Nélya et Gianna les rejoignirent, au grand soulagement d'Ava ; elles allaient potentiellement pouvoir mettre fin à cette ambiance des plus troublantes.
La deuxième année les salua d'un grand sourire accompagné d'un signe de la main, avant de remarquer l'air perdu qu'affichait sa coéquipière de cheerleading. Cette dernière affirma voir des fils rouges partout. La Verte fronça les sourcils, intriguée. Des fils ? Rouges ? Qu'entendait-elle par là ? Elle observa les alentours pour vérifier, mais ne releva rien d'inhabituel. La fillette commençait sérieusement à s'inquiéter pour Gianna. Était-ce comme lorsque l'on voyait des étoiles devant les yeux quand on manquait de repos ? Des fils rouges lui semblaient assez étranges, tout de même...

– Des... fils rouges, tu dis ? Où ça, exactement ? Gia, tu es sûre que t-

Ava fut coupée en plein milieu de sa phrase, saisie par la taille par quelque chose. Ou plutôt quelqu'un.
La châtaine put vaguement distinguer le visage de son ami avant que ses lèvres n'entrent brutalement en contact avec celles de ce dernier.

Incompréhension. C'était la seule émotion que ressentait la fillette en cet instant précis. Pour elle, ne pas répondre avait simplement été une façon polie de refuser, mais maintenant elle se rendait compte qu'elle aurait dû être plus formelle.

Ce contact l'oppressait. Elle se sentait agressée dans son espace vital, forcée à faire quelque chose qu'elle n'avait pas envie de faire. Cette incompréhension se mua en une panique incontrôlable qui lui vrilla l'estomac lorsque l'information atteignit enfin son cerveau. Il l'avait embrassé.
Comme dans un réflexe, la petite se dégagea aussitôt de cette étreinte, repoussant son ami d'un geste bien plus violent que ce qu'elle aurait voulu.

Son cerveau était en ébullition, ses pensées s'entrechoquant dans un tourbillon indéchiffrable d'hypothèses, de questions sans réponses et de sentiments. Ses neurones tardaient à se connecter entre eux. C'était ça, l'amour ? Se forcer à faire quelque chose, quitte à aller à l'encontre de son vouloir ? Si c'était le cas, Ava n'était pas sûre d'apprécier ce concept.

Ava serra les dents, terriblement mal à l'aise. La petite planta ses ongles dans sa peau, réprimant de tout son être les larmes qui lui montaient aux yeux. Non, elle avait besoin de tout sauf ça. Nul besoin de se ridiculiser davantage. Et puis, je n'ai pas de raisons de pleurer, se répétait-elle mentalement pour se ressaisir. Ce serait risible de fondre en larmes après qu'un garçon l'ait embrassée. Ça ne ferait que d'aggraver les choses en culpabilisant Victor, or celui-ci n'y était pour rien. *'Fin si, un peu quand même*

La châtaine détestait cette panique et cette incertitude qui s'emparaient d'elle, ce sentiment de ne plus rien contrôler, de perdre pied. Son regard regarda autour d'elle, scrutant les visages tournés vers elle. Canelle. Gianna. Nélya. Victor. Que pensaient-ils d'elle désormais ? Qu'elle était un véritable chaos émotionnel ? Une vraie asociale dans l'incapacité de gérer ou même de comprendre ses propres sentiments ?
La Vert et Argent déglutit avec difficulté. Comment leur en vouloir ? Tout cela n'était pas faux, après tout.

Nélya Marks, troisième année 13 ans BBCode= #800000

@Gianna Evans, @Ava Meywood, @Canelle Johnson @Victor Riggle

Jeudi 14 février 2047, dans la matinée

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débardeur blanc, chemise blanche manches remontées aux coudes, cravate Gryffondor tenue lâche, robe de sorcière ouverte, chaussettes hautes noires, jupe noire plissée, vielles converses noires

A leur approche du petit groupe, Nélya profita enfin de la fin de la marche folle de sa meilleure amie pour poser sa main sur son dos, qu'elle lui frotta doucement. Tout comme elle, Ava ne semblait pas exactement saisir l'entièreté de cette histoire de fils rouges, et même en cherchant encore, la brunette n'en trouvait pas la moindre trace! Gia' devait-elle absolument vivre des choses rocambolesques à chaque St. Valentin?

Doucement, l'air préoccupée, elle leva les yeux cers Ava, sans s'arrêter dans son geste tandis qu'elle venait prendre l'une des mains de Gianna en plus. Mais ce qui se produit sous ses yeux fut si soudain, si inattendu que la brunette se figea dans son geste dans le dos de son amie et ne put retenir sa mâchoire de s'ouvrir en grand, mimant une expression de surprise silencieuse, qui ne pouvait se détacher de son visage comme ses yeux ne pouvaient quitter les deux Serpentard.

Bien-sûr, Nélya avait déjà vu des gens s'embrasser sur la bouche, comme ses parents! Elle savait ce que ça voulait dire: qu'on aimait l'autre comme un amoureux ou une amoureuse. Nélya savait qu'il y avait différent type d'amour, mais n'ayant jamais ressenti de différence dans sa façon d'aimer, le concept de l'amour restait assez vague, n'ayant pour référence que ses parents.
Alors, est-ce que Ava et ce garçon, qu'elle rencontrait pour la première fois s'aimer comme des amoureux? Mais pourtant... Pourquoi Ava avait l'air... Triste? Ou... En colère? Ou... apeurée? Rah mais qu'est-ce que c'était? Sa petite recherche mentale eut raison d'elle, et la brunette abandonna l'idée de trouver le juste nom de ce que pouvait ressentir son amie, en tout cas elle n'avait pas l'air contente.
Son regard passa entre les deux Serpentard. Elle doutait, est-ce qu'ils étaient amoureux? Ou est-ce que ce garçon était le seul à être amoureux? Si c'était ça... Alors ce n'était pas bien de l'avoir embrassé sur la bouche! Sa maman lui avait dit que faire des bisous sur la bouche était très important, et que le faire avec n'importe qui pouvait nous rendre malade. Sans lâcher la main de Gianna, Nélya fit un pas en avant vers Ava, vers laquelle elle se pencha.

- Tu te sens mal? Sans attendre de réponse, Nélya farfouilla dans l'une des poche de sa robe de sorcière et en sortit des petits bonbons d'origine des sans-magie pour le tendre à son amie. Tiens! ça aide les bonbons.

L'arrivée de la Serpentard et de la Gryffondor fit rester Canelle, qui laissa échapper un sourire de soulagement. Maintenant qu'elles étaient là, aucune gêne ne risquait de rester trop longtemps et tout se passerait bien. Si la blonde ne les connaissait pas particulièrement bien, elle appréciait Nélya qui l'avait réconfortée dans un des pires moments de sa vie, et n'avait pas d'avis particulier sur Gianna. Les deux filles avaient l'air joyeuses et plutôt bavardes, alors tout irait bien. C'était ce que la deuxième année se répétait, espérant que le mal à l'aise se dissiperait aussi vite qu'il était apparu. Elle ne voulait pas rester sur une note négative.

-Je vois pas de fils rouges, sourit-elle. Tu les vois où ? Canelle ignorait complétement ce dont elle parlait, et se demandait si sa camarade allait bien. Voir des choses n'étaient pas vraiment bon signe. Peut-être était-elle juste fatiguée, ou peut-être était-ce la Saint-Valentin qui avait des effets bizarres cette année. La blonde n'en savait que trop rien et était déçue de ne pas pouvoir aider ses camarades. Après le comportement qu'avait eu Nélya avec elle l'année précédente, la Serdaigle voulait lui rendre la pareille, d'une manière ou d'une autre. Mais les occasions ne se présentaient jamais, la deuxième année ne croisant que rarement son aînée.

Canelle tourna la tête en entendant Ava se couper en plein milieu de sa phrase, et ouvrit de grands yeux étonnés. Le garçon qu'elle ne connaissait pas avait plaqué ses lèvres sur celle de la brune, sans lui avoir demandé. Rapidement, la Serpentard le repoussa avec une expression mal à l'aise. Sa camarade avait l'air de vraiment se sentir mal, comme si elle allait vomir ou quelque chose comme ça. Comment réagir face à ce genre de situation ? La Serdaigle ne s'était jamais retrouvée dans un moment comme celui-ci et n'avait jamais dû réconforter quelqu'un après qu'il se soit fait embrasser de force. Enfin, si c'était bien ce qu'il s'était passé. Peut-être qu'elle devrait tout simplement lui demander si ça allait.

Préparant ce qu'elle allait dire, Canelle fut dévancée par Nélya qui proposait des bonbons à Ava. C'était une bonne idée, peut-être que ça enlèverait le goût des lèvres de son camarade. Enfin, si ça avait un goût. La blonde n'ayant absolument aucune expérience en terme de baiser, elle ignorait comme ça se passait. Comme les gens aimaient ça, elle s'était toujours dit que ça avait un goût particulier. Mais peut-être avait-elle tort. "Euh... hésita-t-elle. Ca va ?". La Serdaigle rougit timidement avant de baisser la tête. Elle aurait pu trouver mieux, mais n'avait été capable que de prononcer ces mots d'une voix faible. Sans trop savoir pourquoi, Ava l'intimidait.