Léonidas exécrait les lundis pour deux raisons, l’une d'elle c’était justement parce que c’était lundi, l’autre c’était parce qu’il avait divination. C’était sans nul doute la matière la plus inintéressante de Poudlard à ses yeux. Certes, la professeure n’avait pas l’air bien méchante, mais la matière était d’un ennui mortel, à en faire mourir d’ennui un fantôme. Il fallait également ajouter à cela que le Serpentard avait complètement oublié de faire son devoir qu’il devait rendre aujourd’hui. Il se retrouvait donc face à un dilemme : se rendre au cours et risquer de perdre des points avec les risques qu’on connaît, notamment celui d’avoir un Troll. Cette option était à écarter d’office ou alors trouver un subterfuge pour ne pas avoir à se rendre en cours.

Il s’arrêta dans le Hall pensif, qu’est ce qui pourrait bien lui permettre de ne pas aller en cours sans risque, parce qu’il séchait purement et simplement, il n’avait aucun doute que Miss Field lui tomberait sur le coin de la figure la semaine prochaine. Restait donc l’option de l’infirmerie. Dès lors deux options s’offraient à lui : raconter son histoire d'oublie de devoir à l’infirmier, mais il était certain que n’importe qui de normalement constitué lui donnerait un coup de balai pour le faire aller en cours, si ce n’est avec une retenue en plus; ou bien se faire passer pour malade.

Il allait donc devoir se faire passer pour malade, mais malade de quoi ? Il n’était pas vraiment bon comédien de toute façon. Il soupira longuement, il n’avait pas véritablement d’autres issues, il espérait simplement que l’infirmier n’y verrait que du feu. Il n’était pas retourné à l’infirmerie depuis un moment, sachant juste que l’infirmier venait d’arriver depuis peu.

Il ne lui restait donc plus qu’à décider de quel mal il souffrirait, pourquoi pas une réaction allergique à une quelconque piqûre, il suffirait de faire gonfler son doigt par exemple. Peut-être avec un Gonflus ? Il écarta cette hypothèse rapidement dès lors qu’il se souvint que Gonflus ne fonctionnait pas sur des humains. Le Maléfice Morveux aussi était à éviter, bien trop simple à contrer surtout pour quelqu’un de son âge et ne justifiant pas un déplacement à l’infirmerie. Sinon prétendre avoir mal après une chute de balais. Pourquoi pas, après tout, il n’irait pas vérifier s’il avait bien eu Vol ce matin.

Il se dirigea donc vers l’infirmerie et grimpa assez rapidement jusqu’au troisième étage tout en prenant la direction de l’infirmerie. Il plaça la paume de sa main droite contre son épaule gauche et se mit à boiter de la jambe droite, la probabilité de croiser l’infirmier à cet étage était importante, il fallait donc jouer le grand blessé. Nul doute qu’il ne serait pas crédible s’il se rendait à l’infirmerie en courant alors qu’il prétendait avoir mal à l’épaule et à la jambe. Concernant sa jambe, il espérait que le bleu qu’il s’était fait quelques jours auparavant en se cognant dans les dortoirs n’avait pas complètement disparu. Il approcha prudemment et esquissa une grimace un peu exagérée avant de s’avancer en direction du bureau, beaucoup moins certain que quelques minutes auparavant, ne sachant pas trop comment t’annoncer, il se contenta de toquer puis de reculer de quelques pas attendant qu'on lui dise quoi faire.

Très bientôt, le lundi, Diarmuid aurait sa journée. Dans l'absolu il aurait déjà pu la prendre pleinement, mais Annaëlle terminait de former son employée et n'était pas encore disponible sur cette journée. Il avait donc profité d'un moment où sa petite-amie devait voir quelque chose avec la femme pour s'éclipser le temps de venir chercher quelque chose dans le petit appartement au dessus de l'infirmerie, celui qu'il occupait à Poudlard. Ruby Lloyd était là pour s'occuper des élèves sur ces heures où il était normalement absent. Il redescendait les escaliers, avisant la sorcière qui accompagnait une élève dans la pièce attenante pour la garder en observation voir lui faire quelques examens supplémentaire. Le jeune homme la salua d'un signe de tête puis prit la direction de la sortie. Il n'eut cependant pas le temps d'atteindre la porte que quelqu'un y frappait. Les épaules du médicomage s'affaissèrent. Il jouait de malchance ou bien? Il prit bien quelques secondes pour réfléchir, soit il prévenait sa collègue, respectant leur arrangement à la lettre, soit il prenait en charge uniquement cette personne pour la soulage. Après tout il en avait le temps, et si cela pouvait permettre de la mettre dans de bonnes dispositions pour une fois suivante...

Décision prise, le jeune médicomage ouvrit la porte, invitant l'adolescent qui se tenait derrière à entrer: "Bonjour, entrez et allez vous installer sur la table. Vous êtes?" Demanda l'irlandais de son accent caractéristique pendant qu'il repliait méthodiquement ses manches. Habitude vieille de son enfance dès qu'il devait faire quelque chose avec ses mains, gestes mécaniques auxquels il n'avait même plus besoin de penser. Ennis riait en disant que si on prenait une règle pour mesure la taille des plis ces derniers feraient rigoureusement la même taille, au millimètre près. Et lui riait qu'elle ait fini par prendre la même manie dans presque exactement les mêmes situations. Il sourit à cette pensée qu'il chassa vite, de même que la mimique qui pourrait être mal interprétée. Il ne se départit pas de sa mine avenante mais observa celui qui portait un uniforme aux couleurs de Serpentard en train de se déplacer. Main droite sur l'épaule gauche, boiterie de la jambe droite. Diarmuid fronça les sourcils. Comment pouvait-il avoir mal en diagonal ainsi. Il ne voyait pas dans quelle discipline pareille chose aurait pu lui arriver. Pourtant des blessures par sort ou chute - dans les escaliers ou de balai - il en avait vu passer parmi ces patients. Mais généralement, soient ils étaient incapables de marcher, soit l'atteinte était unilatéral. Il allait donc devoir creuser ce qui se passait pour ce jeune homme. "Dites mois ce qui vous amène exactement? Comment vous êtes vous fait mal?" Questionna-t-il quand le jeune homme fut installé.

Il fallait absolument que Léonidas garde son rôle, c’était trop tard pour reculer, maintenant il y était, alors advienne que pourra. Il ferma les yeux quelques instants simulant une grimace de douleur, mais avant tout pour se donner du courage. Il lui restait encore quelques secondes pour faire machine arrière et rebrousser chemin l’air de rien. Autant cette idée lui semblait géniale il y a 10 minutes, autant désormais elle lui apparaissait comme profondément stupide et inconsciente, il n’était pas sûr que son histoire tienne cinq minutes.

De toute façon, le destin semblait avoir choisi pour lui puisqu’au moment où il allait rebrousser chemin, l’infirmier venait de lui ouvrir la porte. Il n’avait donc désormais plus le choix et il raffermit sa prise sur son épaule afin de poursuivre dans son simulacre de comédie. Autant faire en sorte que ça dure le plus longtemps possible peut être que l’infirmier serait impressionné par ses talents d’acteur et serait donc plus sympa, ou alors il n’y verrait que du feu. L’espoir fait vivre après tous.

Après avoir été invité à entrer, Léonidas fit quelques pas assez lents tout en grimaçant légèrement, il allait finir par avoir une véritable crampe si ça continue. Il observa le bureau rapidement, ne se souvenant plus vraiment à quand remonte sa dernière visite, il n’était pas casse-cou et plutôt résistant aux maladies. De ce fait, les fois où il s’est rendu à l’infirmerie devaient se compter sur les doigts d’une seule main. Visiblement l’infirmier lui avait posé une série de questions à laquelle il s’empressa de répondre une fois arrachée à ses pensées.

— Léonidas Vance, Monsieur. Je crois que j’ai fait une mauvaise chute dans les escaliers ce matin en allant en cours. J’étais entrain de montée et j’avoue que j’étais un peu distrait. Du coup j’ai été surpris lorsque l’escalier sur lequel j’étais s’est mis à tourner et puis j’ai perdu l’équilibre. J’ai réussi à mettre mon bras pour éviter que ma tête ne cogne, mais mon genou a tapé entre deux marches. Je pensais que j’aurais juste un bleu ou deux et que ça irait, mais depuis ce midi ça me fait vraiment mal à l'épaule et au genoux…

Il était idiot, l’idée de base c’était une chute en balais, pas une ne chute dans les escaliers, son histoire n’était pas crédible, il avait essayé de mettre le maximum de détail et d’hésiter le moins possible afin de rendre cela un maximum crédible, mais lui-même ne croyait pas à sa propre histoire. Léonidas fixait l’infirmier observant sa réaction pour voir s’il y croyait. Il n’avait pas vraiment d’espoir et s’attendait à se faire congédier manu militari. Toutefois, son histoire était plausible, restait simplement à justifier pourquoi avoir attendu toute la matinée pour venir à l’infirmerie, il fallait réfléchir à cette partie du problème, mais cela ne servirait à rien si l’infirmier ne gobait pas la première partie de son mensonge. Est-ce qu’il n’en avait pas trop fait en arrivant tout boitillant ? Est-ce qu’un détail lui avait échappé ? Beaucoup trop d’interrogation et pas du tout de réponse, Léonidas n’aimait absolument pas la situation dans laquelle il s’était fourré.

Encore désolé pour le temps d'attente

L'infirmier scolaire eut bien des difficultés à arrêter de froncer les sourcils en voyant la main du jeune main se crisper encore plus sur son épaule. C'était définitivement étrange. Pourtant, il se força à détendre son visage. S'il avait réellement mal, il serait plus que mal venu de lui dire qu'il jouait la comédie. Alors, il le laissa entrer et s'installer, et surtout, il le laissa lui fournir des explications en essayant de trier ce qu'il entendait. Il donnait des détails peu utiles, ce qui laissait penser qu'il disait la vérité, mais... mais il avait ce sentiment. Et il avait répondu rapidement, d'une seule traite et le ton de sa voix ne collait pas. En bref, Diarmuid était plus que septique.

- "Il y a deux ou trois choses que je ne comprends pas. Vous êtes tombé quand exactement?" Le matin ou le midi? Car si on chutait le matin d'une telle façon, les douleurs ne se déclenchaient pas trois ou quatre heures plus tard. L'irlandais, plutôt convaincu que le vert et argent tentait de le mener dans le bateau qui servait de moyen de transport aux élèves de Durmstrang, continua donc ses questions, non sans sortir sa baguette magique de la poche interne de son vêtement. Il n'allait pas s'en servir dans la seconde, mais juste après. "Et donc en mettant votre bras en opposition, entre votre tête et les marches, vous vous êtes fait mal à l'épaule droite." Oui, c'était vicieux, mais c'était assez efficace en général, les menteurs se perdaient généralement très vite dans ce genre de détails. "Et votre genou" il montra le genou droit, supposément douloureux, "a frappé contre l'escalier?" Et la suite? Plutôt facile, il s'agissait d'ausculter l'adolescent.

- "Il faudrait que vous puissiez retirer votre chemise et votre pantalon pour que je puisse examiner épaule et genou. Visuellement, en les mobilisant, et avec un sortilège pour inspecter les articulations. Une simple chute peut faire de gros dégâts." Le châtain était volontairement alarmiste, histoire d'inquiéter un peu le gamin. "Vous faites du sport? Car selon les blessures..." Il en rajoutait une couche, encore une, en laissant sa phrase en suspens; de vraies lasagnes de veaudelune. Et sur cette question, il fit s'ouvrir l'armoire des dossiers d'une coup de baguette magique pour aller en extirper manuellement le dossier du Serpentard et le feuilleter le temps qu'il ôte les vêtements nécessaires. Les quelques feuillets ne lui indiquaient rien de particulier, il n'était pas souvent venu entre les murs de l'infirmerie depuis le début de sa scolarité pas plus qu'il n'avait été très malade durant l'enfance. Un jeune sorcier somme toute assez classique d'un point de vue médical. "Vous chutez souvent?" Demanda l'aîné des O'Belt en relevant le nez de la chemise avant de la déposer ouverte sur le bureau et revenir vers son patient.

Franchement il avait envie de disparaître, c’était vraiment une idée profondément stupide. Il jeta un bref coup d’œil en arrière observant la porte, est-ce que s’enfuir en courant était une possibilité ? Il n’était qu’à quelques mètres de la sortie, le Serpentard était bon coureur en plus, il était certain qu’il pouvait avoir quitté l’infirmerie avant que l’infirmier ne soit le temps de dire « Merlin ». Mais était-ce la bonne solution. Après tout, quoiqu’il fasse il était dans de beaux draps.

Cela dit il dut bien vite se reconcentrer sous le flot d’informations que lui envoyait l’infirmier. Il cherchait quoi ? À le déstabiliser, bah c’était gagné, il devait réfléchir vite, faire le tri entre les informations que lui donnait l’infirmier et surtout monté une histoire crédible. C’était beaucoup, même pour lui. Mentir sur des petits trucs sans se faire cramer c’était pas bien difficile, il le faisait souvent. Cependant, là c’était un autre niveau, il devait improviser une histoire crédible avec quelqu’un qui était loin d’être le dernier de la file.

Léonidas tous en réfléchissant afin de répondre au maximum de questions de l’infirmier
— J’sais plus exactement, il devait être 8 h 20 quelque chose comme ça, j’allais en Histoire de la Magie il me semble, et puis j’étais complètement à la bourre, j’ai quasiment sauté le petit-déjeuner ce matin.

Léonidas en disant cela finit d’ôter sa chemise, il essayait de garder en tête qu’il jouait un blessé et grimaça au moment de sortir son bras droit de la manche et chercha du regard un endroit où posé sa chemise, ne sachant pas trop quoi en faire il la plia avant de la poser non loin. Il découvrit également qu’un bleu était apparu sur son bras droit sans qu’il ne s’en rende compte, il avait dû se cogner le bras dans son sommeil, ce n’était pas douloureux, mais ça donnait un peu plus de crédit à son histoire. Il commença par la même à ôter son pantalon, tout en continuant de répondre.
— Bah en fait quand je suis tombé j’ai mis rapidement mon bras droit en protection comme ça, dit-il tout en mimant le geste avec l’autre bras. Le truc vous savez c’est que je faisais de l’équitation quand j’étais plus petit, mais j’ai fait une sacrée mauvaise chute qui m’a déboité l’épaule et m’a filé une peur bleue des gros animaux, du coup je suppose que mon épaule est un peu fragile, fin j’en sais rien.

Léonidas prit quelques instants afin de se taire, c’était vraiment moche ce qu’il venait de faire, mais il fallait donner un peu de crédit à son histoire. Pour la chute à cheval c’était vrai, concernant les conséquences physiques c’était en partie faux, certes il ne s’était pas vraiment déboité l’épaule, mais il avait eu de sacrés bleus. Heureusement pour lui, les conséquences étaient avant tout psychologiques. Il devait rendre son histoire plausible, parce que l’infirmier venait de pointer un vide dans son histoire, s’il avait mis le bras, ça n’expliquait pas pourquoi il avait mal à l’épaule.

Léonidas finit de retirer son pantalon, non sans faire une fausse grimace au moment de passer sa jambe gauche. Celle-ci fut moins difficile à simuler puisque effectivement le bleu à sa jambe gauche, qu'il s'était fait quelques jours auparavant, lui fit quelque peu mal lorsque le tissu de son pantalon frotta dessus. Il plia et déposa son pantalon au même endroit avant de poursuivre ne sachant pas trop quoi faire, une certaine fébrilité commençait à le gagner, il fallait absolument qu’il arrête de poser des questions, ça devenait vraiment trop compliqué pour le Serpentard de simuler être blessé, réfléchir à son histoire et parler pour ne pas donner l’impression de trop hésité, sans pour autant débiter des montagnes de détails :
— Bah du coup je faisais de l’équitation et pas mal de Quidditch je devrais tenter d’intégrer l’équipe de ma maison, vous pensez que c’est grave ?

C’était peut-être un peu trop de jouer sur la corde de la sensibilité, mais avec un peu de chance l’infirmier n’était pas froid comme une armoire à glace et se laisserait attendrir. Toutefois, Léonidas n’y croyait même pas lui-même. Cela dit l’espoir fait vivre...

Diarmuid comprit bien vite qu'il avait atteint son but, déstabiliser le jeune qui se trouvait face à lui. Il pouvait presque entendre son esprit tourner à plein régime pour trouver les réponses adéquates. Toutefois, l'infirmier irlandais l'écouta avec attention. Le détail de son réveil l'important peu, mais l'adolescent devait essayer de se raccrocher à quelque chose. Une heure tardive de levé, un petit déjeuner sauté ou presque... rien de primordial. Le jeune adulte hocha la tête et l'invita à poursuivre.

Intéressant, il grimaçait en retirant sa manche droite, celle qui avait été volontairement mentionnée lorsqu'il avait demandé des précisions. Mais le gamin se tenait l'épaule gauche en arrivant. Plus aucun doute sur le mensonge, mais Diamruid n'eut pas le temps de l'arrêter, le Serpentard avait poursuivit son récit, et continuait à s'enfoncer. Pas verbalement, sa chute de cheval, sa blessure, sa crainte des animaux... c'était crédible. Même si ca n'expliquent en rien son hypothétique blessure à l'épaule, même si la droite présentait un hématome. Mais physiquement, car le médicomage avait bien vu le manège. Voilà que la jambe douloureuse était la gauche.

- "Grave? Je vais devoir faire une auscultation pour vérifier mais il me semble que vous souffrez d'une mendaciumnite aiguë. Pris à temps, on s'en sort généralement sans séquelle trop handicapante." La maladie n'existait absolument pas, il s'agissait d'un néologisme ici du latin, mendacium, pour mensonge. Pourtant le châtain avait été très sérieux en la mentionnant, cette pathologie qui pourrait l'empêcher de jouer au Quidditch si elle n'était pas prise en charge a temps. Et même, apres avoir replacé sa baguette dans une autre poche, il poussa le vice en inspectant chacun des bleus visibles et en mobilisant chacune des articulations des deux bras et des deux jambes, après tout on comparait toujours membre malade et membre sain.

- "Bien, je crois que je ne vais pas avoir besoin de ça finalement." Il placa sa main droite à l'endroit où il avait rangé sa baguette quelques minutes plus tôt. "Je confirme, c'est une mendacimnite. Plutôt avancée d'ailleurs. Je ne sais pas si c'est rattrapable, surtout quand elle touche les quatre membres." Il eut un sourire désolé, ou pas. Il désigna ses vêtements à Léonidas puis s'éloigna en disant. "Vous pouvez vous rhabiller." Il alla ensuite appuyer ses fesses sur son bureau et observa l'adolescent en croisant ses bras sur son torse, le droit pas dessus le gauche dévoilant à demi son tatouage. "Et m'expliquer la véritable raison de votre venue ici. J'apprécie peu d'être pris pour un botruc de six semaines. Vous vous teniez l'épaule gauche, pas la droite en arrivant. Et boittiez de la droite pas de la gauche." Diarmuid attendait les explications et comptait bien renvoyer le garnement droit en cours.

Le rapide exactement n’avait pas été plus douloureux que ça, même s’il avait grimacé quelque peu lors de l’auscultation des membres qu’il avait prétendu blesser. Il devait rester concentré et attentif aux détails. On lui a appris, enfin c’est surtout Priam qui lui a expliqué, que le meilleur moyen de mentir c’était de raconter une tonne de détails inutiles. Il s’y était employé réfléchissant rapidement à rendre le tout cohérent, il ne restait plus qu’a espéré que l’infirmier gobe ce qu’il racontait.

Cela dit, il n’en fut rien et rapidement le couperet tomba. Léonidas soupira longuement, ce qu’il craignait venait exactement de se produire, il s’était fait grillé en deux minutes top chrono. Il récupère ses vêtements et se rhabilla, assez lentement pour retarder le moment des explications. Il ne tenait pas trop à devoir se justifier, mais dans tous les cas ça ne changerait pas grand-chose à sa situation. Visiblement, l’infirmier venait lui aussi de s’amuser à le mener en bateau, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il avait fini à l’eau.

Une fois rhabillée Léonidas se mit à osciller sur chacun de ses pieds, assez mal à l’aise. Il n’aimait pas avoir à se justifier. Pourtant, c’est bien ce qu’il allait devoir faire. Il hésita de longues minutes, bégayant à plusieurs reprises avant d’enfin se lancer.

— Normalement là je devais avoir cours de Divination, d’ordinaire je fais toujours mes devoirs, c’est pas ça le souci. Sauf que j’ai oublié pour la première fois. J’étais trop préoccupé par la sélection prochaine pour le Quidditch et j’ai pas eu le temps de faire ce fichu devoir. Du coup j’me suis retrouvé face à un dilemme, soit j’y allais et je me faisais enguirlander par Miss Field, soit j’inventais un truc en venant à l’infirmerie. Le truc c’est que si jamais Père apprends que j’ai oublié de faire un devoir, je suis sure de recevoir une beuglante dans les deux jours, déjà que pour un A j’ai eu le droit à un hibou au vitriol, alors une note plus basse j’vous laisse imaginer. Une retenue c’est beaucoup plus facile à cacher, et puis j’peux faire en sorte de dire que c’est pas ma faute, que j’ai été entrainé dans une bêtise de mes frangins. Vous voyez ?

Pour le coup, Léonidas n’était pas certain, il espérait que l’infirmier se montrerait compréhensif. Cela dit, en y réfléchissant bien, il venait peut-être de sérieusement aggraver son cas. Il avait été honnête, il ne lui restait plus qu’a espéré que l’infirmier soit homme à apprécie l’honnêteté. M’enfin, s’il pouvait se faufiler discrètement plutôt que d’avoir à subir le regard de l’Irlandais, le choix était vite fait.

Excusez-moi pour ce très gros retard

Malgré les grimaces venues déformer les traits du visage du jeune homme, Diarmuid n'avait pas été dupe et son patient - qui n'en était pas un - l'avait vite compris quand il avait reçu l'injonction à dire la vérité. Mais, l'irlandais n'étant pas de ceux qui appréciaient remuer la baguette dans la plaie, il avait laissé le temps au brun de se rhabiller et de rassembler ses pensées, restant patiemment appuyé sur le bureau, bras croisés sur son torse et regard rivé sur le garçon. Ce n'était pas forcément visible dans son tempérament vif, souvent taquin et rieur, mais il pouvait être incroyablement patient.

Et puis le gamin n'avait pas eu d'autre choix que de s'expliquer, se balançant d'un pied sur l'autre, hésitant et battant sur les mots. Preuves irréfutables de son malaise à être pris sur le fait. Diarmuid le laissa donc présenter son excuse à cette irruption dans le centre de soin de Poudlard. Divination, s'il y avait bien un cours qu'il avait été ravie de ne pas voir figurer à son emploi du temps ça avait été celui-là. Les prédictions, le destin, des décisions prises par une instance supérieure le concernant, ce n'était pas quelque chose qui le ravissait. Mais ce n'était clairement pas suffisant pour le médicomage. Pas plus que cette histoire de devoir non fait. S'il avait dû parier sur un professeur aussi sévère sur un premier devoir oublié alors il aurait plutôt misé Sixtine Valerion ou Joanne Taylor. Quand il eut finalement terminé d'expliquer ses raisons, Diarmuid ne lâcha pas son regard mais il prit le temps d'inspirer et expirer longuement avant de parler. Se poser en adulte qui sanctionne n'était pas la chose la plus aisée. Depuis qu'il avait pris son tout premier poste, alors même qu'il n'était encore qu'étudiant en césure, il n'avait jamais eu qu'un rôle de soignant. Mais là, il devait aussi se poser en encadrant de jeunes sorcier. Et il n'y avait pas réellement de mode d'emploi.

- "Et bien nous y sommes. Et si je vois bien le cheminement de votre pensée, il présente une lacune. Vos parents sont tout autant au fait de vos retenues que de vos notes." Et dans ces deux cas là, il savait ce que c'était que d'avoir des parents intransigeants, ils en avaient tous faits les frais, sa sœur encore plus puisqu'elle avait eu le malheur de récolter deux retenues en cinq ans, dont une où elle n'était pas en faute. Mais les parents exigeants n'avaient généralement que faire de la faute. "Ensuite, si c'était la première fois, êtes vous certains que Miss Field n'aurait pas pu se montrer compréhensive. Je doute qu'elle donne un T sur un premier manquement. Vous m'auriez parlé de certains de ses collègues j'aurais pu le concevoir mais..." Non il ne voyait pas cette femme procéder ainsi, il se fourvoyait peut être ceci dit. "... J'ai bien peur qu'il ne vous faille assumer." Fut sa conclusion avant de quitter le point d'appui qu'il avait pris pour aller s'asseoir à son bureau et tirer de quoi écrire quelques mots à l'attention de la professeur de divination et de tendre le parchemin au garnement quand il le libérerait, il ne cacheta pas, il pourrait le lire, de toute façon sa signature était difficilement imitable.

- "Vous allez donner ça à Miss Field, pour expliquer votre retard. Un malaise bénin qui vous a amené ici mais qui ne justifie pas que je vous garde plus longtemps. Pour votre devoir je ne peux rien, mais je pense que si vous lui expliquez ce que vous venez de me dire, elle sera compréhensive." Il observa ensuite le jeune homme avant d'ajouter: "Pour vos parents, je pense bien cerner votre problème. Vous voulez en parler?" Il proposait, au jeune de saisir l'opportunité.

Léonidas était dans l’expectative ne sachant pas trop quoi penser, surtout quand un certain silence s’installa après son long monologue. Il ne saurait pas dire si c’était bon signe ou mauvais signe. Une chose était sûre, il n’allait pas pouvoir l’accuser de lui raconter des brouettes cette fois-ci, il s’agissait de la plus stricte vérité. Aussi le Serpentard attendait que le couperet tombe, il avait voulu être malin et s’était fait prendre comme un bleu.

Lorsque l’infirmier repris la parole, Léonidas écoutait attentivement et du se rendre à l’évidence que son plan était voué à l’échec. Père aurait été au courant d’une éventuelle retenu, cela lui semblait pourtant évident avec un peu de recul, il se sentait tout à coup bête de ne pas y avoir pensé. Il avait forcément une autre solution, non ? Faire croire qu’il n’y était pour rien ? Père n’en aurait rien à faire, le pire étant qu’il risquerait d’en parler à Oncle Darius. Tout est préférable à cette situation, même un tête-à-tête avec un mage noir.

Léonidas continuait d’écouter avec attention les explications de l’infirmier. Ce n’était vraiment pas agréable comme situation, mais il n’avait pas vraiment d’autre choix. D’autant que là encore le jeune garçon pouvait difficilement lui donner tort, le professeur Field n’avait pas la tête d’une professeur très stricte et en accentuant un peu son histoire il aurait pu sans aucun doute s’en sortir. Maintenant, ça allait être beaucoup plus compliqué surtout si l’histoire avec l’infirmier lui remontait aux oreilles.

— J’ai paniqué et j’ai pas vraiment réfléchi. Enfin si, mais pas dans le bon sens. Je gère mal le stress, ça me fait mentir par réflexe…

Cet aveu n’était pas forcément le plus aisé à faire pour le Serpentard, il devait bien l’admettre qu’il avait une certaine tendance aux mensonges plutôt que de se retrouver dans une situation délicate. C’était presque devenu une habitude de mentir pour lui, il mentait souvent dans ses hiboux, il lui arrivait même de mentir à Dale. Il n’avait jamais vraiment vu le mal jusqu’ici, il commençait peut-être à légèrement le percevoir.

L’infirmier se leva et griffonna un mot sur un bout de parchemin, ce qui s’apparentait à un justificatif de retard. Le garçon en fut surpris, lui qui s’attendait à se faire congédier fissa et à se retrouver dans les ennuis. L’infirmier lui offrait une porte de sortie où il n’arriverait à limiter la casse, certainement pas une avalanche de reproches, mais au moins il pourra ignorer le hibou. Il ne restait plus qu’à convaincre Miss Field. Le jeune Serpentard comptait partir après avoir remercié vivement l’infirmier lorsque celui-ci posa une question qui déstabilisa le 4e année. Il se retrouvait face à un dilemme : parler ou ne rien dire. Finalement le jeune garçon arrêta son geste et fixa un point fixe quelque part sur le mur du bureau avant de tout déblatérer d’une traite.

— J’suis pas sûre que vous parveniez à comprendre ce que c’est d’avoir grandi dans une famille comme la mienne. Vous savez, ma mère est partie juste après ma naissance, mes parents ont divorcé, je l’ai plus jamais revu depuis. À croire que c’est à cause de moi qu’ils ont divorcé. Père dit que c’est entièrement ma faute si elle est partie. Mes frères m’ont déjà dit qu’il était plus le même depuis, il passe ses journées enfermé à la maison, le nez dans ses potions. Il sort rarement et dans ces moments-là il n’a d’yeux que pour Achille et Hector, moi c’est tout comme si j’étais transparent. Sinon, les seules fois où il me remarque c’est pour me faire des reproches, je suis trop comme si, pas assez comme ça. Il ne m’a pas encore dit que j’étais sa plus grande déception, mais il le pense au fond, je le sais. Par contre, quand il s’agit de me dire que je suis un incapable, là il n’hésite pas, il me rappelle constamment qu’il ne tolère pas la médiocrité dans sa famille. Bon y’a les jumeaux, mais même eux ont plus de valeur à ses yeux j’ai l’impression et pourtant il le font tourner en bourrique. Je comprends pas ce que je lui aie fait, j’ai rien demandé de tout ça moi…

Le Serpentard dut s’interrompre quelques instants, sentant les larmes lui monté aux yeux, il ne s’était jamais senti aussi vulnérable face à quelqu’un. Il avait sorti toute cette rancœur accumulée depuis des années, il avait mis des mots dessus et il ne savait pas si ça lui faisait encore plus mal ou non. Il se détourna quelques instants, posant sa main sur ses yeux avant d’éclater en sanglots, de trois quarts dos à l’adulte.

Encore désolé pour cet immense retard, l'inspiration a été dur à trouver pour ce post et je souhaitais réellement prendre le temps de poser les bons mots sur ses émotions et son ressenti

Diarmuid n'eut pas besoin d'aide pour ressentir la gêne et peut-être aussi la pointe de honte dans l'aveu du Serpentard. Habitude prise de mentir; pourquoi et pour quoi... la question restait entière. Mais l'adolescent commençait sans doute à percevoir que cela pouvait lui desservir, au moins dans certaines circonstances. L'infirmier trouvait qu'il avait là sa propre punition et s'était contenté de hocher la tête. Le brun avait de quoi réfléchir aussi avait-il fait le choix de lui donner une chance, c'était à lui de la transformer.

Muni de son justificatif, le jeune vert et argent se prépara à partir. C'était ce que le médicomage avait déduis de ce que son visage transmettait. Mais après qu'il lui ait proposé de s'ouvrir à lui, il sembla considérer l'option avant de faire fuir son regard. L'irlandais se dit alors qu'il la déclinait mais non... En fixant ses yeux ailleurs que sur lui, son interlocuteur, cela lui permettait de déballer tout un pan de son histoire. Le médicomage observa son patient tout du long, se rendant compte que ce n'était pas là qu'un pan, mais bien toute son enfance, ce qui 'attendait au courrier ou bien en rentrant chez lui pendant les vacances... Jusqu'à éclater en sanglots qu'il essayait de masquer en lui tournant le dos. Un acte magique plus tard, une boite de mouchoir se plaçait à ses côtés.

Diarmuid resta silencieux, assimilant ce qu'il venait d'entendre. Était-il en mesure de comprendre ce jeune homme? Bien sûr, il n'avait pas vécu la même chose que l'élève juste là. Par contre il y reconnaissait une dynamique similaire à celle de sa famille. "Effectivement, je ne peux pas comprendre ce que je n'ai pas vécu, mais j'y reconnais une partie de ma dynamique familiale." Posa-t-il doucement quand il perçut un moment de calme dans les pleurs du jeune homme. "Après un évènement traumatisant, mon père s'est réfugié dans son travail et ne s'est plus intéressé à notre éducation à laquelle il prenait déjà assez peu part. Cela a laissé ma mère, sous le choc elle aussi, exigeante et rabaissante nous prendre en charge." Il inspira longuement avant de pousuivre, volontairement flou sur certains points. "Je reconnais votre père en elle. Avoir un comportement encore plus distant et exigeant avec l'un de ses enfants jugé responsable de ses maux." Et il lui avait fallu seize ans pour comprendre, que sa mère soit en mesure de cracher un venin acide sur sa petite sœur qui elle n'ont plus n'avait rien demandé. "Vous n'y êtes pour rien Léonidas, et non vous n'avez rien demandé." Il lui semblait important de le dire à l'adolescent, qu'il entende une confirmation extérieure.

La suite n'était pas des pus simple à formuler non plus. Il n'était pas psychomage, et il se basait sur son expérience personnelle d'enfant, d'adolescent, de fils, de frère... "Mais j'ai bien peur que tant que votre père n'aura pas fait le tri de ses émotions vis à vis de votre mère et de son départ qui coïncide avec votre naissance, vous ne pourrez rien faire de plus que ce que vous faites déjà. Votre mieux. Quant à vos frères..." Achille et Hector Vance. Ca lui parlait un peu. Peut-être un peu plus vieux que lui? Il peinait à se souvenir. "Je ne saurais quoi vous conseiller. Tout dépend de vos relations, mais peut-être pourrez-vous trouver dans l'un d'entre eux un allié, quelqu'un pour vous conseiller? Ou bien quelqu'un d'extérieur au cercle familial en qui vous auriez confiance." Diarmuid hésita à poursuivre, il lui dirait bien de se rapprocher d'Ennis. Une partie de leurs vécus se rejoignaient. Peut-être pourraient-ils s'aider... Mais il se ravisa. Sa sœur pourrit venir le donner en pâture aux dragons d'avoir pris pareille initiative sans lui en parler avant.