Je voyais très clair dans son petit jeu, Alice avait cette étonnant faculté à faire comme si tout allait bien quand elle le voulait, en un claquement de doigt, c'était très surprenant. Un qualité assez rare dont je n'étais personnellement pas capable, mon regard et mes expressions du visage laissant souvent transparaitre mes émotions... Mais depuis le temps qu'on se connait, elle devrait comprendre que je ne suis pas dupe. Je décidais quand même d'y mettre du mien pour ramener une bonne ambiance dans nos activités afin de me sortir ces idées morbides de la tête.

Marchant d'un pas lent, je montais les longs escaliers tout en multipliant les œillades à ma cousine, sans dire un mot je passais tout prêt d'elle, laissant délibérément ma main effleurer la sienne au passage avant d'aller jusqu'au placard du couloir duquel je sortis une étagère afin que l'on puisse avoir une planche de bois sur laquelle glisser.

Une fois l'objet dans mes mains, je fis volte-face en direction d'Alice avant de m'approcher d'elle. Tenant fermement l'objet, j'approchais ma tête de la sienne jusqu'à retrouver ma bouche à quelques centimètres de son oreille puis je chuchotais :
- Tu sais... Je te connais par cœur Alice...

Je savais que cette phrase ne la laisserait pas indifférente, et encore moins le bisous que je déposais pas la suite sur sa joue. Voyant qu'elle semblait hésitante dans la manière de réagir, je brisais rapidement le silence en lui tendant la planche accompagné d'un sourire amical, tout en murmurant timidement "Alors, qui commence ?".

Attendant un signe, mot ou au moins geste de sa part en guise de réponse, elle le fixe. Aaron se contente de monter d’un pas très lent les longs escaliers. La regardant assez bizarrement avant de passer au plus près d’elle en effleurant sa main. La jeune enfant, frisonne, prise par la surprise. Le doux contact de sa main chaude était si agréable qu’elle en avait envie de se jeter dans ses bras pour ressentir encore mieux la chaleur de son corps et être en sécurité.

Il continue son chemin jusqu’au placard du couloir, sortant une grande étagère de bois, sûrement pour leur servir de luge. Son cousin se retourne ensuite vivement vers l’Anglaise, son cœur accélérer jusqu’à ce qu’il s’approche pour chuchoter dans son oreille qu’il la connaissait par cœur. Rougissant vivement prise de surprise, de gêne et à la fois touchée par la phrase, la petite tête brune a du mal à se re-concentrer. Puis, le Smith termina par un bisou sur la joue, rougissant de plus belle, elle ne savait pas quoi répondre à ça.

Mais son geste et sa phrase suivent n’étaient pas en accord, qui fit beaucoup rire la fillette qui s’esclaffa "tu demandes et me tends la planche à la fois ? Allez, je tente en prem’s, même pas peur !". Lui faisant un rapide bisou sur la joue du jeune garçon, elle positionne la planche et s’assoit dessus. Alice regarde les escaliers d’en haut, et sans même hésiter, les dévales de la planche.

Je trouvais ça amusant qu'elle ne réagisse pas vraiment à ce qui c'était passé, mais je savais bien au fond de moi que ça ne l'avait pas laissé indifférente. Je me doutais très bien que son esprit se torturait à ne pas savoir quoi faire, comment réagir. Finalement, sa seule réaction qu'elle osa laisser transparaitre fut de continuer l'activité qu'elle nous avait préparé initialement.

Du haut des escaliers, je la regardais glisser, c'était étonnant car Alice n'était jamais plus elle-même qu'en faisant n'importe quoi, en prenant des risques et en se laissant aller. Personnellement, j'avais toujours du mal à me laisser aller, peu importe la situation, j'intellectualisais un peu trop mes faits et gestes, cherchant à réfléchir aux conséquences de mes paroles, des mes actes, et malgré ça, il y avait parfois quelques violents débordements que je n'arrivais pas à contrôler...

La fin de sa chute fit un peu catastrophique de mon point de vue, j'avais du mal à savoir si elle s'était fait mal ou non à l'atterrissage. J'hésitais, je ne savais pas si je devais descendre en courant pour l'aider car elle s'est fait mal ou juste attendre qu'elle remonte afin que ce soit mon tour. Au final, ce qui m'effrayait le plus dans tout ça était que mon tour arrive, j'avais peur que ça finisse mal, il y avait tellement de scénarios possible dans lesquels tout ça finit mal. Malgré toutes ces pensées, j'essayais tant bien que mal d'imiter ma cousine en me laissant un peu plus aller, l'imitant comme un modèle... le meilleur des modèles imaginable. Mais même du haut des escaliers, tout ça me dépasse.

La planche dévalait les escaliers à une vitesse folle pendant que l’enfant, tout sourire aux lèvres explosait de rire. Sa chute finale fut absolument catastrophique, la planche se coinçant à trois marches de la fin, les pieds de la jeune fille se prirent la première planche et elle tomba sur le ventre.

Au lieu de se lamenter, de regarder le sang qui coulait de son nez, de se mettre à pleurer ou d’appeler sa mère comme la plupart des enfants de son âge, Alice se relève, plus fière que jamais. Essuyant d’un rapide coup de manche son nez, elle frotte un peu ses vêtements tout en disant à son cousin "tadam !".

Remontant les marches en courant, planche à la main, la brune la dépose devant son cousin. S’essayant sur la rambarde, elle avait pour projet de la descendre à son tour. Mais soudain, les souvenirs d’il y a quelques minutes revinrent, elle jette un rapide et discret regard à Aaron sentant encore sa main chaude et ses lèvres sur son visage avant de rougir vivement, de perdre ses moyens et secouer la tête comme pour se débarrasser de ses pensées.

Cela devait être drôle à voir ? Ou bizarre ? En-tout-cas la Smith était vraiment toute rouge, elle espérait que son cousin n’y aurait vu que du feu, ou au moins qu’il n’aurait pas compris, sinon, elle se verrait très gênée !

Alice semblait s'être fait mal, mais comme d'habitude, tout cela était pas très important à ses yeux et elle arrivait assez rapidement à ignorer la douleur au profit de l'amusement. Une fois qu'elle était remonté, je m'installais sur la planche m'apprêtant à dévaler les marches à mon tour, j'avais assez peur du résultat car je savais que je me remettrais pas facilement d'une chute similaire à celle d'Alice.

Après quelques secondes de réflexion, et voyant Alice s'impatienter devant le temps que je prenais, je décide finalement de me lancer. La planche accélérait très rapidement et tremblait énormément alors que la dernière marche approchait. Heureusement, une fois arrivé en bas, tout c'était bien passé, j'avais un peu mal aux fesses à causes des vibrations mais j'allais bien. Alors je me relevais, arborant mon plus grand sourire adressé à ma cousine avant de remonter les escaliers en courant.

A tour de rôle, nous continuions de descendre les escaliers en glissant, essayant même quelques fois de monter à deux sur la planche, ce qui nous a valu quelques coups et blessures malheureusement, mais ça restait tout de même très drôle ! Pour soulager les douleurs nous nous rendîmes dans la cuisine afin d'attraper quelques poches de glace pilée tout en mangeant de la crème glacé, toujours en rigolant de cette longue session de luge qui venait de se terminer.