Jacob Marks, 48 ans

One shot

Mardi 19 Décembre 2045

_________________________________________________________

pull gris, grosse veste noire, jean bleu délavé, vieilles baskets.

Il avançait, les bras chargés de courses. Sur les deux sacs en plastique qu'il transportait, son attention ne fut pas suffisante pour voir l'un des eux se déchirer. Heureusement, il n'était plus qu'à quelques rues de chez lui. Malheureusement, ça aurait été bien plus facile de faire ce petit voyage supermarché - maison en voiture. Mais pour aujourd'hui, Aalana en avait eut besoin, alors il ferait sans.
Les vacances approchant, il fallait préparer le frigo et les placards avec les bonnes choses qu'aimait tant Nélya!

La période n'était pas facile pour les femmes de sa famille, alors pour une fois, Jacob avait décidé de cuisiner. Cela faisait longtemps, mais en suivant bien les recettes, tout devrait bien se passer. Non? Si, si. Et puis, il était sûr que cela plairait à son épouse et à sa fille d'avoir un plat maison. Certes il n'était pas sorcier, mais il avait conscience des difficultés de faire partie de cette communauté aujourd'hui… Même si le gouvernement avait fait en sorte de calmer les choses du côté non magique, du côté "Moldu".

Il pouffa. Ce mot, il le trouvait assez marrant en réalité. D'où ça venait? Qui l'avait trouvé? Nélya avait posé ces mêmes questions à une époque. 0 une lointaine époque il lui semblait, une époque où les enfants pouvaient jouer à avoir des pouvoirs sans être mal regardé et subir jugements.

En tournant au coin de la rue, son regard fut happé aussitôt. Là, sur le mur, une affiche. Vieille, salit, au bord arraché, mais pourtant toujours là. Une affiche de propagande anti-sorcière. Il inspira et sans prendre le temps de lire plus, il arracha toute trace de cette haine du mur. Une fois le papier froissé au fond de sa poche, il reprît sa marche, tout guilleret qu'il était à l'idée de se mettre derrière les fourneaux.

Il ne suffit que d'une dizaine de pas. Une dizaine de pas depuis qu'il avait retiré cette affiche du mur. Une dizaine de pas qui l'avait rapproché de son cocon d'amour et de sûreté. Dix pas pour qu'ils ne l'arrêtent.

- Hé! Le vieux arrête toi là!

Il ne se sentait pas concerné. La cinquantaine, ce n'était pas bien vieux, mais s'il s'était retourné c'était dans l'idée de dire à ces jeunes gens de trouver un vocabulaire plus adapté pour communiquer. Non, il ne s'était pas senti concerné, il n'avait pas pensé être celui qu'on apostrophait.

- Heu, oui? Non, non, ce n'est pas ça. On ne s'adresse pas-

C'était froid contre sa joue droite, mais très chaud sur sa jour gauche. Un coup. Il venait réellement de se prendre un coup. Il le réalisait à peine alors que ses courses se déversaient jusque sur la route, s'éparpillant de façon similaire au désordre dans sa tête.

Il ne comprenait pas ce qu'il se passait, mais ça arrivait, étalé au sol, ces jeunes qu'il avait tout juste eu le temps de voir s'en prenait à lui. Des pieds, des poings, des visage déformés par la colère. Mais pourquoi? Pourquoi? Il ne pouvait même plus penser, il ne pouvait que tenter de se protéger vainement contre ses assaillants qui s'acharnaient sur lui.

Son ventre, ses jambes, ses bras, son dos, son cou, sa tête… Tout, leur pluie de coup n'épargnait rien, leur colère meurtrière l'avalait, oui il allait se noyer dans cette colère… Meurtrière, assassine. C'était ça, ils voulait le tuer.
Le tuer, lui.
Le tuer, mettre fin à sa vie.

Cette évidence le frappait plus violement que ses agresseurs. Et lui qui prêtait tant d'attention aux mots, qui leur trouvait une beauté surréaliste ne parvenait même plus à entendre leurs accusations, leurs insultes, il n'entendait que sa peur, son cœur battant à tout rompre.

- P*tain de sorcier!

-Va en enfer enfoiré!

-On va t'crever!

Non, il n'avait pas pu cuisiner, il n'avait pas dit à Aalana qu'il l'aimait avant de partir ce matin, il n'avait pas fini de raconter des histoires à Nélya… Non, il ne pouvait pas mourir...