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25 janv. 2022, 19:40
Elles étaient parfois  PV 
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Ce rp abordant le thème de la chasse aux sorcières, il fera mention à un moment ou un autre de crime de masse et donc mort



Samedi 24 novembre 2046,
Bibliothèque, 16h
Avec la reusta @Aelle Bristyle


Il était une fois...

Non. On ne commençait pas un travail de recherche de cette façon. Lydia soupira et se remit à la tâche en activant ses méninges.

Elle était une fois...

Déjà mieux : le il était anodin, banal, tandis que le elle rendait un caractère humain à la chose. Ce pronom placé ainsi témoignait sans doute aussi d’une certaine forme de revendication. On allait parler au féminin. On allait parler de féminin. La brunette avait décidé, une fois pour toutes, de rassembler ses recherches dans un carnet. La plupart des informations venaient de Miss Lydon et des livres de Poudlard : sûrement les deux meilleures sources qu’on puisse avoir !

Elle s’était mise à ce travail depuis deux semaines, rassemblant les données au brouillon, et entamait maintenant la rédaction. Son sujet de chasse aux sorcières la passionnait, la faisait vibrer de plus en plus. Parfois aussi, il la terrassait, l’impressionnait puis commençait à lui enlever son optimisme (déjà bien rare). Elle finissait par être terrifiée par le poids de ces histoires qui se regroupaient pour n’en former qu’une ; le récit des chasses aux sorcières. C’était d’ailleurs ainsi qu’elle avait voulu appeler son carnet, le titre était joliment calligraphié sur la première page.

En avançant dans son brouillon, Lydia se fit la réflexion qu’il manquait de... L’humanité. On devait trouver de l’humanité dans ces horreurs, c’était ça. Elle regarda rapidement autour d’elle et se prépara à interroger un de ses voisins de bibliothèque, pour apporter le souffle vivant qu’il manquait. Il fallait s’avouer également qu’elle mourrait d’envie de savoir qui avait dans sa famille une sorcière passée sur le bûcher - s’ils en savaient seulement quelque chose ! - et comptait mener sa petite enquête. Elle examina plus précisément les profils et tomba sur une élève plus âgée, six ou septième année sans doute. Elle ne voyait que son profil et ne distinguait que peu ses traits. Ce détail ne l’empêcha pas de s’approcher puis chuchoter :

« Hey ! Je peux te demander un truc en rapport avec la chasse aux sorcières ? »

Elle n’avait pas vraiment pris la peine de fixer son interlocutrice : un modèle de phrases à écrire dans son livre venait de s’imposer dans son esprit.

Elles étaient parfois mères, filles, vieilles ou jeunes, surtout pauvres mais de temps en temps riches. Elles étaient parfois ce qu’il y avait de plus précieux pour un village, celles qui soignaient les habitants. Elles étaient parfois victime d’un prétendant jaloux, d’hommes craintifs. Parfois de vraies sorcières, parfois simplement moldues. En revanche, victimes, elles l’étaient tout le temps.

Voilà, Lydia avait trouvé. Les répétitions d’elles étaient parfois avaient remplacé le il était une fois.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

27 janv. 2022, 18:23
Elles étaient parfois  PV 
Samedi 24 novembre
Bibliothèque — Poudlard
6ème année



J'ai passé une sale nuit. Longue, languissante, douloureuse. Rien n'allait, que ce soit dans ma tête ou dans mon corps. Une nuit comme je les déteste. Même la présence de Zik n'a pas suffit à m'apaiser. Quelle joie de voir le jour se lever ! Je hante la bibliothèque depuis son ouverture et ne l'ai pas quittée depuis. Aller déjeuner ? C'est si vain. « Aelle, tu ne veux pas que je te ramène quelque chose de la Grande Salle ? » m'a demandé un Zikomo inquiet lorsqu'il est passé me voir en début d'après-midi. « Et comment tu comptes faire, ai-je rétorqué sans même le regarder, choper une cuisse de poulet entre tes crocs ? Laisse tomber, j'ai pas faim. Et envie de voir personne. » J'ai besoin de travailler, ne peuvent-ils pas tous le comprendre ? Il me faut rester concentrée sur quelque chose de concret, je ne peux pas batifoler avec qui que ce soit ! J'ai du travail, moi, des choses importantes à faire. J'espère qu'Elowen ne viendra pas me trouver. Si elle m'aime, elle peut attendre, non ? Et surtout, je n'ai pas envie de penser ni de ressentir quoi que ce soit.

Alors je travaille. Sur mes devoirs, sur le programme scolaire des prochaines semaines, sur des choses que je ne suis pas censée apprendre avant l'an prochain. Je travaille sur des guerres gobelines oubliées, sur des potions qui n'intéressent personne, sur des sortilèges qui ne me serviront sans doute jamais. Je fais des fiches, je trie, j'apprends, je rature et je recommence. Je déroule des centimètres et des centimètres de parchemin dans une concentration fiévreuse, soucieuse de ne plus être connectée au monde et à la vie en général. Il y a quelque chose d'hypnotisant dans mes mouvements. Lever la plume, tendre le bras, tremper le bout dans l'encre noire, ramener la main, écrire, lever la plume, tendre le bras, tremper... Et je recommence, encore et encore, passant d'un sujet à l'autre sans la moindre difficulté, mélangeant les matières, approfondissant toujours plus mes connaissances. Lorsque le besoin est impérieux, je me lève et file dans les rayonnages à la recherche d'un livre ou d'un autre. Je suis rapide, après six ans je connais la bibliothèque par cœur. Je reviens à table avec trois, quatre ouvrages que j'ouvre en même temps devant moi. Je tourne une page de l'un puis continue ma lecture sur un autre.

Tout pourrait se mélanger dans mon crâne mais non, tout est clair, tout est logique. Je me sens bien. Calme. Apaisée. Tout est à sa place. J'apprécie la journée que je passe et j'essaie de ne pas penser à la nuit qui se profile — si j'y pense, je risquerais de me laisser envahir par des pensées qui me déplaisent au plus haut point.

La table qui était vide lorsque je me suis installée s'est remplie peu à peu. Une personne, deux personnes, trois personnes. Avant que je prenne la décision de m'en aller, incapable que je suis de supporter la présence de qui que ce soit aujourd'hui, l'une d'entre elles s'est levée et est partie. J'ai trouvé le courage de rester et ai été récompensée : une autre élève a quitté le navire pour me laisser en tête à tête avec une Serdaigle studieuse qui, par la nature même de son sérieux, ne me dérange pas. Si je déteste la présence étouffante des Autres, je veux bien avouer qu'ils me font parfois du bien. Rarement mais parfois. Cette fille par exemple me berce grâce au grattement régulier de sa plume sur le parchemin. De temps à autre, mon regard dévie brièvement sur elle et je me dis que je dois lui renvoyer le même reflet : celui d'une élève concentrée que rien ne peut déranger. Et le fait qu'il s'agisse de la préfète de sa Maison ne me laisse pas de marbre : elle ne me dérangera normalement pas pour des broutilles.

Lorsque sa voix feutrée s'élève, j'arrache à peine mes yeux de mon écriture brouillonne. Je redresse seulement la tête sans cesser d'écrire, l'oreille tendue. La chasse des sorcières, n'est-ce pas ? Ma plume se suspend, je dresse enfin le menton et tombe sur le profil de la jeune fille. Puisque sa question est intéressante et qu'elle monopolise mes capacités de réflexion, je ne m'agace pas d'avoir été interrompue.

« Tu peux, » dis-je simplement, avare de mots.

Je me recule contre le dossier de ma chaise et observe la Serdaigle d'un air curieux. Dans un coin de mon esprit, je me fais la promesse que si sa question n'est pas intéressante et pas suffisamment complexe pour me permettre de garder ma concentration, je lui dirais de dégager. Question de survie.

Depuis le temps que j'attends ça, je suis drôlement heureuse !

28 janv. 2022, 16:19
Elles étaient parfois  PV 
Elle se recula, de manière à s’adosser à sa chaise, et les épaules de Lydia s’affaissèrent de surprise. Merlin, c’était… Par Circée, elle avait en face d’elle… Elle cligna des yeux pour être sûre de bien voir. Mais non, ses pupilles ne l’avaient trompée. Assise ici, en train de travailler depuis tout à l’heure, c’était Bristyle. Rien de moins.

Un brin sous le choc, le cerveau de la jeune Holmes commença à établir rapidement une fiche – relationnelle – de sa future interlocutrice.
Les deux s’étaient déjà croisées ; Lydia se souvenait des golems de pierre montés magiquement. Elle ne savait plus qui était cette grande, si étrange, mais un souvenir très net de cet après-midi lui revenait à présent.
Bristyle était la petite-amie de Livingstone. Peut-être d’ailleurs que cette dernière n’en voulait plus autant à Lydia : il avait bien fallu quelqu’un qui annonce la rupture à la place de Will et cette séparation avait permis un nouveau ‘couple’.
Bristyle était douée mais impertinente, savante mais provocatrice, intéressante mais glaçante. Comment faisait-elle pour être tous ces paradoxes à la fois ?

Lydia croisa les bras sur sa poitrine, un petit sourire s’étant invité sur ses lèvres. Elle se donnait deux objectifs : avancer dans son ouvrage et, encore plus palpitant, percer un des secrets de cette élève. Elle s’était fiée aux rumeurs, aux regards qu’on lui lançait, et voulait comprendre les mystères tournoyant autour de ces cheveux châtains, les tréfonds que cachaient ces yeux sombres.

« Je m’intéresse pas mal à ce sujet. »

Elle passait ses journées à vouloir apprendre de plus en plus, noircissait des pages et apprenait cinq dates historiques par semaine.

« Et je m’demandais si certains élèves de Poudlard savaient qu’une femme de leur famille, aussi bien moldue que sorcière, avait été victime de ces chasses. Donc est-ce que toi par hasard, tu aurais des informations sur ce qu'il s'est passé pour ta famille à cette période ? »

Lydia hésita à se lancer dans un résumé du contexte historique mais pensa qu’elle se détournerait de ses objectifs. Puis, il y avait l’égo en soie de Bristyle qu’il ne fallait froisser.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

29 janv. 2022, 18:00
Elles étaient parfois  PV 
Je la regarde sans la regarder. Je la vois sans la voir. Je l’écoute sans l’écouter. Ce qui m’intéresse ce n’est pas elle à proprement parler. Ni le son de sa voix, ni l’éclat dans ses yeux, ni même les expressions de son visage. Je ne veux d’elle que ce qu’elle a dans la tête, je veux deviner l’état de ses capacités de réflexion, pouvoir la catégoriser : se place-t-elle dans la catégorie des Autres ennuyants en plus d’être dérangeants ou dans celle des Autres qui ont quelque chose dans la tête et qui savent l’exprimer ? Elle parle et déjà je commence à faire des conclusions, à trouver des éléments de réponses.

Une Serdaigle qui s’intéresse, ce n’est pas franchement étonnant. La plupart des Serdaigle sont ainsi — sauf peut-être Elowen mais Elowen est une personne à part, pas une Serdaigle, pas une élève, seulement Elowen. Une moue me déforme le visage lorsqu’elle exprime enfin la raison de son intervention. Ce n’est pas une moue agacée ou déçue, ce n’est qu’une moue qui ne signifie pas grand chose. La chasse aux sorcières est un sujet vu et revu. On l’a étudié encore et encore en cours, il existe des centaines de bouquins rédigés sur le sujet, que ce soit dans le monde moldu ou chez nous, on défend la cause de ces femmes qui ont été tuées, lapidées, brimées pour ce qu’elles étaient (ou n’étaient pas). On défend, on dénonce, on critique. Ce n’est pas un sujet qui me passionne même si je l’ai étudié, fut un temps, avec autant d’ardeur que toutes les autres choses sur lesquelles je me penche. Mais une fois ressassé le sujet, je n’y suis jamais revenu. Tout simplement parce que l’histoire de femmes mortes il y a plusieurs siècles ne m’intéressent pas même si cela fait partie de notre histoire à tous. Moi, je préfère ce qui est concret, ce qui me permet d’en savoir davantage à propos de la magie, de ses mystères. L’Histoire était ma grande passion était gamine, lorsque je n’avais pas encore de baguette entre les doigts et que je dévorais des bouquins jusqu’à en étouffer, pour amasser le plus de connaissances possible. Cette passion a été remplacée par quelque chose de plus grand, de plus fort. Je n’ai pas le moindre regret.

Je papillonne des yeux, accommode sur la préfète.

« Non. »

Réponse concise et claire. Rapide. Nul besoin de tourner pendant trois ans autour du pot. Une chose me plait cependant chez cette fille : j’apprécie l’effort qu’elle fait pour approfondir son sujet en récoltant des témoignages chez ceux qui l’entourent. Adopter un point de vue différent sur un sujet vu et revu, c’est la seule chose à faire pour apprendre et se démarquer des autres.

« Mais du côté de ma mère y'a que des sorciers depuis des générations et des générations. Ça m’étonnerait pas qu’il y ait eu des victimes des bûchers dans le lot. Comme dans presque toutes les familles sorcières, » conclus-je en haussant les épaules.

Ma mère ne m’a jamais parlé de cela, pas plus que mes grands-parents. Quant à mon père, n’en parlons pas ; il n’évoque de toute manière que très rarement sa famille. Les histoires de bûcher ce n’est pas exactement l’objet de nos discussions au moment du repas.

J’accorde un dernier regard à la fille puis repousse ces quelques pensées frivoles. Un coin de mon esprit est toujours attaché à ma concentration, ce qui monopolise une grande part de mon attention et me permet de rester hermétique à mon environnement. Une fois cette réponse donnée, je baisse mon regard distrait sur mes parchemins, reprends ma plume et me plonge de nouveau dans le grand bain de ma concentration. J’ai répondu à la question de la Serdaigle, je ne m’attends donc pas à ce qu’elle continue de m’interroger — c’est logique qu’elle ira trouver un autre spécimen pour ses recherches, désormais. Et moi, je dois travailler, je dois apprendre, c’est essentiel. Je tourne une page de mon livre, celui de droite, et me penche pour lire.

Si la fille existe encore dans un tout petit coin de mon esprit, elle est désormais réduite à un éclat faiblard qui clignote de moins en moins. Peu à peu, elle disparaîtra et je l’oublierai. C’est bien.

04 mars 2022, 14:55
Elles étaient parfois  PV 
Non. Quoi, non ? Comment ça, non ? Lydia était déçue. Elle ne comprenait pas cette réponse, elle s’attendait à quelque chose de plus construit, nourri et sans doute de plus intéressant. Elle avait en face d’elle Bristyle, bon sang ! Elle s’attendait à quelqu’un qui cherche, creuse, s’intéresse, synthétise d’une admirable manière ses pensées. Elle pensait être surprise et découvrir une vérité que seul l’esprit supérieur de la poufsouffle pouvait lui donner. Au lieu de ça, on lui répondait non.

La brunette pensa sérieusement à remballer ses affaires et à continuer ce qu’elle faisait au chaud, au calme dans sa salle commune. Une parole de la Jaune retint toutefois son attention : ça ne l’étonnait pas que sa famille compte quelques victimes de cette chasse.

« D’accord donc ce qu’ont pu endurer tes ancêtres, c’est un peu tabou chez toi. »

Elle inscrivit sur son brouillon le mot « tabou » puis « honte ? » en accentuant le point d’interrogation. Ses notes étaient écrites rapidement et en tout petit, si bien qu’elle devait être la seule à pouvoir les lire. En relevant la tête, elle pensa que ce qu’elle avait dit à Bristyle manquait complètement de tact. Ses efforts précédents pour la mettre en confiance pouvaient très bien être ruinés, uniquement par sa dernière phrase.

« Enfin tabou… Désolée je me mêle de ce qui ne me regarde pas. J’voulais dire que c’était peut-être pas anodin qu’on t’en parle pas trop, sans remettre en cause ta famille. »

Légèrement gênée et consciente que la faute venait d’elle – et juste d’elle – Lydia passa une main dans ses cheveux. Elle essayait de s’identifier à Bristyle pour prévoir une potentielle réaction agressive. Que ferait-elle si on sous-entendait que sa famille était cristallisée autour d’un secret ? Déjà, elle aurait répondu sur un ton plus intéressé et n’aurait jamais lâché ce « non » sans intérêt. Puis elle se serait intéressée aux recherches de son interlocuteur.
Lydia se retint de soupirer ; c’était peine perdue de se mettre à la place de cet oiseau étrange. Elle n’aurait jamais agi de la même façon et ne pouvait, par conséquent, absolument pas prévoir si elle se ferait casser les dents ou si elle apparaîtrait comme originale et intéressante aux yeux de Bristyle.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

14 mars 2022, 11:33
Elles étaient parfois  PV 
L’éclat faiblard retrouve sa force d’autan : la Serdaigle parle. Je lève la tête vers elle, stoppe de nouveau la course folle de ma plume sur le parchemin. Un sourcil se dresse sur mon front. Comment ça, tabou ? Comment a-t-elle pu arriver à cette conclusion ? Je suis la direction que prend son regard et m’étonne de la voir griffonner quelques mots sur son parchemin. Est-elle réellement en train de prendre des notes sur mes réactions, sur ce que je lui raconte ? Mais je ne lui ai rien dit, rien de concret surtout ! Elle ne peut pas avancer dans ses recherches avec un spécimen, moi donc, qui n’a rien à lui apporter sur le sujet qui l’intéresse. C’est complètement idiot. Cette fille serait-elle idiote ? Est-elle du genre à suivre des pistes qui ne la mènent nul part ? Voilà qui me décevrait beaucoup mais après tout ce n’est pas parce qu’elle est chez Serdaigle qu’elle est futée ; je suis bien chez Poufsouffle sans correspondre à leurs valeurs.

Et la voilà qui continue à émettre des hypothèses. Je fronce légèrement les sourcils en l’observant. Elle s’excuse, ce qui fait d’elle une personne un peu plus intéressante. Elle a conscience d’avancer sur un terrain qui ne la concerne en rien. Néanmoins, ses paroles me font réfléchir. Est-il possible que ma famille ait tout simplement décidé de ne pas me parler du passé ? Qu’elle ait passé sous silence un éventuel traumatisme lié à la chasse aux sorcières ? Cela ne viendrait ni de ma mère ni de mes grands-parents, mais remonterait à bien plus loin, bien plus haut dans l’arbre. Des arrières-grands parents et arrières-arrières-grands-parents qui auraient pris la décision de garder sous silence des bribes de leur histoire, tout simplement parce que les grands traumatismes se portent mieux lorsque l’on en parle pas. Cela serait possible et ne m’étonnerait d’ailleurs pas. Je ne connais rien de mes ancêtres, ou pas grand chose, mais rien qu’à voir ma mère je comprends que le passé reste enterré : elle n’en a rien à faire de ces histoires, je la connais suffisamment pour le savoir. Elle est comme moi, tout cela ne l’intéresse pas tellement ; elle n’a donc aucune raison de chercher plus loin.

Je ramène mon regard qui s’est perdu sur la jeune Serdaigle et esquisse un petit sourire, ce genre de sourire qui n’est pas une preuve de bonheur, seulement une réponse automatique.

« C’est pas tabou chez moi, non, réponds-je d’une voix feutrée. C’est juste que le passé appartient au passé et que personne n’a jugé nécessaire d’en parler. Enfin, si seulement y’avait quelque chose à dire mais j’en doute. S’il s’était passé un truc incroyable, les secrets n’auraient jamais tenus aussi longtemps. »

Et mes yeux dégringolent de nouveau sur ce parchemin qui porte les quelques mots griffonnés par la préfète. Une moue m’arrache mon précédent sourire. Si j’aime son côté consciencieux, j’ai un peu de mal à accepter que l’on prenne des notes sur moi. Ça me fait quelque chose à l’intérieur, ça attise ma curiosité ; n’ai-je pas un droit de vision sur ces mots qui me concernent ?

« T’écris quoi ? C’est pas moi qui vais pouvoir t’apporter des réponses. Ça sert à rien de perdre ton temps avec une personne qui ne t’aidera pas à avancer. »

Lorsque l’on s’engage dans un si lourd projet, il faut apprendre à aller à l’essentiel. Ne pas se perdre sur des chemins qui mèneront à des impasses ; le temps perdu sera perdu à jamais, cela pourrait être fatal à ses recherches. Enfin, elle est jeune, cela se voit à son visage même si j’ai du mal à situer son année exacte. Elle a le temps d’apprendre de ses échecs. Sans doute se cassera-t-elle la gueule avant de prendre conscience qu’il lui est nécessaire de savoir se concentrer et se diriger dans les directions qui comptent. Moi aussi j’ai dû apprendre. Et aujourd’hui je n’en suis que plus efficace, comme le prouve la dizaine de livres et de parchemins qui m’entoure.