Cilblanc n'avait pas entendu le réveil sonner. Elle se réveilla donc grâce à un rayon de soleil qui lui chatouillait le visage à travers les rideaux bleus de son lit à baldaquin. Elle se releva d'un coup sec et sortit de son lit. Elle sortit de sa valise une tenue propre, un serviette et sa trousse toilette, puis se précipita à toute vitesse dans la salle de bains. Elle prit une douche rapide, attrapa au vol sa sacoche, et se dirigea à grands pas vers la Grande Salle, l'odeur du petit-déjeuner flottant jusqu'à ses narines. Au moins, elle n'avait pas sauté le petit-déjeuner.

Elle jeta un coup d’œil à sa montre. Heureusement qu'il était samedi, sinon en plus d'avoir sauté le petit déjeuner, elle serait arrivée en retard à son premier cours de la journée. Elle pénétra dans la Grande Salle d'un pas rapide, scrutant la table des Serdaigle, pour trouver son amie. Elle dépassa des élèves assis à leur tables respectives, et trouva enfin une tête familière. Une jeune blonde coiffée joliment (malgré quelques mèches libres qui trahissaient son réveil tardif) aux yeux marron, assise seule. Son amie lui avait sûrement gardé une place à table.

Une tempête de plumes blanches, brunes et noires déboula dans la salle. C'était l'heure du courrier. La jeune Serdaigle ne s'était pas réveillée si tard que ça, finalement. Elle s'arrêta pour regarder les boules de plumes de tailles et couleurs diverses distribuer le courrier à leurs destinataires. Elle vit un hibou du collège déposer une lettre sur l'assiette son amie. Ça faisait plaisir à Cilblanc que son amie reçoive du courrier. Les parents de la blondinette ne lui envoyaient pas souvent de lettres car ils étaient souvent occupés. Parfois, c'était sa tante qui lui écrivait.

La contemplation de la rouquine, qui était toujours debout, plantée au milieu de la salle, fut interrompue par un bec pointu qui lui tapait le derrière de la tête. Cilblanc ne comprit pas tout de suite qu'une lettre lui était parvenue. Le hibou continuait à lui piquer la tête. "Arrête ! Aïe ! C'est bon !" La jeune Serdaigle détacha la lettre accrochée à la patte du hibou. C'était une lettre de ses parents - avec sûrement un petit mot de sa sœur. Elle s'approcha à grands pas, et pris place à côté de sa meilleure amie.

La rouquine se compara à son amie : ses cheveux ressemblaient à un épi géant comparée à la coiffure délicate de son amie - on aurait dit qu'aucune brosse ne pourrait s'y faufiler. Sa tenue froissée trouvée au fond de sa grande valise détonnait tout particulièrement avec la robe soignée de Mélodie. Celle-ci lui adressa la parole d'un air mi-amusé, mi-reprochant :

- Salut Cilblanc ! Tu t'es réveillée tard aujourd'hui. J'ai reçu du courrier ce matin, j'ai hâte de savoir ce qu'il y a dedans !

Cilblanc sourit à son amie :

- Oui, moi aussi, j'ai reçu du courrier. Allez, à 3, 2, 1...on déballe !

Cilblanc se jeta sur sa lettre pour déchirer le cachet.

Chère Mélodie,
Nous t'écrivons à la hâte cette lettre pour t'informer que nous ne pourrons pas passer le début des vacances d'été avec toi, notre travail nous en empêche. Tante Émeline aussi sera occupée, et elle ne pourra te garder. Nous seront absents deux semaines; Ne t'inquiètes pas, tout est arrangé : tu passeras cette période de vacances avec ta cousine. Nous devons te laisser, nous allons travailler.
De Gros Bisous,

Ton père & Ta mère

Au top Départ de Cilblanc, les deux Serdaigle ouvrirent leur lettres, le plus rapidement possible. Le hibou qui avait amené la lettre de Cilblanc s'était envolé depuis longtemps. Cilblanc dévora avec plaisir la lettre de ses parents, et encore plus les dernières lignes, écrites par sa sœur. Elle recevait souvent du courrier, car elle en envoyait souvent, en moyenne toutes les semaines, mais ça lui faisait toujours plaisir d'avoir du nouveau de Londres. A ce qu'il paraissait, les parents de la rouquine hésitaient à acheter un nouveau hibou. La jeune Serdaigle repensa à celui qui lui avait porté le courrier, et estima que se serait une bonne affaire. Après tout, c'est bien commode d'avoir un hibou.

En face d'elle, son amie faisait la grimace : elle fronçait les sourcils, puis les levait, louchait sur sa lettre. Elle sembla ensuite s'enfoncer dans ses pensées pour ne plus bouger. Durant cette léthargie, Cilblanc relut le courrier qu'elle avait reçu. Même si elle l'avait déjà vu, elle n'avait fait que le survoler, sans chercher à comprendre ce que ses parents voulaient lui dire. Elle avait simplement retenu le fait qu'il pensaient peut-être à acheter un hibou; le mot avait attiré la jeune sorcière simplement parce que celui qui avait joué le facteur pour elle lui avait piqué la tête. Mais elle ne finit pas de relire son courrier.

Mélodie avait fait un mouvement, et se replongeant dans un dialogue de sourds-muets avec son visage incompréhensible pour la rouquine, qui trahissait une grande, très grande, voire énorme incompréhension de la part de la blondinette. Elle prit encore quelques secondes pour réfléchir, et levant la tête pour s'adresser à Cilblanc, elle expliqua en guise d'excuse à son comportement :

- Bizarre...cette lettre est de mes parents. C'est à propos des vacances d'été. Je ne la comprends pas.

Les parents de Cilblanc évoquaient aussi les vacances d'été en bas de page, mais la jeune Serdaigle n'avait pas eu le temps de relire cette partie du courrier, car sa meilleure amie avait interrompu la relecture de sa lettre. La jeune filles fit quelques suppositions sur la lettre de son amie : un dragon serait-il logé dans sa maison ? Avaient-ils pris un rendez-vous avec un troll ? C'était fort peu probable, et il semblait normal que les parents évoquent dans leurs lettres à leurs enfants les vacances d'été car elles approchaient à grands pas, ainsi que les examens, qui viendraient bien plus vite.

D'ailleurs, ceux de la jeune sorcière évoquaient aussi les examens, en disant à Cilblanc de "bien réviser, et dès aujourd'hui, pour être sûre de passer largement au dessus de la note minimale définie par l'école". La rouquine comptait réviser, bien sûr, et même beaucoup, car elle tenait à rester à Poudlard. Mais elle ne comptait pas non plus se surcharger de travail. La jeune fille préféra rassurer son amie que continuer de relire sa lettre :

- Relis-la. Tu comprendras mieux. je suis sûre qu'ils n'adopteront pas de dragons au mépris de la loi. Ils ont l'air sympas, tes parents.

Cilblanc se servit copieusement pour son petit déjeuner, et posa un plat devant l'assiette vide de son amie. Elles n'allaient pas rester à causer tandis que les plats s'en iraient sans être mangés. la jeune sorcière saisit ses couverts et se mit à manger, posant sa lettre de côté, sans avoir fini sa relecture; elle en aurait tout le temps plus tard.

Visiblement, Mélodie n'avait pas faim. Elle ne se servit que d'une simple tranche de pain grillé. Cilblanc avait une sainte horreur du pain grillé. Surtout sans rien dessus. Sa meilleure amie n'était vraiment pas dans son assiette. La preuve, elle ne s'était quasiment rien servi. Mais la rouquine ne comptait pas en faire tout un plat. Cilblanc disjoncte, chère Mélodie ! C'est à cause des cuisines de Poudlard... Elle n'insista pas. La blondinette semblait toute retournée par sa lettre. Elle vérifia le destinataire de la lettre dans un nouveau signe d'incompréhension. Pas de doute, c'était bien de la part des parents de la jeune Flowers.

- Mes parents ne serait pas capables d'adopter des dragons, d'ailleurs ils en ont horreur. Je les aime beaucoup mais là ils sont vraiment étranges !

Ah ? Évoquaient -ils des choses embarrassantes ? De ce que la jeune Serdaigle avait compris, les parents de Mélodie n'étaient pas comme ça. Et elle ne discerna nulle trace de gêne sur le visage de Mélodie. Rien que...de l’incompréhension. Toujours la même chose. Depuis la lecture de cette fameuse lettre, la blondinette faisait une sacrée tête ! La meilleure des choses à faire, dans ce cas-là (qui était tout à fait contraire aux suggestions de Cilblanc, qui avait déjà changé d'avis), c'est d'arrêter de relire la lettre. Elle n'avait pas plus d'éclaircissements ? Très bien, alors il fallait laisser tomber. Elle pourrait aller écrire une lettre à ses parents pour demander des explications.

Mais là, Cilblanc était trop occupée à manger sont délicieux petit-déjeuner, dont elle savourait chaque bouchée. Elle en avait complètement oubliée la lettre de ses parents et de sa sœur. Cette histoire de courrier étrange l'avait totalement distraite, et elle s'était oubliée à discuter avec son amie. Elle n'avait pas suffisamment collecté d'informations -à part que ses parents ne portaient pas les dragons dans leur cœur, ce que la sorcière trouvait fort dommage- et si elle voulait aider son amie, elle devrait en savoir plus.

- Tout va bien ? Que te disent tes parents pour te mettre dans un tel état ? Ma lettre à moi est tout à fait normale, j'en suis persuadée.

Elle avait complètement oublié le contenu de la lettre, elle avait simplement survolé les lignes qu'avaient écrit ses parents, bien qu'elle se souvint mieux des lignes de sa sœur, puisqu'elles étaient plus tordues à la compréhension, mais cela n'étonnait pas Cilblanc, sa petite sœur lui écrivait toujours des choses tordues, que la jeune sorcière mettait souvent quelques jours à comprendre ce que celle-ci voulait dire, après de nombreuses relectures.

Cilblanc tourna sa tête dans une position inconfortable pour regarder le papier que tenait les doigts crispés de sa meilleure amie. Elle ne réussit qu'à lire les première ligne ("Chère Mélodie"), et les mots finaux de la dernière ligne (qui correspondaient à "& ta mère").

- Tiens, passe-moi ta lettre. Je suis la Sorcière Experte en Décryptage de Lettres Tordues ! Fais-moi confiance, j'ai l'habitude, proposa-t-elle.

Mélodie répondit à Cilblanc :

- Tu peux toujours essayer mais je ne pense pas que tu trouves grand chose d'intéressant puisque ça parle de la famille.

Oh ! De la famille. Cilblanc n'aimait pas particulièrement les affaires familiales, mais si son amie était dans un tel état, c'est qu'elle devait bien avoir trouvé de quoi faire un gros buzz ! La jeune bleu et argent prit la lettre que la blondinette lui tendait. Elle n'était pas bien longue. Mais comme on dit, l'habit ne fait pas le moine, et Cilblanc chercha dans les moindres détails les possibilités qui s'offraient à elle. Mais la courte lettre ne lui apporta qu'une information : son amie avait une cousine au château. Ce qui voulait dire que...

- Cette fille, là bas, tu la vois ? Elle lit son livre en trempant dans sa tasse un morceau de pain. Elle pourrait être ta cousine ! Et, tiens, elle aussi, qui n'est pas loin de mettre son pied sur la table. Cette Serpentard qui te regarde, elle aussi, pourrait être dans ta famille ! Si tu veux mon avis, tes parents t'ont écrit une lettre aigre à laquelle il manque une sauce. Mayonnaise, de préférence.

Vraiment, il manquait des informations. Beaucoup d'informations. Cilblanc ne voyait que deux solutions. Soit Mélodie écrivait à ses parents pour leur demander plus de détails sur l'affaire, soit il fallait demander à toutes les filles de Poudlard si elles avaient une cousine dans la famille Flowers. En choisissant la seconde option, les deux jeunes filles n'étaient pas sorties de l'auberge. Mieux valait écrire tout de suite aux parents de Mélodie.

- A ta place, je choisirais l'option A. C'est-à-dire, l'option repos, l'option rien à faire, celle où tu envoies une lettre à tes parents, ils te répondent, avec une arbre généalogique de ta famille de préférence. Si ça se trouve, ta cousine ne sait pas plus que toi que vous êtes dans la même famille ! Ça peut-être une cousine très éloignée. Et puis, tu as une famille de sorciers, alors ça peut remonter à loin...

Cilblanc savait que son amie n'aimait pas patienter, mais de toute façon, elle n'aurait pas le choix. La jeune sorcière sortit de son sac un morceau de parchemin vierge, un petit pot d'encre noire et une jolie plume rousse qui évoquait celle d'un phœnix. Elle les tendit à Mélodie, et se pencha à nouveau sur la lettre que ses parent lui avaient envoyé.

En dessous, il y avait quelques mots de sa sœur :

Cilblanc en lâcha sa cuillère. Là voilà, la réponse de l'énigme ! Là voilà, la cousine ! Premier signe : elle était rousse. Second signe : elle était assise sur le banc de Cilblanc. Troisième signe : elle était Cilblanc. A moins que ça ne soit une pure coïncidence. Mais non, la jeune Serdaigle relut les mots de sa sœur : Je prépare la musique, tu iras prendre les pâquerettes. La musique pour Mélodie, les pâquerettes pour Flowers ! Cilblanc tendit sa lettre à son amie...ou plutôt, sa cousine !

- Ne me dis pas que nous sommes...

Mélodie laissa sa phrase en suspens. Dans un livre, cette découverte aurait pu changer le monde, ou au moins sauver une bonne dizaine de personnes. Un bon best-seller intitulé "Ta cousine est à ta droite" ou un nom dans le même style. Mais là il n'en était rien. C'était juste...étrange. Ça n'allait rien changer, ça avait toujours été comme ça. Ce qui était juste très improbable était qu'elle était devenue meilleure amie avec sa cousine. Ce qui, d'une certaine manière, changeait la donne. A présent, Cilblanc ne voyait plus Mélodie comme sa meilleure amie mais comme sa cousine. Et elle était persuadée qu'il en était de même pour son amie...non, sa cousine. Elle s'y perdait, dans les affaires familiales.

Mais il fallait mettre tout ça au clair. Il se pouvait très bien que ce ne soit qu'une énorme erreur, et que la cousine de la rouquine ne soit pas Mélodie Flowers, mais une Chanson Pâquerette, bien qu'elle ne connaissait personne sous ce nom à Poudlard. Il fallait donc aller fouiller plus loin. Fouiller dans un livre qui regroupait les générations de sorciers. Au moins, ce qui facilitait la tâche, c'est que les deux Serdaigle étaient issues de famille sorcière. Il suffisait de trouver un livre dans la bibliothèque, et rien de plus. Pour la blondinette, du moins. Pour Cilblanc, c'était plus simple : la jeune sorcière connaissait son arbre généalogique jusqu'à ses arrière-arrière-grands-parents, et elle doutait que ses parents aient pu retrouver au-delà de cette génération un lien de parenté. Elle commença en entrant dans le vif du sujet.

- Il faut aller emprunter un livre sur les familles sorcières à la bibliothèque. A moins que tu ne connaisses ton arbre généalogique ?

Cela paraissait plutôt peu probable à Cilblanc étant donné que sinon, Mélodie l'aurait identifiée comme sa cousine. "Ce n'est pas si sûr", réfléchit Cilblanc. Elle-même qui connaissait les générations les plus proches de sa familles, aussi bien chez sa mère que chez son père, ne connaissait pas de "Flowers". Il fallait donc en déduire que ce n'était pas du côté du père de sa cousine. "Ça fait bizarre, de l'appeler comme ça." pensa la bleu et argent. Restait donc à savoir si Mélodie avait un lien de parenté avec sa mère ou son père.

Il était temps de sortir les arbres généalogiques. "Et cette fois-là, tu ne triches pas avec ton nom", pensa Cilblanc. Elle serait obligée de le sortir en entier. Pas par choix. Mais elle devait bien savoir, non ? a moins qu'elle 'oublie cette histoire familiale, considère Mélodie comme sa cousine, affaire bouclée et oubliée, dans le placard. Cilblanc s'apprêta à sortir de la salle pour aller chercher un livre registraire des familles sorcières.

- Je vais chercher un livre, je reviens. Remémore-toi ton arbre généalogique en attendant.