Quelque part, en hiver, la gamine que je suis s'ennuie de voir tomber la neige. Tout lui parait morne, les couleurs manquent, les gens sont cachés sous des écharpes, écharpes qui dissimulent leurs sourires, plus personne n'ose s'aventurer dehors, l'hiver, mon monde se meurt. Les matins sont vides, les élèves restent le plus longtemps possibles sous leurs épaisses couettes au lieu de profiter de chaque instant de la vie.

Il est sept heures à peine, j'ai passé dix bonnes minutes à fixer la neige tomber derrière les lourds rideaux bleus de la chambre bleue de la maison bleue, tout est trop bleu, je la vomirais bien cette couleur. Et puis j'ai décidé de bouger, je n'allais pas attendre que la faucheuse m'emporte, et j'avais des choses plus passionnantes à faire qu'attendre. Là, je me suis levée mais je ne sais pas ce que je fais, j'erre dans les couloirs. Seule. Ou presque. Mon serpent sur les talons, je déambule sans but dans les couloirs à la recherche d'âme qui vive. Les cours n'ont pas encore commencé et je souhaiterais qu'ils ne commencent jamais.

Le tapis de neige enveloppe tous les bruits extérieurs, un silence de plomb résonne fort dans mes oreilles, on ne perçoit dans le château que le bruit de mes pas, discrets, graciles. Arrivée au deuxième étage je m'immobilise un instant, reprenant mon souffle. Je regarde en bas, ce vide qui semble m'appeler, et, sans comprendre pourquoi, je continue à descends - cette fois-ci sur les fesses.

Me voici à présent dans le hall d'entrée, devant les grandes et lourdes portes de bois qui ne demandent qu'à être ouvertes. Je saisis ma chance, j'ai toujours rêvé d'être la première personne de la journée à les pousser. Je me poste devant comme une diva, et, d'un mouvement burlesque, je les pousse, elles s'écartent, et un univers blanc se dessine devant mes yeux. A deux pas de moi, de la neige.

Je franchis la distance qui me sépare de cette neige. Un courant d'air glacé pénètre dans mes vêtements, je l'interprète comme les applaudissements de la foule en délire. Les minuscules flocons m'acclament, ils m'attendaient, alors je les salue, je leur tire ma révérence et descends bien bas, au plus près possible du sol.

Et alors, telle une diva, j'attrape un pan de ma robe de chambre aussi violette que mon cœur, je fais un tour sur moi-même, et puis j'ouvre la bouche et je commence à chanter. We will rock you, de Queen, et je suis vraiment à fond, sourcils froncés j'oublie le monde, je me tape mes meilleurs solos de guitare, je saute, je crie, je donne tout, parce que la neige mérite d'apercevoir mon talent.

Je frisonne, n'ayant pas prévu qu'il ferait aussi froid. Je ne suis pas frileuse habituellement, mais là je n'ai qu'une envie, c'est d'aller me recoucher, bien au chaud sous mon édredon.
Ma nuit a été écourtée il y a quelques minutes par un chat des filles de mon dortoir, impossible de déterminer lequel, mais une chose est sûre, je tirerais cette affaire au clair et il va me le payer. Cet idiot est passé sur mes épaules, me tirant des bras de Morphée. Après ça, impossible de me rendormir.
Pour ajouter à ma mauvaise humeur, nous sommes lundi. Triste jour ou tous les élèves se rappellent qu'ils ont cours, après un week-end de détente.
Après m'être silencieusement habillée, je suis sortie pour me dégourdir les jambes. Lorsque je me réveille tôt, je sors pour profiter du calme ambiant. Le parc de Poudlard lorsqu'il est désert dégage une atmosphère indescriptible que j'apprécie. Et les jours de neige, toute la nature se couvre d'un manteau blanc qui donne l'impression que tout est uniforme, bien net, bien beau. Il doit être à peu près sept heure, et c'est une heure matinale de réveil pour un lundi, mais à la réflexion je suis plutôt heureuse de m'être levée, ce sera peut être la dernière fois cette année que je verrais de la neige le matin, lorsque personne ne l'a abîmé. J'aime bien la neige, c'est beau, c'est propre, c'est rassurant. Mais rien n'est plus triste que cette neige sale, grise des pas qui l'ont piétinée, à moitié fondue comme les glaciers dans le monde.
J'aime bien l'hiver, cette saison rude, ou l’extérieur vous agresse, mais ou par conséquent, on se réjouit d'être à l'intérieur.
Après avoir monté les marches de l'escalier en réajustant ma cape, j'arrive enfin au hall d'entrée. C'est étrange, je ne dois pas être la première levée aujourd'hui, car la Grande Porte est déjà ouverte.
Je m'approche silencieusement. Et devant mes yeux ébahis se déroulent une scène des plus étrange : une fille rousse se démène dans la neige, en fredonnant, non, en criant le refrain d'une chanson moldue, que Denise m'avait déjà fait écouté, il y a longtemps de cela.
Elle à l'air complètement dans son monde, je crois qu'elle ne m'a pas vu. Alors je me met contre le coté droit de l'entrée, en regardant vers le parc, m'absorbant dans la contemplation de cet étrange tableau. les couleurs de la fille, orange, violet, détonnent sur le blanc immaculé de la neige. C'est beau. Joyeux. Je crois la reconnaître, il me semble qu'il s'agit d'Elowen Livingstone.
Je reste là, silencieuse. Une part de moi a envie d'y aller, mais c'est totalement stupide. Je perdrais toute dignité, et ce serait me dénaturer. Je suis la personne qui reste silencieuse dans l'ombre, et je le resterais.
Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier l'instant

Donc Sybil est mutique et regarde Elowen danser. Elle n'ira jamais d'elle même se joindre à Elo, donc merci d'aller la chercher pour une fois, elle ne fais pas très attention à ce qui se passe autour d'elle et peut se faire surprendre si quelqu'un arrive derrière elle

En ce mois de février, la neige à l'extérieur ne donnait qu'une envie : rester au chaud dans son lit. Enfin, c'est ce que j'aurais fait si mon chat, Dami, ne m'avait pas réveillée pour faire une sortie. Elle aimait prendre l'air, et encore plus quand la température extérieure était digne d'un froid d'Alaska. Voyant qu'elle insiste, je soupire en me levant. D'accord, mais c'est bien parce que c'est toi. Elle ne m'a certainement pas comprise mais ce qu'elle a compris, c'est que j'avais cédé à son petit caprice.

Je me vêtis de ma cape noire et monte les escaliers, tout en croisant les bras. Dami se trouve à mes côtés et monte les marches avec énergie. Il faut dire qu'avec ce froid, je ne serais pas étonnée que d'ici quelques minutes, je me transforme en bonhomme de neige. J'arrive enfin au hall d'entrée et à ma plus grande surprise, la porte est ouverte. Faites que ce soit pas un adulte. J'entends soudainement un chant, enfin, si on peut appeler ça un chant. J'aurais plutôt dit un boucan. Pas étonnant, une jeune fille est en train de crier une musique. Une musique que je connais, elle est assez connue à vrai dire.

Sur le côté, je vois une autre élève, qui elle par contre ne chante pas. Pardon, ne crie pas. Je crois l'avoir déjà vue. Oui, pas de doute, c'est une Serpentard. Je m'approche alors d'elle et engage la conversation :

- Qu'est-ce qui lui prend ?

Plus je piaille et plus les flocons tombent et recouvrent le sol. J'y vois là la preuve irréfutable de mon talent : ils se sont passé le message alors de plus en plus flocons descendent des nuages pour apercevoir la star en plein concert. Je leur tire une jolie révérence et puis j'aperçois un flocon tout minuscule parmi la foule en délire. Je le trouve adorablement mignon, j'ai envie de lui faire un gros câlin. Je décide donc de le pointer du doigt et de lui dédier ma prochaine musique.

« Cette chanson est pour toi ! »

Et me voilà repartie de plus belle, je ne pense pas un instant à la situation honteuse que ce serait si quelqu'un m'observait, je ne pense d'ailleurs pas à vérifier que je suis encore seule, je reste, euphorique, dans mon monde.

Soudain, une petite voix un peu hautaine me sort de me rêverie. Je cligne trois fois des yeux, et, sans bouger le corps, je pivote ma tête en arrière, comme si j'étais tout à coup devenue un hibou. Mes bras cessent de s'agiter, je ne veux plus danser, chanter, faire la fofolle, je veux simplement dénicher la perfide personne qui a interrompu mon spectacle. Quand enfin mon regard se pose sur la faute de mon trouble, je réalise qu'il n'y a pas une mais bien deux personnes qui me fixent avec des yeux éberlués.

« Toi ! Et toi aussi ! Venez voir, je vais vous montrer ce que ça fait d'être une star de la pop. Au lieu de juger là, depuis vos marches condescendantes. Venez, vous allez comprendre ! »

Je m'approche d'elles et leur tend les mains pour qu'elles les attrapent et se joignent à moi.

Ca fait pas du tout peuuuuuuur !

Je me doutait bien que son aventure avait laissé des séquelles à Elowen, mais là, c'est bien plus grave que ce je pensais. Elle parle à la neige. Oui, vous avez bien entendu. Je suis à deux doigts de partir, car quelles seraient sa réaction en me voyant. Je suis sûre d'avoir entendu quelque part que lorsque quelqu'un est en "crise", il n'est plus responsable de ces actes.

C'est à cause de cela que j'ai baissé la garde. Oui, je l'admet, j'ai sursauté lorsqu'une Serpentard s'est approchée. Je ne la connaît pas, et cela n'a pas grand intérêt. Sauf que celle ci tient absolument à me partager ses impressions à la vue de cette étrange personne qu'est Livingstone.

J'hésite à lui répondre : premièrement, parce que si je me tais, peut être qu'elle n'insistera pas et que j'en serais débarrassée, deuxièmement parce que j'espère que la folle du dehors ne nous as pas entendu, et je ne veux pas augmenter ces statistiques. Raté. La Serdaigle se fige, et tourne la tête vers le château. Oh. Non.

Elle s'approche de moi. Je ne suis plus sûre du sens du mot "pop", mais il me semble que c'est un terme moldu pour désigné un courant musical particulier.
Visiblement, elle ne compte pas en rester là, vu qu'elle nous tends ses mains. Instinctivement, je recule les miennes. Je ne veux pas qu'elle me touche, je ne plus du tout être là.

Attends, Livingstone. Ce geste signifie que tu veux que je vienne avec toi ?

D'un autre coté, elle n'a visiblement plus les idées claires, et je la perçoit comme imprévisible. Si je fais comme si je voulais faire ce qu'elle veut que je fasse ( mon cerveau a des structures grammaticales bien compliquées !), alors je ne risque rien. Je crois.

Je m'approche donc d'elle, en descendant les marches, avec un sourire que je veux rassurant.

- D'accord, Livingstone. C'est quoi être une star de la pop ?

Merlin, cette conversation n'a qu'à peine commencée, que je sens déjà qu'elle va partir en ... je ne sais quoi. Que Circée me protège, moi et ma dignité.

je ne suis pas en retard non non non et sybil ne flippe pas du tout

Alors que Cheryl attendait la réponse de l'élève de Serpentard qu'elle avait abordé tantôt, la jeune fille qui criait comme une dingue les regarda. Non, viens pas vers moi. Comme si la Serdaigle avait entendu les propos de la fillette, elle s'approcha des deux élèves, leur tendant la main. Elle les invita à venir danser, crier avec elle, devant la pauvre neige qui n'avait rien demandé.

Elle veut que j'aille me ridiculiser avec elle ? Jamais !

- Je peux t'apprendre à être une star de la pop. Et c'est pas comme ça qu'on fait !

Alors que l'autre élève de Serpentard, elle, s'était approchée de celle qui chante, Cheryl elle, resta en retrait. Elle n'a pas de dignité à perdre visiblement. Pour dire vrai, elle voulait voir ce que ça allait donner. Elle était déjà prête à se mettre à rire.

- Mais peut-être qu'à deux, vous allez être... meilleures ? Allez-y, je vous évalue.

Cheryl s'assit sur une marche et croisa les jambes comme ces jurys dans les émissions du genre "The Voice". Elle les regardait tout à tour en souriant malicieusement. Elle avait hâte de voir ce qu'allait donner cette "prestation". Son chat s'approcha d'elle, la rouquine en profita pour la prendre dans ses bras et la caresser, tout en regardant les deux "stars de la pop".

Par tous les mages, mon idée semble porter ses fruits, une des deux filles accepte de me suivre, si j'osais je dirais qu'elle est hyper enthousiaste et qu'elle a toujours rêvé de danser et de chanter à cet endroit. Enfin, je n'en sais strictement rien, ce n'est qu'une supposition, mais quelle personne sensée pourrait-elle ne pas avoir envie d'une telle chose ?

L'autre, par contre, semble nous juger très légèrement. Du haut de son piédestal escalère, elle emploie un ton condescendant et ne montre aucun signe de bienveillance, elle ne veut pas se joindre à nous.

« Boarf, puisque t'es comme ça on va te montrer notre talent et toi tu passeras après nous et on pourra comparer - lui répliqué-je en tirant la langue. »

J'attrape copine numéro une par la patte et la traîne à ma suite à toute allure, je passe devant et l'attire jusqu'à l'entrée du château. Face à nous, un public nettement plus calme qu'il y a quelques minutes. La neige a cessé de tomber, une brise fraîche nous fonce droit dessus et soulève nos vêtements, nos cheveux s'envolent, nos paupières se couvrent de givre et nous piquent. C'est le moment parfait.

« Tu es prête ? Regarde, elle est toute calme, la neige. C'est la preuve qu'elle attend, elle nous envoie du vent d'encouragement. Ok, alors à trois tu attrapes ton micro imaginaire et tu hurles, d'accord ? C'est comme ça que commence notre musique. »

Sans attendre sa réponse, je commence le décompte.

« Trois, deux, unnnnn.... WAAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRHHHHHH !!! »

Je donne tout, mon cri est bestial, je suis certaine que notre son va être un tonnerre grisant ! Après ce hurlement magistral, je pointe mon index dans ma direction et chante en yaourt les paroles d'une vieille musique en hébreux que j'ai entendue une fois.

« Saaalsifi et patchouli, gouzi gouzi, yeah yeah bombe à silex ! »

Et puis, je retourne mon index vers la fille pour lui signifier que c'est à son tour.

Je n'apprécie pas que l'on me prenne ma main sans consentement préalable. Mais visiblement, ce genre d'opinion n'existe pas dans le monde d'Elowen Livingstone.

Elle se met à compter, puis hurle comme si on lui avait arraché un ongle. Je regrette,mais je ne nommerais pas ça de la musique, malgré mes nombreuses lacunes en la matière. Pour moi, le silence de la neige incite à se taire, pas le contraire.
Je n'ai pas compris les onomatopées confuses qu'elle sort ensuite. Merlin, faîtes que ce ne soit qu'un cauchemar. Car ça ne peut qu'être un mauvais songe, non ?
Et dire qu'elle attends que je continue ... C'est au dessus de mes forces. Je n'aime pas crier. Je ne peux pas, même sous la menace, continuer son étrange mélodie criarde. Puis-je m'enfuir en courant ?
C'est étonnant que je ne sois pas encore morte de honte, mais mes joues deviennent brûlante et me trahissent; C'est un des première fois que cela m'arrive, mais je n'imagine pas situation plus embarrassante.

- Je regrette .. je peux pas désolée.

Ou est passé mon moi à l'aise, qui snobe les autres avec assurance ? Ce serait gentil de m'indiquer ou il se trouve, parce que j'en ai urgemment besoin.
J'espère que Livingstone ne va pas se mettre en colère contre moi, parce que j'ai oublié un court instant qu'elle en en crise, donc je ne l'ai pas approuvée.

Si je meurt, elle est responsable ? Vu la gêne que je ressens, ce moment ne devrait plus tarder.

Elowen répondit à la provocation de Cheryl de façon enfantine, le tout accentué par le fait qu'elle lui tire la langue. Cela n'affecta pas la fillette, au contraire, cela ne la dérangeait absolument pas de danser et chanter devant elle.
Elle murmura un "Je t'en prie" avant que la Serdaigle ne commence sa prestation, si on pouvait appeler ça une prestation.

Elowen criait comme un lion en cage, c'en était effrayant. Elle va bien, elle ? Cheryl continuait à la regarder, les yeux plein de jugement. Elle n'avait pas l'habitude de voir quelqu'un chanter, que dire, crier de la sorte. C'était... spécial ? Non, c'était inqualifiable. Était-ce vraiment un style de musique d'ailleurs ? On aurait plus dit une imitation d'animaux bien étranges. Soudain, Elowen pointa du doigt Sybil.

C'était le moment que Cheryl attendait le plus : la première année se demandait si la Serpentard allait vraiment se ridiculiser à son tour. Elle n'avait pas une tête à crier comme ça. Et ses doutes furent confirmés : Sybil refusa de crier de la sorte. Et puis, c'était compréhensible, qui oserait faire ça ? A part Elowen bien sûr. Alors, Cheryl commença à rire. Elle applaudit et leur sourit, de façon évidemment ironique.

- Wow ! Pour une première prestation, c'est pire que ce à quoi je m'attendais. Vous faites un duo d'enfer.

A fond dans le rythme, je tombe des nues quand je réalise que ma partenaire de rock reste muette et qu'elle me regarde avec un mélange d'effroi, d'étonnement, de jugement. Elle me trouve ridicule, ses yeux la trahissent. Et si elle ne chante pas, c'est bien parce qu'elle ne veut pas me ressembler. Ma bonne humeur s'efface en un instant.

Je baisse la tête, honteuse, je cache les larmes qui perlent au coin de mes yeux du mieux que je peux et renifle bruyamment. Je me dis que ça pourra ressembler à un coup de froid plus qu'à une soudaine envie de fondre en larmes, après tout ce ne serait pas incohérent vu la météo.

A présent muette, je m'en remets à la seconde fille pour sauver la mise et me sortir de cette situation embarrassante. Et pourtant, les choses ne se passent pas du tout comme prévu, la deuxième Serpentard enfonce la baguette dans la plaie. Toujours immobile, je serre très fort les dents. Je sens la colère monter en moi, et il est rare que j'en ressente. Mes amis sont habitués à toutes mes bizarreries, ils ne les relèvent plus, ne me jugent pas à ce propos, ils me laissent exister, ce qui fait qu'il y a bien longtemps que je n'avais pas été confrontée à des personnes aussi foncièrement mauvaises qu'elles deux.

J'ai toujours la tête pointée vers le sol et les premières larmes commencent dangereusement à glisser le long de mon nez, prêtes à tomber dans le vide. Je les essuie d'un geste sec et redresse le visage, les yeux rougis et gonflés.

« Vous êtes... vous êtes... pas sympas ! Je vais dire une chose pas gentille, attention ! Toi, sur les escaliers, là ! T'es... T'es une peste ! Rien qu'une peste ! »

Une pensée effroyable me traverse l'esprit. Elles ont osé se moquer de moi, il faut qu'elles paient ! Lorsque j'aperçois Litchi, mon serpent runiques aux propriétés magiques dangereuses, je n'ai qu'une chose en tête : lui demander d'attaquer. Quand je réalise ce qui vient de me traverser l'esprit, j'écarquille les yeux et plaque une main sur ma bouche.

« Pardon ! Pardon, pardon, je regrette ! »

A la volée j'attrape mon petit serpent blanc et m'élance à toutes jambes dans la neige de l'hiver.

Il faut dire que je n'ai pas vraiment l'habitude d'être contredite, on va toujours dans mon sens, conséquence directe du Dominion qui m'arrange bien. Les gens ont pitié de moi et du fait que je sois morte, ils ont peur qu'en me refusant quelque chose je parte en cacahuète. Alors ils m'entourent, me soutiennent, ne s'opposent pas, ou alors sans méchanceté, en me laissant vivre ma vie à côté. Personne ne m'intime jamais d'arrêter d'être qui je suis. Personne. Jamais.