Info cohérence. Bad a commencé sa formation en 2045, il ne pouvait donc pas être en double entretien avec Adaline, qui a commencé sa formation en 2046. Bad a passé son entretien avec Isabel Almeida. Vous êtes libre de dire que votre personnage a passé son entretien seul ou avec une autre personne, qui n'a pas validé son entretien auquel cas.

Le rendez-vous est fixé à après le déjeuner. Le temps pour les deux élèves de prendre une vraie pause déjeuner et de se détendre avant d'aller rejoindre le professeur de Soin aux Créatures dans son bureau pour débuter leur entrainement. Ils n'auront qu'une heure, le jeune homme a bien vérifié, ils ne peuvent se permettre de déborder, un de deux étudiants a cours à 15 heures.

Cela fait peu de temps qu'il est en poste, il peine à suivre le rythme mais à l'aide de son emploi du temps très bien organisé et de la discipline qu'il se force à adopter il n'a pour l'instant encore rien oublié de faire. A part la visite de Megan la semaine passée, oups, mais il s'en est tout de même sorti, et puis il arrive à tout le monde d'oublier des choses, pas vrai ?

Il y a peu de temps, Aydan - collègue avec qui Samy gère la formation - et lui ont reçu une vague de candidatures ; ils offrent la possibilité de former les élèves à devenir des Animagi, évidemment qu'ils croulent sous les demandes ! Aujourd'hui, le professeur de Soin aux Créatures Magiques s'apprête donc à recevoir deux étudiants pour discuter de leurs motivations et voir s'ils sont réellement prêts pour une formation de ce genre, qui leur demandera investissement, temps, concentration, et courage : il n'est pas rare de voir des gamins prendre peur et paniquer lorsqu'ils commencent à sentir un second cœur battre à côté du leur. Avec le temps ils apprennent à le maîtriser lui aussi, mais encore faut-il ne pas avoir abandonné la formation en cours de route, sans quoi le second cœur s'éteint très rapidement.

Assis à son bureau, Samy termine ses lasagnes champignon-chamallow en lançant des boulettes de papier dans la poubelle de la pièce.

« Yeah, panier ! Alooors, c'est qui l'plus fort ? »

Il invite les élèves à entrer lorsqu'il les aperçoit au travers de la porte vitrée.

Sa candidature avait été accepté ! Bad allait devenir un Animagus ! Enfin, presque, car le chemin vers la métamorphose animale était fastidieux et semé d'embuches. Pourtant, aujourd’hui, ce long chemin débutait. La première page de cette nouvelle aventure s'encrait de ses premiers mots : le premier entretien. Le Serdaigle avait, en effet, rendez-vous ce mercredi vingt-six septembre avec Mr Falkner pour échanger sur la formation à venir.

Durant une matinée sans cours, Bad avait eu le temps de philosopher sur ce qui l’attendait. Il s’était imaginé d'hypothétiques questions que l’on pouvait lui poser et la manière dont il y répondrait. Cet exercice lui avait paru si compliqué qu’il avait demandé l’aide d’Elowen, sa meilleure amie, pour jouer le rôle de Mr Falkner. Sans surprise, la jeune fille était rapidement partie dans des délires d’imitations de scarabées mais cela avait au moins eu l’intérêt de détendre un minimum le garçon.

En arrivant près du bureau de l’enseignant de soins aux créatures magiques, quelques minutes avant l’heure prévue, Bad en profita pour passer aux sanitaires jouxtant. Se tortiller sur sa chaise devant le professeur n’aurait pas été du meilleur effet. En ressortant de cette pause indispensable, l'ancien préfet vérifia une énième fois que sa braguette était fermée. Relevant les yeux in extremis, il manqua de percuter une Gryffondor qu’il ne connaissait que de vue et qu’il savait plus jeune que lui.

« Salut ! Tu viens pour l’entreti… »

Bad fut interrompu par les mouvements de mains de Mr Falkner qui les invitait à entrer. Le Serdaigle ne perdit pas une seconde pour rejoindre son enseignant. En entrant, il tomba directement sur l’homme en train de terminer des lasagnes contenant des morceaux blancs et marrons. Bizarre ce truc, pensa le garçon avant de saluer le professeur.

« Bonjour Mr ! Vous voulez qu’on attende que vous ayez fini de manger avant de commencer ?, ajouta-t-il un posant un regard appuyé sur l’assiette non vide. »

Le mercredi 26 septembre,
Bureau de Mr Falkner,
4^ème année


Mes mains sont moites quand je monte les marches qui mènent jusqu'au bureau de mon professeur de Soin aux Créatures Magiques et directeur de maison. Bien que son attitude soit carrément amicale envers ses élèves et qu'il soit à peine plus vieux que le plus vieux des élèves de l'école, mes mains ne peuvent s'empêcher d'être moites.

Aujourd'hui, je suis convoquée pour un entretien. C'est l'entretien qui déterminera si oui ou non je pourrais participer à la formation Animagus dispensée par ce même professeur et le professeur de métamorphose, Lynch. Je crois que j'aurais préféré passer cet entretien avec Lynch, que je connais déjà et qui, s'il a un air sévère la plupart du temps, s'avère très juste. Au contre de Falkner qui paraît très amical mais dont je ne connais pas bien les méthodes ou le mode de pensée. Voilà pourquoi mes mains sont moites, je pense en grimpant la dernière marche.

Pile à l'heure ! J'avance vers la porte ouverte à travers laquelle on peut deviner la silhouette du professeur. Dans ma course (à pieds), je suis interrompue par un élève de Serdaigle. Je me fige, le cœur battant, à deux doigts seulement de le percuter. Je suis certaine qu'il ne me connait pas, mais moi j'ai déjà vu son visage et je sais aussi qu'il est doué en métamorphose. Alors mes yeux se fixent à son visage et ont du mal à s'en défaire alors qu'il se met à m'adresser la parole.

Je secoue la tête puis peine à articuler un sourire. Comment ?

Finalement, je n'ai pas le temps de lui répondre qu'il s'engouffre dans le bureau du professeur pour me piquer mon entretien. C'est bien ce qu'il fait, pas vrai ? Il me pique mon entretien avec mon professeur pour ma formation. Je fronce les sourcils et essaie de faire disparaître l'air béat sur mon visage pour le transformer en quelque chose de plus sérieux. Je pivote doucement vers le bureau toujours ouvert.

Eh bien ? Le professeur fait encore de grands signes et ses yeux sont plantés dans les miens.

Je me retiens de hausser les épaules en franchissant le pas de la porte. Mes mains ne cessent de transpirer alors que mon cerveau se met à réaliser, imaginer, visualiser, analyser. Je vais donc passer mon entretien pour une formation importante en compagnie d'un élève plus grand que je ne connais que, à peine, de réputation. Je vais répondre à des questions probablement intimes sur mes passions et mes convictions devant un autre élève. Cette simple pensée, image, turbulence suffit à plomber tout mon moral.

Mais je tente de ne rien laisser paraître. Après tout, que je sois seule ou que je doive répondre devant un garçon un peu plus vieux ne change rien : il faut que je montre que je mérite cette formation.

J'articule finalement un sourire un peu constipé.

« Bonjour Mr Falkner. »

« Salut jeunesse, allez-y, installez-vous, faites comme chez vous. »

Tandis que les étudiants prennent place, Samy prend une fourchette de ses fameuses lasagnes sucrées puis pousse l'assiette pour faire de la place sur son bureau déjà surencombré.

« Non non, c'est bon, j'ai terminé. Les elfes sont bien gentils, je leur donne toujours carte blanche pour me faire des plats amusants et je crois qu'ils s'en donnent à coeur joie. Vous devriez essayer des fois, ils créent vraiment des merveilles ! Bref, bref. »

Le professeur se sent légèrement jugé, mais bon, qu'y peut-il si les gamins n'ont pas de goût ? Il recentre son attention sur la raison de leur venue, il sait qu'ils n'ont pas un temps illimité.

« Bon, déjà, si vous êtes ensemble aujourd'hui c'est parce que vous l'on vous propose d'être des partenaires de boulot. C'est une formation dure, fatigante, lourde, il vaut mieux avoir un appui avec lequel s'entraîner et se motiver pour aller jusqu'au bout. Vous serez seuls pour les préparations pratiques, évidemment, mais pour la partie théorique je me suis dit qu'il n'y aurait pas vraiment de problème à vous réunir, au contraire. »

Il tient ensuite à rappeler le principe de cet entretien.

« Comme vous le savez, aujourd'hui je vais tester vos connaissances générales sur les créatures, la métamorphose, les animagi, et puis voir vos motivations aussi. Si vous avez convenablement travaillé, normalement, les questions vous apparaîtront comme aisées. Ce qui m'intéresse surtout dans ces questions, c'est le fait de découvrir votre processus de réflexion. Pour faire un premier déblayage des animaux qui vous conviendraient. Par exemple, une personne qui prend beaucoup de temps pour réfléchir, qui note toutes ses idées sur un brouillon et les organise avant de prendre la parole, eh bien nous ne perdrons pas de temps à tester une forme animale de taureau sur elle par exemple. Vous me suivez ? »

Il les laisse répondre.

« Si vous avez des questions avant de commencer, c'est le moment. Sinon, j'aimerais savoir pourquoi vous faites cette formation. De façon transparente hein, évidemment. Je ne jugerai pas, je m'en tape, c'est encore une fois pour vous comprendre. Vous pouvez répondre soit par écrit, soit à l'oral, comme vous préférez. »

Si Bad pensait en découvrir davantage sur la formation Animagus, ce fut premièrement des conseils culinaires que Mr Falkner commença par lui apporter. Le garçon n’avait jamais pensé à demander aux elfes de lui concocter un plat exclusif. Maintenant que cette porte lui était ouverte, Bad n’allait pas se priver de cette opportunité. Il avait hâte d’en parler à Elowen.

Les hochements de tête du Serdaigle rythmaient les explications du professeur de soins aux créatures magiques. La remarque sur une formation en duo rassura quelque peu Bad. Savoir qu’il pourrait échanger sur ses questions, ses doutes, ses progrès ou ses inquiétudes avec quelqu’un le libéra d’un poids. Encore fallait-il que la Gryffondor voit les choses de cette manière. L’ancien préfet tourna la tête vers sa nouvelle partenaire pour lui adresser un sourire amical avant de reporter ses yeux sur Mr Falkner qui entrait dans les détails de ce premier entretien. Si les réponses aux questions théoriques n’inquiétaient pas réellement Bad, devoir creuser sa personnalité le troublait davantage. En pleine adolescence et processus de création de son soi futur, le garçon avait de nombreuses interrogations sur qu’il était aujourd’hui et sur la personne qu'il souhaitait devenir. Pourtant, malgré la complexité de l’exercice, le Serdaigle était satisfait de pouvoir s’y confronter. Un passage nécessaire pour son épanouissement personnel mais bien évidemment aussi pour devenir Animagus.

Bad prit la parole pour confirmer qu’il avait compris là où souhaitait en venir l’enseignant.

« Oui, c’est logique. Ça permet de mieux cibler quelle forme animale nous correspond. »

Le Serdaigle avait établi mentalement de nombreuses hypothèses sur l’apparence qu’il pourrait prendre en cas de réussite dans sa formation d’Animagus. Chacune d’elles reprenait des caractéristiques du garçon mais aucune n’était parfaite. Sans regard extérieur et du haut de ses quinze ans, il était compliqué de bien se connaître. Bad espérait que leur formateur pourrait l’aider dans cette voie. Pour cela, il devait se livrer sans réserve à Mr Falkner. Que la Gryffondor soit là ou non, le garçon savait que cet effort était indispensable. Après un regard à la jeune fille, Bad s'enquit de justifier ses propres motivations.

« Je vais me lancer en premier alors. Je pense que c’est plus facile d’échanger à l’oral donc voilà, j’ai voulu devenir Animagus car je veux devenir assez fort pour me protéger et protéger ceux que j’aime et je pense qu’avoir cette capacité serait un vrai atout. Bad s’était exprimé sans reprendre sa respiration et ce n’était pas fini. Mon père qui est Moldu a été menacé de mort et a dû rester caché pendant plusieurs mois en attendant que les choses se tassent. Ma mère a elle dû s’éloigner de mon frère et moi quand nous étions petits pour nous protéger. Je ne veux pas vivre comme eux. Je ne veux pas avoir à me cacher moi aussi. Devenir Animagi serait une force. Le visage fermé du garçon se détendit légèrement quand il aborda la suite de ses motivations. En plus, j’aimerais être Auror et pouvoir me métamorphoser en animal serait très utile lors des traques de mages noirs. La dernière chose, c’est que j’aimerais en connaître davantage sur moi-même pour pouvoir progresser et cette formation est parfaite pour ça. »

Ses aspirations étaient celles qu’elles étaient. Bad y était allé sans détour et en toute honnêteté. La seule voie véritable en somme.

Grognon, voilà comment je me sens à l'instant précis où je comprends que je vais devoir passer cet entretien sous le regard d'un garçon inconnu. C'est enfantin d'être grognon, c'est comme si j'étais un enfant à qui on vole un jouet, c'est comme si j'étais en train de faire un caprice. En sentant la lassitude s'étaler sur mon visage et ma bouche se déformer en une moue, l'image de mon cousin en train de bouder me revient en pleine tête. Est-ce que je suis en train de ressembler à ça ?

Je prends conscience que je suis en train de me comporter comme une gamine capricieuse alors que le professeur se met à parler, et que je réalise la chance que j'ai de me trouver là. Si toutes les conditions de cet entretien pourraient me miner le moral, je commence à comprendre qu'il faut les voir autrement. Ce jeune professeur s'exprime étonnamment bien sur le sujet et je me mets à l'écouter attentivement. Ce garçon assis à côté de moi, qui volait mon entretien, est en fait un binôme de travail plus âgé qui peut m'apporter beaucoup. Ce moment n'est pas si désagréable et l'exercice, me forcer à exprimer des choses intimes à l'oral devant un public, me fera grandir indéniablement.

D'ailleurs, je me surprends à me tourner vers mon nouveau binôme de travail quand il évoque cette association de cerveaux. Et trouver un sourire sur le visage du cinquième année m'en arrache un. Après tout, je sais qu'il est doué en métamorphose, c'est qu'il doit avoir des choses intéressantes à partager avec moi, non ?

Les explications continuent et mon sourire commence à s'installer confortablement sur mon visage. Les gênes ressenties en entrant se dissipent déjà, il faut dire que j'ai longtemps attendu cet entretien. La seule gêne qui subsiste est la honte, la honte d'avoir montrer un visage capricieux en entrant dans la pièce, la honte d'avoir laisser une moue s'installer sur mon visage le temps de quelques minutes, la honte d'avoir pensé que le cinquième année me volait mon entretien. Je secoue la tête, il faut que je me reconcentre sur l'entretien.

La première question du professeur vient, en fait celle-ci s'assure simplement que nous comprenons les enjeux qu'il évoque. Alors que mon voisin répond avec des mots, je me contente de hocher la tête en souriant. Bien sûr que je comprends les enjeux ! J'ai de nombreuses fois réfléchis à ma personnalité pour me faire une idée de l'animal que je pourrais devenir. Je ne suis pas sûre que mes recherches aient été fructueuses pour mon cas, mais elle m'ont permis d'appréhender la science de l'animagi et ce que cela peut impliquer au niveau psychologique. Enfin, je crois.

Ensuite, c'est le moment de nous exprimer.

Je hausse un sourcil, légèrement, en écoutant la réponse de mon camarade. Je suis contente qu'il ait pris la parole en premier, cela me permet de réfléchir à la manière de tourner mes phrases. Et alors que je tourne les mots dans ma tête, je prends conscience de ce que dit le cinquième année, des mots durs qu'il emploie, de la vie qu'il a du vivre, du danger qui entoure sa famille. Mon cœur se serre, un instant, je le regarde avec des yeux ronds, mes mots préparés tous oubliés. Ce qui se passe dans le monde m'affecte, même si je suis loin de ça.

« Je suis désolée, j'imaginais pas que ta vie était aussi... dure. »

Les mots sortent tous seuls. A l'instant même où je les ais prononcés, je les ai regretté. Et pourtant ! Ne sont-ils pas tout ce qu'il y a de plus sincère ? N'est-ce pas ce que je me suis promis d'être envers moi-même et les autres ?

Il me faut laisser le silence revenir pendant un instant avant de pouvoir détourner le regard. Je finis par quitter des yeux mon camarades pour les ramener sur mon professeur. Un faible sourire apparaît sur mon visage alors que je racle la gorge.

« Mes motivations, professeur, sont un peu différentes. Si je veux devenir Animagus c'est surtout parce que je suis passionnée par la métamorphose et que je veux devenir chercheuse ou enseignante en métamorphose plus tard. Je crois que ça me permettrait d'être au plus près des métamorphoses humaines pour les étudier et les comprendre... J'ai un intérêt scientifique pour cette formation mais pas seulement. Il est aussi un peu affectif, je crois, car j'ai toujours eu envie de devenir Animagus. C'est une passion que je ne peux pas expliquer ! »

En moyenne, un professeur parle plus que ses élèves. C'est son rôle, d'enseigner, de parler à moitié dans le vide, de faire cours seul pendant que les têtes des élèves sont penchées sur leurs parchemins et notent tout. Mais là, quand même, Samy a l'impression d'avoir fait un monologue relativement long, il se sent un peu tout seul et culpabilise. Est-ce qu'il fait peur, à parler autant ? Est-ce que les jeunes se sentent bloqués, à ne pas pouvoir en placer une ? Interdit, l'enseignant se tait le temps d'écouter les jeunes développer leurs motivations, bien content de cette inversion des rôles.

Ce qui Bad confie, à deux inconnus qui plus est, est extrêmement intime. Sa famille semble avoir été écartelée à cause de la politique désastreuse du Conseil et de leur obsession à protéger le secret magique. C'est en tout cas ce que Samy comprend, lui qui est très peu impliqué dans tout ce qui s'éloigne des créatures. Il pourrait citer le nom, l'année et le porteur de projet de tous les décrets visant à réduire le territoire des Centaures par coeur, par contre le nom des dirigeants du conseil, il n'en a aucune idée.

Samy est assez gêné par tout ce qu'il apprend, c'est le premier étudiant de tous ceux à passer qui se livre autant et avoue ses traumatismes de la sorte. Le professeur écrit aussi vite qu'il le peut les informations qu'on lui donne sur sa feuille et, à l'encre rouge, à côté de la catégorie "idées de Patronus", il note : Force, Protection, Blanche, Femelle, Conviction, Passé. Ces mots ne sont pas à portée de vue des jeunes. A voir où toutes ces idées les mèneront et si les prochains entretiens confirmeront ou informeront les termes de cette liste.

Il ne répond rien au jeune homme, d'ailleurs il n'y a rien qu'il pourrait dire et faire un sourire compatissant aggraverait sans doute les choses. Il garde un air sérieux et se focalise à présent sur Adaline. De la même façon que pour son camarade, il note tout ce qu'il peut. Son parchemin est brouillon mais il ne peut pas s'appliquer s'il veut ne manquer aucune information. Cette fois-ci, ce sont les mots "Individuel, Passion, Transmission, Recherches, Minutie et Travail" qu'il note en rouge.

« Merci tous les deux, j'ai tout ce qu'il me faut. Vous avez des motivations très différentes, et toutes les deux terriblement intéressantes, je pense qu'en vous confiant de façon aussi honnête vous m'avez déjà donné un aperçu de certaines catégories d'animaux qui pourraient vous convenir. Oh, et je pense que vous êtes complémentaires. Vous semblez travailler à peu près de façon similaire bien que vos buts à atteindre soient diamétralement opposés. Bref, je me perds, je suis pas psychomage, simplement pour vous dire que vous faites une belle paire et que je pense qu'on a bien fait de vous associer tous les deux. Et, pendant que j'y pense Adaline, tu peux m'appeler Samy sans souci. »

Samy pense un instant à son père, lui est un vrai psychomage, il faudra qu'il passe le voir pour lui raconter l'entretien et ses théories, pour voir si son avis est le bon ou s'il se plante totalement.

« On passe aux questions, vous êtes prêts ? Adaline, à quoi reconnaît-on l'identité d'un sorcier quand il est sous sa forme animale ? Qu'est-ce qui le différencie des autres animaux et des autres sorciers animagus qui se transformeraient en le même animal que lui ? Bad, en quoi un animagus est-il différent d'un métamorfromage, oups pardon, d'un métamorphomage ? »

S’être ouvert sans crainte ni retenue avait été un moment libérateur pour Bad. Si on lui avait demandé quelques heures plus tôt s’il en aurait été capable, il aurait sûrement agité négativement sa tête de gauche à droite dans une moue un peu triste.

L’enseignant, dans une attitude plus sérieuse qu’à l’accoutumée, remplissait vélocement sa feuille de papier sans que le Serdaigle ne puisse en lire le contenu. Bad n’avait aucune envie de plus de curiosité. Il voulait se laisser porter et guider par Mr Falkner dans cette aventure métamorphique. L’homme en question ne pipa mot et ne réagit d’aucune manière aux propos de son élève. Il passa simplement à la réponse de la Gryffondor. Cette dernière, pourtant, ne put retenir la compassion éprouvé envers Bad. Jamais le garçon ne s’était fait la remarque que ce qu’il avait vécu pouvait être considéré comme difficile. C’était sa vie. La seule qu’il connaissait et pensait comprendre. Sa norme en somme. Surpris mais touché, le Serdaigle sourit affectueusement à sa camarade en haussant les épaules.

« C’est comme ça et d’autres ont dû vivre bien pire. Bad relâcha lentement ses bras. Il appréciait les mots simples de la Gryffondor et intensifia son sourire. Mais c’est gentil. »

Et toi alors ? Bad était intrigué par ce qui poussait sa camarade à se lancer dans cette formation. Ses motivations étaient-elles proches des siennes ? La réponse fut assez claire. Une passion, un projet professionnel, un intérêt scientifique. Des inspirations bien éloignées de celle du Serdaigle. Ce dernier était content de voir qu’on pouvait avoir un même objectif intermédiaire pour des buts finaux bien différents. Cette formation s’annonçait riche et intéressante.

Après ce début d’entretien très personnel, Mr Falkner les remercia de leur honnêteté, ce qui conforta le Serdaigle dans son choix d'avoir évité toutes réserves. L’enseignant de soins aux créatures magiques releva lui aussi la complémentarité possible d’Adaline et Bad. Ce ne fut qu’à cet instant que le garçon découvrit le prénom de celle avec qui il partageait ce moment important.

Puis, la deuxième phase débuta. Une question individuelle. Chacun la sienne, pas de jaloux. À l’erreur de prononciation de l'enseignant, Bad ne put retenir un petit rire proche d’un hoquet qui se dissipa rapidement. Il se ressaisit rapidement et, de peur d’oublier sa réponse le temps qu’Adaline, la première interrogée, ne réponde, le Serdaigle questionna Mr Falkner du regard pour savoir s’il pouvait lui emprunter un parchemin et une plume. Le garçon regrettait de ne pas avoir pensé à emmener son propre matériel mais il doutait que l’homme ne lui en fasse le reproche. Avec son accord¹, le cinquième année récupéra le nécessaire pour écrire sa réponse tout en laissant défiler le souvenir d’un cours de Mr Lynch dans son esprit.

Animagus	Métamorphomage
- métamorphose animal personnalité - formation - communiquer animaux classiques - totale - sentiments moins complexes	- métamorphose de tout - innée et héréditaire - ? - partielle - sentiments normaux mais émotions

¹ J'éditerai si Samy refuse

Alors que j’oublie déjà cette pointe d’amertume après avoir prononcé ces quelques mots un peu naïfs, je suis réconfortée dans le sens de la sincérité. De cet échange que j’imaginais comme lourd et profondément gênant nait un sentiment que j’imagine commun : la sincérité flotte autour de nous et s’imprègne dans chacun de nos mots, voire de nos cœurs.

C’est surtout le fait que Falkner le souligne qui me fait sourire, bien que je mentirais si je disais que le sourire foutrement sincère de mon camarade à mes côtés ne me fait pas plaisir. Je crois que l’on s’est compris, tous les trois, je pense avec un sourire apaisé qui transparaît immédiatement sur tout mon visage. Me voilà bien plus détendue.

Je hoche même la tête quand le professeure souligne notre complémentarité. Non, décidément, je crois qu’il est intéressant ce jeune professeur. Et en plus de ça, quelque chose me dit qu’il n’a pas tord. Est-ce que ce serait cet échange silencieux de regard qui nous a permis de transmettre tant d’émotions et de compréhension en un seul regard qui me le fait dire ?

Mais je dois bien avouer que si je suis aussi détendue, c’est aussi parce que mes motivations ont été jugées intéressantes. Je crois que rien ne m’aurait plus brisée que d’entendre le contraire, moi qui crois tellement fort à mes ambitions de devenir Animagus et plus tard chercheuse en métamorphose.

Viens la question. Ce n’est pas que je la redoutais, mais quelque part j’aurais été embêtée de ne pas savoir y répondre.

Un instant, je concentre mes pensées et cherche dans mes souvenirs. Il ne me faut pas longtemps ! J’ai déjà la réponse sur le bout de la langue et je ne prends que quelques instants de plus pour ne pas avoir l’air trop je-sais-tout (même si c’est ce que je suis).

« Sous sa forme animale, un sorcier garde des traits de sa forme humaine. C’est comme cela qu’on peut le reconnaître. En fait, il ne garde pas des traits mais une caractéristique comme par exemple, si le sorcier a un doigt coupé sous sa forme humaine, sa forme animale subira le même changement. Cela vaut pour d’autres choses et, si je ne me trompe pas, cela peut être aussi le cas pour des taches de naissances… »

Je marque une pause. Je regarde mon camarade, Eaven, du coin de l’œil pour voir ce qu’il griffonne, avant de me reconcentrer sur mon professeur : une autre affirmation s’apprêtait à sortir de la bouche mais je ne suis pas certaine qu’elle soit exacte (encore moi que celle sur les taches de naissance).

« D’ailleurs, j’ai une question. Un sorcier qui est mal voyant sous sa forme humaine le sera-t-il aussi sous sa forme animale ? »

Accord accordé avec accordation !

Une fois que l'enseignant a posé ses deux questions, il laisse quelques instants aux petites créatures bipèdes magiques pour organiser leurs pensées. Il tend au Serdaigle un parchemin et une plume à encre semi-permanente sans sourciller ni même relever la tête, il se contente de noter "désorganisé OU tête en l'air" sur sa feuille. Ce n'est en aucun cas un reproche, encore une fois chacun a ses traits de personnalité, c'est simplement pour trouver un animal qui s'approcherait au mieux de son caractère. Si une fourmi est très méthodique et organisée, un chien l'est de suite un peu moins !

Adaline se lance et répond pendant que Bad prend des notes sur son parchemin. Il barre "désorganisé" et rajoute "appliqué, manuel, visuel". La jeune fille de son côté se montre très concentrée, sa réponse est à la fois naturelle et organisée, elle semble tout connaître par coeur et recracher son savoir ne lui demande pas trop d'efforts. Elle ne bégaie pas, n'hésite pas, sa voix est constante. Il note "sérieuse, directe, développement construit". Il coche ensuite la case numéro cinq après avoir écouté la totalité de la réponse de l'élève.

« Hops-là, c'est à toi de répondre à cette question plutôt, pas vrai ? Je suis désolé, je ne peux pas t'aider une fois que l'entretien a commencé. Ce ne serait pas juste pour les autres. Note ton interrogation quelque part, j'y répondrai à la fin ! Si ça t'intéresse toujours, bien sûr ! »

Il regarde Bad à présent.

« Prêt à te lancer à ton tour ? »