Le jour J était arrivé. La lettre était là, dans tes mains. Tu étais fébrile. Tu refusais d'ouvrir cette lettre, peut-être parce que cela rendrait tout plus réel et officiel. Mais, dans le fond, qu'est-ce que ça changeait ? Tu savais déjà ce que contenait cette lettre, et tu savais aussi que ne pas la lire ne changerait rien à la décision qui avait été prise. Au moins tu avais réussi à négocier avec ton père : tu restais à Poudlard si tu passais l'entièreté de toutes les vacances scolaires à Londres...

Tu t'étais rendu sur le terrain d'entraînement. Cet endroit te rappelle tes cours de vol, être sur un balai, et c'est là haut que tu te sens bien : dans les airs. Cela faisait au moins une heure que tu étais assise dans le froid à observer le terrain. Tu ne voulais pas, vraiment. Malgré tout, tes doigts finirent par déchirer l'enveloppe pour en sortir le papier tant redouté. Papier que tu déplias lentement. Puis tes yeux se posèrent sur l'écriture. C'était une copie de la lettre officielle.

Tes larmes coulaient sur tes joues glacées par le froid de janvier. Et voilà. C'était fait. Il avait eu ta garde, et maman t'avais perdue. Il avait gagné. Qu'est-ce qui allait se passer maintenant ? Tu n'avais même pas la force d'être en colère contre lui. A quoi bon de toute façon ? Cela faisait des années que tu étais en colère, et il refusait de le voir. Cela ne changerait rien.

Tu avais l'impression que le sol se dérobait sous tes pieds. Que ton monde s'écroulait. Heureusement que tu avais eu l'idée de t'asseoir, sinon tu te serais écroulée. Tu vivais maintenant à Londres. Dans cette maison trop grande pour toi, dans ce monde - leur monde - qui ne voulait même pas de toi. Et le comportement d'Helena et Enola, il allait falloir que tu le supportes constamment ? Comment avaient-elles réagis en apprenant la nouvelle ? Oh elle n'avait pas dû être ravies... Et elles te le feraient sentir. A chaque minute, à chaque seconde, elles te montreraient que tu n'es pas la bienvenue, que tu n'es pas de la famille, que tu es juste une erreur qui vient troubler leur tableau de la famille parfaite. Tu avais peur de ce qu'elles allaient te faire maintenant.

Oui, tu avais peur.

Aurais-tu la force de te battre cette fois encore ?