai à tes côtés

Telles furent les paroles qui s'échappèrent brusquement de ma bouche.

J'avais réussi à trouver une once de réconfort auprès d'elle. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais, juste son tapotement sur mon dos m'avait donner ce réconfort.
Le temps quant à lui, j'avais l'impression qu'il s'était arrêté, mais on le sait tous : le temps ne peut pas s'arrêter. C'est dommage dans un sens, on pourrait faire beaucoup de choses, mais hélas, il ne s'arrêtera peut-être jamais.
Son cœur lui, battait à ton rompre, ça me fait sourire intérieurement. Je voulais encore l'entendre un peu...
"Lâche là Wayne"

- Si jamais... Pour quoi que ce soit tu as besoin de moi.. Je serai à tes côtés.

Je le sais. Tu es quelqu'un de très fidèle ça, j'en suis sûr, mais c'est aussi un défaut.

- Merci...

"Aller Wayne ! Écoute-moi un peu et lâche là !"
Je me redressais la lâchant au passage, cherchant mon parapluie des yeux. Il a dû s'en voler maintenant, dansant avec le vent et la pluie. D'un côté, il était libre, il pouvait faire ce qu'il voulait jusqu'à que quelqu'un le récupère.
L'orage ne c'était absolument pas arrêter, je dirais même qu'il était au-dessus de nos têtes. Ça me faisait peur. Très peur même. Je sais, c'est une peur d'enfant mais je n'arrive pas à m'en défaire, de cette peur là..

- Rentre Harlez. Je renterai quand je t'aurais vu rentrer.

Je lui souriais déjà moins triste que mes sourires précédents, espérant d'un côté qu'elle m'écoute, mais je sais aussi qu'elle est vraiment têtue quand elle le veut. C'est mignon...

Eh bien.. Décidément il ne voulait pas rentrer..

Heureusement que mes cheveux cachaient mon visage rouge tomate, quelle honte qu'il me voit un de ces jour rougir ainsi.. C'est drôle mais.. Pourquoi sa présence me faisait du bien, j'avais peur qu'il ai entendu mon cœur battre fort.. Ma poitrine et ma cage thoracique.. me faisaient mal.. Tant ce petit muscle qui me faisait vivre, tant il y battait fort.. Je savais que je l'aimais de plus en plus.. Mais.. Je ne voulais pas.. Je ne me trouvais pas assez bien pour lui..

Finalement il m'avait lâché.. C'était peut être une bonne chose au fond, non ? Non..?

Et puis.. Peut être qu'il voulait vraiment être seul.. Des fois on a besoin des autres mais il ne fallait pas en devenir dépendant.. Comme ce que j'étais en train de faire..

- Promet moi de rentrer vite alors.. Crève pas de froid dehors ça serait bête

Je lui souris, mais tristement, c'était toujours moi qui brisais ce lien quand on se voyait, c'était toujours moi qui partait la première, et ça me brisait réellement le cœur.. Moi qui souhaitais rester le plus longtemps près de lui, pourtant c'était moi qui m'éloignais à chaque fois.. Déchirance.. Mais ce n'était qu'une amitié non ? Alors pourquoi c'était un sentiment que je ne ressentais avec personne d'autre ? Ah.. Parce que toutes les amitiés sont différentes..

Tu vois, à l'époque je me persuadais déjà l'inverse de ce que je pensais vraiment.

L'amitié et l'amour pour moi étaient la même chose.

Ne fais jamais comme moi, je t'en suplie, je l'ai regretté toute ma vie..

Je m'éloignai donc de lui, lui faisant de grands signes de main.. C'est.. C'était une erreur..