Impossible ? Se pourrait-il que... non, mais alors ? Et ? Un Ventoulpe ? Je n'ose y croire ! Là-bas, à la table des Poufsouffle, j'aperçois un garçon tout de violet vêtu. Il hante mes songes le temps d'un repas, je vois déjà en lui ma nouvelle recrue ! Pendant tout le temps du repas je ne parle que de ça à Sildnir. Je me vois déjà, directrice de maison régnant sur mes petits poulpes protégés, et toute ma tribu sourirait en agitant ses tentacules et le monde n'en serait que plus sublime et plus heureux encore ! Mon amie n'arrive pas à me raisonner, je ne jure plus que par cet étudiant. Qui est donc ce bel inconnu ? Que fait-il dans la vie ? A quel point aime-t-il le violet ? Est-ce qu'il a pour souhait le plus précieux de se réincarner en poulpe ? Je parie que oui. Oh, comme il me tarde de lui courir après et de l'assaillir de questions !

Quand enfin vient le moment pour moi de me lever, j'enfourne un gros morceau de mie de pain dans ma bouche et lance à Sildnir :

« Aprèch on n'ach runes, je te rejoinch en courch ! J'essaierai de pach être en retard pourch voir miss Tataille ! »

Et hop, je m'élance, mes longs cheveux roux volent derrière moi. Dans ma jolie robe violette à perles blanches recouverte par ma robe noire de sorcière, je me sens invincible. Plus je m'approche de l'objet de ma convoitise, plus je commence à le reconnaître. Eh, mais c'est Geoffroy ? Ce sera encore plus simple que prévu !

« Coucou Geoffroy ! Diiiis, il est violet ton tee-shirt ? Tu sais que ça te va super bien ? Est-ce que tu fais ça pour Ventoulpe ? Si oui, ça marche, je suis intéressée, je veux te recruter dans ma maison ! En pluuuus il y a un poste de préfet de libre ! »

Je sautille et tapant dans mes mains, euphorique.

Installé à la table des Poufsouffle en compagnie de ses potes, Jeffrey riait joyeusement avec eux. Pour une fois il ne s'agissait pas de Chems, ni de Maddie, ni des ses autres plus proches amis. Le britannique mangeait en compagnie de deux élèves de sixième année avec qui il traînait parfois. Il ne les fréquentait pas si souvent que ça, n'étant ni de la même promotion ni du même dortoir mais le trio s'entendait bien quand il se retrouvait. Ils avaient Jeffrey à la bonne suite à sa participation aux championnats de Quidditch remportés et acceptaient donc parfois la présence d'un élève moins âgé pendant leur pause.

Jeffrey lui était content de ne pas manger toujours avec les mêmes personnes, ne serait-ce que pour changer de la routine parfois lancinante qu'il y avait au château. Et puis depuis la course de balai trois semaines auparavant et les bruits de couloirs qui en avait découlé, l'anglais était content d'être face à des personnes qui ne le regardait pas avec inquiétude ou se moquait de lui. Les deux sixième année n'en avaient rien à faire des rumeurs sur Ennis, Mr Locke ou qui que ce soit d'autre et ils avaient même trouvé cette rumeur très "capillotractée" d'après leurs dires.

Mais en parlant de regards, Jeffrey n'avait pu s'empêcher de remarquer qu'une Serdaigle le regardait avec insistance. Elle était reconnaissable aisément à sa crinière rousse : Elowen. Le Poufsouffle se demandait bien pourquoi elle pouvait le regarder avec autant d'insistance. Était ce encore à cause de cette fichue rumeur comme quoi il serait trompé par Ennis avec le bibliothécaire ? Il espérait que non, qu'elle n'avait pas pitié de lui... En tout cas il allait être vite fixé car dès le départ de ses potes, l'aiglonne s'approcha de lui avec entrain. S'ensuivit une tirade lunaire, ponctuée par les sautillements enthousiastes d'Elowen. Il aurait pu s’attendre à tout, sauf à cela.

« Salut Elowen. » commença l'anglais, encore un peu sur ses gardes. Mais il ne put réprimer un sourire devant l'intervention de la Serdaigle. Elle était décidément spéciale, mais avec une joie communicative. Et l'anglais en avait bien besoin ces jours-ci. « A moins que je sois daltonien, il est violet ouais. » ajouta le cinquième année en regardant furtivement son t-shirt.

Il s'agissait d'un t-shirt violet, avec des "Ah ah ah" et un "Pourquoi cet air si sérieux ?" écrit en vert fluo dessus. Fan de Comics, Jeffrey avait mis ce t-shirt du Joker comme pour fêter l'arrivée de nouveaux Comics Batman qui devaient arriver demain par hibou. Mais Elowen semblait ne pas du tout s'en être aperçue. L'anglais n'y comprenait pas grand chose mais il avait envie de rire pour se changer les idées. Il rentra alors volontiers dans son jeu.

« Pourquoi pas, faut voir... A condition que tu m'appelles Jeff et que tu m'en dises plus sur Ventoulpe. Et quels seraient mes avantages à être Préfet bien sûr. » dit il en prenant l'air d'un homme d'affaire en pleine négociation.

Phrase soulignée pour la CdC

Il est violet, il est violet, cette nouvelle est merveilleusement réjouissante ! J'ai un grand sourire sur les lèvres, je les tiens bien écartées, bien tendues, bien rigides, c'est que je suis à deux doigts de baver d'émerveillement et ce serait quand même drôlement humiliant.

Mon super copain me fait une sorte de chantage, et, même si maman m'a toujours appris à me méfier de ce genre de manipulation, sur le coup je refourgue cette pensée au fin fond de ma tête et je m'extasie, heureuse.

« Mouaiiiis, mais c'est plus drôle, Geoffroy, ça fait ouvrir la bouche avec un grand O appuyé ! Mais si tu veux, je peux t'appeler Joff, ça fait une chouette compromis, tu trouves pas ? »

Est-ce que je suis totalement en train de me chercher une excuse foireuse pour ne pas avoir à admettre que je galère toujours à me souvenir de son vrai prénom ? Je crois bien, oui. Espérons qu'il ne remarque rien... Et puis, les Pouffy sont connus pour être bienveillants et peu rancuniers, normalement, même s'il remarque mon subterfuge, je n'ai rien à craindre.

« Bon, suis-moi, on va aller se mettre dans un coin isolé, les Ventoulpe, c'est un sujet important. Ça se bâcle pas avec tout ce raffut autour. »

J'attrape - ou essaie d'attraper, dépendant de sa réaction - la main de Jeffrey et le traîne derrière moi, gambadant allègrement en direction d'un coin tranquille de la salle. J'ai le nez levé au vent et je souffle les paroles d'une vieille comptine suraigue qui me fend vite fait le crâne.

« Là, c'est parfait. Bon, déjà, faut savoir que Ventoulpe est la 5e maison officielle de Poudlard. Et que l'histoire a enterré son existence, et refuse qu'elle voie le jour. Il faut se battre pour qu'elle soit reconnue, tu comprends ? Les Ventoulpe, ce sont des battants. Ça me sidère que le Choixpeau n'y envoie jamais personne... Pourtant, sa créatrice a vraiment existé, je te jure ! Regarde autour de toi. »

J'attends quelques secondes.

« Là, hou-hou ? Ici ? C'est MOI, sa somptueuse créatrice. »

Poudlard était de loin l'endroit le plus épatant qu'il avait vu de sa vie. Pour son architecture, ses tableaux et escaliers animés ainsi que ses fantômes bien sûr. Mais humainement aussi c'était en ce lieu que Jeffrey avait rencontré le plus de personnalités différentes de la sienne, parfois étranges, souvent étonnantes. Elowen faisait partie de ces personnes hautes en couleur que l'anglais aurait cru sorti tout droit d'une de ses BD. Clairement la rouquine était différente des autres, chaque mot ou presque sortant de sa bouche énonçant des idées aussi farfelues qu'amusantes.

Le Poufsouffle sourit en acquiesçant, validant ainsi sa nouvelle appellation. La Serdaigle semblait tellement dans son monde qu'il semblait de toute façon vain de vouloir négocier davantage sur le surnom qu'elle lui donnerait.

« Va pour Joff alors. » répondit le garçon en se disant que ce serait de toute façon mieux que Geoffroy.

A peine son aval donné, le cinquième année fut happé par l'aiglonne pour être emmené un peu plus à l'écart de l'agitation qui régnait autour d'eux. L'ancien joueur de Quidditch se laissa faire, trop intrigué par ce fameux Ventoulpe pour résister. Il allait enfin en savoir davantage sur le sujet.

Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'était pas déçu du voyage... A nouveau la tirade d'Elowen fut lunaire et le garçon ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux avec surprise quand sa camarade s'autodésigna créatrice de cette fameuse Maison. L'anglais eut envie d'exploser de rire mais il se retint au dernier moment. Il avait en effet du mal si cette histoire était du lard ou du Ronflak. Elle semblait tellement y croire... Ou alors c'était une grande actrice.

« Donc chez toi l'Histoire, ça remonte à moins de cinq ans si j'ai bien compris. » pouffa néanmoins Jeff, incapable de garder son sérieux. « Tu penses que Loewy complote contre toi ? Pourquoi elle ferait ça ? » questionna le Poufsouffle. Soit Elowen allait se rendre compte qu'elle se faisait des films, soit un nouvel argument surprenant allait sortir de sa manche.

« En tout cas j'ai bien envie d'en savoir plus. C'est quoi les autres qualités des Ventoulpe ? A part qu'ils soient des battants j'veux dire. »

Bazar de cacahuète, on ne l'arrête plus quand c'est à propos de Ventoulpe... Une vraie pie haha ! Courage pour en placer une.

« Non, en fait, tu n'as rien compris. Mais c'est pas grave, je peux essayer de mieux t'expliquer. C'est très compliqué, l'Histoire de Ventoulpe. Peut-être même plus que celle de Poudlard toute entière. Et, pour Poudlard, on a les cours d'Histoire de la Magie, pour comprendre. Pour Ventoulpe, il n'y a que moi et mon court discours. Ca fait peu, pour assimiler tout ça... »

J'apprécie vraiment les efforts que met Joff, il essaie de comprendre, il ne se ferme pas, ne se braque pas, n'essaie pas de me raisonner comme tant d'autres, il s'amuse autant que je m'amuse, il a tout compris à la vie. Si mon copain a un peu de mal à saisir le concept, l'essence de Ventoulpe, c'est parce que Miss Ânesse refuse catégoriquement de donner des cours sur ma maison. De l'évoquer dans ses leçons. C'est un véritable scandale. Moi, je suis certaine qu'il existe des pages à ce propos dans les manuels, et qu'elle choisit volontairement de ne pas nous les faire étudier. En rejetant ainsi une partie extrêmement importante de l'histoire du château, elle prive ses étudiants d'un savoir ancestral incroyablement riche !

« Donc, reprenons. Ventoulpe, ça existe depuis aussi longtemps que les quatre autres maisons. La cinquième personne, elle s'appelait aussi Elowen, Elowen I^ère du nom, jusque-là, tu suis ? Bon. Elle est morte avant les autres, en fait. Et les autres, ben ils ont décidé de la faire disparaître. Mais c'était sans compter sur le génie d'Elowen, qui a réincarné une partie de son âme, celle qu'elle avait consacrée à Ventoulpe, dans moi ! Donc je suis en quelque sorte sa créatrice, tu saisis ? Et je sais pas trop si quelqu'un complote contre moi, non, je pense pas que Miss Kriss soit ce genre de personne. C'est une dame gentille, et même si elle est un peu bizarre quand elle fait des câlins, même si elle a une apparence de condor tout fin, avec sa mèche blanche qui ressemble au cou des condors, elle m'a aidée, des fois ! Elle a même tenu ma baguette magique quand je m'entrainais à tracer des runes, comme un porte-manteau un peu tu vois ? Donc bref, tout ça pour dire que non, je pense pas que ce soit elle, le problème. Mais je sais pas trop ce que ça peut être, alors... »

Joff ne fuit toujours pas, c'est une qualité merveilleuse, ça, chez lui. Il est curieux, passionné, lucide, compréhensif, et même guilleret, je pense sincèrement qu'Ennis La Sucette à l'Anis a de la chance d'avoir ce petit bout de garçon dans sa vie. Il ressemble légèrement à... un petit soleil ? Oui, ce doit être ça ! Un petit soleil.

« C'est les trois V de Ventoulpe : Vérité, Vivacité, et Valeur ! Il faut être vrai, honnête, droit dans ses bottes, juste. Il faut être vivace, actif, positif, volontaire. Et enfin Valeur. Parce qu'il faut toujours suivre ses principes. Et aussi parce qu'il faut être vaillant, courageux, ne pas avoir peur de défendre ses idées, des gens, de faire face à de l'opposition, il faut avoir l'audace d'être soi-même, quoi. Tu as des questions ? Et tu penses que ça te correspond ? Tu aimes ces valeurs ? »

Evoquées dans ce RP : @Ennis O'Belt (Ennis la Sucette à l'Anis), @Kristen Loewy (Miss Kriss), @Áine Lydon (Miss Ânesse)

Jeffrey arqua un sourcil quand Elowen lui dit qu'il n'avait rien compris. C'était peut-être vrai ou bien c'était probablement que seule la Serdaigle pouvait se comprendre. En tout cas le Poufsouffle devait reconnaître que le délire de la rouquine était bien poussé et structuré. Elle aurait limite pu écrire un bouquin entier sur Ventoulpe.

« Ah ouais ? Carrément ! » surjoua Jeffrey quand Elowen lui dit que l'histoire de sa maison était même plus compliquée que celle de Poudlard tout entier. Rien que ça.

Amusé par l'aiglonne Jeffrey se prêta au jeu et écouta studieusement la tirade qu'elle lui assénait. Il failli cependant s'étouffer de surprise quand Elowen lui dit que Mrs Loewy était du genre à faire des calins. Dans l'esprit du Poufsouffle c'était aussi peu probable qu'un Magyar à pointes végétarien. Il se perdit ensuite sur les histoires de runes en porte-manteau et préféra rebondir sur la supposée réincarnation d'Elowen 1^ère du nom. Taquin il rentra dans sa théorie.

« Donc en fait si tu cohabites avec une partie de l'âme d'Elowen première du nom, t'es en quelque sorte un Horcruxe... » dit il avec un sourire en coin.

Plus sérieux il répondit ensuite aux questions d'Elowen-au-carré sur Ventoulpe.

« Euh des questions ? Non, j'crois pas... Ca fait déjà beaucoup d'informations à retenir. Ce sont des très belles valeurs qu'a Ventoulpe. Je sais pas si j'en serai digne. Et puis surtout je suis très attaché à ma propre Maison. Je me verrai pas tourner le dos à celles de Poufsouffle, tu vois ? Comme la Loyauté par exemple. »

Le garçon sourit à Elowen et espérait avoir trouvé là une façon habile de dire que non, il ne serait pas le neuvième préfet de Poudlard. Et qu'il serait avant tout fidèle à Poufsouffle, son foyer depuis cinq ans à Poudlard. En revanche il se garda bien de dire que la théorie Ventoulpe était farfelue car au fond de lui il aimait bien cette création de l'esprit d'Elowen. Et il ne voulait surtout pas faire de la peine à la Serdaigle, qu'il appréciait beaucoup.

Mince, ce que dit mon futur préfet résonne en moi et me fiche la trouille. Un Horcruxe ? Mais oui, évidemment, ça ne peut être que ça ! Mais alors, ça signifie forcément qu'Elowen I^ère a tué quelqu'un, de sang-froid ? Je porte en moi un morceau de l'âme d'une tortionnaire ? C'est juste inenvisageable ! Il va falloir que je mette les bouchées doubles pour sortir les vers du nez à Monsieur Cadenas-Loco-Loco, je veux la vérité sur mon ancêtre !

Je place beaucoup d'espoirs en Joff, mes yeux pétillent et sont grands ouverts, je le regarde, m'attendant à ce qu'il me suive et accepte le poste, que dis-je, l'énorme promotion que je lui propose, mais rien ne se passe comme prévu.

« Leur tourner le dos ? Mais... Mais c'est pas ça... C'est juste que tu correspondrais mieux à une autre maison... Le Choixpeau ignore l'existence de Ventoulpe, il faut qu'on la lui apprenne ! S'il te plaît, accepte... Je t'assure que tu ne seras pas déçu. Tu leur tournes pas le dos, tu t'épanouis ! J'ai vraiment besoin de toi dans ma maison, et aussi du soutien d'un ami... Des fois, j'ai l'impression que les gens se moquent de moi, ne me croient pas quand je leur explique toutes ces choses, et toi t'es pas pareil... Tu es gentil, tu es une personne bien et tu as tout à fait les valeurs de Ventoulpe, et aussi je sais qu'on peut faire un super duo ! Et tu ne seras pas tout seul, on va trouver un second préfet ! S'il te plaît Joff... J'ai même créé un petit badge de poulpe violet à accrocher à ton uniforme... »

Crédits du badge - @Ennis O'Belt :



Evoqué dans ce RP : @Owen Locke : je te tagge parce que ton personnage connait forcément le mien et s'est forgé un avis sur elle. Ça peut te permettre d'imaginer des PR, ou juste d'apporter du background à ton perso et à ses journées au taff, si tu le souhaites ! C'est qu'il rencontre de drôles de spécimens... (PS : oui, le nom hyper chelou, c'est ton perso... Je t'assure !)

Jeffrey constata qu'Elowen avait fait une tête bizarre quand il lui avait parlé d'Horcruxe. Visiblement la Serdaigle n'était pas forcément une adepte du second degré ou alors elle croyait dur comme fer à son histoire saugrenue de Ventoulpe. Et la suite confirma sa théorie.

L'anglais écouta la tirade d'Elowen avec un détonnant mélange d'émotions. Niveau culpabilisation il n'y avait pas mieux mais elle semblait ne pas du tout vouloir cela. Pour fréquenter l'aiglonne depuis quelques temps maintenant au sein de la bande il avait compris que la rouquine était une rêveuse qui disait toujours ce qu'elle pensait. Sa longue tirade semblait donc venir droit du cœur, ce qui rendait encore plus intenable la situation pour Jeffrey. Il n'avait pas envie de faire de la peine à quelqu'un d'aussi gentil avec lui, surtout qu'elle enchaînait les compliments touchants à son égard. Et puis ce n'était pas du tout dans le caractère de l'ancien poursuiveur des Hel's de faire volontairement de la peine aux gens qui ne le méritaient pas, quand bien même ils se montraient envahissant.

« C'est pas forcément que les gens se moquent de toi Elo. » commença l'anglais d'un ton compatissant, même s'il pouvait mettre sa baguette au feu que la plupart des élèves devaient effectivement se payer la tête de la Serdaigle. « Mais tu... »

L'anglais s'interrompit en voyant le badge tendu par Elowen. Sa pote était touchante assurément et il avait aussi un peu de peine qu'elle soit ainsi rejetée par tout le monde dans son délire. Mais en même temps s'il commençait à lui donner de l'espoir maintenant elle ne le lâcherait plus et il lui ferait encore plus de peine après... Jeffrey savait ce qu'il devait dire mais en voyant la mine implorante de la rousse, il n'était pas sûr de ne pas flancher au dernier moment.

« Merci Elowen, c'est vraiment sympa tout ce que tu m'dis. Ce serait un honneur d'être ton préfet mais... J'ai pas trop le temps tu vois en ce moment. Et si ta Maison est aussi géniale que tu le dis elle mérite un préfet dévoué et à plein temps. Et puis ça fait cinq ans que je suis à Poufsouffle, c'est un peu ma famille maintenant tu comprends ? »

Le britannique afficha une moue désolée, regardant le badge créé avec un certain brio par Elowen.

« En tout cas bravo pour le badge, il est super réussi. Si tu veux je peux t'aider à trouver un préfet à ma place pour me faire pardonner ? »

Il espérait tellement ne pas avoir trop peiné sa pote que Jeffrey n'avait pu s'empêcher de l'aider un peu dans sa recherche du neuvième préfet.

Je me prends la réflexion de Joff en pleine poire, tout à coup il n’est plus celui en qui je fais confiance, celui que j’apprécie, il devient cet autre qui me méprise. Des « ce n’est pas de ta faute mais », j’en ai entendu des tas, ils me font du mal. Les gens qui le disent essaient d’atténuer la vérité – ou du moins ce qu’ils croient être vrai – en vous enfonçant encore plus loin. « Ce n’est pas de ta faute Elo, ce n’est pas que tu es bizarre, c’est juste que personne ne te comprend. Ce n’est pas que tu es mauvaise à l’école, c’est juste que tu n’arrives pas à connecter tes neurones. Ce n’est pas que tu es dans ton délire, c’est que tu fiches la trouille à tout le monde. Ce n’est pas que tu es moche, c’est que t’as de l’acné plein la tronche et ça te rend sale. » Je ne sais pas si les remarques que je reçois pourraient s’apparenter à une forme de harcèlement, direct ou indirect, quoi qu’il en soit je ne les vis pas bien. Et là, ce que dit Joff, c’est pire que tout. Il ne termine pas sa phrase. Ça veut tout dire et rien dire. Les autres ne se moquent pas forcément de moi, mais « je ne fais rien pour améliorer mon cas, ma tête les fait marrer car je suis ridicule, etc ». C'est ça qu'il a pensé. Je recule un peu, blessée, et consciente d’avoir trop envahi l’espace personnel de celui que je croyais être mon copain. Je regrette de m’être confiée. Ventoulpe est très important pour moi, je n’aurais pas dû lui donner plus de matière pour qu’il se paie ma tête.

A cet instant, j’ai envie de disparaître sous terre. Je m’en veux de n’avoir pas perçu les signaux, je m’en veux de l’avoir importuné, de lui avoir fait perdre son temps.

« Je… Je comprends, oui. Je suis désolée Jeffrey. J’ai mal compris ce que tu me disais, je suis vraiment désolée et j’espère que tu pourras me pardonner et je ne t’embêterai plus. »

Malgré ce qu’il me dit, je ne peux m’empêcher de me dire que cet être humain possède tout de même beaucoup des qualités de ma maison. Je secoue la tête très vite comme pour faire disparaître cette pensée et me faire un peu moins souffrir.

La proposition qu’il me fait ensuite me perturbe beaucoup. De l’aide ? Il me propose de l’aide ? J’ai tellement envie de croire qu’il est sérieux, et pourtant je doute. Je m’apprête à accepter avant de me raviser, la mine attristée.

« Oh, c’est vrai, tu penses que tu pourr... non. Rien. Merci, je peux les trouver toute seule, je suis forte, j’ai des gros biscotos, regarde. – Je lui présente mes biceps mous et pendouillants. - Et tu n'as rien à te faire pardonner. Tu m’as déjà assez aidée, et je suis désolée si je t’ai inspiré de la pitié, et ça recommencera plus. Mais juste… S’il te plaît… ce que je t’ai dit, le raconte pas, dis rien à personne… »

Je sens les larmes me monter aux yeux : j’ai tellement peur que ce soit utilisé contre moi. J'ai beau faire comme si je ne voyais rien, comme si les regards, les remarques, les moqueries ne m’atteignaient pas, ce n’est qu’une façade. Au fond, je suis juste blessée. Blessée que presque personne ne m’accepte ou ne me comprenne. Je me sens seule dans mes idées, et c’est un peu blessant, de continuer à rechercher l’approbation des autres alors que je sais bien que c’est une cause perdue d'avance.

Le changement d'attitude chez Elowen fut spectaculaire et difficile à ne pas remarquer. Visiblement Jeffrey l'avait vexé en refusant d'être le préfet de sa maison Ventoulpe. Le fait qu'elle l'appelle pour la première fois par son prénom depuis qu'ils s'étaient rencontrés signifiait clairement qu'elle mettait soudain une distance entre eux. L'anglais culpabilisa instantanément en songeant qu'il aurait peut-être pu rentrer un peu dans son délire, car après tout cela ne faisait pas de mal. Mais en même temps elle semblait tellement croire dur comme fer à son histoire... Le Poufsouffle était persuadé qu'il n'aurait pas pu se dépêtrer facilement de tout ça par la suite tant l'enthousiasme de sa pote pouvait déborder parfois. Mais dans le cas présent la Serdaigle se confondait en excuses qui n'avaient pas lieu d'être.

« T'excuses pas Elo, s'il devait y avoir des excuses ce serait plutôt à moi de le faire. Et tu m'embêtes pas, je t'assure ! » avait alors dit le britannique pour montrer à l'aiglonne qu'il était sincère.

Mais même sa proposition de l'aider dans la recherche de la personne qui serait le neuvième préfet à sa place fut rapidement balayée par Elowen. Jeffrey sourit légèrement en voyant la rouquine exhiber ses biscotos aussi ferme qu'un bol de gelée. Mais les mots suivants firent totalement perdre le sourire à l'anglais en voyant que sa camarade était profondément blessée, encore plus qu'il ne le pensait.

« Elowen, je t'assure que tu m'inspires pas du tout de la pitié. J'ai jamais pensé ça de toi, je t'aime bien en plus je pensais que tu le savais... C'est juste que je préfère pas accepter un rôle qui ne correspond pas à mon caractère et pour lequel j'aurai pas trop de temps à consacrer. Et je te promets que je dirai rien de tout ça à personne si tu le veux. Tu peux avoir confiance en moi. » ajouta l'ainé des Hunter en posant sa main droite sur l'avant bras de la Serdaigle.

Le Poufsouffle voyait un Elowen un trait de caractère, une candeur, qu'il décelait chez une autre personne qu'il appréciait beaucoup. Comme elle il était souvent dans son monde, sa logique. En réalité il l'admirait car comme Elowen il avait ses idées, sa personnalité bien à lui et semblait toujours positif et bienveillant. Jeffrey aurait aimé que la rouquine voit réellement tout le bien qu'il pensait d'elle mais il sentait qu'elle était trop sur la défensive pour réussir à la convaincre. Mais pour prouver sa bonne foi, le grand brun ne partit pas et montra qu'il était bien déterminé à l'aider.

« Tu me fais penser à un de mes meilleurs amis. Et je l'admire pour sa façon d'être et de penser. Il est un peu comme toi, aussi gentil et créatif que toi. Je suis sûr qu'il serait le parfait préfet pour Ventoulpe... » dit Jeffrey en souriant et en marquant une pause avant de soumettre sa proposition. « Tu connais Elian Kernac'h ? »

493 mots - @Elian Kernac'h pour la mention