Aujourd'hui était un samedi venteux. Les rafales semblaient vouloir ébranler les murs du château comme si le vent venait réclamer son dû. Au son de l'air fouettant les toits, la troisième année avait renoncé à sortir et était restée dans son dortoir, à l'abri croit-elle de ce qu'il se passe dehors. Décidément, elle ne se sent pas en sécurité au château. Trop de coins sombres inexplorés, trop de murmures entre les tableaux, mais surtout beaucoup trop de gens dont les intentions restaient à définir. A l'étroit sur son lit, elle décide de sortir dans les couloirs. Histoire de faire un tour.

Marcher lui fait du bien, mais elle a le sentiment qu'elle n' a pas achevé sa réflexion. Sans vraiment savoir pourquoi, les images de l'Urne reviennent la hanter. *Les Lignées*. Si elles n'existaient pas, le monde serait plus paisible. Si elles n'existaient pas, peut-être serait-elle sereine en entendant le vent souffler, sans qu'elle imagine quelque mauvais présages. Si elles n'existaient pas, on ne serait peut-être pas obligés de voir la violence, et toutes ses conséquences.

*Pourquoi ?*C'est la première question qui lui vient lorsqu'elle y pense. Pourquoi s'acharner contre de pauvres élèves manipulés, pourquoi toutes ces attaques, pourquoi ? Si elle posait la question à l'un de leurs membres, elle est sûres qu'eux aussi ils sont persuadés d'agir pour une noble cause en harcelant ainsi le château. Que le Bien et le Mal ne se trouvent pas là où l'on pense, et qu'il faut ouvrir les yeux sur la vraie nature de la Magie. rapidement, le doute l'assaille.
Comment faire un tri dans tous les discours que tiennent les deux camps ?
Qui a raison et qui a tord ?
Comment utiliser la Magie pour faire réellement le Bien ?
*Existent-ils seulement*, ou sont-ce de simples images que les Hommes s'accaparent pour faire valoir leurs idées et leur donner sens ?

Perdue dans ses pensées, elle remarque à peine la porte de la salle de Défense contre les Forces du Mal lorsqu'elle passe devant. Quelques mètres plus loin, elle s'arrête net avant de faire demi-tour. Elle croise les doigts pour que sa professeure soit dans la salle, et toqua trois coups à la porte. sans vraiment attendre de réponse, elle passe sa tête dans l’entrebâillement et jette un coup d’œil panoramique dans la salle avant de repérer Miss Valérion. Elle franchit le seuil sans bruit, avant de rompre le silence d'un voix hésitante :

— Bonjour Miss, je peux vous poser des questions... ?

Ce samedi là, Sixtine avait décidé de mettre un peu d'ordre dans sa salle de classe. Il était hors de question de partir se promener sur le chemin de traverse ou bien à Pré-au-lard en laissant une salle de classe à moitié rangé. Les mannequins étaient à leur place, les coussins étaient rangés dans l'armoire, les chandelles ne brillaient plus et les livres avaient retrouvé leur emplacement d'origine. Sixtine rangea le reste de ses papiers dans sa mallette avant de prendre la direction de la sortie. Elle fut interrompu par la voix d'une jeune fille. Immédiatement, elle retourna au bureau qu'elle venait de ranger, lança un sort pour rallumer les chandeliers et s'adressa à l'étudiante.

- Miss Limpson, entrez voyons, ne restez pas devant la porte.

D'un mouvement de poignée, elle tira une chaise de la salle et la mis en place devant elle. Qu'elle entre était une chose mais qu'elle se mette en était une autre. Sixtine ne voulait pas qu'elle reste debout durant trop longtemps si jamais leur entrevue venait à trainer en longueur.

- Installez-vous, je vous en prie. En quoi puis-je vous aider ?

Elle avait des questions à poser. Sixtine n'avait jamais répondu à autant de questions depuis son arrivée dans cette école, elle n'avait pas l'habitude d'autant de contact. Mais, elle faisait son maximum pour s'y habituer ou pour répondre au mieux aux attentes de ses élèves.

« Miss Limpson, entrez voyons, ne restez pas devant la porte. ». A ces mots, la fillette pénètre dans la salle de classe avant de s'installe sur la chaise que la professeure lui tend. Elle sent le moment où elle devra franchir le pas de la parole venir, mais *par où commencer ?*. Il y a tant à dire qu'elle ne sait par où s'y prendre. Doit - elle commencer d'office à mêler ses interrogations à la Magie où vaut-il mieux débuter plus simplement de façon à amener la Magie plus tard dans la conversation ?

Elle essaye de se dépêcher pour trouver la bonne formulation. Il est vrai que les concepts prennent des visages si différents selon les mots que l'on utilise pour les décrire, qu'elle préfère prendre ses précaution et ne pas parler trop vite. Mais tout de même, *magie ou pas magie ?*. Elle ne prit finalement qu'une fraction de secondes pour se décider. *Magie*. La Magie était la clef qui l'avait poussée jusqu'ici, tout venait d'elle, alors ne pas la mêler serait presque une offense à lui faire. *Allez on y va* :

« En fait, ce n'est pas très clair, mais je me demandais comment est-ce que l'on pouvait définir si un sort est un sort de magie noire ou pas ... »

Elle est finalement assez fière de la manière dont elle a résumé les choses. Cette question était la première qui l'avait menée sur ce chemin de réflexion, et il était donc normal qu'elle soit la première à être partagée. En réalité, cela faisait très longtemps qu'elle se posait ce genre de question ; bien avant d'arriver à Poudlard en réalité, mais elle avait mis du temps à mettre des mots dessus et à donner forme à toutes ces interrogations. Elle espère qu'aujourd'hui, elle aurait enfin ses réponses, où du moins des bribes pour lui montrer vers où trouver une réponse assez complète pour la satisfaire.

La jeune fille avait enfin passé la porte de la salle, elle semblait un peu perdue mais, Sixtine avait attendu patiemment que l’adolescente se décide à prendre la parole. Elle se doutait bien que cette élève ne s’était pas présentée à elle pour parler de la pluie et du beau temps. Voulait elle lui faire de problèmes personnels ? Ou bien, des problèmes au niveau de l’école, des cours ou des élèves peut-être.

Quand l’enfant eu prit la parole, elle avait abordé un sujet totalement à l’opposé de ce que pensait Sixtine. En effet, elle parla de la magie noire et de la façon de la reconnaître. Il s’agissait d’une question des plus étranges pour une jeune fille de cet âge là.

- Je peux savoir pourquoi vous vous intéressez à la magie noire ? Vous savez que ce n’est pas une question que j’entends tous les jours alors je m’inquiète. Mais, d’une manière générale, il s’agit de la magie qui fait le mal.

Elle s’était peut-être inquiétée trop vite mais malgré tout, la professeure restait méfiante face à la question de cette adolescente. Elle avait l’impression qu’elle cherchait à capter des informations pour, s’en servir plus tard ? Celle qui était une ancienne Auror avait entendu l’histoire concernant Tom Jedusor et son professeur de potion. L’ancien enseignant était finalement « coupable » d’avoir un peu trop renseigné son élève et Sixtine ne souhaitait pas emprunter le même chemin.

Scary perçut aisément l'étonnement de la professeure et n'eut pas de mal à le comprendre. Elle savait qu'il n'était souvent pas bien vu de s'intéresser à ce genre de sujet, mais ce n'était pas cela qui allait la retenir. Si la question de la rouge avait surpris Miss Valérion, la fillette n'était pas étonnée de la réponse. *Mince*. Elle avait finalement dû mal s'exprimer, et se dit qu'à la place de sa professeure, elle aurait sûrement réagi avec la même méfiance. Quant à la réponse, elle était arrivé à la même conclusion par elle-même ^_ ce qui était plutôt rassurant ^_ et était justement venue pour creuser plus profondément cette généralité. Elle s'empressa de se corriger :

« Non, ce n'est pas vraiment la magie noire qui m'intéresse, c'est plus ce qui la sépare avec le reste de la magie. En fait, c'est à cause de, vous savez... ce qu'il s'est passé l'année dernière. »

Elle marqua une pause. Il ne manquait plus que la professeure la prenne pour une mage noire en devenir. Si possible, elle aurait préféré rester le plus loin possible de cette magie, mais les Lignées avaient rattrapé Poudlard et depuis l'Urne, elle ne pouvait se défaire de ces questions. Elle reprit avec sérieux :

« En fait, je ne comprends pas comment des humains peuvent faire des choses pareilles. Ca ne me serait tellement pas venue à l'idée que je me dis qu'ils doivent avoir une bonne raison. Ce n'est pas pour leur trouver des excuses, honnêtement je trouve que ce qu'il s'est passé est une atteinte impardonnable faite au monde en général, mais ce n'est pas possible de faire le mal juste pour le plaisir non ? »

*...* Rien que d'y penser, cela la faisait frissonner. Elle avait déjà eu du mal à supporter les images du Dominion diffusées dans la Grande Salle, et savait que moralement, elle n'aurait pas supporté le fait d'avoir pu engendrer des horreurs pareils. Elle essaya de terminer son raisonnement d'une façon logique :

« Et donc s'ils l'ont fait, c'est qu'ils devaient trouver que c'était sûrement une bonne idée. Donc pour eux, ils ne faisaient pas le mal, mais le bien. Sauf que comme j'ai déjà du mal à m'imaginer comment ils ont pu trouver ça bien, je n'arrive pas à boucler mon analyse de la situation. »

Malheureusement pour la jeune fille, non, Sixtine n'avait pas eu connaissance de ce qu'il s'était passé l'année dernière du moins, pas en détail. Elle savait simplement qu'il y avait eu une histoire avec une boite noire, des élèves de Poudlard envoyés et du sang, rien de plus. Elle n'avait pas eu connaissance de ce qu'avait fait ou subit les élèves restant à Poudlard pendant ce temps là. Elle aurait pu demander à des professeures plus anciens mais, elle s'était dit que ce n'était pas la meilleure des choses à faire et que, si personne n'en faisait mention, c'est que personne ne souhaitait aborder le sujet.

- Je ne suis pas totalement au courant des faits pour tout vous dire... Je connais les grandes lignes, bien sur mais pas plus.

Les explications de la jeune Gryffondor avait conforté Sixtine dans l'idée qu'elle ne cherchait pas à devenir le prochain plus grand mage noir de l'histoire. Elle s'interrogeait sur la nature des sortilèges de magie noir et sur la façon dont on en arrive là. Finalement, c'était une question plutôt logique pour une fille de son âge.

- Vous savez, certaine personne ont en elle une part d'ombre. Je considère que nous avons tous une part d'ombre, il n'existe pas d'être complètement sain d'esprit et dépourvu de pensé noir ou néfaste. Mais, la plupart d'entre nous ne dépasse pas un certain seuil de méchanceté car, nous avons conscience du bien et du mal.

Plus Sixtine parlait plus elle se demandait si les explications qu'elle apportait à la jeune étaient compréhensible. Après tout, comment faire comprendre à une enfant que certaine personne sont tout simplement folle et sans notion de bien ou de mal.

- Ce que j'essaye de vous expliquer c'est que oui, certaines personnes ont créé des sortilèges de magie noir en essayant "de faire le bien" mais la plupart les ont créé pour blesser, pour faire du mal. Certain n'ont pas eu la chance d'avoir du discernement et ne sont donc pas capable de voir quand ils blessent autrui. Et d'autres, sont convaincus qu'ils font ça, pour le bien de tous...

Elle fut légèrement étonnée par la réponse de sa professeure, car elle pensait qu'elle et ses collègues avaient été informés du danger certains qu'il pouvait y avoir à enseigner comme à étudier dans ce château. Etait-ce un sujet tabou parmi les adultes, qui préféraient ne pas faire remonter ces mauvais souvenirs ? Elle entreprit cependant d'informer Miss Valérion avec plus de détail :

« C'est à peu près ça, en gros, en septembre, les Lignées ont déposées une urne parlante dans la Grande Salle en imposant un ultimatum à toutes les directions des écoles. Soit ils tuaient les héritiers de je-sais-pas-qui, soit ils envoyer 4 élèves de quatrième année ou plus de chaque école dans le Dominion, une sorte de lieu parallèle qui avait été verrouillé si j'ai bien compris, qui devaient s'entretuer pour gagner. Ensuite, ils ont trouvé ça très amusant de diffuser des images de ce qu'il se déroulait là-bas dans la Grande Salle. »

La dernière phrase avait été prononcée avec une pointe d'ironie. Bien sûr, les élèves n'avaient pas trouvés cela amusant du tout, et elle ne faisait pas exception. Certes, elle s'était attendu à ce que les Lignées sélectionnent exprès des images violentes pour choquer les spectateurs, mais on ne peut jamais être parfaitement prêt à cela.

Miss Valérion enchaîna cependant, mais ses paroles ne rassuraient pas vraiment la Rouge. Elle avait conscience du Bien et du Mal, enfin elle l'espérait, mais elle avait aussi conscience qu'elle dépassait souvent ces limites par manque d'empathie pour les gens. *C'pas d'ma faute s'ils sont sensibles*. Pourtant, elle se considérait comme plutôt saine d'esprit, elle savait ce qu'elle faisait, mais ne se préoccupait pas toujours des conséquences, c'est différent. Elle essaya de se rassurer en se disant qu'elle ne deviendrait jamais mage noir car elle ne faisait pas le mal gratuitement, elle rendait juste de façon un petit peu plus musclée ce que l'on lui faisait. Et puis, ce qu'elle blesse *ils le méritent* après tout. Cherché, trouvé. Elle était loin d'être la seule à agir ainsi. Elle répondit à l'adulte :

« Je veux bien que certaines personnes soient folles et ne se rendent pas compte du mal qu'elles font, mais existe -t-il vraiment des gens qui font le Mal par pur plaisir, et même pas car ils voient celui-ci comme une source de pouvoir ou comme un moyen d'y accéder ? Et un sortilège de magie noire n'est pas forcément entièrement mauvais non ? Par exemple, si un professeur du château était obligé de tuer un assaillant pour sauver tout les élèves, le bilan ne serait pas parfait, mais c'est tout de même plutôt positif... »

*Sont fous tout de même ces mages noirs*.

La professeure de défense contre les forces du mal écouta son élève avec beaucoup d'attention. Elle était prête à lui accorder tout le temps dont elle avait besoin car, au son de sa voix et, au vu de l'explication donnée, elle avait comprit rapidement que, ce que cette jeune fille avait vécu était un véritable traumatisme pour elle. En même temps, l'histoire était arrivée jusqu'aux oreilles de Sixtine mais, elle n'était pas présente et, ne pouvait qu'imaginer la peur et l'angoisse qu'ils avaient pu ressentir à ce moment.

Cette explication donnée, elle comprit un peu mieux pourquoi cette jeune fille se posait tant de questions concernant le bien et le mal. Au delà des questions classiques des adolescents, elle semblait faire son possible pour trouver une explication rationnelle à tout. Comme pour, se rassurer peut être. La seule personne capable de rassurer la jeune fille à cet instant était Sixtine. Malheureusement, ce n'était pas le domaine ou elle était la plus douée. Malgré tout, elle essaya de faire son possible pour prendre une voix douce et maternelle.

- Vous savez, on ne peut jamais prévoir ou savoir ce que pense une personne. Parfois, il suffit d'un petit élément déclencheur pour qu'une personne passe du côté obscure. Et parfois, il n'y a pas de raison rationnelle, pas d'excuses valables. Si, comme vous dites, un professeur doit tuer un assaillant alors je ne peux pas vous dire que le bilan est positif car il y aura plus d'une victime dans cette histoire. Le sorcier mort ne sera pas la seule victime. Si il a une famille, c'est toute sa famille qui est touché et victime, ses amis, ses proches, tout son entourage.

Scary se sentait finalement relativement en confiance avec sa professeure. Elle expliquait bien les chose, et des explications, la Rouge ne demandait que cela. Cependant, les réponses de sa professeure étaient loin de celles qu’elle attendait. Remettre en cause la rationalité des événements ne lui avait jamais effleuré l’esprit, et elle se basait justement sur celle-ci pour chercher ses réponses. Peut-être était-ce justement pour cette raison qu’elle bloquait à ce sujet. Elle considérait le rationnel comme une sorte de réponse à la folie du monde, et admettre qu’une situation n’était pas rationnelle, n’était admettre qu’il n’y avait pas d’explication, ce qu’elle s’était toujours refusé. Si toutes les réponses ne pouvaient être toutes trouvées, quel était l’intérêt de les chercher ? Elle avait toujours cru que l’impossible n’existait pas et qu’une réponse n’avait jamais été trouvée avant qu’on la trouve, donc la durée de l’absence de réponse ne devait pas être un facteur de découragement.

Elle n’avait non plus jamais pensé à la famille, aux proches des mages noirs et à la façon dont il devait se sentir. Des fois, il était plus simple de se concentrer sur soi plutôt que de tout extrapoler, mais la conclusion n’était pas toujours très réaliste. Dans ce contexte, penser a tout devenait impensable. Qui possède les facultés mentales, l’empathie et la lucidité pour réagir correctement ? Elle répondit à la professeure :

« Ça veut dire que la bonne solution n’existe pas ? Comment faire pour blesser le moins de gens possible dans ce cas ?

Car c’est vrai, si on ne peut pas tout prévoir, une solution semblant parfaitement adaptée pouvait tout aussi bien se révéler catastrophique.

Pour la professeure de défense contre les forces du mal, il était compliqué d'expliquer une chose pareille. Elle n'avait pas envie d'entrer dans un grand discours, de belle parole pour rassurer la jeune fille car, elle n'avait pas envie de lui mentir. Elle ne pouvait pas lui dire que la solution X était la bonne solution. Cependant, elle ne souhaitait pas rendre cette petite adolescente triste à lui dévoilant toute la réalité de ce monde.

- Je ne veux pas vous mentir Miss mais je ne suis pas sur que la réponse vous plaise... Il n'y a jamais de bonne solution. Vous avez beau tout calculé, tout prendre en compte, tout prévoir, vous n'arriverez pas à trouver la solution qui est bonne pour tout le monde car, si une chose est bonne pour vous elle est peut être très mauvaise pour un autre.

La professeure aurait voulu trouver les mots justes, les mots qui permettent de rassurer l'adolescente mais, elle n'était pas convaincue d'être la bonne personne pour ça. Elle avait envie de lui dire qu'elle devrait se rendre auprès d'un autre professeur plus expérimenté dans le domaine de la communication mais cependant, Sixtine prendrait ça comme un échec.

- Gardez en tête que vos actes, vos paroles, ont un impact. Ai je répondu à vos questions ou avez vous encore des doutes ou des interrogations ?

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