Mes pensées sont particulièrement noires aujourd'hui. J'ai l'impression d'avoir failli à mon unique mission, d'avoir accompli quelque chose de profondément mauvais qui me hantera jusqu'à la fin de mes jours. Je pense pouvoir affirmer avec certitude que je me souviendrai toute ma vie de ce moment où j'ai perdu à la fois mon honneur, ma réputation et le goût de la vie. C'est fini, je n'ai plus aucun avenir. Les professeurs se passeront le mot entre eux, tous me regarderont avec déception dorénavant, je ne pourrai plus jamais les regarder dans les yeux.

Dans mes mains tremblantes je tiens l'inavouable et la raison de ma détresse : un long parchemin raturé de partout d'une écriture rouge qui me serre le cœur, surmontée d'un "Acceptable" que je n'avais jusqu'ici jamais vu. De toute ma scolarité, je n'ai aperçu cette note que sur les copies des autres et je l'ai moquée, observée avec dédain, ne comprenant pas comment on pouvait se résoudre à rendre un devoir assez mauvais pour recevoir une note pareille. Pourtant aujourd'hui, j'ai eu un Acceptable. En cours de métamorphose. Et j'ai l'impression que rien au monde ne pourra me remonter le moral.

Suite à cette annonce déchirante, j'ai couru vers les sabliers, comme si un seul échec de ma part pouvait être responsable de la perte de tous nos saphirs difficilement accumulés, comme si je représentais à moi-même désormais la honte de ma Maison. Pourtant rien n'a changé, mais je n'ai pas pu m'empêcher de m'écrouler face à eux, les yeux embués de larmes.

« Pardon... pardon... pardon... » répété-je d'une voix tremblante, sentant mon cœur se serrer davantage à chaque mot. S'il vous plaît, que personne ne soit témoin de mon échec, je ne saurais le supporter...

Enfin, la journée est finie. Je vais pouvoir regagner ce coin de couloir paisible qui m'attend chaque après midi et dans lequel je pourrais faire mes devoirs, la salle d'étude étant à cette heure trop chargée à mon goût. Je marche plutôt rapidement, pressée d'arriver à destination et peu désireuse de rencontrer quelqu'un sur mon passage.
Nous sommes en février, il fait encore frais, et une jolie écharpe verte clamant mon appartenance à Serpentard tient mon cou à l'abri du froid.
Je suis plutôt satisfaite de ma journée : j'ai survécut à l'heure de potion, et j'ai eu un O en DCFM.
En bref, tout va bien dans le meilleur des monde. Seule ombre au tableau : ce rapport hebdomadaire que j'aurais du envoyer hier à Mère. Je n'ai pas pour habitude de remettre une tâche au lendemain mais envoyer un rapport à la maison est ... fastidieux. Il faut que j'envoie mes notes, consigne si il y a les faits notables qui me sont arrivés dans la semaine, et confirmer que j'ai une attitude exemplaire.Cela m'a toujours donné la singulière impression de constituer mon propre casier judiciaire détaillé. Doit s'y joindre le travail donnée de la lettre précédente, en l’occurrence une version grecque et un exposé écrit sur Bridget Wenlock.
Je crois qu'ils ont abandonné tout espoir de faire quelque chose de moi à la maison depuis que je suis à Serpentard, mais je n'échappe pas à la règle. Au moins, je ne dois pas faire des rapport sur les activités de mes frères et sœur, comme Irene.

Je passe devant les sabliers, et jette un coup d'oeil rapide à celui des Serpentard avant de ... Minute. Qu'est ce que je vois ?

C'est quelqu'un devant le sablier des Serdaigle. Sur les genoux je croix. Il a l'air de parler aux sabliers. Attendez. C'est possible, ça ?
Il demande aux sabliers de le pardonner. Il a un uniforme de Serdaigle. Il est blond, plutôt grand. Par Circée, c'est Coelestin.

Ce garçon fait partir des rares personnes avec lequelles j'ai vraiment interagis depuis le début de l'année. Il ne sait même pas mon prénom, et je ne connaît toujours pas son nom. Il m'a aidé pour un devoir de potion. Il n'est pas méchant. Il sait que je suis nulle en potion. Il m'a aidé, je l'ai un peu aidé.

Cela m'embête, parce que maintenant je vais aller le voir, et le coin tranquille dans les couloirs attendra.

Maintenant, reste à voir comment je peux aller m’enquérir de son bien être (qui a l'air au plus bas) sans perdre de ma superbe. Hum. Difficile.

Et puis non. J'ai envie d'aller le le voir. C'est étrange, parce que je me suffit à moi même. Donc je m'approche du Serdaigle, tout en réfléchissant au moyen de bien tourner ma question. Réfléchissons. Et vite, parce que rester plantée là comme une idiote n'est pas une option. Ça va pas ? Non, trop familier. Je ne le connaît pas trop, en fait.
Finalement, j'opte pour :

- Qu'est ce qui ne va pas ?

Je ne suis point satisfaite de ma phrase mais c'est mieux que rien. Tout en parlant, je plie les jambe pour me mettre à sa hauteur, en le regardant droit dans les yeux.

« Pardon... pardon... » continué-je comme pour me repentir. Je me rattraperai. Pour sûr, je regagnerai mon honneur, rétablirai ma réputation et ferai oublier à tous ce malheureux incident.

Une voix interrompt le flot de mes pensées. J'espère qu'elle ne m'est pas adressée, car je n'ai aucune envie que l'on me voit dans cette posture, mais la silhouette qui apparaît entre moi et les sabliers vient aussitôt briser ce vain espoir. Oh misère, mais je la connais. C'est la fille qui me tournait autour l'autre jour quand je faisais ma dissertation sur Hipworth. Dissertation à laquelle j'ai eu un Optimal par ailleurs, mais ce n'est pas comme si ça allait me remonter le moral. J'enfouis aussitôt mon visage dans un pan de ma cape pour soustraire mon visage bouffi à la vue de la Serpentard. Comme si la situation ne pouvait pas être encore plus embarrassante, qu'ai-je fait pour mériter tout ceci ?

Bien caché sous ma cape, je parviens à calmer un peu ma respiration, et me souviens au passage que la Serpentard qui rôde à nouveau autour de moi est une fouineuse, une véritable professionnelle pour lire ce qui ne la concerne pas, comme l'autre jour où elle a fixé le contenu de ma copie et de mes livres pendant plusieurs minutes. Puisqu'elle le découvrira de toute façon d'une minute à l'autre, je glisse d'une main tremblante mon devoir dans sa direction afin qu'elle comprenne l'ampleur du désastre.

Un son un peu étouffé par le tissu sort de ce tas de cape, « Ac.. ac... acceptable... » peut-on entendre si l'on tend l'oreille. Qu'elle fasse ce qu'elle veut de cette information, qu'elle crie sur tous les toits que Lest Noestlinger a eu un Acceptable si elle le souhaite, ma vie est de toute façon déjà fichue.

Coelestin cache son visage sous sa cape. Comme technique d'esquive, j'ai vu mieux. Moi, quand je cherche à éviter quelqu'un, je pars. Simple et efficace.
De surcroît, il ne répond pas à ma question. Comment être en colère contre quelqu'un qui essaye de réguler sa respiration, sous sa cape pour cacher ses yeux bouffis ?
Eh bien c'est très simple. Moi, j'y arrive très bien. Peut être que ce propos fait de moi une personne horrible et insensible, mais le fait qu'il ne veuille pas me répondre m’énerve. Je suis là pour l'aider, et il ne montre pas une once de coopération.
Je retire ce que je vient de dire, car il me tend sa copie. Tout de suite, je comprends mieux. Un A, ça fait toujours mal. Cependant, même si un jour j'ai P, que Merlin m'en préserve, je n'irais pas pleurer devant les sablier, c'est la meilleure façon de crier ça au monde.
Je survole rapidement sa copie, qui n'est pas très belle, c'est le cas de le dire. Mr Lynch ne l'a pas raté, il y a du rouge partout. Le Serdaigle a l'air de le prendre très mal, il ne doit pas être habitué à avoir moins que O, a moins que ...

- Attends, c'est ton premier A ?

Je l'ai dit à voix basse, parce que le reste de Poudlard n'a pas à savoir sa note. je détesterais que l'on crie sur tout les toits lorsque je n'ai pas O, et puis, il faut le reconnaître, j'aime bien l'idée d'être la seule à le savoir. Je n'ai jamais compris l’intérêt que portaient les autres à la diffusion d'une information. Ce que je veux, c'est savoir. Le reste ne me regarde pas.

J'en ai marre de tenir sur les genoux, alors je m'assoit par terre, contre le sablier. C'est déjà bien plus confortable, étant donné que j'ai également posé mes livres par terre. Cette situation tourne au ridicule, même moi, je n'avais pas fait autant de drama après mon A en botanique, au second trimestre de deuxième année










Bon, peut être un peu mais j'étais en deuxième année et je me doutais bien que j'allais en entendre parler. Ce qui fut le cas, ma note a fait la joie de Cassandre pendant de longs mois.
Si c'est vraiment son premier Acceptable, je ne vois pas de quoi il peut se plaindre. Il a fait six ans à Poudlard en ayant des notes au dessus de la moyenne, cela doit être un record.
Je reste là, à attendre la réponse du Serdaigle, en fixant le point ou devraient se trouver ses yeux derrière sa cape, en me fiant à la forme de la tête. Il a de la chance que je l'aime bien, parce que sinon je serais déjà partie.

J'attends le jugement de la Serpentard presque avec la même appréhension que le jour où j'ai reçu la première note de ma scolarité à Poudlard. Pour l'instant, personne ne s'est moqué de moi mais je suis intimement convaincu qu'il ne s'agit que d'une question de temps. Il est déjà fort probable que monsieur Lynch remette en question son enseignement pour qu'un élève aussi bon que moi ait un Acceptable dans sa matière -ou pire, que son opinion de moi soit devenue profondément mauvaise. Dans un cas comme dans l'autre, je ne saurais le supporter.

Le jugement tombe : elle s'étonne qu'il s'agit de mon premier Acceptable. Evidemment à ses yeux je dois sembler stupide, il est fort probable qu'elle ne parvienne pas à saisir comment et pourquoi ma scolarité ne se résume pas déjà à une succession d'Acceptable ponctuées d'autres notes pires encore.

Et décevoir une personne qui avait pris l'initiative de demander mon aide, à moi Lest Noestlinger, me semble pire encore que le reste. Cette jeune fille m'avait déjà fourni une information que j'ignorais pour mon devoir sur Glover Hipworth -mon manque de culture général l'avait déjà probablement frappée de plein fouet.

Timidement, je glisse un œil à travers une ouverture de ma cape pour guetter l'expression de la Serpentard. Elle est assise face à moi et tout comme la dernière fois, j'ai le sentiment que je vais avoir du mal à m'en débarrasser. Elle ne semble pas méchante vu d'ici -peut-être qu'elle a simplement pitié de moi ? Par tous les dieux, c'est mille fois pire.

« Evidemment que c'est le premier... » lancé-je en réponse à cette insulte, l'indignation se faisant probablement ressentir à chaque syllabe de chaque mot.

« Le.. professeur Lynch doit être tellement déçu de moi... » continué-je avec hésitation. Parfois, se confier a du bien : je livre d'ordinaire mes plus sombres pensées à Grimro mon hibou, mais ses réponses se limitent à des coups de bec sur mes doigts.

Un deuxième œil se glisse hors de la cape pour mieux observer encore ma jeune interlocutrice.

Il me répond d'un air indigné que oui. Apparemment, il n'arrive pas à concevoir que on peut être un très bon élève et de temps en temps avoir des A. Ce genre de personne me tape sur le système. Heureusement qu'il m'a aidé il y a un mois. Mais au moins, il y a du progrès : il a sorti la moitié de sa tête, et me regarde. Son deuxième œil suit le même chemin, pendant qui me confesse son désespoir à l'idée de décevoir le professeur de Métamorphose.

Ah oui, là, c'est grave. Il ne manifeste aucun recul sur sa situation, et je crois qu'il est en train d'imaginer que mon parcours scolaire est un sans faute. Ça, ce n'est pas pour me déplaire, mais il va sérieusement falloir qu'il décompresse.

Il a eu l'air d'hésiter avant de me confier ses sentiments, donc ma réponse sera peut être importante pour lui. En tout cas, j'apprécie le fait qu'il m'ait répondu, et qu'il ait visiblement un peu confiance en moi.
Je réfléchis un instant à la façon de tourner ma réponse. Lui dire qu'a mon avis, si Mr Lynch prenait à cœur tous les A de ses élèves, il n'est pas sortis du Chaudron Baveur serait un impair diplomatique critique. Je vais partir en improvisation totale, au moins ma réponse sera honnête.

- Tu sais ... je crois qu'il sait que tu es très ... intelligent, il ne va pas te juger sur une seule note, en sachant que tu n'a eu que des O en Métamorphose avec lui depuis le début. Je crois pas qu'il soit déçu, c'est son travail de te faire progresser, je suis sûre qu'il a une vue d'ensemble et que ta note lui importe peu. Tu as le droit de ne pas avoir O tout le temps, errare humanum est. La seule personne qui s'en veut, c'est toi, et il n'y a personne à Poudlard qui n'ai jamais eu un A en six ans de scolarité. Je parie que personne ne va ni remarquer ni juger ta copie.

Je m'étonne moi même de la longueur de mon monologue. Je ne parle pas autant d'habitude. Maintenant, j'appréhende ce que va me répondre Coelestin. J'espère que j'ai réussi à faire passer le message. Apparemment, ce que m'a récité Irene en deuxième année est toujours bien dans ma tête. J'hésite à lui parler de ma propre expérience personnelle. Étrange, car la seule personne avec qui je pensais pouvoir évoquer ce type de sujet, c'est Denise.
Reste à voir sa réponse.

Je guette chacune des expressions de la sorcière de mes deux yeux qui s'échappent de l'immense tas de cape recroquevillé. Le noisette étincelant de mes iris brille encore de mes larmes -j'ai probablement une allure épouvantable et mes émotions vacillent entre la honte et la tristesse. J' attends « Bien sûr que le professeur est déçu de toi, tu es pitoyable Lest Noestlinger » qui menace de tomber à tout moment, mon regard alternant entre celui de la Serpentard pour jauger sa réaction et ses lèvres pour mieux voir quelles atrocités vont en sortir.

Pourtant, point de moquerie. La sorcière est particulièrement douce et me flatte même de compliments, allant jusqu'à supposer que je n'ai jusqu'ici obtenu que des notes optimales durant ma scolarité. Hors de question d'évoquer les Efforts Exceptionnels qui constituent la majeure partie de mes notes dans mes matières les plus faibles comme les Sortilèges ou les cours de vol, je ne ferais que détruire le peu d'estime que cette personne me porte peut-être.

J'aimerais lui faire confiance et croire tout ce qu'elle me dit, mais une partie de moi ne cesse de me répéter que j'ai échoué. J'ai la constante impression d'être jugé en permanence, comme si ma vie ne se réduisait qu'à un tas de statistiques décrivant mes notes, mes actes et même ma façon de penser pour au final définir à partir de cela ma valeur en tant qu'individu. J'ai senti toute mon enfance ce regard de mes parents sur moi, le poids de leurs attentes qui m'écrasait constamment.

Depuis toujours, on me fait comprendre que je suis différent, que je ne fonctionne pas exactement comme il faut. Dans le pire des cas, on suppose qu'il y a quelque chose à réparer chez moi, pour devenir normal. Et depuis toujours, je tente de démontrer que je suis une bonne personne, que j'ai de la valeur et le droit d'exister tel que je suis et comme je ne parviens pas à le faire par les mots ou par mes actes, je tente de le montrer en fournissant un maximum d'efforts dans mes études.

J'ai toujours supposé que mes camarades et professeurs posaient sur moi un regard similaire à celui de mes parents : lourd d'attentes, prêt à manifester la déception au moindre écart. Peut-être que je me trompe.
« Tu le penses vraiment... ? » lui demandé-je d'une petite voix en la fixant du regard.

Je finis par sortir totalement ma tête du tas de cape, les cheveux très ébouriffés. Je sais que je dois être affreux, mais je me dis que si la Serpentard souhaite fuir, sa présence ne me manquera de toute façon pas du tout. Ou peut-être que je me mens à moi-même, et que c'est agréable d'être réconforté autrement que par des coups de bec sur les doigts.

- Quel intérêt j'aurais à te mentir ? Oui, je le pense vraiment. Tu es le seul a pas être au courant que tu es doué.

Non, Coelestin, je ne te mens pas. Je réfléchit toujours en terme d’intérêt. Mais là, cette discussion n'a aucun intérêt pour moi, et je veux quand même la poursuivre. C'est le genre de chose qui m'arrive peu souvent. Pas jamais, non, mais c'est néanmoins peu fréquent.
Plus j'y réfléchit, plus je crois que le A n'est pas le véritable problème. J’aperçois des similitudes entre sa réaction et la mienne d'il y a quelques années.
J'ai toujours eu la sensation de ne pas être assez bien pour faire partie de la famille. Ne pas être assez intelligente, de ne pas être assez à l'aise, de ne pas être la bonne personne pour vivre dans le corps de Sybil Donevant. Et ne parlons même pas du jour ou j'ai été repartie à Serpentard. C'était comme si j'avais déçu les attentes des quinze générations Donevant qui m'avaient précédées à Serdaigle. Seuls Irene et Hector ne m'ont pas tourné le dos. Mère a été tellement déçue. J'avais l'impression que si j'étais excellente, je parviendrais à racheter ma personnalité, celle qui m'a value d'être envoyé à Serpentard. Il m'a fallut quatre ans pour comprendre que non. J'essaye de ne pas prendre ça trop à cœur. Mais quand il s'agit de votre famille, c'est compliqué. C'est stupide, parce que au fond, je n'ai pas abandonné l'espoir puéril que Mère me pardonne. Maintenant, mon objectif, c'est de réussir à faire une identité au sein des Donevant, a être excellente scolairement, montrer le moins de failles possible. Me convaincre que je n'ai besoin de personne. Que j'ai pas besoin que Mère soit fière de moi, que Cassandre m'estime. Me convaincre que je n'ai besoin de personne. Être la plus distante possible pour repousser le jugement des autres. Montrer cette façade de bonne élève discrète. Essayer d'être une bonne élève. Se fondre dans la masse. Ne pas montrer que je suis une Donevant. C'est trop compliqué, de venir de ma famille lorsqu'on n'est pas à Serdaigle, et que l'on a pas O partout.
Minute. Je viens de perdre quelques secondes de ma vie à m'appesantir sur mon sort. Cela ne sert à rien de se lamenter, c'est stupide et inutile.
Mon interlocuteur a l'air différent. Il me parle comme si mon avis avait de l'importance. Peut être que il y a d'autres gens comme lui ? D'autres élèves de Poudlard que je n'ai pas remarqué ? J'y repenserais. je pourrais peut être en parler à Denise dans ma prochaine lettre.
Mais revenons à la conversation présente. C'est du A de Coelestin dont il était question, son histoire ne me regarde pas. Je le regarde, en espérant qu'il voie que j'ai été honnête avec lui. Il me regarde, c'est déjà plus sympathique d'avoir une conversation lorsqu'on voit la tête de la personne à laquelle on parle.

Je ne vois pas une once de méchanceté dans le regard de la sorcière, qui semble parfaitement honnête dans ses intentions. C'est doux et rassurant, alors je prends bien soin de graver chacun de ses mots dans ma mémoire même si je ne m'autorise pas totalement à y croire. Que quelqu'un pense sincèrement tout ceci est déjà bien assez pour le moment.

La masse informe recroquevillée se déplie alors tel un majestueux petit papillon, cheveux encore parfaitement ébouriffés mais avec déjà bien plus fière allure.

Mes deux mains se posent sans prévenir sur les épaules de la Serpentard de manière tout aussi spontanée que les mots qui m'échappent, plein de gratitude. « Merci ! Merci, camarade sorcière de Serpentard. » évidemment je ne connais pas son nom, mais cela m'importe peu. Je lui en suis reconnaissant et il est normal de le dire. Je me retiens tout juste de l'étreindre, me souvenant au dernier moment que j'ai en horreur les contacts physiques avec les presqu'inconnus, et que chose importante il est nécessaire de demander permission avant d'engager ce type de proximité. « Tu es encore mieux qu'une amie ! » Les mots sont toujours aussi spontanés, mais pas moins vrai pour autant : il me paraît donc essentiel de préciser ici que la plupart de mes amis, pour ne pas dire la totalité, possèdent tous quatre pattes et des poils -félins exclus y étant allergique, ou des plumes, des écailles ou des feuilles. Et aucun de ces amis, bien que chers à mon cœur, ne prend jamais le temps de me rassurer avec des mots comme vient de le faire la sorcière.

Je reprends le parchemin -y jetant au passage un bref regard qui me brise aussitôt le cœur mais amélioration notable : moins que la première fois, et le glisse dans mon sac avec délicatesse. Il n'est pas question d'abîmer cette copie aussi affreuse soit-elle, je me dois de l'étudier avec la plus grande attention afin de ne jamais répéter les erreurs commises.

Je me redresse alors et m'étire comme un chat, chacune de mes articulations manifestant bruyamment leur mécontentement suite à ce changement de position. Pour sûr, je pleurerai à nouveau ma note ce soir dans mon lit, et j'ignore encore comment je vais pouvoir en parler avec mes parents, mais à l'instant présent je me sens toutefois très légèrement mieux.

« Je vais par ici. » dis-je en pointant l'escalier le plus proche. « Bonne journée, camarade de Serpentard. » la salué-je, prêt à prendre congé maintenant que la lourdeur de mon cœur ne me cloue plus au sol. J'évite soigneusement de regarder les sabliers pour ne pas raviver ma peine, et me concentre sur le visage de la sorcière à qui j'adresse un chaleureux sourire.

Bon, à part si elle le retient c'est mon dernier post... C'était efficace, il est vraiment instable côté émotion c'est incroyable Merci à toiii

Je n'ai pas vraiment compris ce qui vient de se dérouler.
Déjà, il se redresse. Mes paroles ont eu un effet inespéré, il a l'air d'aller beaucoup mieux. D'un coup. C'est super étrange, comme il fait pour passer aussi vite d'une émotion à une autre ?
Je n'aime pas trop le contact physique, je ne peux donc m’empêcher de me raidir un peu lorsqu'il pose ses mains sur mes épaules. Je ne connais aucun Donevant "tactile", donc je suppose que c'est dans mes gènes. La seule fois ou j'avais un contact physique avec Mère, c'est les légère tapes sur la mains lorsque je me trompais de couvert. Et encore, elle le faisais régulièrement avec sa baguette.
En plus de ça, il m'envoie une décharge de gratitude en plein dans la figure. Je n'ai jamais ressenti ça, mais c'est plutôt agréable. Il me remercie. Camarade sorcière de Serpentard ? Quelle étrange façon de me nommer. Je préférerais Sybil, c'est plus court. Mais cela ne me dérange pas, il est vrai que je suis une Serpentard. Et qu'il connais pas mon nom.
Je ne sais pas ce qu'est quelqu'un de plus qu'un ami. Mais j'ai déjà lu quelque part que tous le monde a une définition différente d'un ami, et Coelestin doit donc avoir un grade au dessus.
C'est la première fois à Poudlard que quelqu'un me considère comme son ami. Une sorte de joie étrange fait naître un léger sourire sur mes lèvres. Il a dit que je suis son amie.
Il se relève, et moi aussi, un peu par mimétisme. Le Serdaigle me désigne un escalier, et indique qu'il va partir par là. Ce n'est pas mon chemin, moi, je dois en prendre un autre. J'ai déjà entendu parler de l'expression "qui fait chaud au cœur", et je qu'elle pourrait s'appliquer au sourire qu'il me lance avant de partir. Je lui répond tout en me penchant pour ramasser mes livres
- Au revoir, Coelestin.

Je ne vois pas grand chose d'autre à ajouter, donc je le laisse partir. Puis une fois mes affaires rassemblées, je me dirige vers ce coin de couloir qui m'attend.

Il m'a fallut dix bonnes minutes pour m'apercevoir de ce léger sourire resté sur ma figure, et au moins autant de temps avant de le faire partir. Je ne comprends vraiment pas pourquoi le fait que Coelestin me considère comme une amie me rend si joyeuse. Quoiqu'il en soit, ce fut une bonne journée.



Merci pour le RP !