Dans ce sujet son regroupés une partie des OS traitant de l’enfance d’Orphéa et des complexes histoires de la famille Cooper.
Description et plan du manoir à venir.

Résidents actuels :

Rachel Cooper, grand mère d’Orphéa, matriarche de la famille Cooper, propriétaire des lieux.
Joleen, elfe de maison.

Noeuds familiaux 23 décembre 2029 : Le premier 17 septembre 2033 : La deuxième 11 juin 2044 : Le troisième 28 juillet 2044 : L’excécution 26 mars 2045 : Le testament Avril 2048 : La quatrième

L'enfance d’Orphéa 21 avril 2038 : Fa dièse 23 août 2041 : Boîtes à trésors 22 août 2043 : A bientôt Cooper

Rachel regardait la neige tomber sur le parc à travers la fenêtre du petit salon. Les flocons en cette saison n’étaient pas rares, mais elle appréciait toujours autant le spectacle que lui offrait l’hiver en habillant son jardin d’un manteau blanc. Ce qu’elle appréciait moins, c’étaient les surprises, mauvaises, que lui réservaient ses enfants. Toute sa vie, elle s’était efforcée de créer une famille parfaite en tout point. Et à présent, une horrible tache indélébile venait gâcher ce somptueux tableau qu’elle avait mis si longtemps à peindre. Son visage inexpressif aurait pu tromper n’importe qui, à l’exception de son mari qui lui apportait un plaid en tartan afin qu’elle puisse s’y enrouler. Jacob était certainement aussi secoué qu’elle. Il le cachait certainement, mais ils se comprenaient. Quelques jours auparavant, les festivités de Yule avaient été chamboulées par une annonce d’Edward, deuxième né parmi ses six enfants. Bien évidemment, elle s’en doutait. Depuis des années. Une mère attentive était censée sentir ce genre de chose, n’est ce pas ? Pourtant, cela lui paraissait tellement inenvisageable qu’elle avait préféré laisser son instinct au placard, et faire comme s’il n’en était rien. Un garçon. Comment était-ce possible ? La quinquagénaire tentait de se persuader que la situation aurait pu être pire. Que cela aurait pu être une née-moldu. Pire encore. Un moldu. Rachel n’était pas vraiment certaine de ce qui était le plus pénible. Son fils avait en plus eu la bonne idée de l’annoncer devant l’entièreté de la famille, à table entre deux chants de Yule. Megan avait bien évidemment accueilli la nouvelle avec une joie non dissimulée, affichant un soutien sans faille à son frère. Et un sourire narquois envers ses parents, ce qui n’était guère étonnant. D’autres s’étaient contenté de vagues hochement de tête ou de sourires timides alors que Rachel fondait en larmes, et que Jacob quittait la pièce pour s’enfermer dans son bureau. Cette annonce n’était pas une découverte que pour elle et son mari. Les enfants, eux étaient au courant depuis un moment déjà, elle en était certaine. Seule Aria avait eu un geste envers sa pauvre mère, lui glissant à l’oreille « Ce n’est pas si grave maman ». Elle comprenait le point de vue de sa fille. Fraichement fiancée, elle allait bientôt porter un autre nom que celui des Cooper, la protégeant de tout scandale qui pourrait potentiellement éclater. Mais pour la mère de famille, il n’y avait rien de plus important que l’image. Et cette annonce faisait tache sur la photo parfaite. C’était pour cette raison qu’elle avait invité son fils quelques jours plus tard afin de négocier. Car oui, c’était une négociation. Elle lui avait proposé de prendre épouse, proposition qu’il avait tout bonnement refusé. Le ton était monté, et après quelques échanges houleux, les arguments raisonnés s’étaient transformé en chantage. Chantage auquel Rachel n’était pas en mesure de résister. Son fils lui demandait sa liberté en échange de sa discrétion. La moindre pression de sa part, la moindre tentative conduirait à des aveux publics, qui feraient sans aucun doute scandale dans un monde sorcier si rétrograde. Sa famille ne pouvait se le permettre. Elle ne pouvait se le permettre. Son image était au centre de son activité de mécène, seul occupation intéressante, qui a défaut d’être lucrative, occupait ses journées depuis une dizaine d’année. Qui dans la bonne société sorcière accepterait d’être associée au nom des Cooper si l’affaire venait à s’ébruiter ? Probablement personne. Elle devait se résoudre à accepter l’inconcevable, afin que le reste de sa famille puisse continuer à jouir du statut qu’elle méritait et pour lequel elle se battait depuis si longtemps. La quinquagénaire n’avait malheureusement pas d’autres choix que celui-ci. Si elle n’avait pas de projet pour elle-même, il n’était pas trop tard pour son mari. Quant à ses enfants, Charlie et Caleb étaient tous les deux promis à de brillants avenirs dans le domaine de la justice. Aria, dueliste prometteuse fiancé à un jeune homme bien, ou David fraîchement diplômé de Poudlard ne pouvaient pas risquer de partir de la réputation entachée de la famille. Megan... restait Megan. Le silence était certainement la seule issue possible pour le bien de tous.

Rachel était assise dans le bureau de son mari, face à lui, un air désespéré collé au visage. Une deuxième fois, le sort s’acharnait sur sa famille, noircissant un peu plus le tableau parfait. Elle avait beau y être préparée depuis des années, cela n’enlevait rien à la douleur et au sentiment d’échec qu’elle ressentait.

« Qu’est-ce qu’on a loupé avec elle ? demanda-t-elle après avoir soufflé bruyamment. Tu crois que c’est parce que c’est une fille ? »

« Non, je crois surtout que c’est parce que c’est Megan, déclara Jacob calmement en la regardant par-dessus ses petites lunettes. Tu n’as rien loupé, rassure-toi »


Pourtant cette sensation d’avoir failli était tenace, présente depuis des années et risquait de ne jamais s’estomper. Par deux fois, ses enfants avaient pris des libertés qu’elle ne pouvait accepter, contrainte d’observer sa famille s’effriter et s’affaiblir sans qu’elle ne puisse rien y changer. Parfois, elle se demandait même si elle n’avait pas elle-même provoqué le destin, en étant si insistante auprès de Megan. Après des années à faire fuir ses prétendants potentiels à l’aide pastilles de gerbe ou divers stratagèmes toujours très élaborés, celle-ci avait finit par se calmer. Calme qui avait laissé espérer sa mère qu’elle obtiendrait finalement ce qu’elle désirait le plus au monde. Mais le temps s’écoulait rapidement, et éloignait également les prétendants les plus prestigieux. Les trentenaires de bonnes familles encore célibataires se faisaient rares, et Rachel s’était résolu à offrir sa fille au premier parti acceptable. Le calme et l’indifférence dont sa fille avait semblé faire preuve l’avaient dans un premier temps rassuré. Pourtant, son instinct lui avait dit de creuser. Megan ne restait jamais calme très longtemps, et même avec l’âge, son passe-temps favori restait pour faire enrager ses parents. À force de persévérance, elle avait fini par découvrir l’existence d’un certain Basil. Moldu, divorcé, père de deux enfants, qui entretenait une relation avec sa fille aînée depuis plus d’un an. Cette nouvelle avait ravivé de vieilles craintes, et de nouveaux Rachel s’était mis en quête d’un homme au sang pur que sa fille serait en capacité d’apprécier. Peine perdue. Les tensions s’étaient accumulées, jusqu’à ce jour, ou la rancœur lui avait explosé en plein visage. Comme avec Edward, quelques années auparavant, le ton était monté. Bien plus qu’avec le garçon. Car Megan n’était pas du genre tempéré. Elle était loyale à elle-même, à ses valeurs, à ses idéaux. Des paroles qui ne pouvaient être pardonnées avait été prononcé des deux côtés. Irresponsable, archaïque, égoïste, sans cœur, traite à ton sang, vieille peau, ou encore déshéritée faisaient partie des mots qui avaient résonné dans le manoir de Bottom Craig. Finalement, l’ancienne Poufsouffle avait usé d’un stratagème légèrement différent de celui de son frère : les menaces.

« Si j’apprends que tu essayes encore de te mêler de ma vie privée, il se pourrait bien que ta fille ne se retrouve marier à un moldu, avait déclaré la jeune femme avant de s’éloigner, prête à partir. Un MOLDU maman ! »

Rachel connaissait suffisamment bien sa fille pour savoir que cette menace n’était pas à prendre à la légère. Jacob également. C’était lui qui avait eu le bon sens de rattraper Megan et de l’inviter à trouver une solution acceptable pour chacun. C’était lui qui était à l’origine de cette idée de serment inviolable, qui avait été accepté par les deux parties, contre toute attente. À presque soixante ans, la mère de famille avait encore beaucoup à apprendre de son mari. La diplomatie entre autres. Elle se rendait compte que si elle n’était pas entièrement satisfaite de la situation, le pire était évité. Megan ne prendrait pas d’époux sans l’accord du chef de famille. En contrepartie, ses parents ne se mêleraient plus de sa vie sentimentale et la laisseraient libre de ses fréquentations. Rachel devrait s’en contenter. L’image de sa famille était sauve. Aux yeux de la société sorcière, il valait mieux que Megan reste une vielle fille.

Tous les mercredis, Orphéa et sa sœur venaient passer la journée chez leur grand-parents. Elles passaient généralement la mâtinée dans le parc avec leur grand-père. Après le repas, le programme était moins intéressant. Leur grand-mère leur apprenait les « bonnes manières ». Malgré son jeune âge, la fillette était capable de se servir de tous les couverts dans le bon ordre et comme il faut, lors d’un repas. Elle savait également à qui s’adresser et comment, lorsqu’elle saluait des personnes titrées ou nobles. Elle se tenait également bien droite, et était capable de marcher plusieurs dizaines de mètre avec un livre sur la tête sans le faire tomber. Sa grand-mère était très fière d’elle et elle n’avait de cesse de le répéter à son père quand il venait les récupérer. Cela le faisait toujours lever les yeux au ciel. Mais ce que préférait Orphéa, c’était la fin d’après-midi. Car elle avait cours de musique. Sa sœur n’était pas douée avec les instruments, alors elle prenaient en parallèle des cours de dessin. Elle maniait mieux les crayons.

La petite brune était donc seule avec son instructeur pendant presque deux heures. Monsieur Kelpis. Il était particulièrement sévère, mais elle l’aimait bien. Il parlait souvent de la musique comme si elle était vivante. Orphéa ne comprenait pas toujours tout ce qu’il racontait, mais elle s’en fichait. Pendant plus de six mois, elle avait étudié uniquement le solfège et la culture musicale, durant lesquels elle écoutait des morceaux et apprenait les notes, les différences entres les instruments a vent, à cordes, sans jamais les toucher. À présent, une semaine sur deux, ils étudiaient le solfège, les autres semaines elle faisait des exercices pratiques. Mais ce jour là c’était différent. Elle allait apprendre son premier vrai morceau. Ce n’était pas elle qui l’avait choisi, alors elle ne savait pas à ce qu’elle allait jouer. Monsieur Kelpis lui demanda de s’installer au piano puis déposa les partitions sous ses yeux. Les sauvages de Rameau. Le morceau était compliqué, la fillette pouvait le dire d’un seul coup d’œil. Pourtant, elle avait l’habitude de faire l’exercice qui lui était confié. Décrypter la partition, jouer la partition, lire la participation à voix haute. Sauf que d’habitude, il s’agit de simple exercices, pas de vrais morceaux.

« Si bémol, do, sol, si bémol, do, la, commença-t-elle doucement. Do, fa dièse, la, do, do, la, do, ré, si… »

Aïe ! Fausse note. Aïe ! La pichenette que venait de lui asséner Monsieur Kelpis à l’arrière du crâne.

« Bémol Cooper, si bémol ! S’exclama-t-il d’une voix forte. T’es miro ou bien ? On recommence ! »

Orphéa n’avait aucune idée de ce que voulait dire miro. Mais elle recommença. Elle n’allait pas se laisser déconcentrer. Elle s’acharna, encore, et encore. Pourtant, elle n’y arrivait pas. Elle avait à chaque fois un petit peu plus dans la partition, mais à chaque fois qu’elle reprenait, elle faisait une nouvelle faute.

« C’est trop dur »

« Non, ce n’est pas trop dur, c’est toi qui ne travailles pas suffisamment »

Elle recommença encore, et se trompa encore.

« J’y arriverai pas »

« Si tu y arriveras ! Mais pour ça, il faudrait arrêter de chouiner »

Elle recommença encore, et se trompa encore. Monsieur Kelpis s’approcha et sans un mot, la fillette compris qu’il allait pendre sa place pour lui montrer. Il s’assit et commença à jouer. Pour lui, ça semblait si simple. Ses doigts volaient sur le clavier et trouvaient leur chemin le plus naturellement du monde. Elle espérait qu’un jour, elle pourrait jouer aussi bien que lui. Avant d’avoir 90 ans comme lui. Peut-être même avait-il cent ans ? En tout cas, il était vieux. Elle voulait être douée rapidement. Alors elle travaillerait plus dur. Comme il l’avait dit. Orphéa reprit sa place et recommença à jouer. Mais elle se trompa. Encore. Alors elle recommença. Et ce jour-là, même quand son professeur fut parti, elle resta un long moment dans la salle de musique pour travailler.

Les rayons de lumière rentraient par l’une des fenêtres du toit, et ils rendaient visibles les grains de poussière qui flottait dans l’air. Il faut dire que cette pièce n’était pas souvent aérée. Même si le manoir était immense, ses grands-parents possédaient tellement de meubles et d’objets qu’une pièce n’était pas de trop pour tous les stocker. Et la pièce sous le toit de la tour était parfaite pour ça. Et Orphéa l’adorait. Elle venait souvent farfouiller pour trouver toute sorte d’objets. Quand elle était plus jeune, elle se déguisait avec les vieux vêtements qu’elle pouvait y trouver. Maintenant, elle préférai déballer des cartons à la recherche d’objets magiques supers puissants. Elle attrapa la première boite à sa hauteur et s’assit en tailleur avant de l’ouvrir. Celle-ci contenait des chapeaux de toute sorte. Des canotiers, des panamas, des bérets. Et des foulards en soi. De différentes tailles et de différentes couleurs. Le bleu Lapis Lazuli était très joli alors elle décida de le glisser dans sa poche. La jeune fille ne savait pas ce qu’elle pourrait en faire, mais elle l’aimait bien. Voilà, rien de bien intéressant. Elle referma la boite, la mit de côté et en saisit une autre.

Celle-là contenait des photos. Toutes sortes de photos de familles. La petite brune les regarda avec attention, reconnaissant parfois son père ou ses oncles et tantes. Elle trouva une photo de la famille au complet sur le quai de King’s Cross : Charlie, Edward, Megan et son père portaient leur uniforme de Poudlard. Aria, plus petite, se tenait devant eux, tandis que David, encore plus petit tenait la main de Rachel. Jacob posait à leur côté, une main sur l’épaule de sa femme. Ils avaient l’air heureux tous ensemble. Orphéa ne comprenait pas bien pourquoi à présent, ils ne pouvaient pas tous se tenir dans la même pièce sans se disputer. Les adultes étaient parfois trop compliqués. Elle continua à faire passer les photos et s’arrêta de nouveau, sur une jolie femme en maillot de bain, enceinte, les pieds dans l’eau, coiffée d’un immense chapeau de paille. Est-ce qu’il s’agissait de sa grand-mère ? Elle était tellement jolie qu’Orphéa avait un peu de mal à y croire. Maintenant, elle était si vieille. Pleine de rides. Et un peu grosse. Est-ce qu’elle aussi finirait comme ça ? Non impossible.

Elle ne trouva rien de plus intéressant dans ce carton, alors elle passa au suivant. Celui-ci, contenait des carnets. Des carnets de voyage de son grand-père. Il avait étudié la magie-zoologie après Poudlard et il avait eu l’occasion de voyager dans le monde entier. Il avait tout raconté dans ses carnets. Elle les feuilleta rapidement. Italie - Septembre1988… Russie - Février 1989… Mexique - Avril 1989… Mali - Août 1989… Vietnam - Octobre 1989… Canada - Décembre 1989… Orphéa les mit rapidement de côté, croyant naïvement qu’ils traitaient exclusivement de la faune locale. Elle tomba ensuite sur un carnet un peu plus gros. Elle se sentait comme une archéologue, découvrant les secrets du passé. Sans l’ouvrir, elle pouvait voir que les pages étaient cornées, alors elle le sortie avec une grande délicatesse. En tournant les première pages, la petite brune compris qu’il s’agissait d’un herbier. Un très vielle herbier, dans lequel était précautionneusement dessinées toutes sortes de fleurs avec des indications diverses à côté. Il y avait à la moins une centaine de pages, recensent plein de végétaux différents. La fillette avait hâte d’avoir ses premiers cours de botaniques à Poudlard. Afin de comprendre ce qui était expliqué dans ce carnet. Enfin, rien ne l’empêchait de prendre un peu d’avance et de le lire maintenant. Wharf. L’écriture était indéchiffrable, aussi même si elle adorait les plantes, elle ne s’attarda pas. Par contre, cela intéresserait probablement sa mère, alors elle décida de le laisser sorti. Mais en bas, Orphéa entendit quelqu’un crier son nom, alors elle se dépêcha de ranger ce qu’elle avait ouvert. C’était probablement sa grand-mère qui l’appelait pour le goûter. Elle attrapa l'herbier et le glissa sous son bras avant de descendre pour manger.

En descendant pour le petit-déjeuner ce jour-là, Orphéa eut la bonne surprise de découvrir que son grand-père en train de discuter avec Monsieur Kelpis à la table du petit salon. La jeune fille et son professeur avaient eu leur dernier cours ensemble quelques jours auparavant, et l’idée de ne plus le revoir lui avait déchiré le cœur. Pourtant, elle l’avait souvent détesté. Ses méthodes et sa pédagogie était plus que discutable, et elle était régulièrement sortie de la salle de musique en pleure. Mais il était indiscutablement l’un des meilleurs. Sans cela, sa grand-mère n’aurait certainement jamais fait appel à lui. Aujourd’hui, la jeune fille voyait à quel point son enseignement avait été bénéfique. Elle lisait le solfège comme s’il s’agissait de sa langue maternelle, sa culture musicale était incroyablement riche, et sa maîtrise du piano largement supérieur à ce que l’on pouvait espérer d’une fillette de son âge. Orphéa ne lui avouerait certainement jamais de peur de se faire rembarrer, mais elle l’aimait beaucoup, et le vieux monsieur allait certainement lui manquer.

« Monsieur Kelpis, salua-t-elle poliment en s’asseyant à table en face de son ancien professeur. Je suis contente de vous voir. Qu’est-ce qui vous emmène ici ? »

« Moi aussi, répondit-il en ponctuant son affirmation d’un sourire rare. Et bien, je devais régler certaines choses avec ton grand-père, et puis je ne pouvais pas te laisser partir à Poudlard sans un petit cadeau »

Il tendit un petit paquet de la taille d’un petit livre de poche, emballé dans un papier bleu turquoise reflétant de manière élégante la lumière du soleil. Orphéa la saisit et commença à déballer soigneusement ce présent. Elle en ressortit un petit carnet en cuir bleu, à peine plus grand que sa main. Elle le feuilleta, remarquant que des partitions étaient retranscrites sur les premières pages, mais qu’elles étaient tellement petites qu’elles en devenaient illisibles. Elle lança un regard interrogateur à Monsieur Kelpis qui récupéra le carnet avant de se lever pour le déposer sur le buffet, appuyé contre le mur, légèrement incliné. Après quelques secondes, le carnet commença à grandir, jusqu’à prendre une taille toute à fait acceptable, et permettant une lecture aisée. Le vieux monsieur récupéra le carnet qui retrouva instantanément sa taille d’origine et le rendit à la petite brune.

« J’y ai consigné toutes les partitions des morceaux que nous avons étudiés ensemble, ajouta-t-il en la regardant par-dessus ses petites lunettes. Tu pourras continuer à t’entraîner à Poudlard. La salle de musique est très bien. Enfin, si elle n’a pas changé depuis le temps »

Il rigola légèrement avec Jacob, comme pour ironiser sur le nombre de décennies qui les séparait de leur entrée à l’école. Finalement, il se retourna vers la fillette, attendant sa réaction.

« Merci Monsieur, répondit-elle poliment, un peu émue. Je vais le conserver précieusement, et continuer à m’entraîner à Poudlard, aussi souvent que quand nous avions cours »

« Non, tu ne le feras pas, répondit-il du tac au tac, arrachant une grimace à Orphéa. Tu seras trop occupée à découvrir le château et à te faire des amis. Mais quand tu le feras, il faudra que travaille deux fois plus, car je n’accepterai pas que tout mon travail disparaisse à cause de la fainéantise »

Voilà qui était dit. Au fond, elle savait qu’il avait probablement raison. Le château devait être incroyable, et la musique allait certainement être la dernière de ses préoccupations pendant quelques mois. La fillette s’apprêtait à répliquer, mais alors qu’elle ouvrait la bouche, Monsieur Kelpis l’interrompu.

« Dis juste merci Cooper, lança-t-il en la regardant par-dessus ses lunettes. Ça suffira largement »

La jeune fille inspira, légèrement énervée, en sachant un discret « merci » sous le regard sévère de son grand-père.

« Merci pour le thé Jacob, précisa-t-il en se levant pour lui serrer la main. Il se tourna ensuite vers Orphéa. À bientôt Cooper ! »

Il lui adressa un rapide clin d’œil et sorti de la pièce sans un mot, suivit par Joleen qui tentait de le rattraper pour le raccompagner vers l’entrée.

Rachel attendait son fils impatiemment. Si elle ne l’avouerait jamais publiquement, elle devait bien reconnaître que David son cadet, était son favoris. Le recevoir pour partager un moment privilégié était toujours un plaisir. Ce jour-là, il lui avait par ailleurs fait savoir qu’il souhait lui annoncer quelque chose, et la mère de famille espérait bien qu’il lui présente finalement la jeune femme dont il lui avait souvent parlé. Elle était assise sur la terrasse devant le petit salon, une tasse de thé à la main, qu’elle buvait lentement. À quelques dizaines de mètres, elle pouvait apercevoir son mari qui s’occupait du jardin avec une passion qu’elle ne comprendrait certainement jamais. Pourtant, elle appréciait l’instant, et le soleil d’été qui réchauffait sa nuque ne rendait le moment que plus agréable. De l'extérieur du manoir, elle pouvait entendre les petits pas de Joleen, qui avançait dans le couloir, suivit de pas plus lourds, plus grands. Quelques instants plus tard, la petite elfe de maison passait la porte-fenêtre du salon pour annoncer l’arrivée de David. Seul. Masquant sa déception, la sexagénaire se leva pour saluer son fils cadet, puis demanda à la créature d’aller chercher son mari dans le parc. En l’attendant, elle échangea quelques banalités avec son fils, le questionnant sur son travail et sur sa santé. Quand Jacob les eut finalement rejoint, les salutations se poursuivirent un peu alors que Joleen servait du thé à tout le monde, et apportait des muffins à la citrouille.

« J’aimerais vous annoncer quelque chose, dit David d’une petite voix. J’espère que vous serez compréhensifs »

Le sourire serein qu’affichait jusqu’à présent Rachel s’estompa en un instant. Qu’entendait-il par compréhensif ? Pourquoi devraient-ils l’être ? En un instant, ses vieux démons refirent surface. Ce n’était pas possible. Pas encore. Pas lui. Pas David. Pourtant, avec un certain recul, cela semblait si logique. Pourquoi, lui qui avait toujours été si fier de présenter ses amis et ses petites-amies à ses parents quand il était plus jeune, avait tout à coup décidé de laisser planer un si grand mystère autour de l’identité de cette jeune femme ? Pourquoi était-il resté si évasif à son propos ?

« Vous le savez, je fréquente une femme depuis quelques mois. Plus d’un an en fait, et elle est très bien. Elle s’appelle Pénélope et l’ai demandé en fiançailles et nous allons nous marier très prochainement, annonça le jeune homme avant de marquer une pause et de boire une gorgée de thé. C’est une moldu »

À peine le mot fut-il prononcé qu'un bruit de porcelaine brisée résonna alors que la tasse de Rachel s’écrasait au sol. Pendant que Joleen se précipitait à ses pieds en bafouillant pour réparer les dégâts, la vielle femme se leva brusquement, le visage rougit par la honte et la colère. Elle ne pouvait s’empêcher de se demander : qu’avait-elle raté dans l’éducation de ses enfants ? Six enfants, dont un homosexuel et deux traîtres à leur sang. Elle avait forcément failli quelque part. Jacob, faisant preuve de bien plus de retenue que son épouse, posa tranquillement sa tasse sur la petite coupelle prévue à cet effet, avant de poursuivre d’un ton calme.

« Je te demande pardon ? Demanda-t-il à son fils, en le regardant par-dessus ses lunettes. Je ne suis pas certain d’avoir compris »

« Je suis amoureux de Pénélope, et je compte l’épouser, répéta David dont le teint avait tourné au blanc. J’aimerais que vous la rencontriez afin de me donner votre bénédiction »

« Sors de cette maison immédiatement ! S’emporta la vielle femme. Comment oses-tu venir ici pour nous demander une telle chose ? Tu veux détruire notre famille ? Tu veux finir comme ta sœur ? »

Sur ces paroles, David se tourna vers son père espérant y trouver le soutien que ne lui offrait pas sa mère. Rachel fit de même. Son mari avait plus d’une fois réussi à trouver les mots, et à régler les choses en usant de diplomatie.

« David, j’espère que tu comprends bien que nous ne sommes pas en mesure de te donner notre bénédiction, déclara le chef de famille Cooper. Je suis sûre que nous pouvons trouver une autre solution »

« Il n’y a rien qui me fera changer d’avis, répondit simplement le plus jeune fils avant de se lever, signe d’un départ imminent. Le mariage aura lieu le trente juillet, vous y êtes évidemment invités »

« David s’il-te-plaît »

« J’espère vous y voir, offrit-il pour seule réponse au regard désespéré de sa mère »

Ce matin la, Orphéa avait été autorisée à sortir de l’infirmerie ou elle se trouvait depuis plusieurs jours, pour assister à l’enterrement de son grand-père. Ils avaient appris sa disparition trois jours avant, par hibou, suite à une mission effectuée pour le Conseil des Sorciers. Jacob avait été déclaré mort, mais le corps n’avait pas été retrouvé. Elle avait donc assisté à la cérémonie à Godric’s Hollow. Plus précisément à l’église et au cimetière Saint-Jérôme. Le Conseil considérait son grand-père, au même titre que ses deux coéquipiers comme des héros de guerre. Même si cela s’était fait sans corps, Jacob avait donc le droit à des funérailles officielles, en présences de certains membres du gouvernement. La cérémonie avait duré longtemps. Différentes personnes avaient pris la parole. Son père, ses oncles et tantes, des collègues, des membres du gouvernements, puis finalement sa grand-mère. Elle n’avait pas versé une seule larme. Les membres de la famille avait ensuite jeté des rose sur le cercueil descendu en terre, et des cornemuses avaient résonné dans la ville sorcière.



La suite de la cérémonie se déroulait au Manoir de Bottomcraig. La grande salle de réception était pleine a craquer, et Orphéa peinait à accéder au buffet. Alors qu’elle arrivait finalement à proximité des petits fours, Joleen, la petite elfe de maison s’approcha d’elle pour l’inviter à la suivre d’une petite voie fluette.

« Miss, votre grand mère veux vous recevoir avec votre père dans le bureau de feu Monsieur Cooper »

Elle laissa avec grand regret le buffet et suivit l’elfe. Quelques minutes plus tard, elle se trouvait dans le bureau de son grand-père, avec sa grand-mère, son père et un monsieur en costume noir, Maître Cornwell. Sans plus de cérémonie, il prit la parole alors qu’Orphéa et Caleb s’asseyaient.

« Monsieur Cooper, j’imagine que les présentations ne sont plus à faire, vous me connaissez. Je suis donc ici en tant qu’exécuteur testamentaire de votre père, indiqua Monsieur Cornwell en remontant ses petite lunettes sur son nez. Je vais être bref puisque nous avons d’autres affaires à traiter. Ainsi, les titres, propriétés ainsi que 50% de la fortune de Monsieur Jacob Cooper revient à sa veuve, Rachel Cooper. 40% sont divisés équitablement en cinq parts, entre chaque enfants. Votre sœur Megan m’a déjà fait savoir qu’elle refusait cet héritage. Les 10% restant sont quant à eux répartie entre les neufs petits enfants héritiers. La propriété de Lochawe, reste propriété de Rachel Cooper jusqu’au jour de son décès, ou celle ci appartiendra au premier héritier mâle. Les dernière volonté de Jacob étaient que je vous remette à chacun des objets personnels. Nous ne feront pas cela aujourd’hui, il reste quelques détails… administratifs, à régler »

Caleb hocha simplement la tête, alors qu’Orphéa se demandait pourquoi ils se trouvaient la. Cette nouvelle concernait tout le monde non ?

« Bien, passons à la suite, précisa Rachel, accélérant le mouvement. J’ai une nouvelle importante. Monsieur Cornwell »

Elle lui indiqua d’un signe de main qu’il pouvait prendre la parole en fixant son fils d’un regard intense. Un regard qui n’annonçait pas grand chose de bon.

« Votre mère m’a fait part de sa décision de modifier son testament, expliqua-t-il d’un ton morose. Pour des raisons qui lui sont propre, elle décide de faire de vous, Caleb Cooper son héritier principal. Au décès de votre mère, en plus d’une partie de sa fortune qu’il sera répartie entre l’ensemble des héritiers, vous hériterez de cette demeure et des terres attenantes, des titres, et de l’ensemble des devoirs qui y sont liés. Votre fille ainée, Orphéa Cooper, devient dès aujourd’hui, seconde dans l’ordre de succession, et ce, jusqu’à la majorité de votre unique fils, Oscar Cooper »

« … »

« Pardon ? »

« Ecoute Caleb, cette décision est toute réfléchie, expliqua-t-elle. Après ce qui est arrivé à ton père, je ne peux permettre que la descendance de cette famille ne soit souillée une fois de plus avec du sang impur. Charlie ayant eut le mauvais goût de s’enticher d’une simple née-sorcière, la pureté de la lignée ne peut-être assurée. Edward et... les… garçons, je ne peux pas prendre de risque, il n’aura jamais d’enfants biologique. Ne parlons même pas de David, il est bien trop jeune, bien trop irréfléchi, impulsif et volage. Tu es le seul héritier mâle, capable d’assurer une descendance biologiquement seine et pure. Crois-moi, si cela était possible, c’est Aria qui serait assise dans ce bureau, et non toi. De plus, je veillerai personnellement à ce que tes enfants reçoivent l’éducation qu’ils méritent »

Plus sa grand-mère se justifiait, plus Orphéa avait de questions. Pourquoi pas la tante Aria ? Parce que c’est une fille ? Et pourquoi son frère n’était pas directement nommé héritier ? Elle n’était pas plus majeure que lui. Est-ce qu’elle allait devoir venir vivre à Bottomcraig ? Est-ce que sa grand mère allait la marier de force à un autre héritier d’une famille de sang-pur ?

« Tu sais très bien que Charlie ne sera pas d’accord, grogna-t-il coupant la jeune fille dans ces réflexions. Tu veux encore te mettre un autre de tes fils à dos ? »

« Je fais ce qu’il y a de mieux pour notre honneur à tous, dit-elle en haussant la voix. Tu devrais me remercier d’offrir cette chance à ta famille, vous aurez plus d’argent que nécessaire, les enfants recevront la meilleure éducations qui soit ! »

Alors que les échanges continuait, Joleen l’elfe de maison s’approcha d’Orphéa et tira sur sa manche pour attirer son attention.

« Miss, dit il d’une voix fluette. Il est l’heure de partir »

La Serpentard décida de la suivre, laissant son père et sa grand mère se disputer. L’elfe la conduit vers le hall d’entrée ou l’attendait déjà ses cousins ainsi que les adultes. Sa mère l’embrassa avant de lui lancer un regard interrogateur. Elle n’avait pas le temps de lui expliquer. Il était déjà temps de rentrer à Poudlard.

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