Peut-être que Finn n'a ni les yeux ni les muscles en face des trous. Cela fait plusieurs semaines qu'il se cognent partout où il va. Tiens, rien que ce matin au petit-déj dans la Grande Salle : quand il s'est levé du banc, ses jambes ont cogné la table ! Et puis niveau sommeil, il peut battre un Monaflèmit magique. Heureusement que ses cam'rades de dortoir sont là pour le secouer. Ils forment une belle paire de bras cassés, tous ensemble. Entre les cauchemars de Kenyo et la demi-présence fantômatique de Jacob...

Mais s'il est là, le poing en suspens devant la porte de l'Infirmerie, ce n'est pas pour son sommeil, c'est pour les douleurs intenses dans le dos que le cours de Vol a réveillé. Il s'est retenu de demander à Mason de descendre de son balai et a lutté de toutes ses forces pour ne pas pleurer. Il ne sait pas ce qu'il se passe avec ses vertèbres - et le pire, ses omoplates - mais quelque chose ne tourne pas rond.

Le Deuxième Année a du aussi se résoudre à venir ici. Bien sûr, il était déjà venu. Pour voir Jacob, pour prendre des nouvelles de son ami si important et si amoché et une fois sans vraiment le vouloir alors qu'il avait un sacré rhume remontant dans le cerveau (draguer sa capitaine de Cheerleading quand même, il faut avoir un sacré coup au ciboulot. Ou pas. C'est en cours de réflexion). Mais là, c'est pour lui et conscient de ses pas tapant les pierres grises qu'il vient.

« Monsieur... ? », demanda-t-il en toquant à la porte.

Après l'affluence du dimanche - à croire que certains s'interdisiaent de venir sur leur temps de cours ou préféraient Pré-au-Lard plutôt que de venir se soigner - ce lundi lui paraissent presque calme. Presque. Parce qu'il n'avait pas de quoi s'ennuyer non plus. Des courriers à préparer et faire partir. Vérifier quelques dossiers médicaux sur les conseils de Miss Lloyd, certains adolescents étaient abonnés à l'infirmerie d'après elle. Et il devait trouver un moment pour aller parler à Angie aussi. Et quelque chose lui disaient que ce n'était pas de cinq minutes dont ils auraient besoin pour échanger sur les jeunes qu'elle suivait et qui pourrait avoir besoin d'une prise en charge de sa part.

Il travaillait donc à son bureau, plusieurs dossiers empilés sur le bureau à sa gauche, l'un étant ouvert pour pouvoir le consulter. Une fois fait, soit il rejoignait la pile de droite pour y revenir ultérieurement, soit il le faisait léviter jusqu'à l'armoire s'il ne voyait rien de notable. Ce fut le bruit d'un poing qui venait doucement frapper la porte ouverte du bureau qui le tira de sa lecture. Il releva la tête en refermant le dossier pour découvrir dans l'encadrement de la porte un préadolescent dont l'uniforme indiquait son appartenance à Gryffondor.

- "Oui? Entrez et asseyez-vous. Comment vous appelez-vous et qu'est-ce qui vous amène?" L'accueillit Diarmuid en prenant soin de déplacer tous les dossiers sur un guéridon, hors de portée et de vue du garçon.

- "Oui? Entrez et asseyez-vous. Comment vous appelez-vous et qu'est-ce qui vous amène?"

Finn ouvre plus grand la porte et fait quelques pas incertains dans le bureau. Des dossiers, partout, mais vraiment partout sont éparpillés en piles gigantesques. Le jeune garçon écarquille les yeux et sa bouche s'entrouvre, lâchant dans un souffle un « Waw » mi-choqué mi-admiratif. En soi, s'il n'est jamais venu auparavant de lui-même à l'Infirmerie, c'est parce que ça lui fait un peu peur. Rien que voir les pyramides avec dedans tout plein d'infos sur les élèves, et les potions que devait concocter l'infirmier souvent, c'est effrayant. Effrayantes aussi devaient être les connaissances de l'homme devant lui, un gouffre de formulations compliquées.

Il s'avance et se présente enfin.
« Infini Parker, en Deuxième Année. » Il marque une pause et montre avec fierté en souriant son uniforme (sentant à peine la transpiration du cours précédent, hum hum) rouge. « Gryffondor ! » Puis, il hoche la tête vers le fauteuil, demande silencieuse de permission de s'asseoir. Mais finalement il n'attend pas la réponse et se laisse tomber. Tout en cognant sa hanche contre le bureau d'O'Belt, on ne sait pas trop comment. Il cherche quelques secondes une position confortable pour ses muscles endoloris et finit le coude sur le bord, la tête dans la main, position parfaite pour étirer son dos. De l'extérieur, c'est juste une attitude extravagante et un peu rebelle.

« Euh, je crois que j'ai un petit problème... », annonce Finn. « Bon, déjà je me cogne vraiment dans tous les meubles, mais vraiment-vraiment. » Il tapote doucement le bureau là où sa hanche a tapé, en guise de réconfort au bois. Après tout, il pouvait avoir des sentiments, déjà qu'il porte toutes ses feuilles ! « C'est ptet de la fatigue ou de la myopresbytie mais ça, c'est pas grave ! Par contre mon dos... Je crois que j'ai une créature dans le dos. », termine-t-il en reniflant, la mine gênée.

Je me suis permis d'inventer un fauteuil, si ce n'est pas possible, dites-le moi

Dès lors que le jeune était entré, Diarmuid avait imprimé son visage. C'était quelque chose d'automatique chez lui. Il n'avait aucun effort à faire pour les retenir avec le nom de la personne. Infini Parker donc. Leger mouvement de poignet pour que son dossier ne se faufile en dehors de l'armoire jusque devant lui. Il ne l'ouvrir toutefois pas, fin comme il était, il ne devait pas y avoir grand chose. Et l'enfant saurait dire s'il avait ou non des allergies connues à priori.

- "Oui j'avais cru deviner." Sourit le médicomage à la mention de la maison du gamin. Comme son frère et sa sœur, il ne s'était jamais encombré de faire ce genre de précision. Certainement par lassitude de leurs parents qui - dès qu'ils avaient mis les pieds au collège de sorcellerie - n'avaient jamais pu s'empêcher de préciser la maison de leurs enfants. Quoique non. De leurs fils. Bizarrement qu'Ennis soit une rouge et or était souvent tu. Le choc de la hanche du garçon contre le bureau fit trembler ce dernier. Information intéressante, la proprioception du pré-adolescent était donc mise à rude épreuve. Une hypothèse vite confirmée. Il se cognait partout.

- "Vous êtes un peu jeune pour la presbytie Infini. En ce qui concerne la myopie on va vérifier ensemble." Il n'y croyait pas trop, mais il poserait quelques questions. Il fit un geste vers le lit destiné aux auscultations et dit à son jeune patient. "Je vous laisse vous installer et vous mettre juste en sous vêtements. J'ai conscience que ça peut être gênant quand on a douze ans, mais on n'a pas trop le choix pour que je puisse comprendre d'où viennent ces douleurs." Il était passé par là, et à son époque, c'était une infirmière, les quelques fois où c'était arrivé il avait du sacrément prendre sur lui.


Je sais que deux piles de dossier ça peut paraître beaucoup... mais elle ne sont que deux, et pas assez grande pour me faire disparaître dans la pièce. S'il y en a quarante sur le bureau en deux tas, un à gauche, un à droite quand vous arrivez, c'est bien tout. Faites attention en lisant

Aucune remarque sur Gryffondor. Pas qu'il fasse la promotion de sa maison à tout bout de champ pour rien, simplement O'Belt c'est aussi le nom d'Ennis, la préfète. C'est pas si courant, comme nom. Peut-être que l'infirmier se ficher de la maison d'appartenance, et ça tombe bien parce que Finn aussi. Même sil voit certains Poufsouffle d'une façon différente depuis l'abant dernier match.

Pas de remarque non plus sur son hypothèse de monstre dans le dos ; Finn a dit ça à moitié pour se détendre mais c'est évident qu'un monstre, ça ne vit pas dans le dos. Le jeune regarde un instant par les fenêtres et se lève pour enlever son pull rouge.

« La myopie, c'est pas le truc que le Niffleur ont ? Ou les taupes peut-être, je sais plus » demande-t-il en deboutonnant sa chemise. Il n'est pas pudique de manière générale, habitué depuis des années à se changer dans les vestiaires de sa piscine, à Londres. Juste un maillot de bain, c'est un peu son habit quotidien. C'était. Car depuis deux ans, les seules personnes ayant vu son nombril sont ses camarades de dortoir.

Infini reporte son attention sur les boutons qu'il a du mal à enlever. Il a eu mal à les mettre aussi, après le cours de Vol, il suffit de voir que mardi est avec mercredi... Il finit de se battre avec sa chemise et la pose sur le dossier du bureau. D'un geste fluide, il fait passer son débardeur par dessus ses épaules et le jette sur sa chemise.

Il mange autant qu'il le veut, il ne s'interdit rien mais rien n'y fait : il reste gringalet, chétif même, et le haut de ses côtes se voit. Il s'en fiche carrément mais une question lui brûle les lèvres depuis le début. « M'sieur, vous êtes le frère d'Ennis, hein ? »

à la moindre incohérence, écrivez-moi

Diarmuid ne peut s'empêcher de sourire même s'il n'a aucune idée de ce que peut être une taupe. Un animal moldu, oui mais à quoi cela pouvait bien ressembler? Il n'en savait rien, mais la myopie, ça il pouvait l'expliquer au gamin qui ne semblait pas avoir été gêné le moins du monde par la demande qu'il lui avait faite plus tôt:

- "La myopie c'est quand on voit mal de loin. Ça provoque généralement de gros maux de tête." Précisa l'adulte sans se départir de son léger sourire. Le garçon tentait visiblement de se débrouiller avec sa chemise comme il pouvait. Le jeune homme était particulièrement fin et à peine le soignant eut-il prit l'ampleur de cette finesse qu'une question complètement hors contexte fusa de la bouche de son patient:

- "Effectivement, Ennis est ma benjamine." Confirma-t-il avec cet accent quaucun O'Belt ne parvenait à effacer totalement. "Mais pour en revenir à vous Mister Parker, vous vous cognez et des douleurs dans le dos c'est ça? Vous voulez bien vous tourner et restez bien droit? Je vais poser mes mains à plusieurs endroits et vous me direz si c'est douloureux." Il laissa Infini se tourner et commenca par observer:

- "Première bonne nouvelle, pas de monstre qui pointe le bout de son nez. Je pose mes mains sur vos épaules et je vais les déplacer, vous me dites dès qu'il y a une douleur." Diarmuid commença par appliquer une légère pression des pouces de part et d'autres des cervicales, en partant de la nuque et en descendant étage par étage. À chaque pression, il recevait des informations qui confirmait ce qu'il avait pressentit. Mais il allait prendre le temps de vérifier tout le dos du jeune homme.

« J'ai pas vraiment mal à la tête, sauf quand j'me cogne ! » dit-il joyeusement, en se souvenant de l'hilarité de Kenyo et Lyam quand il se lève dans son lit et frappe les barreaux en bois du lit superposé supérieur avec son crâne. Son père porte des lunettes depuis quelques années mais Finn n'a pas l'impression de mal voir de loin. S'il voit flou en cours, c'est qu'il ne fait pas attention aux mots que les profs écrivent, et ça, à part la flemme, ce n'est pas une maladie.

Le Gryffondor acquiesce à la confirmation de l'infirmier. En plus, Ennis et lui ont le même accent et il trouve ça chantant, bien plus intéressant que son non-accent londonien. « Je me cogne partout, oui, 'fin plutôt les épaules - je passe pas avec les murs, j'suis pas un fantôme - les jambes dans les tables ou les trucs qui sont bas et puis la tête dans mon lit ou dans la salle de bain de mon dortoir... » Infini finit par se retourner dos à O'Belt. Il se laisse faire plutôt facilement et ça ne le dérange pas que quelqu'un le touche. Sauf quand il s'agit d'Edwin parce que ses mains provoquent des sensations électriques dans tout le corps, même s'ils se prennent simplement la main. C'est agréable évidemment comme sensation, mais souvent si le Serpentard et lui restent trop en contact, ça finit par brûler.

« Pas de monstre alors ? Je peux encore me transformer en oiseau tonnerre ! » Il laisse l'infirmier exercer des points de compressions sur son dos de bas en haut et une fois ses mains ayant fait le tour de son dos, il conclut : « Vous savez, ça fait plutôt du bien c'que vous faites ! Avec les courbatures en plus, mmh. Sauf quand vous êtes près des vertèbres, l'arête dorsale quoi, là ça fait un petit peu mal. » Il déglutit en tournant sa tête pour regarder l'infirmier. Et si son dos était tout cassé ?

L'accumulation d'informations données par le jeune garçon quand à sa propension à ne pas réussir à faire autrement que de percuter tous les meubles autour de lui - alors qu'il en connaissait l'emplacement - ne laissait pas grand doute à Diarmuid qui rit doucement à la mention de l'oiseau tonnerre:

- "Pour ça, il va falloir vous tourner vers la formation animagus. Mais à douze ans c'est un peu tôt. Et rien ne garanti l'animal dans lequel on se transforme." Et pendant qu'il parlait, il avait pu palper doucement tout le long de la colonne d'Infini. De part et d'autres des vertèbres, mais aussi les épineuses du dos. Ses doigts, comme sa magie, collectaient diverses informations. Des éléments que le deuxième année confirma à haute voix. Il n'y avait plus de doute pour lui. L'irlandais retira doucement ses mains et capta le regard de son jeune patient auquel il répondit rassurant:

- "Je pense savoir ce qu'il se passe. On doit juste procéder à une dernière vérification. Si tu veux bien te mettre bien droit, dos au mur." Le médicomage sortit sa baguette et attendit que le jeune se soit exécuté. "C'est juste un sort pour te mesurer, je pense que tu grandis et que ton corps cherche où il en est." Il ne lui restait plus qu'à lancer ce sort qu'il connaissait bien pour en avoir été la cible et pour l'avoir réaliser un certain nombre de fois pendant son année en France. Une formule et un geste plus tard, un nombre s'affichait au dessus de la tête du Gryffondor.

Au mot animagus, l'infirmier qui palpe encore de ses mains le dos de Finn a du sentir à travers ses os l'excitation. Quatre petites syllabes pour un rêve informulé. Le petit aime profondément les animaux, même si trop brusque souvent d'aller à leur rencontre ou de jouer avec eux, il les fait fuir. Sa chienne à Londres, Pytha, était l'oreille à laquelle il murmure tous ses secrets et tous ses maux. Attentive, la boule de poil le regarde alors d'un œil doux et c'est ce qu'apprécie le brun. L'humanité qui se lit chez les animaux, bien plus humains que ne le sont les vrais humains. Finn sait qu'il ne sera jamais animagi. Il est bien trop nul en cours pour espérer avoir la chance de commencer la formation !

« Oh, ça serait terriblement cool de pouvoir se transformer en animal, mais en plus d'être trop p'tit, je suis nul en cours, alors... Alors je pourrais peut-être apprendre leur langage mais là aussi faut être bon en cours ou alors j'invente des potions magiques pour me transformer en c'que je veux ! »

Cet élan d'euphorie passé, il se calme pour laisser l'infirmier poursuivre son travail. Finalement, pas de monstre, pas d'ailes dans le dos : il grandirait. Sceptique, Infini lève un sourcil mais s'exécute aux ordres d'O'Belt. Il ferme les yeux quand l'adulte prononce la formule et les rouvre en penchant la tête vers le haut pour lire les chiffres qui volent au dessus de lui.

« Y a un murlap dans le calcul ! Je suis pas aussi grand que ça, avant je dépassais à peine le mètre quarante... 9 centimètres ! Par ma baguette, c'est beaucoup M'sieur. Non ? »

Je considère finalement qu'il arrive à 1m50 pile poil

Un mètre cinquante. Le gamin semblait surpris de découvrir cette mesure. Diarmuid l'écouta dire ce qu'il avait besoin d'exprimer non sans esquisser un sourire.

- "Ca s'appelle un pic de croissance, et c'est tout à fait possible. Pendant un an on peut prendre entre un et deux centimètres par mois. C'est impressionnant, et plus c'est rapide, plus on peut ressentir des douleur comme vous en avez." Expliqua le jeune médicomage à son patient pour le rassurer. Ce qu'il vivait était tout à fait normal. Rapide, douloureux, mais physiologique. Il n'y avait a priori pas besoin de s'inquiéter. Par contre, le châtain ne pouvait laisser le garçon avec ses douleurs.

- "De mon point de vue, tout est normal. Vous grandissez, et vite. Vous avez mal parce que vos os doivent s'accroîtrent mais aussi parce que vos muscles sont fortement étirés." Ostéite liée à l'ostéogénèse et tensions musculaires, potentiellement des micro-déchirures de fibres. Il avait ce qu'il fallait pour le petit brun, enfin, vu sa vitesse de croissance, il n'allait plus être petit si longtemps.

- "Vous pouvez vous rhabiller, je vais chercher quelque chose pour vous soulagez." Dit-il en partant vers l'armoire à remèdes. Il en sorti une potion antalgique. Quelque chose de léger. Avant de retourner à son bureau. Il déposa la fiole à sa droite avant d'ouvrir le dossier d'Infini pour y noter ses observation, son diagnostic et le traitement. Quand il vit que le pré-adolescent fut rhabillé, il l'invita à venir s'asseoir devant le bureau.

- "J'ai vu que vous faisiez parti de l'équipe de cheerleading de votre maison. Il va falloir ralentir un peu les entraînements. Rien cette semaine, le temps de voir ce que le traitement donne. Et je vais prévenir le professeur Mason pour qu'il adapte la pratique de votre prochain cours de vol. On se revoit après pour adapter le traitement. Une gorgée le matin et une le soir, ça soulagera les douleurs. Avec cette fiole, il y a de quoi tenir trois jours, vous viendrez en rechercher une jeudi après vos cours." Il fixa son regard dans celui du brun. "Je peux vous faire confiance?" S'il s'apercevait que le deuxième année faisait n'importe quoi, il imposerait qu'il vienne matin et soir à l'infirmerie pour lui administrer sa potion.