Fait suite à ce RP. En raison du bal d'Halloween, le couvre-feu est reculé à 23h.



Les deux adolescents avaient promptement quitté la Grande Salle, côte à côte, pour des raisons étonnamment similaires — bien que le garçon ne l'aurait admis pour rien au monde. Leur trajet silencieux ou presque les mena tout d'abord jusqu'à la salle commune de Poufsouffle où ils firent escale pour récupérer un manuel d'astronomie avant de reprendre leur route. Ils grimpèrent les escaliers mouvants, plus facétieux encore ce soir-là qu'ils ne l'étaient usuellement — fêtaient-ils Halloween à leur propre manière ? — causant des soupirs exaspérés au plus bougon des deux comparses. Étage après étage, ils progressèrent néanmoins sans autre réel accroc qu'une volée de marches taquine qui refusa de laisser avancer la plus amusée des deux comparses pendant six petites minutes, allant et venant entre deux paliers sans lui accorder de monter les derniers mètres restants. Enfin arrivés, ils débouchèrent en haut de la grande tour dont ils ouvrirent la trappe vers l'extérieur et sortirent dans la nuit fraîche.

Edmund avait été particulièrement peu loquace durant les pérégrinations jusqu'au sommet, plus encore que d'habitude. Deryn savait souvent lui tirer des conversations, et il n'était pas rare qu'il se retrouve à discuter longuement avec elle alors qu'il avait délibéré qu'il n'était pas d'humeur à communiquer, mais ce soir-ci, les claquements sonores des chaussures sur les pierres avaient été les seuls sons échangés. Peut-être était-elle, elle aussi, peu encline à cela. Ou peut-être pas. Il était difficile de savoir avec la jeune fille.

L'Anglais exhala un soupir soulagé, premier depuis qu'ils avaient quitté la Grande Salle, au sentir du doux froid qui emmitouflait la terrasse. Derrière lui étaient la cohue du bal, la chaleur des centaines de personnes se cognant les unes dans les autres, le brouhaha et les escaliers farceurs — ce dernier mot était, à cet instant, une insulte plus qu'un qualificatif. Seuls restaient le vent léger, l'espace vide et le silence.

Tout autre soir, le garçon aurait prit quelques secondes, une simple poignée, pour profiter de ces petits plaisirs. Il se contenta de marcher vers le centre de la terrasse, traits à peine moins fermés : la colère n'était pas un phénomène familier pour lui, aussi n'avait-il ainsi jamais appris à la gérer. Elle demeurait, non plus flamme vive, mais un tison qui contrait aisément l'air d'automne.

Mais il n'était pas là pour penser à cela, il avait accompagné Deryn pour... l'aider en astronomie — que cela lui permette d'éluder les raisons de son départ du bal n'était que purement fortuit.

- Où veux-tu t'installer ? s'enquit-il, mécontentement visible sous le masque de la courtoisie. Et pour quelle constellation voulais-tu de l'aide déjà ?

@Deryn O'Connors

Deryn avait quitté ou plutôt fuit la grande salle en compagnie de son ami. Même s'il ne semblait pas franchement de bonne humeur pour des raisons que l'irlandaise ne comprenait pas totalement, elle préférait aller regarder les étoiles en sa compagnie plutôt que de regarder Chems danser comme il le faisait avec l'autre Gryffondor. C'était stupide bien sûr. Chems était formidable et avait donc forcément des amis nombreux mais que cette rouge le prenne pour un pantin... Certes, c'était un déguisement mais c'était très agaçant tout de même et Deryn n'aimait pas être énervée de la sorte. Elle s'agaçait elle même parfois.

La Poufsouffle profita du passage complexe dans les escaliers pour se débarrasser d'une bonne partie de son déguisement, ne gardant qu'une grande liane de lierre en guise d'écharpe. Au terrier, en plus de son livre d'astronomie elle avait attrapé de quoi dessiner ainsi que quelques chocolats sauteurs bien rangés dans un bocal. Avant de repartir, elle avait fini par autoriser Tim à se glisser dans la poche de sa cape.

Les deux adolescents arrivèrent au sommet des hautes marches un peu essoufflés comme d'accoutumée mais Deryn retrouva son sourire en passant la porte donnant accès à la plateforme d'observation. La nuit était froide mais belle. La lune éclairait d'une drôle de lueur les alentours donnant au parc de Poudlard une image parfaitement raccord au thème de la soirée, Halloween. Les nuages qui se promenaient tels des voiles dans le ciel étoilé dessinaient des ombres sur les reliefs et les arbres, donnant l'impression que de sombres fantôme parcouraient les lieux.

Deryn observait le paysages en silence. Elle s'était approchée sans s'en rendre compte du bord de la terrasse et finit par poser ses avant bras sur la pierre froide puis par poser son menton sur ses mains jointes. Tim en profita pour grimper le long de son humaine pour se hisser sur les pierres et lui aussi profiter de la vue. Enfin, profiter... Deryn se demandait parfois quelle perception du monde pouvait avoir son botruc. Voyait-il de loin ? De près ? En couleur ? En noir et blanc ?

La voix d'Edmund la sortit de ses réflexions totalement à l'opposée de ce qu'elle était venue faire à la base, observer les astres. Elle sursauta presque en se retournant.

"Euh... Celle qu'on a essayé de voir lundi soir... attend."

Deryn ôta la lanière de son sac de son épaule avant de le poser sur le sol pour l'ouvrir. Elle en sortit son manuel d'astronomie. Le petit marque-page laissé quelques jours plus tôt allait sans doute l'aider.

"Orion ? Oui, c'est ça. Il me manquait des bouts. J'ai pas réussi à voir toutes les étoiles que nous a cité Monsieur Lorenti et mon dessin ne ressemble à rien."

Pour preuve elle sortit le croquis réalisé le lundi soir pendant la séance. Il est vrai qu'on ne voyait nulle trace du soit disant G de l'hiver. Deryn avait fait les recherches demandées à la bibliothèque et recopier les noms des principales étoiles qui formaient la célèbre constellation mais ça ne l'avançait pas beaucoup plus.

Edmund hocha la tête sèchement en réponse à Deryn. Oui, il se souvenait bien du dernier cours sur Orion. La constellation n'était pas difficile à trouver en soi, et encore moins lorsqu'on disposait de télescopes magiques. C'étaient les étoiles formant le grand G de l'hiver qu'il avait eu plus de mal à trouver lors du cours, et Aldébaran, notamment, lui avait résisté suffisamment longtemps pour qu'il quitte la salle grand dernier.

- Ah oui, celle-là. Puis-je voir ton croquis ?

Joignant le geste à la parole, il s'était penché au-dessus de son amie pour observer le dessin qu'elle tenait et fronça les sourcils. Il... ne comprenait pas ce que le dessin était censé représenter. Pendant une bonne trentaine de secondes, Edmund parcourut le parchemin des yeux, tantôt s'éloignant tantôt se rapprochant, le regardant dans un sens puis dans l'autre mais rien n'y faisait : il n'avait aucune idée de ce que son amie avait tenté de reproduire.

Objectivement, le dessin de Deryn était de qualité acceptable. Certes, certaines étoiles qui auraient dû être alignées ne l'étaient pas vraiment. Certes, les distances n'étaient pas toujours respectées et Castor et Pollux, notamment, étaient presque aussi éloignées l'une de l'autre que Capella et Aldébaran alors qu'elles auraient dû être collées l'une à l'autre. Certes, enfin, certaines étoiles manquaient et d'autres avaient été dessinées alors qu'elles ne faisaient pas partie de celles que leur professeur leur avait indiqué de représenter. Néanmoins, en ayant en tête que sur un dessin il est naturel de trouver de petits accrocs et en faisant preuve d'un peu de souplesse, la légende et les annotations écrites sur le travail suffisaient amplement à la compréhension.

« Souple » n'était cependant pas un adjectif que l'on aurait pu attribuer à Edmund, ce soir-là encore moins que d'accoutumé. Au lieu de comprendre que certains alignements étaient plus anguleux qu'il n'auraient dû l'être, il s'imagina que c'était la mauvaise constellation qui était dessinée. Plutôt que de supposer que Deryn avait pu se tromper un peu sur les échelles, il crut qu'elle avait confondu Castor avec l'étoile Mahasim de la constellation du Cocher. Enfin, s'il savait que certaines étoiles manquaient grâce à ce que lui avait annoncé Deryn, le fait de ne pas savoir lesquelles manquaient le confrontait à une myriade d'inconnues qui complexifiaient encore le problème. En somme, il était complètement perdu, bloqué sous un ciel étoilé qu'il ne parvenait pas, à raison, à calquer sur celui dont il se souvenait lui-même.

- Euh... je... je vois pas là. C'est, c'est censé être... Où est Orion sur ton... enfin elle est là j'imagine — y a écrit "Orion" juste là après tout — mais... quoi ?

Edmund s'efforça de déchiffrer le parchemin encore quelques temps avant d'abandonner l'idée de tout retrouver de mémoire. Il glissa une main dans sa poche, de laquelle il produisit son propre travail. Sur la feuille de parchemin se trouvaient une représentation plutôt fidèle de la constellation d'Orion avec le nom de chacune de ses étoiles, ainsi que les étoiles Sirius, Procyon, Pollux et Castor, Capella et Aldébaran, reliées par des pointillés à Bételgeuse, Bellatrix et Rigel pour mettre en valeur le fameux G de l'hiver. Son regard sauta de son dessin à celui de Deryn quelques temps, avant qu'il ne souffle sèchement et s'adresse finalement à sa camarade.

- Euh, bon je ne comprends pas trop ton dessin, mais on pourrait toujours recommencer de zéro : j'ai mon dessin pour servir de base (normalement tout est juste) et je crois savoir où se trouvent les étoiles donc on devrait pouvoir les retrouver sans trop de problème avec un télescope.

Sa voix, au ton peu amène, ne laissait pas paraître la présence d'une quelconque question, mais il releva tout de même les yeux vers Deryn, attendant son assentiment avant de continuer.

Ahem, ahem, ceci n'est pas du tout un retard de presque six mois, tu n'as aucune preuve ! (désolé )

Le ton que prit Edmund n'annonçait rien de bon. Son dessin était si mauvais que ça ? Deryn fronça les sourcils, tandis que son camarade commentait son œuvre. Certes, il manquait des bouts mais... ça allait non ? Visiblement non. Quand Edmund lui tendit son propre croquis, l'irlandaise éclata de rire.

"Comment tu fais pour voir tout ça ? Moi je n'y arrive pas. Je vois juste... un truc merveilleusement beau mais je n'y trouve jamais le moindre ordre. Ou alors... peut-être que je n'ai pas envie de l'ordonner. Tu as raison, je vais recommencer sinon, je vais écoper d'un P voire pire. L'adolescente sortit donc un parchemin vierge de son sac et sa boîte à crayon. Elle se mit cependant à frissonner. Bon par contre, il fait plus chaud quand Monsieur Lorenti fait son truc de chaleur au dessus. Non de non, ça caille."

Elle refourgua son bazar à son ami, lui demandant de le tenir un instant et sortit sa baguette. Elle pointa ensuite le creux d'une pierre entre eux deux. Le sol était humide mais normalement, ça ne changerait rien. Quelques vaguelettes plus tard, des petites flammes bleues s'élevèrent doucement. Comme ça, ils seraient mieux.

"Par quel bout il faut commencer pour respecter... les positions de tout le monde. Tu les vois vraiment comme dans le ciel ?"

Elle leva le nez vers les astres pour tenter de repérer la fameuse constellation.

Edmund souleva un sourcil aux propos de son amie. Peut-être n'avait-elle pas envie de l'ordonner... ? Qu'entendait-elle par cela ? Pour commencer, ce n'était pas comme si le ciel allait magiquement se désordonner si elle décidait d'ignorer ses schémas et figures. Et ensuite... comment pourrait-on ne pas vouloir ordonner les choses ? La vie n'était-elle pas tellement plus simple lorsque tout était classé, méthodiquement rangé, scrupuleusement aligné et étiqueté ? La majorité des problèmes, des dangers, des erreurs ne venait-elle pas du chaos et de l'imprévisible ? Comment — et pourquoi — pourrait-on préférer l'angoisse de l'inconnu au calme du maîtrisable ?

L'ordre est beau. Il est tranquille et rassurant. Il n'effraie pas. Ne déçoit pas. Il n'est ni source de colère, ni de ressentiment ou de rancœur. Il est, et en cela il est simple. Contrairement aux gens.

Deryn eut la sympathie de sortir Edmund de ses pensées avant que celles-ci ne glissent dangereusement en direction de l'altercation avec Eugène et son amie quelques minutes plus tôt dans la Grande Salle. Du sol s'élevaient une douce chaleur et la flamme qui en était à l'origine, aussi bleue que la Maison de l'amie d'Eugène. Edmund fronça le nez sans le noter.

- Oui, répondit-il peu d'abord, peu loquace. Il finit par continuer, ton parchemin représente le ciel. Enfin, une partie du ciel. Il faudrait un parchemin significativement plus grand pour représenter le ciel tout entier. Enfin, pas juste plus grand, il faudrait aussi qu'il soit rond et pas carré, puisque de là où on est le ciel forme comme un cercle. Enfin, un disque. Quoique j'imagine qu'on pourrait juste couper un parchemin carré pour faire un disque.

Le garçon demeura quelques secondes silencieux, comme pondérant ses propres propos, avant de secouer la tête avec agacement et de se reprendre.

- Mais bref on s'en fiche, ça a rien à voir avec le sujet là. Ton parchemin, représente le bout de ciel qui t'intéresse et voilà. Les étoiles que tu dessines dessus doivent avec les mêmes écartements que ce que tu vois dans le ciel et puis c'est tout. Tu fais du copié-collé des étoiles qui t'intéressent, c'est rien de bien sorcier.

Sans regarder si son amie suivait sa pensée, il enchaîna dans la foulée :

- Le plus simple, du coup — de ce fait, se corrigea-t-il avec un claquement de langue contrarié, est de commencer par la constellation d'Orion. Elle est facile à voir, ça fait un sablier, et ses trois étoiles centrales immanquables, même à l'œil nu — c'est la fameuse ceinture d'Orion dont Mr. Briggs nous avait parlé en classe, tu sais. Par exemple là ce soir elle est...

Edmund scruta le ciel en quête du petit trio stellaire qu'il savait presque impossible à ne pas trouver. Elles étaient lumineuses, agencées d'une manière extrêmement reconnaissable, et pouvaient même, en cas de doute affreux, se retrouver à partir du positionnement d'autres constellations que même le premier néophyte saurait reconnaître à partir d'une description vague. Pour un élève qui avait suivi les cours d'astronomie avec sérieux comme l'avait fait le Poufsouffle, pointer la ceinture d'Orion du doigt était une sinécure.

Il n'y parvint pas.

Il observa le ciel pendant une dizaine de secondes sans la voir ; chercha Canis Major à partir de laquelle il savait qu'il était possible de retracer un chemin jusqu'à la ceinture, avant de se rappeler qu'il se fourvoyait et que c'était l'inverse qui était vrai ; partit en quête des étoiles du G de l'hiver dont ils avaient parlé en classe : il n'en retrouva aucune trace.

Le ciel ordonné et droit qu'il avait maintes fois observé en cours lui était inconnu, chaotique, aussi surchargé de monde que la Grande Salle.

- 'fin elle est quelque part quoi, lève les yeux et tu la trouveras c'est pas compliqué.

D'autant plus énervé qu'il était honteux — d'autant plus honteux qu'il se sentait stupide — Edmund s'assit en tailleur sur le sol, le front reposant sur ses mains, les coudes sur les genoux, les yeux fixés sur les pierres froides de la terrasse.

Deryn se laissa aller en arrière, jusqu'à poser sa tête sur son sac, désormais allongée sur le sol, elle pouvait réellement observer le ciel. Elle suivait avec intérêt les informations que lui donnait Edmund. En vérité, quand Edmund parlait, c'était un peu comme quand le prof d'astro parlait. Elle comprenait bien ce qu'il voulait dire, c'était limpide mais une fois qu'elle regardait là haut, les choses lui paraissaient beaucoup moins claires. Elle ignora la pointe d'agacement plus que perceptible dans la voix de son ami. Deryn n'était pas particulièrement douée pour consoler les gens et Ed... Il ne semblait pas à Deryn que Ed aimait particulièrement les câlins et ce n'était peut-être pas plus mal. Elle allait le laisser ruminer un peu et sa bonne humeur reviendrait.

"Tu sais Edmund, tu pourrais être prof si tu voulais. Tu expliques bien. Désolée d'être une mauvaise élève."

Elle chercha un moment en silence parmi la multitude de petits points lumineux quelque chose correspondant un peu au moins à la description de son ami. Enfin, elle repéra trois points lumineux proches et son sourire s'agrandit.

"Oh ! s'exclama t'elle en pointant le doigt vers le ciel. C'est ça ? Les trois points là et les deux de chaque côté un peu en décalé ?"

Oui, en observant comme ça, ça pouvait faire un sablier. Deryn était soudain terriblement fière d'avoir réussi à voir un truc dans cette multitude. Elle n'osait plus quitter les 7 points lumineux des yeux de peur de les perdre à nouveau. Cependant, le froid la força à bouger et elle se redressa, constatant que c'est flammes bleues s'étaient doucement éteintes.

"On va mourir gelés Ed."

Elle resserra son écharpe et sortit sa baguette avant de pointer le sol non loin d'eux. Quelques instants plus tard une jolie flamme bleue dansait de nouveau dans la nuit, réchauffant légèrement l'air autour d'elle.

Moi, professeur ? répéta mentalement Edmund, parfaitement stupéfait. Il se tourna va sa camarade qui observait tranquillement la voûte céleste, bouche bée.

Lui, professeur ? C'était complètement insensé. Les professeurs étaient des êtres pleins de savoir, disposant d'une quantité de connaissances absolument formidable capable de rivaliser en clarté et en précision avec tous les livres de la bibliothèque. Ils possédaient toujours la réponse à la moindre question, savaient offrir des indications quand les élèves étaient incertains et les guider vers la solution qui les éludait. Comme son père, ou Professeur Priddy, ou Professeur Lynch. Edmund n'était qu'un pauvre petit élève de troisième année. Il n'était rien de tout cela. Il n'arrivait même pas à expliquer correctement où se trouvait Orion à son amie.

C'est à cet instant, alors que le Poufsouffle s'apprêtait à faire remarquer à son amie qu'elle se fourvoyait, que le destin, de cette ironie qui lui est propre, décida de s'amuser un peu et que Deryn pointa le ciel avec une forme d'excitation. Elle avait trouvé Orion. L'Anglais suivit immédiatement du regard la partie de ciel qu'elle indiquait mais ne trouva rien. Il est vrai qu'il est toujours difficile de bien comprendre ce qu'une autre personne pointe du doigt en observant le ciel. Il réprima un soupir bougon et se força plutôt à voir le positif : au moins Deryn avait-elle repéré la constellation qu'elle cherchait.

- Bon, t'as trouvé Orion, super, la félicita-t-il platement en ignorant résolument la flamme bleue et le froid qui dansaient au sommet de la tour. Alors maintenant, regarde les sommets du sablier. Ceux en haut à gauche, en haut à droite et en bas à droite vont représenter le centre du G majuscule, tu sais, l'angle qui est en plein milieu de la lettre. Maintenant, en partant du sommet en bas à droite d'Orion, imagine que tu traces une ligne qui part un peu en diagonale vers la gauche et un peu vers le bas. Tu devrais trouver une étoile très lumineuse : c'est Sirius, la prochaine étoile du grand G. Si tu cherches autour d'elle tu devrais pouvoir retracer la constellation de... du... Petit Chien ? Ou c'est le Grand Chien peut-être ? Je ne sais plus, 'fin, une des deux quoi.

Pendant que Deryn cherchait Sirius, le garçon laissa ses idées aller et venir au rythme du crépitement de la petite flamme qui luttait difficilement cotre le froid. La couleur bleue du feu orienta ses idées vers la Serdaigle insupportable qui s'était complètement gluée à Eugène et avait parasité leur soirée. Il ne put finalement plus se retenir et se sentit forcé de sortir ce qu'il avait sur le cœur.

- Elle était vraiment insupportable l'autre aiglonne là quand même, tu trouves pas ?

Bon... elle avait confirmation, Ed parlait maintenant comme le prof d'Astro, enchainant les noms et les repères. Deryn avait de nouveau perdu le fil. Elle plissa les yeux afin de se concentrer et répéta mentalement les paroles de son ami pour tenter d'identifier les astres lumineux. Alors... En haut à gauche, en bas à droite et en haut à droite... Ouais toutes les étoiles quoi. Le G au centre et le bas à droite d'Orion... La Poufsouffle soupira intérieurement, ne voulant pas vexer son professeur du soir. Il faisait ce qu'il pouvait dans le fond. C'était elle la cancre des étoiles.

"Je crois que c'est mort pour ce soir. Je me perd trop dans tous ces petits points lumineux. Je vais... Oh ! Je sais ! Je vais me faire un cadre d'observation ! Comme ça, je pourrais me concentrer uniquement sur ce qu'on voit à l'intérieur du cadre au lieu de me disperser. Oui ! Je vais faire... Qui ?"

Deryn, perdue dans ses étoiles et ses grand projet de bricolage, revenait soudain à la réalité en entendant les paroles de son camarade. Elle délaissa donc les étoiles pour observer le petit brun à côté d'elle.

"La Serdaigle ? Ouais, je la connais pas vraiment. Je pensais que vous la connaissiez. Après elle n'avait pas l'air méchante et... Eugène aussi était un peu bizarre. Pourquoi... Pourquoi il a dessiné sur ta main au milieu de tout ? C'était quoi son problème ? Tu ne lui avait rien fait si ?"

Après tout, peut-être que, en fait, Ed avait fait un sale tour à Eugène sous la table. Ils étaient assis cote à côte. Peut-être qu'ils se mettaient des coups sous la table ?