J'étais installée sur une des tables qui ornaient la bibliothèque, l'odeur des livres était partout autour de moi, et mon petit stylo dans ma fébrile main allait et venait sur une page vierge. Voilà, en réalité, je voulais définir ce que tout le monde appelait "L'amour" aujourd'hui. La Saint-Valentin était bientôt, c'était l'occasion de dévoiler au grand jour tout ce que je pensais sur lui.
Je commençai à gribouiller quelque chose sur ma feuille :

Amour.

Sentiment qui aveugle les gens, qui nous fait penser que l'autre veut de nous, et que nous voulons de lui, souvent confondu avec "Pitié" et "Attirance".
Ou alors avec "Fan"
Combien de fans, disant agir par "amour", alors qu'ils ne connaissent même pas la personne, combien de fans se sont ruinés, combien ?

Puis encore :

L'amour n'existe pas.
L'amour nous fait penser que quelqu'un s'inquiète pour nous, que nous pouvons surmonter des épreuves ensemble, alors que l'amour n'est que déchirance, remise en question, tromperie, déception, perte du gout de la vie.
Il est indéfinissable. Les gens pensent que ça va mieux, alors qu'ils se détruisent, l'amour est cruel et horrible.

Voilà mon ressenti des choses.

L'amour nous laisse introduire une personne dans notre vie, et si c'est une mauvaise, elle a tous les fils pour nous rabaisser, nous enlever notre liberté, et faire de nous son esclave.
L'amour nous fait penser que tout est rose.
L'amour nous rend dépendant de la personne.
L'amour n'est qu'un sentiment crée par l'être humain.
L'amour, c'est un mot, rien d'autre.
L'amour représente l'affection, et l'affection n'est pas l'amour.

Puis la main tremblante, j'écrivis :

L'amour ne devrait pas exister, l'amour ne devrai pas paraitre dans les dictionnaires, car il n'est rien, il n'est rien qu'une impression nouvelle.

Et dans tout ce que j'avais écrit, ne se trouvait que du vrai.
Mon crayon tremblait, je le posai sur la table, et repris ma respiration, devenue rauque.

Argentella reposa le livre qu'elle tenait sur une étagère, peu convaincue par son descriptif, et tourna la tête vers les autres bibliothèques pour trouver un livre de métamorphose qui serait davantage complet. Son oeil s'arrêta, non pas sur un livre mais sur une jeune fille brune qui devait avoir son âge. Rien de particulier en soit, les secondes années n'étaient pas quelque chose d'inhabituel. Mais cette jeune fille gribouillait frénétiquement sur un parchemin, la main tremblante.

Elle n'avait que très moyennement l'air de quelqu'un qui faisait un devoir, songea Argentella. À moins qu'elle ne soit sur un devoir très urgent, ce qui était peu probable selon la jeune fille, elle n'avait pas de raison de ressentir un tel stress en écrivant, si ? Enfin, en admettant que cela soit du stress, car si cela y ressemblait, il pouvait en réalité s'agir de bien d'autres choses. Peut-être de l'impatience... ou... elle n'en savait rien, mais il ne fallait pas juger sur les apparences.

Curieuse, la blonde s'approcha de la jeune fille et se pencha discrètement par dessus son épaule pour lire ce qu'elle avait écrit. Elle écarquilla les yeux de surprise devant les mots couchés sur le papier et se recula d'un coup. Elle ne pensait pas qu'on puisse avoir une image aussi négative de l'amour. C'était presque... inquiétant, aux yeux d'Argentella. Et si triste...

Elle prit alors la parole, disant d'une voix douce :

« Euh... Je sais que je n'aurais pas du lire ce que tu as écrit, mais... tu penses vraiment ça de l'amour ? »

Je releva la tête et fit face à une fille aux couleurs de Poufsouffle. Je retourna dans un élan de peur le parchemin froissé.
C'est ce que je pensais de l'amour ?

- Oui. C'est ce que je penses, et tu es d'accord pour affirmer que c'est vrai non ?

On reconnaissai chaque mots inscrits sur le papier, ils sont tous vrais, jusque la dernière phrase.
L'amour nous pourri l'existence, il est bien dit que la moitié des couples ne s'aiment pas, que 63% des femmes se mettent avec leur mari juste pour l'argent..
Pourquoi l'infidélité existerai si l'amour existait ? Pourquoi les gens cherchent à aller ailleurs ? Que recherchent-ils ? L'amour ? Mais ils sont déjà aimés ! Alors ils n'aiment pas la personne avec qui ils sont ? Ça prouve que l'amour n'est que subjectif ! Toutes ces preuves qui nous entourent.. Nous montrent très clairement que ce que l'être humain peut créer pour se sentir mieux ou au contraire, pour se sentir en danger, ce qu'il trouve très exitant.
Si véritablement il y avait des sentiments, alors pourquoi veut-il voir ailleurs ?
Si véritablement il y avait des sentiments, alors pourquoi les parents se lassent de l'amour, et se séparent ?
L'amour finalement, n'est qu'un sentiment d'attirance qui nous attrape et nous abandonne.
Je laissai un petit blanc :

- Kimberly Harlez, Serdaigle, a arrêté de croire en l'amour.

Le plus dur c'est de se mettre à la place d'un philophobique..

Argentella se mordit l'intérieur de la joue. Elle ne savait pas quoi répondre à cela. Elle trouvait ça si triste, de voir les choses comme cela... Cela lui rappelait la Princesse de Clèves. C'était un roman moldu, qui se passait au XVIIème siècle. L'héroïne était mariée à un autre homme que celui qu'elle aimait, mais quand son mari décédait, elle choisissait d'abandonner ses sentiments par peur de souffrir un jour. C'était vraiment dommage de voir l'amour de cette façon. Pour l'avoir déjà vécu, Argentella savait que c'était très beau et doux. Elle répondit don d'une voix posée :

« Je ne suis pas sûre. Tu penses vraiment que l'amour d'une mère, ça n'existe pas ? Sans parler des sentiments amoureux, mais l'amour familiale ? »

Elle ne pouvait imaginer ce qu'aurait été sa vie sans l'amour qu'elle partageait avec sa mère. Elle y tenait beaucoup trop pour que ce soit même envisageable... Elle avait certes souffert à cause de l'amour, quand son père les avait quitté, mais l'affection et l'attention de sa mère avait permis de surpasser cette douleur. Et quand sa mère était tombé malade, l'amour de sa cousine avait, là encore atténué la douleur. L'amour, c'était comme un baume apaisant appliqué sur une brûlure, c'était l'antidote aux maux sentimentaux, aux blessures émotionnelles, aux fragilités du coeur et de l'âme. Non, décidément, Argentella ne pouvait imaginer un monde sans amour.

L'affection nous aveugle tant elle peut nous crever les yeux

Sourire.
Sourire moqueur s'étirant sur mon visage quand j'entendis ces paroles, l'amour familial ? Cette chose qui peut détruire la vie ?



Je parlais en connaissance de cause, deux heures tous les soirs, deux heures étouffantes, deux heures traumatisantes, où seul le mot 'recommence' tourne en boucle dans votre tête, et maintenant, juste à l'entendre être évoqué, on ne peut s'empêcher de sentir un frisson de douleur parcourir la main, tant les doigts ont soufferts à la vue des touches, les regarder justement, ces doigts, abimés encore après tout ce temps passé, "aimer", quel mot inutile, surtout quand on connait sa signification.



Plus les paroles sortaient de ma bouche, plus je me croyais, plus je reconnaissais ma vision des choses, comme un débat politique, un face à face, où chacun tient son idéologie, mais chacun la défend et y croit fermement, je la défends cette idéologie qu'est la mienne, je voulais la défendre jusqu'au bout, tel était mon choix.

Argentella était complètement déboussolée. Elle ne s’attendait absolument pas à ce genre de réponse. Elle qui avait toujours vécu avec une mère aimante… certes son père leur avait brisé le cœur. Mais sa douce maman, sa cousine, et même sa tante ! Tout cet amour qui était autour d’elle au quotidien et depuis sa naissance. Et pourtant, malgré les exemples de la fille, son avis n’avait pas changé. L’amour était réel, et précieux. Ce n’était pas l’amour le problème. C’était les gens. Elle regarda la jeune Serdaigle, une drôle de lueur dans le regard, et lui dit :

« Mais est-ce qu’au fond, ça n’est pas un peu de l’amour ? Pas tous les exemples que tu as cités, bien sûr… mais ce sont les gens qui sont tordus. Les parents qui veulent les meilleurs pour leurs enfants peuvent parfois s’y prendre très mal, non ? Enfin, pas les parents violents, bien sûr… mais ce sont des malades mentaux, ces gens. Ce n’est pas une généralité. »

Elle se mordit la lèvre. Elle n’était pas très a l’aise avec ce qu’elle disait. Elle y croyait dur comme fer, mais elle se donnait l’impression de cautionner des actes abominables. Ce qui n’était évidemment pas le cas.

« Et puis parfois, il y a aussi l’absence d’amour. Une simple attirance physique. Quand on pense être fait l’un pour l’autre sans se connaître. Qu’on découvre qu’en fait, on n’est pas si semblable que ça. »

Elle avait l’impression que la jeune fille en face d’elle n’avait pas eu une vie très facile au sein de sa famille.

« C’est vrai que l’amour ça peut faire souffrir. Mais ça peut aussi procurer une grande joie, éphémère peut-être. Mais une joie qui existe quand même. Tu n’as pas de frère ? De sœur ? Un ami cher à ton cœur, je ne sais pas ? » demanda-t-elle avec un regard inquisiteur.

L'affection nous aveugle tant elle peut nous crever les yeux

Je la toisa
Le souffle d'un instant.
Ce n'étais pas un regard dur, ni un regard doux pour autant, c'était un regard d'une personne qui ne croyait pas à ces mots.



Je déchira la page que j'avais là, ces mots que j'avais écrit, si j'en étais persuadée alors ça ne servait à rien de les laisser vivre sur un bout de papier, puisque personne ne va les lire, personne n'y fera attention.. De toute façon les gens plaçaient des espoirs inutile en un sentiment inexistant et inutile, l'amour est inutile, l'amour n'est rien, l'amour ? C'est un mot dégoûtant que l'on cite aux enfants en disant que c'est ainsi que l'humanité survit, l'amour ? Elle avait essayé de me faire changer d'avis, mais j'avais ma version arrêtée sur le sujet, je ne pensais pas qu'on puisse, j'étais irécupérable à présent, et je savais que je trouverais peut être un jour une personne comme moi, une personne comprenant et n'étant pas aveuglée comme ils l'étaient tous, une personne n'ayant pas les yeux crevés comme l'amour avaient pu le faire, une personne qui comprendraient ma version tordue et juste, je regardai une nouvelle fois, cette fille dont je ne connaissais même pas le nom, et sans un mot je partit, le papier déchiré à la main, sans plus me retourner, car ce regard avait suffit à lui faire comprendre le fond de ma pensée.

Sur ces mots, la jeune fille s’en alla. Elle semblait si neutre… comment pouvait-on penser de pareilles choses ? Cela attristait profondément Argentella. Elle ne voulait pas croire que l’on puisse être si négatif au sujet d’une chose aussi belle que l’amour. Elle pouvait comprendre que certains le voit de cette manière… mais c’était si triste.

L’amour était à ses yeux la clé pour traverser les problèmes. Celui de sa mère lorsque son père les avait quitté. Celui de sa cousine, et même de sa tante, quand sa mère était tombée malade. L’amour était une chose si belle… l’amour, c’était chaud et frais à la fois. C’était de la douceur pour lorsque l’on est triste, un pétillement qui vient égailler encore la joie. C’était absolument indispensable.

La blondinette eut comme une chute de moral. Elle se souciait énormément du bonheur des autres, y compris de celui de ceux qu’elle ne connaît pas vraiment. Et voir cette fille penser de la sorte… cela le attristait profondément. Elle retourna vers la table où elle avait laissé ses affaires, et rangea ce qu’elle avait un peu éparpillé. Comme absente, elle reposa les livres sur leurs étagères, oubliant le but premier de sa visite à la bibliothèque. Elle ne se souvenait même plus vraiment de quel genre de livre elle cherchait. La jeune fille attrapa son sac d’une main et quitta la pièce, préoccupée.