Ces dernières années, il est peu arrivé que les sortilèges appris en défense contre les forces du mal ne me posent pas de difficultés. Cette matière étant indéniablement ma plus faible après les cours de Vol, je rattrape fort heureusement mes lacunes avec des connaissances théoriques parfaites qui m'assurent toujours des notes optimales pour les exercices correspondants. Insuffisant toutefois : naturellement, je souhaite exceller dans tous les domaines. Après avoir beaucoup étudié la question, j'ai partiellement compris ce qui me posait problème avec beaucoup de sorts appris dans cette matière : nombre d'entre eux nécessitent de causer du tort à une personne ou une créature, et même si nous ne nous entraînons la plupart du temps pas directement sur des êtres vivants, l'idée de ne serait-ce que restreindre une créature sans son consentement m'est inenvisageable. Ainsi -et au milieu d'autres difficultés que me pose cette matière, je me suis souvent retrouvé ralenti dans mes apprentissages sur les aspects pratiques.

Heureusement, j'ai montré de plus grandes facilités pour les sorts destinés aux soins, et ma maîtrise du sortilège du bouclier est tout à fait correcte. C'est aussi pour ces deux raisons que j'avais espoir de m'en sortir relativement bien pour le sortilège du Patronus, dont nous avions étudié en début d'année la théorie. Cependant, je me suis rapidement trouvé dans une impasse : pour ce sort, il est absolument indispensable d'utiliser les souvenirs les plus heureux de notre vie, qui insufflent la force suffisante à ce sortilège en matérialisant nos émotions les plus positives en un esprit protecteur. La théorie me semble jusqu'ici plutôt clair, et comme mes camarades j'ai réfléchi ces dernières semaines à ce qui pourrait constituer pour moi l'un de mes plus beaux souvenirs.

Bien qu'ayant plusieurs idées en tête -comme la fois où j'ai mangé un sorbet à la fraise en pensant avoir un parfum framboise et que dans mon erreur j'ai découvert mon parfum de glace favori, ou encore la fois où j'ai réussi à faire un château de cartes de sept étages, rétrospectivement aucun ne m'évoque une joie transcendante. J'ignore même à quoi ce type d'émotion est censé correspondre. Je sais identifier le fait qu'il s'agit de bons souvenirs mais j'ai peur que ce soit très insuffisant, et je redoute le moment où nous devrons nous essayer à la pratique.

Ces pensées ont parasité mes réflexions durant tout le cours du jour, où bien qu'attentif je me suis toutefois montré légèrement plus distrait qu'à l'accoutumée. Oh, pas assez pour qu'on le remarque : j'ai assurément noté chaque mot important prononcé par la professeure dans le plus grand des sérieux, et je suis persuadé d'y avoir accordé la meilleure écoute, mais une partie de moi-même comme un travail en fond dans un coin de ma tête n'a fait que ressasser ces histoires de sorbets et de châteaux de cartes.
A la fin du cours, après avoir rangé mes affaires je m'approche du bureau, d'un pas peu confiant mais sûr. J'ai face à moi une femme qui a à la fois l'expérience de l'âge, et les compétences requises dans le cadre de son métier : il ne fait aucun doute qu'elle devrait pouvoir m'aiguiller.

« Professeure, puis-je emprunter quelques minutes de votre temps ? » m'enquis-je le plus poliment possible.

Ce lundi annonçait le début d'une nouvelle semaine, comme tous les lundis. Sixtine avait d'abord cours avec les 5eme années le matin puis, elle donnait cours aux sixième année. Elle appréciait particulièrement le lundi car elle aimait donné des cours à des enfants plus âgés et donc plus en âge de comprendre les difficultés et les trames de la magie. Elle pouvait entrer dans les détails, raconter certaines histoires ou encore partir sur une réflexion plus profonde. Chose qui, n'était pas possible avec les élèves des trois voir quatre premières années pour certains.

Oh bien sur, elle prenait du plaisir à donner des cours plus léger avec les petites années mais, l'enjeu n'était pas le même, l'ambiance était différente et l'attention des élèves étaient également bien différente. Aujourd'hui, elle avait donné un cours théorique à ses sixièmes années et, comme à son habitude, elle autorisa les élèves à ranger les affaires quelques petites minutes avant la fin du cours pour qu'ils puissent avoir le temps de passer dans leur salle commune avant le diner. Ils rangèrent tous rapidement leurs affaires sauf un. Un élève qui ne brillait pas dans les cours pratique mais qui brillait par son intelligence dans les parties théoriques s'approcha du bureau de la professeure avant de demander un entretien à celle-ci.

Coeslestin Noestlinger était un personnage plutôt discret, il n'était pas particulièrement entouré comme certains élèves de Poudlard, il n'avait pas un carrure de grand sportif et sa jambe boiteuse devait être un handicap pour la pratique de certains sport. Sixtine pourtant, ne se fiait pas à son apparence, elle savait qu'il était possible d'avoir l'air plus faible que la réalité. Elle avait, elle-même, souffert de sa petite taille durant sa scolarité et, durant ses débuts en tant qu'Auror. Elle trouvait cependant dommage qu'un élève aussi brillant en théorie ne brille pas autant en pratique.

- Bien évidemment Mister Noestlinger, dites moi en quoi puis-je vous aider ?

« C'est à propos du sortilège du Patronus, professeure, commencé-je après avoir pris quelques secondes pour formuler mes pensées. J'y ai beaucoup réfléchi ces dernières semaines, pour tenter de définir une petite sélection de souvenirs qui pourraient convenir, lorsque nous passerons à la pratique. » Je me tais quelques instants, hésitant. Maintenant que j'énonce mon problème à voix haute, ce dernier me semble encore plus ridicule, mais n'ayant pas réussi à y trouver réponse moi-même malgré tout le temps et l'énergie que j'y ai accordé, je me dois d'accepter qu'une aide est nécessaire.

« ... Mais, c'est beaucoup plus complexe que je ne l'imaginais. Je crois que je n'ai aucun souvenir vraiment heureux. Ou du moins, suffisamment heureux pour qu'il soit utilisable pour produire un Patronus, même incorporel. » expliqué-je sans parvenir à extraire de ma voix les notes d'hésitation qui se font entendre à chaque mot.

Des souvenirs, j'en ai : ceux de mon enfance bien que récents sont intensément diffus et dégagent une forme de douleur que mon cerveau semble s'obstiner à vouloir occulter, en ne laissant paraître que des bribes informes de souvenirs sans teinte d'émotions. Mon enfance a pourtant été des plus banales ; peut-être que l'insignifiance des événements qui la rythmaient la rend particulièrement oubliable. Ou, peut-être que le mépris mêlé de déception que m'adressaient souvent mes parents ont rendu plus confortable son oubli.

Quant à Poudlard, c'est bien loin du havre de paix que l'on m'a vendu : depuis ma première rentrée, j'ai constamment vécu dans un empressement constant, sans avoir le moindre répit -toujours désireux de montrer à tous le meilleur de moi-même, j'ai travaillé sans relâche -je me devais d'être le meilleur pour montrer à mes parents que je n'étais pas aussi incompétent qu'ils semblaient le penser. J'ai réussi, mais peut-être au prix de mes loisirs et de potentielles amitiés que j'aurais pu nouer avec mes camarades. En somme, aucun souvenir heureux n'en ressort -je ne suis même pas certain de savoir comment associer un souvenir à une émotion.

Identifier une émotion sur un instant présent, c'est à peu près à ma portée puisque je me suis entraîné pour. Mais se souvenir d'une émotion ressentie à un moment passé, c'est bien plus complexe : si j'ai bien des souvenirs précis de ma vie comme la plupart des personnes, il m'est difficile de me remémorer une émotion en particulier si je ne la ressens pas à l'instant présent.
J'y arrive, pour certaines : Poudlard m'a donné l'occasion d'expérimenter tout un nuancier d'émotions liées à la terreur, la peur et l'angoisse. Il n'y a pas eu une seule année tranquille, et dans les drames les plus récents, je me surprends encore à cauchemarder au sujet d'élèves perdant la vie au sein du Dominion.
Mais identifier des émotions positives, c'est un autre défi.

« Comment fait-on, professeure, pour réussir à identifier un tel souvenir ? »

L'élève de 6eme année ne tarda pas avant de mettre le sujet du jour sur la table. Il s'agissait en fait d'un problème concernant le sortilège du patronus. Sixtine savait bien que ce sortilège pouvait causer pas mal de problème à grand nombre d'élèves. Et la partie la plus compliqué, elle le savait, n'était pas la pratique mais bien la théorie. Comment sélectionner dans sa mémoire un souvenir assez puissant pour faire apparaitre son patronus ? Sixtine le savait, à cet âge là, les adolescents se sentaient très souvent torturé, seul ou ressentaient un mal être alors, faire la lumière la dessus et trouver un sortilège heureux n'était pas une mince affaire.

Elle repensa à sa propre adolescence. Avait elle, elle aussi, éprouvé ces difficultés ? Avait-elle eu du mal à trouver son premier souvenir heureux ? Aujourd'hui son souvenir le plus fort n'était plus le même qu'à l'époque bien qu'il date un peu.

- Il ne s'agit clairement pas d'un exercice facile... J'avais d'ailleurs prévenu lors du premier cours sur le sortilège de Patronus, vous vous souvenez ?

Se disant que la conversation pourrait s'éterniser, elle fit venir une chaise jusqu'à son élève. Et, avec un signe de la main, elle invita le Serdaigle blond à y prendre place. Elle avait remarqué la jambe boiteuse de ce jeune homme et ne voulait pas aggraver son cas ou lui faire mal à l'obligeant à rester debout.

- Pour savoir si votre souvenir est assez puissant, vous pouvez essayer de lancer le sortilège mais avant, demandez vous si vous avez envie de revivre ce moment encore encore et encore ? Est ce que ce souvenir vous donne les larmes aux yeux ? Est ce qu'un sourire s'affiche sur votre visage rien qu'en y pensant ?

Avec un petit soupir de soulagement que j'espère discret, je prends place sur la chaise fournie par la professeure et étire aussitôt mes jambes, dans une tension bien plus agréable que celle provoquée par la station debout. Soulagement de courte durée, puisque la bienséance m'amène aussitôt à retrouver la posture bien droite attendue et les manières délicates de toute personne bien née.

La professeure ne tarde pas à proposer des pistes de réflexion que je n'avais pas encore envisagées, me donnant confirmation que j'ai bien fait de lui demander conseil. Cependant ses questions, bien qu'intéressantes et je l'imagine pertinentes ne font que me plonger dans un désarroi plus grand encore.

Revivre un moment encore et encore a davantage des allures de cauchemars que de doux rêve à l'origine d'heureux souvenirs. Alors que je me demande s'il existe réellement des personnes qui souhaitent rester coincées dans une telle boucle temporelle, j'en viens à la conclusion que la professeure est un drôle et curieux spécimen. Les deux autres questions me laissent tout autant perplexe -cependant, la peur de passer pour un imbécile en manifestant mon incompréhension me cloue les lèvres, alors je garde encore un moment le silence en essayant de décortiquer chaque mot à la recherche d'une logique qui m'échappe.

Mes réflexions n'amenant que davantage de confusion, je finis par demander :
« Pardonnez-moi mais je peine à comprendre, il me semble contre-productif de chercher un souvenir qui provoque des larmes... Les larmes, c'est pour manifester la tristesse, or le sortilège du Patronus nécessite des émotions positives. Quel est le lien entre les deux ? »

Pour le sourire, j'y vois plus de logique, même si je suis dans l'incapacité de déterminer si je souris à l'image de tel ou tel souvenir. Le sourire, c'est un mouvement des commissures des lèvres vers le haut que l'on donne en réponse à quelqu'un qui fait de même -ou en guise de réaction ou réponse en une situation donnée, c'est un acte volontaire qui nécessite réflexion avant d'être formulé. De ce fait, je ne parviens pas non plus à comprendre le lien avec les souvenirs -mais cette histoire de larmes me créant plus de nœuds au cerveau que celle des sourires, je me contente dans un premier temps de cette première question.


___________
Il est très intelligent mais l'émotionnel c'est pas son truc, il faut lui pardonner

Au plus Sixtine parlait au plus le visage de son élève semblait dire "Je ne comprends absolument à ce que vous me dites mais je penche la tête pour faire semblant." Elle avait pourtant tout fait pour être claire, pour être la plus précise possible. Le Serdaigle confirma ce que pensait la professeure de défense des forces du mal en lui indiquant surtout l'explication sur les larmes.

Elle battit plusieurs fois des cils afin d'être sur d'avoir bien compris. Il n'avait donc aucune émotion ? Il ne comprenait pas les sentiments ou n'en avait jamais ressenti... Même Sixtine qui était pourtant une Occlumens, été capable de ressentir des sentiments et d'avoir des émotions bien qu'elles ne soient pas visibles.

- Quand je parle de larmes, je parle des larmes de joie... Vous savez lorsque, sur le coup de l'émotion, une larme vous échappe. Une larme n'est pas forcément signe de tristesse. Vous n'avez jamais vu par exemple, lors d'un mariage, des gens pleurer ? Ils ne pleurent pas parce qu'ils sont tristes mais bien parce qu'ils sont heureux.

Elle avait choisi d'enrichir son explication à l'aide d'exemple afin que celui dépourvu de toute émotion puisse comprendre. Elle espérait qu'ainsi, il puisse comprendre un peu mieux ce qu'elle voulait dire par pleurer de joie.

- Par exemple, me concernant, le souvenir qui me redonne le sourire à coup sur c'est lorsque j'ai obtenu mon diplôme de la Grande école de l'art du duel.

Et, comme par magie, en y repensant, elle n'avait pu empêcher son visage de sourire. Elle était restée évasive au sujet de ce souvenir mais voir la fierté de son oncle et les larmes de joies qu'il avait eu à ce moment là était une véritable bouffée de bonheur pour l'ancienne Auror.

Voyant un sourire apparaître sur le visage de la professeure, je fais de même par pur mimétisme -puis ce même sourire s'efface aux souvenirs que je tente de faire remonter. J'ai bien assisté à un mariage l'été dernier, celui de ma tante -pour la troisième fois. L'un de ses ex-maris était présent à la cérémonie et pleurait tout en tenant la main à leur enfant. Il ne se dégageait de lui qu'une aura d'amertume teintée de tristesse. Ne dénichant pas d'autres souvenirs de larmes lors de tels événements, mon esprit divague rapidement autour de ces histoires de diplôme. J'ai récemment obtenu mes BUSEs et, avec tout le travail abattu, il ne m'a semblé que parfaitement normal de toutes les décrocher. Je me souviens surtout avoir ruminé pendant des jours autour des deux Efforts Exceptionnels obtenus.

Ayant l'impression de tourner en rond sur des problématiques que j'ai déjà longuement réfléchies -et sentant que seule la confusion en résulte, je pose deux autres questions qui pourraient peut-être m'aider.

« La temporalité est-elle importante pour la force du souvenir et la capacité qui en résulte à faire apparaître un Patronus ? Je veux dire par là, est-ce qu'un souvenir récent fonctionnera mieux qu'un autre plus lointain, ou est-ce que cela importe peu ? » Si j'ai une idée plus précise de ce que je dois chercher et quand, en restreignant aussi le champ des possibilités, peut-être que la tâche sera plus aisée. « Faut-il nécessairement qu'il s'agisse d'un souvenir ou peut-on tirer cette joie d'un espoir pour un événement futur, un empressement pour quelque chose qu'on souhaite vivre et qui ne semble pas désagréable ? » Bien que j'ai du mal à me projeter dans le futur, l'éventualité d'une bonne soupe après cet entretien m'est particulièrement agréable puisque l'heure du dîner approche. Je doute de parvenir à matérialiser un Patronus à partir de l'émotion provoquée par un potage aussi frais soit-il mais l'événement en question étant proche, le sentiment en résultant me paraît plus tangible et beaucoup moins abstrait qu'un mariage lointain ou l'obtention même de mes BUSEs.

Maintenant que j'y pense, cette incapacité à nommer parfaitement mes émotions et surtout à me remémorer une émotion liée à un évènement antérieur une fois celui-ci achevé est peut-être la cause de mes difficultés de manière générale avec la magie. Même si je peux souvent passer outre de par une bonne maîtrise de toute autre étape pour lancer un sort et un lien plutôt étroit avec ma baguette -ainsi qu'une théorie parfaite, il est bien plus compliqué de compenser de cette façon avec des sortilèges plus complexes.
Ou, peut-être que j'intellectualise beaucoup quelque chose qui ne devrait pas l'être.

L'élève de sixième année était comme à son habitude, très vif d'esprit, très terre à terre. C'était cet aspect de lui qui permettait à ce jeune homme d'obtenir des notes excellente lors des évaluations théoriques de la professeure et, c'est surement grâce à son esprit qu'il réussira ses études. Sixtine écoutait attentivement les questions de son élève, elle souhaitait le voir progresser dans les partie pratique, elle souhaitait qu'il y arrive aussi brillamment qu'à l'écrit.

- Tout dépend de l'intensité de votre souvenir. J'ai exploité pas mal de souvenir pour lancer ce sortilège. Chaque nouvelle expérience de la vie vous permet de vous renforcer, d'aimer, d'apprendre et de vivre. A chaque nouvelle expérience, votre magie se transforme, elle évolue avec vous. Alors je ne vais pas vous dire qu'il vous faudra changer de souvenir à chaque nouvelle étape de votre vie mais si un jour, vous sentez que ce n'est plus assez intense, c'est qu'il est temps de changer.

Elle écoutait le Serdaigle parler d'espoir futur, il était vif. Elle regretta presque de ne pas avoir fait la conversation plus souvent avec cet élève. Et se mit à passer : Mince, il ferait un tabac dans mon club ! Le signe qu'il était temps pour elle de le faire progresser et vite.

- C'est très bien que vous abordiez la question. Effectivement vous pouvez puiser la dedans, trouver quelque chose qui vous rend heureux. Ca peut être un rêve, une musique, un souvenir, un espoir. Bref, tout est bon à prendre. Allez y, fermez les yeux, imaginez ce qui pourrait vous rendre heureux.

Elle-même, ferma les yeux, s'imaginant la vie qu'elle n'avait jamais eu. Elle se voyait sur le porche d'une maison avec un marie aimant et deux enfants jouant dans le jardin. Un espoir simple mais heureux.

J'écoute attentivement la réponse de la professeure, un peu déçu dans un premier temps d'avoir la confirmation que le tri de mes souvenirs selon leur ancienneté ne m'apporterait pas grande aide, puis intrigué par le champ des possibles qui s'ouvre à moi à la mention de rêves et de musiques.

« Je n'avais pas saisi qu'il y avait d'aussi larges possibilités pour la source d'une émotion » du moins, une émotion utilisable pour lancer un sortilège. Mais maintenant que la professeure me l'indique, ça me semble parfaitement logique : j'aurais du y penser plus tôt. « Merci, miss. »

Je me prête aussitôt à l'exercice, fermant les yeux comme demandé et me plongeant dans mes souvenirs, mais aussi dans le flot de mes pensées tournant autour de mes centres d'intérêt, et ce qui éveille en moi la soif d'apprendre et l'envie de d'approfondir des connaissances ; j'avais beaucoup aimé dernièrement faire des recherches à la bibliothèque sur Quong Po, un sorcier chinois du XVème siècle. Lire ses découvertes et ses expériences avec les œufs de Boutefeu avait été passionnant.
Et la musique, alors ? Je n'ai jamais eu l'occasion d'apprendre à jouer d'un instrument -et je ne sais pas si j'en serais de toute façon été capable, ayant du mal à bien coordonner mes mouvements, mais j'aime cette idée.
Quid de la broderie ? Cela fait presque un an que j'ai commencé à m'entraîner à cet art et, dernièrement il m'est venu l'idée de broder une rosace d'un niveau complexe avec de nombreuses fleurs et courbes enchevêtrées. C'est encore hors de ma portée mais lorsque j'y pense, un drôle de sentiment gonfle ma poitrine et il me tarde alors d'attraper aiguilles et fils pour m'atteler à la tâche.
Dans mes autres rêves, il y a peut-être... le fait qu'il serait agréable d'être une fille ? Evidemment, je sais que je suis un garçon : on me l'a répété pendant mes dix-sept années d'existence. Mais, s'il existait une magie capable de faire en sorte que tous voient en moi une jeune femme, alors évidemment je l'utiliserais et ma vie serait certainement bien plus douce -je me sentirais plus à ma place, je crois. Mais y songer est un peu douloureux -la broderie elle, ne fait pas mal.

« La broderie, » dis-je en rouvrant les yeux, « je crois qu'il est possible pour moi de puiser de la joie dans l'espoir d'être capable de broder des motifs très complexes à l'avenir. »

Les mots du blondinet de Serdaigle firent revenir à la réalité la professeure de défense contre les forces du mal. Ce souvenir qui n'existait pas avait tendance à transporter son esprit vers des lieux inexplorés. C'est dans ce genre de moment qu'elle s'émerveillait devant le monde merveilleux de l'inconscient en se demandant si une solution pour voyager à travers l'esprit n'était pas envisageable. Elle avait pourtant eu quelques années de recherche pour trouver un sort qui puisse l'y conduire mais sans succès pour le moment.

Se reconnectant avec le moment présent, elle écouta attentivement les propos du Serdaigle. Il éprouvait donc de la joie en pensant à la broderie, voilà un bon début ! Elle n'avait plus qu'à le faire travailler sur cette activité pour en sortir quelque chose d'assez puissant.

- C'est un bon début mais il va falloir que vous construisiez un souvenir autour de ce thème. Par exemple, vous pourriez vous imaginer en train de broder un pull aux minuscules petits motifs pour noël ? Il ne s'agit que d'un exemple, bien sur. A vous de voir quel souvenir vous correspond le mieux.

Elle lui laissa le temps nécéssaire pour comprendre l'information et réaliser l'exercice qu'elle venait de lui donner. Après quelques minutes, elle décida qu'il était temps pour l'élève de mettre en pratique l'exercice et de passer aux choses sérieuses.

- Voyons voir si la broderie est suffisante, prenez votre baguette et lancez le sortilège du patronus.