Depuis leur escapade dans la forêt interdite, le beau professeur de Défense contre les Forces du Mal s'invitait encore plus souvent dans les pensées de June. Ils s'étaient revus à plusieurs reprises, que ce soit pour aller courir ou pour partager une soirée entre amis. Malgré l'attirance réciproque qui s'était révélée ce jour-là, aucun d'eux n'avait osé aller plus loin. La jeune fille était bien trop prudente depuis la fin désastreuse de son histoire avec Jasper. Pendant des années, elle avait eu si peur de souffrir, qu'elle fuyait toute relation. Mais peu à peu, elle s'était laissée toucher par Mark. Il était franc, il était doux et surtout, il était présent pour elle. June savait qu'elle pouvait aller le voir à n'importe quel moment si elle en ressentait le besoin, et qu'il serait toujours là pour l'écouter. Quelque chose l'attirait irrésistiblement vers lui, comme un appel, venant du plus profond de son être. Elle ne savait pas à quoi cela tenait, mais elle avait décidé de ne plus s'y opposer désormais. Au moindre geste de Mark dans sa direction, elle savait qu'elle ne pourrait pas dire non.

Oui, elle avait baissé sa garde, elle ne pouvait le nier. Elle était même allée jusqu'à déposer un baiser sur sa joue à la fin de leur sortie dans la forêt. Le jeune homme n'avait pas répondu à son geste, peut-être par surprise. Ou bien ne partageait-il pas les mêmes sentiments, ou encore ne souhaitait-il pas s'engager dans une relation lui non plus. Ils étaient liés par l'amitié et sans doute plus, mais June n'aurait su dire ce que l'avenir leur réservait.

En ce vendredi matin, alors qu'elle se préparait à passer sa journée dans la forêt interdite, elle fut saisit d'une furieuse envie de se sentir de nouveau aussi proche de Mark que ce jour-là, trois semaines auparavant. Elle se dit que ce lieu devait être magique pour leur avoir permis de se rejoindre un peu plus. Elle essaya de ne pas céder à cette pulsion, mais en vain. Quand elle avait quelque chose en tête, elle était inarrêtable.

Elle s'observa se diriger vers le château plutôt que de prendre le chemin de la forêt interdite, comme de l'extérieur, comme un spectateur impuissant. Après tout, peut-être aurait-il envie de l'accompagner encore une fois. Et même si ce n'était pas le cas, il ne lui en voudrait pas pour si peu. Elle passa les grandes portes et monta les marches qui la séparaient du premier étage d'un pas rapide.

Arrivée devant la porte de son bureau, elle toqua trois coups rapides et entra après avoir entendu sa réponse. Lorsqu'elle eut ouvert la porte elle compris immédiatement qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait le voir ici. Des cartons étaient entassés sur les côtés. Mark était de dos, pointant sa baguette sur les armoires qui se vidaient magiquement. La jeune fille essaya d'analyser la situation mais elle ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Son cerveau bouillonnait mais elle tenta de ne pas tirer de conclusions hâtives. Elle espérait que le beau brun pourrait lui expliquer.
- Coucou ! lança-t-elle joyeusement, ne laissant rien paraître de son trouble.

Avec cette lettre envoyée à Kristen Loewy, la directrice, Mark avait scellé son sort. Sa carrière de professeur de défense contre les forces du Mal et de directeur de la maison Gryffondor venait de prendre fin.

Quiconque aurait pu voir l’anglais en cet instant aurait été troublé par l’expression paradoxale de son visage, reflet surprenant de deux sentiments non miscibles. Tristesse et joie dansaient en lui à rapport égal tandis que le ballet, plus matériel, de ses possessions rejoignant magiquement leurs cartons était orchestré par la pointe d’une baguette en bois de tremble. Dans quelques heures, Mark aurait quitté ce bureau où il avait passé de très nombreuses heures à vivre toutes sortes d'émotions.

Le désormais ancien professeur souhaitait tourner cette page. Il le devait. L'anglais clôturait ici un nouveau chapitre à l’histoire de sa vie déjà bien remplie pour un homme de moins de trente ans. Tel le phénix, il renaîtrait ailleurs pour de nouveaux projets. Pourtant cette renaissance avait un prix. Mark avait le cœur serré à l’idée de quitter collègues et élèves qu’il avait tant apprécié. Il savait cependant que son départ ne serait que plus difficile s’il prolongeait ces au revoir.

Et puis, il n’était pas le genre d’homme à s'appesantir sur son passé préférant sans hésitation se concentrer sur l’avenir. Pourtant ce passé était du genre tenace à en croire les trois coups qui résonnèrent contre le bois de la porte. Laissez-moi partir. Je ne veux plus de ce carcan. J’ai besoin de liberté. J’ai besoin de m’exprimer.

« Oui, entrez. »

Ce fut d’un ton sec qu’il invita l’inconnu à le rejoindre. Comment pouvait-il être au courant de son départ ? C’était bien trop récent même à Poudlard où les murs avaient des oreilles. L’anglais ne fit pas l’effort de se retourner à l'entrée de l'individu préférant terminer ses cartons au plus vite.

Cependant, la voix qui parvint à ses oreilles le stoppa net dans son rangement. Un frisson lui parcouru l'entièreté du corps. Même s’il ne lui avait jamais rien avoué de cela, June faisait partie de ces liens puissants qui l’avait fait douter dans sa décision de démissionner. L’idée de s’en séparer, rien que professionnellement, était une pointe qui l'atteignait directement en plein cœur. En partant, Mark avait conscience qu’il faisait une croix à toutes leurs sorties en Forêt interdite, leurs discussions au détour d’un couloir ou à leurs footings hebdomadaires dans le parc du château.

L’homme avait eu beau retourner le problème dans tous les sens durant cette courte nuit, il n’avait trouvé aucune solution pour annoncer la nouvelle à la jolie blonde. Et désormais, elle était là. Ne pas réfléchir et se laisser guider par son instinct. Il avait toujours suivi cette ligne de conduite. Pour le meilleur comme pour le pire.

Ses affaires restèrent suspendus dans les airs tandis que Mark se retournait lentement vers June. L’anglais la fixa dans les yeux en gardant ses distances avec la jeune femme. Le visage fermé, il soupira profondément avant de lui répondre.

« Salut June. Je pars. C’était dit. J’ai envoyé ma lettre de démission à la direction cette nuit. Je quitte Poudlard. »

Mark s'interrompit dans son rangement et se retourna lentement. Les traits de son visage ne laissaient aucun doute. Il se passait quelque chose. June ne l'avait jamais vu comme ça. Elle mit un certain temps avant de comprendre ce qu'il était en train de dire. Ses mots ne semblaient pas avoir de sens. Lorsqu'elle en prit toute la mesure, ses paroles lui firent l'effet d'un coup de poing. Il les avaient prononcées sans sourciller, sans même un léger tremblement dans la voix. Elle se figea. Son sourire s'éteignit. Ses membres refusaient de répondre, tout comme son cerveau. Elle répéta simplement ce qu'il venait de dire pour gagner un peu de temps, autant que pour prendre la mesure de ce qu'il venait de lui annoncer.
- Tu pars ?

Elle avait beau essayer de comprendre, les pièces du puzzle avaient du mal à se mettre en place dans son esprit. À aucun moment il ne lui avait montré le moindre signe de lassitude. Jamais il ne lui avait parlé d'un quelconque problème avec son poste de Professeur. N'était-ce pas à ça que servaient les amis ? Au-delà de pouvoir partager des moments agréables, pouvoir aussi se confier sur ses difficultés.

Une pointe se planta dans son cœur lorsqu'elle prit conscience qu'il était en train de partir sans même être venu lui dire au revoir. Oui, ils étaient amis, mais pour June, le jeune homme représentait bien plus que cela. Bien sûr, elle ne savait pas si c'était réciproque, mais elle aurait au moins espéré qu'il partagerait une nouvelle aussi importante avec elle. Une vive émotion s'empara d'elle si bien qu'aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche. Elle ferma les yeux un instant, essaya de respirer calmement et reprit difficilement contenance.
- Je... je ne savais pas que tu te sentais mal à ce poste.

Puis elle osa ajouter :
- Et, tu comptais m'en parler avant de disparaître ?

Mais cette dernière question ne fit qu'accroître son désarroi. Elle avait du mal à respirer. Elle ne put empêcher les larmes de lui monter aux yeux. Elle sentait qu'elle perdait le contrôle d'elle-même et cela lui rappelait douloureusement sa dernière rupture. Elle s'était attachée de nouveau et elle pu constater que l'issue était toujours la même.
- Je... je pensais qu'on était amis, mais... j'ai dû me tromper.
Elle se retourna et se dirigea vers la porte d'un pas rapide pour sortir de la pièce avant de ne plus pouvoir contenir le chagrin qui l'envahissait peu à peu.

Voilà pourquoi il redoutait ce moment. Voilà pourquoi il n’avait pas trouvé le moyen d’aborder le sujet avec elle. En un éclair, le visage de June venait de perdre sa clarté habituelle. Un éclair ravageur qui venait de frapper leur relation de plein fouet. Encore abasourdie par l’annonce, la jeune femme ne put que répéter ce que Mark venait de lui annoncer. L’homme, campant au milieu de la salle, fixait June sans un mot, d’un regard qui ne fuyait pas. Il assumait ce départ et ses conséquences. Habituellement chaleureux, il restait aujourd'hui de marbre. Seule sa poitrine gonflant au rythme de ses respirations le distinguait d’une statue de glace. Aux aguets, l'anglais attendait une réaction de June. Qu’importe sa nature, qu’importe les coups qu’il prendrait, il assumerait.

Les reproches légitimes et évidents finirent par arriver. Mark ouvrit la bouche pour tenter d’apporter des réponses mais il n'en eut pas le temps. Désarmé, il vit chez cette plus que simple amie, des larmes apparaître. Non, June. S’il te plaît, non … L’armure de l’ancien professeur se fissura. Pourquoi n’allait-il pas la voir ? Pourquoi refusait-il de faire preuve de compassion ? Assumait-il réellement ? Était-il aussi honnête, franc et droit qu’il le croyait ? Et June n'en avait pas fini avec lui.

Un coup de grâce. Ces derniers mots de colère étaient injustes mais portaient le poids d’une déception immense.

« Je … »

Elle partait. Peut-être était-ce la dernière fois que Mark voyait cette femme qui avait approché son cœur comme rares l’avaient fait avant elle. Du moins, pas de cette manière.

« June, attends ! L'homme s’élança rapidement derrière la femme qui lui échappait. Peut-être définitivement. Il la saisit par le bras d’une poigne ferme mais sans douleur. June, écoute-moi, s’il te plaît. »

Forçant la formidable blonde à lui faire face, Mark lui saisit chacun de ses poignets pour qu’elle ne puisse tenter à nouveau de s’enfuir.

« Je serai venu te le dire. Quand ? Comment ? Il l’ignorait mais il l’aurait fait. Je pars du château mais je ne te laisse pas. Tu comprends ? J’ai eu tort de ne pas venir t’en parler plus tôt mais hier encore j’ignorais moi même que je ferais ce matin mes valises. Je ne savais pas que ce parasite qui me dévorait de l’intérieur était lié à mes fonctions. Mark resserra un peu plus son étreinte sur les poignets de June. Reste, je t’en supplie. Non, nous ne sommes pas amis. Nous sommes plus que ça. Et tu le sais. Dans la douleur, il lui avouait à haute voix ce qui était pourtant une évidence. Le regard de l'anglais exprimait tour à tour de l'admiration, de la crainte et du désir. June. Son prénom résonnait différemment en cet instant. June, je … Mark prit une profonde inspiration et ferma quelques secondes les yeux avant de reprendre. June, je ressens plus que de l’amitié pour toi. Je ne veux pas te perdre. »

Mark était tellement froid, à l'inverse de l'attitude qu'il adoptait habituellement avec elle. Alors que la main de June approchait de la poignée, il la retint, d'abord par le bras, très fermement, mais sans lui faire mal. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il l'empêche de s'enfuir après sa réaction glaciale. Il semblait vouloir s'expliquer.

Il l'amena à se retourner et tous les efforts qu'elle avait fait jusqu'alors pour contenir ses larmes furent balayés. D'innombrables perles salées dévalèrent le versant de ses joues. Mark lui attrapa les poignets ce qui l'empêcha de se détourner. June baissa la tête. Elle se sentait tellement vulnérable. Cette situation faisait écho à celle qui l'avait plongé dans les ténèbres. Elle se sentait vaciller. Elle n'était plus maîtresse d'elle-même et de ses pensées. À quoi bon mettre des mots sur tout cela. Ça n'en serait que plus douloureux. Il partait sans dire un mot, comme si rien de ce qu'ils avaient pu vivre ensemble ne comptait.

Mais les paroles du beau brun se révélèrent plutôt déroutantes. Il serait venu lui en parler à un moment ou à un autre. Il ne savait pas hier encore qu'il démissionnerait. Les larmes de la jeune femme cessèrent instantanément et elle se figea. Elle avait tiré des conclusions sans même l'avoir laissé s'expliquer. Elle eut un peu honte tout à coup et elle sentit le rouge lui monter aux joues. Elle savait que ce n'était pas sa tête qui avait parlé et elle comprenait à présent à quel point elle tenait à lui et qu'elle ne pourrait plus revenir en arrière.

Les mains sur ses poignets, il osa enfin dire à voix haute ce que tous deux savaient depuis quelques temps déjà. Son cœur ne battait plus de douleur, mais d'autres sentiments s'y réveillaient, de l'espoir, du désir. Elle leva la tête et le regarda dans les yeux.
- Mark...

Il prononça son prénom, différemment, ce qui eut pour effet de mettre tous ses sens en éveil. Une étrange énergie palpitait au creux de son ventre. Elle ne pouvait plus le quitter des yeux. Il finit par lui avouer ce qu'il ressentait et son cœur loupa un battement. Elle se libéra quelque peu de son étreinte et fit glisser ses mains pour que leurs paumes se retrouvent l'une contre l'autre. Ils étaient déjà très proches mais elle s'avança encore un peu.
- Tu ne me perdras pas.

Elle avait l'impression que tout son corps vibrait. Tout l'attirait vers lui et elle voulait être encore plus proche si c'était possible. Elle voulait le sentir et le toucher.
- Toi aussi tu es bien plus qu'un ami pour moi.
Elle accompagna son aveu d'un geste et une de ses mains vint se poser contre la nuque chaude du jeune homme. Elle pouvait presque entendre son cœur battre vivement contre sa poitrine.

C’était dit. S’ouvrir à June était l’ultime tentative pour ne pas la perdre. Désormais, Mark ne contrôlait plus rien. Il était à la merci de la réaction la jeune femme. Lui qui rarement se permettait d'afficher ses failles, s’exposait aujourd'hui à nu devant la blonde. Elle tenait son cœur entre ses mains et pouvait décider de le piétiner sauvagement comme d’en prendre soin.

Le visage humide que June leva vers lui troubla Mark davantage encore. Était-ce des larmes de joie, de tristesse ou de colère ? Elle était affectée par cette situation, il le savait, mais déciderait-elle de lui pardonner ce non-dit ?

Paumes contre paumes, cœur contre cœur. Sa réponse, il l’avait. June s’approcha en le rassurant de sa douce voix. Mark sentit ses entrailles se détendre. Non, ils ne se quittaient pas. Ce départ n’était pas le leur. Paradoxalement, ils n’avaient jamais été aussi proches. Plus que les mots de la femme qui confirmaient la réciprocité indubitable de leurs sentiments, ce fut ses gestes qui touchèrent véritablement Mark. Il réalisait peu à peu l’évidence. Tout avait toujours été si naturel entre eux. Depuis le premier jour et leur rencontre à la poste magique.

« – Bonjour. Vous souhaitez peut-être de l’aide pour emmener le reste de vos affaires ?
– Oh, merci, c'est très gentil à vous de me proposer votre aide. Je ne voudrais pas abuser de votre temps. »

Quelle meilleure décision que celle de t’offrir mon temps ce jour-là ? Nous avons su en profiter et j’espère continuer à en abuser à tes côtés.

De l'une de ses mains, Mark renforça l'étreinte que June avait sur sa nuque. Il glissa l’autre dans le creux du dos de la jeune femme avant de l’attirer à lui en souriant. Jamais, il n’oublierait ce qu’il avait pu voir dans les grands yeux bleus en cette seconde. Un instant hors du temps avant que Mark ne dépose ses lèvres contre celles de June. Un désir accumulé qui s’abandonnait entre ses corps embrassés.

Mark glissa une main dans son dos et l’attira vers lui. Elle lui rendit son sourire. Enfin, ils pouvaient exprimer pleinement les sentiments qu’ils avaient l’un pour l’autre. Tout semblait à sa place. La danse des étoiles, de la lune, des planètes, les montagnes, les rivières, le vent passant dans l'herbe verte, la rosée, et au milieu de tout ça, leur étreinte, parfaitement indispensable dans cet ordre spontané.

Il avança encore. Son visage n'avait jamais été aussi proche. Leurs lèvres se rencontrèrent dans une douceur infinie. Toutes les barrières et les peurs de la jeune femme s'effondrèrent en cet instant. Elle sut que c'était ce qui devait être, que le lien qui les unissait était inévitable. La tendresse de ce premier baiser fit place à un désir qui s'était amplifié durant de longs mois et encore bien plus avec l'annonce de ce départ et le soulagement de comprendre qu'il ne la laisserai pas pour de bon. June passa son autre bras derrière le cou du jeune homme. Elle se perdit un instant dans ses yeux bleus océan.
- Mark...
Elle se rapprocha encore davantage et posa sa tête contre son torse, tout près de son cou. Elle respira son odeur. C'était la deuxième fois qu'ils se retrouvaient ainsi enlacés, mais pourtant, tout était différent. Il n'était plus seulement un ami réconfortant à présent. Une question lui vînt alors, mais elle ne voulut pas mettre fin à ce moment, pas encore. Elle trouva de nouveau ses lèvres et l'embrassa avec plus d'ardeur. Même si elle s'était toujours refusé d'y penser, c'était ce qu'elle désirait depuis longtemps déjà. Le souffle court, elle recula légèrement pour le regarder.
- Pourquoi tu ne m'as pas dit plus tôt ce que tu ressentais ?

Ce baiser rempli d’émotions et de sentiments faisait frissonner l'entièreté du corps de Mark. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas embrassé une femme. Des plaisirs enfouis au plus profond de son être surgissaient ardemment pour mobiliser tous ses sens. Mais ces réjouissances antiques n’étaient plus seules. De nouvelles, créés au fil des moments partagés avec June, étaient nées chez l’homme et s’associaient à leurs aînés dans un métissage jubilatoire.

Poussé dans ses retranchements, Mark avait fini par livrer ses sentiments à la jeune femme. Avant de les extérioriser verbalement, il n’en avait jamais évalué ni la nature ni la teneur. June était plus qu’une amie. Il était plus que cela pour elle aussi. Ils étaient attirés l’un vers l’autre et craignaient d’être séparés. Tout cela, il en était sûr. Ce constat mettait en exergue qu’ensemble, ils avaient franchi un cap. Et la suite ?

June déposa sa tête contre la poitrine de Mark. L’homme voulait qu’elle reste éternellement dans ses bras. Enfouissant son visage dans les cheveux blonds, il calma sa respiration et laissa les pensées défiler sans s’y accrocher. Il profitait de cet instant où plus rien d'autre que cet abandon entre ses corps ne comptait. June ne semblait pas vouloir se contenter de cette étreinte car elle vint chercher à nouveau ses lèvres dans une tentation non dissimulée. Le désir montait chez Mark qui sentait le souffle chaud de la jeune femme contre son visage. Cette intimité, il s’en exaltait et elle le réconfortait dans sa décision d’avoir livré ses sentiments à June. Il se sentait libéré d’une charge, aussi belle soit-elle, qu’il n’avait pourtant jamais soupçonnée. Lorsque la femme que Mark ne savait plus comment désigner osa la question qu'il pressentait, ses sourcils se haussèrent et il ne put réprimer un sourire crispé.

« Pourquoi ... Mark colla son menton contre le front de June pour réfléchir à sa réponse. Elle n’était ni claire ni évidente pour lui. Je crois que je ne savais même pas moi-même ce que je ressentais réellement avant de te voir partir. J'étais désemparé et ça a été l’électrochoc qui m’a fait prendre conscience que je te voulais dans ma vie. Et pas comme une simple amie. Prenant le visage de la blonde entre ses mains abîmées, Mark la transperça de son regard. Je ne sais pas où cela va nous mener, ni même si nous sommes capables d’aller plus loin mais je suis bien avec toi, June. L’ancien directeur de Gryffondor lui sourit tendrement avant de l’embrasser. Et toi, comment projettes-tu la suite entre nous ? Je sais que nous avons des passés difficiles à digérer mais ne crois-tu pas que nous devons nous en défaire ? Ensemble. »

Lorsque Mark plongea son visage dans les cheveux de June, effleurant ainsi son cou, un frisson la parcourut de part en part. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas ressenti ce genre d'émoi. Elle s'abandonna complètement. Elle ne voulait plus avoir peur. Pas avec lui.

La question qu'elle avait osée sembla tendre légèrement Mark. Mais elle ne la regretta pas. Elle avait besoin de mettre des mots sur ce qui se jouait ici. Oui, ils étaient plus que des amis. Mais qu'étaient-ils alors ? Qu'allait-il se passer maintenant ? Le jeune homme posa son menton contre son front dans un geste qu'elle trouva très doux. June se sentait si proche de lui en cet instant. Jamais elle ne se serait attendue à en arriver à un tel retournement de situation en venant le trouver ce matin-là. Elle avait attendu ce moment, sans même se l'avouer. Elle ne savait pas jusqu'où cela la mènerait, mais la seule chose dont elle était sûre c'est qu'elle voulait être avec lui.

Mark lui avoua qu'il n'avait pas vraiment conscience de ses sentiments avant ce moment. C'était la peur de la perdre qui les lui avait révélés. Quelle bonne idée elle avait eu de venir faire un tour dans sa salle de classe. Était-ce le destin qui lui avait soufflé cette idée ? Aurait-il finit par se rendre compte de ce qu'il ressentait s'il ne l'avait pas vu s'enfuir ? Autant de questions qui resteraient sans réponse. Mais peu lui importait. Tout ce qui comptait en cet instant c'était sa présence, sa peau, ses lèvres et sa voix grave qui résonnait jusque dans le ventre de la jeune femme.

Le beau brun prit son visage entre ses mains et la regarda intensément. Elle y plongea sans retenue. Il voulait la garder dans sa vie, mais plus tout à fait comme avant, plus simplement comme deux amis qui se voyaient souvent et aimaient passer du temps ensemble. Tout devenait de plus en plus clair et ne laissait plus place au doute. Toutes ses paroles apaisaient et réconfortaient son cœur inquiet. Il l'embrassa de nouveau, la faisant vaciller vers des délices inespérés. Le temps n'avait plus cours. Elle aurait pu rester ainsi éternellement.

Le jeune homme lui demanda comment elle voyait la suite de leur relation. Elle ne s'était jamais posé la question. Elle ne savait pas quelques heures plus tôt que les sentiments qu'elle avait acceptés depuis peu étaient partagés.
- Moi aussi je te veux dans ma vie Mark et plus que ça, je veux être avec toi. Tu sais, j'ai mis du temps à accepter les sentiments que j'avais pour toi. Parce que j'avais peur. Peur que tu partes. Peur de m'attacher et de me retrouver seule. Mais je ne veux plus avoir peur. Oui, je veux laisser mon passé derrière moi et avancer avec toi.

June revint un peu sur la terre ferme et prit de nouveau conscience de tous les cartons autour d'eux. Même si Mark ne la laissait pas elle, il quittait bel et bien de Poudlard. Elle voulait en savoir plus sur ce départ. Sans se détacher de lui, elle lui fit part de ses interrogations.
- Où est-ce que tu vas aller ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Pourquoi cette décision si soudaine ?
Les paroles du professeur résonnèrent dans son esprit. Je ne savais pas que ce parasite qui me dévorait de l’intérieur était lié à mes fonctions.
- Pourquoi tu ne m'as jamais parlé de ce qui te tourmentait ?

Ces départs qui résonnaient comme des rapprochements faisaient partis des cadeaux inattendus qu’offrait la vie. Celui que Mark tenait entre ses bras était l’un des plus beaux qu’ïl avait eu la chance de recevoir. L’évidence avait désormais des mots. June réalisait peu à peu, elle aussi, l’ampleur de leurs sentiments et prenait conscience de leur réciprocité. La peur l’avait empêché de se projeter davantage avec Mark. Une peur légitime de l’abandon qui avait finalement été l'élément déclencheur de ce rapprochement intime. En effet, c'était aussi cette peur omniprésente qui avait accéléré les choses entre eux. Celle de perdre la femme qui faisait vibrer le cœur de l'ancien Auror. Bien trop de peur les enveloppait pour bâtir une relation sur des bases saines. Heureusement, tout comme Mark, June semblait décidée à laisser ses craintes derrière elle pour s'abandonner dans l’inconnu avec l'anglais. Ce dernier hocha lentement la tête en souriant à la blonde.

« Moi aussi, je veux avancer à tes côtés, June. »

Ils s’étaient avoués leur envie mutuelle de poursuivre leur chemin ensemble. C’était beau, c’était précieux, c'était tout ce qui comptait mais June amena sur le tapis des considérations pratiques que Mark n’avait pas entièrement anticipées. Généralement, l'homme vivait au jour le jour et, de ce fait, ses débuts en tant que professeur avaient été compliqués. L’organisation et l’anticipation lui avaient fait défaut sur ses premiers cours mais il avait su rapidement rectifier le tir. Pourtant, avec sa démission, Mark semblait retomber dans ses travers. Il s’écarta lentement de June tout en gardant les mains de la jeune femme au creux des siennes.

« Je vais loger quelques jours dans une chambre aux Trois Balais à Pré-au-Lard. J’espère que ce sera provisoire, le temps de me trouver quelque chose de plus durable. Un endroit où tu pourras venir me voir plus facilement. Cette invitation était sincère et les yeux brillants de Mark prouvaient l'espoir qu'il y plaçait. Il n’était pas capable de se projeter davantage pour le moment mais il s’imaginait sans grandes difficultés retrouver June chaque semaine. J’ai des idées pour la suite mais rien de très clair. Tu me connais, je fonctionne beaucoup à l’instinct et je prendrai mes décisions quand le moment me paraîtra opportun. »

Mark sourit à la jeune femme avant de prendre son doux visage entre ses mains marquées de cicatrices. Qu’elle est belle … Il aurait pu passer des heures à admirer June ou à discuter avec elle mais le moment et le lieu étaient bien mal choisis pour s’étaler sur des sujets aussi complexes à clarifier que ceux qu'amenaient ses questions. En contrepartie, l’ancien professeur fit une proposition qui, il l'espérait, recevrait une réponse positive.

« Je t’invite à dîner ce soir. Je crois qu’il est temps que je fasse les choses correctement, ajouta-t-il en désignant les cartons entassés dans le bureau, symboles de son départ précipité. Je connais un petit restaurant sympathique où nous pourrons prendre le temps de discuter. De tout, et jusqu'au bout de la nuit si on le souhaite. Je t’attends à 19h sur la Grande Place de Pré-au-Lard. »