Oxy avançait vers le château, munie de son précieux trésor, bien serré contre son corps. Elle n'en revenait pas d'avoir une telle chance. Elle cherchait une idée, mais n'avait pas imaginé obtenir une chose aussi précieuse.

La pluie s'était calmée mais le temps était maussade et assez sombre alors que l'heure du dîner approchait à grands pas. Elle se hâtait vers la grande salle quand une lueur l'intrigua.

Il semblait y avoir quelqu'un dans le bureau du professeur de soins aux créatures magiques. Ou alors quelqu'un avait laissé des bougies allumées mais ça lui semblait illogique. Elle était quasiment sûre que son directeur de maison avait rejoint le cinquième étage. Son autre bureau. Elle bifurqua quand même dans la direction de la lumière, comme si elle suivait un pitiponk.

Et si c’était trop tard ? S'il avait rejoint cette pièce pour emballer toutes ses affaires et les quitter ?

Oxy pressa le pas et se mit même à courir maladroitement, c'était dur de courir avec les bras coincés sous sa cape pour en protéger ce qui y était caché. Mais arrivée à la porte elle hésita. Et si ça ne suffisait pas ? Ou s'il était encore si en colère qu'il ne voulait même pas l'écouter. Qu'allait-elle dire d'ailleurs si elle arrivait à parler ?

Elle pourrait peut être juste laisser son présent là au pied de la porte. Avec un petit mot ? Zut, elle n'avait pas de quoi écrire. Ou alors elle pouvait aller voir Ennis et ensemble elles écriraient une belle lettre et... Non, Ennis était blessée et le hibou prendrait trop de temps. Si jamais Mr Samuel était déjà en train de ranger ses affaires...

Dans l'urgence, elle frappa à la porte avant de réfléchir plus avant.

La journée a été épouvantable, vraiment, Samy est désespéré. Son quasi premier jour en tant que Directeur de Maison, il va s'en souvenir pendant des années, et pas pour les bonnes raisons. Son cœur appartient à Poufsouffle, c'est indéniable. Et pourtant, cela ne signifie pas qu'il ne peut pas se faire à une autre maison ! Il est prêt à faire énormément d'efforts pour s'habituer au rouge, et en particulier aux jeunes lionceaux dont il est responsable. Encore faudrait-il que ces efforts soient réciproques.

Sa meilleure amie, Isobel, est issue de la maison de Godric, et c'est une personne remarquable, impulsive, certes, mais surtout aventureuse, positive, mature, rien à voir avec ce qu'il a pu observer aujourd'hui dans le stade. Penser à la jeune femme le rassure un peu, cela veut donc dire que tous les rouges ne sont pas comme Alexander. Ou pire, Elfie. Mais bon, quoi qu'il en soit, ces deux loustics problématiques existent, et il faut le prendre en compte.

Après l'altercation dans le stade, Samy est monté avec leur capitaine et eux dans son bureau, au cinquième étage. Ca ne s'est pas passé comme prévu, Elfie a fini par casser une plume qui lui importait énormément et avec laquelle il rédigeait tous ses courriers importants, un cadeau de son amie Nora. A bout de nerfs, Samy a donné quelques consignes à des élèves âgés, murs, responsables, et est sorti du château. Il a transplané au Nord de l'Ecosse, sur une plage frappée par le vent et l'écume, sur laquelle il a congelé ses muscles. Il a hurlé sa frustration, sa colère, il s'est vidé de ce qui lui restait d'énergie, il a plongé dans l'eau, a nagé à contre-courant pour se fatiguer davantage, et puis il a fini par s'échouer sur le rivage, gelé, à moitié sonné, éreinté. Il a fini par s'endormir là, comme un miséreux. Exactement comme il y a un an. Quand l'Urne Noire a enlevé quatre jeunes, laissant une école traumatisée, et un Samy perdu qui devait gérer ses propres émotions plus celles des jeunes. Là aussi, il avait fini échoué sur les berges du Lac, à bout.

Il s'est réveillé transi par le froid et a repris le chemin du château, désireux de passer du temps avec quelques créatures. Trempé, il a pris soin des bestioles avant de s'installer dans son fauteuil en cuir et de rédiger des panneaux à accrocher dans la Salle Commune. Il a eu l'impression de devenir Ombrage, avec ses sanctions et ses consignes aberrantes. "Interdiction d'insulter", "Porter des coups sera puni d'une possible exclusion temporaire", "Obligation formelle de respecter ses camarades et les adultes du château". Samy se croirait en maternelle.

Alors que l'heure tourne, le jeune homme, qui sait qu'il ne fermera pas l'œil de la nuit, sort un paquet de copies et commence à corriger. C'est cet instant que choisit une petite main hésitante pour frapper à sa porte. Samy relève le visage et découvre Oxy à travers la porte vitrée.

« Alohomora. »

La porte s'ouvre. Il esquisse un très léger sourire pour se donner un air vivant.

« Salut Oxy. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? »

L'enseignant fait peine à voir, mouillé, les cheveux en bataille, la mine triste et les traits fatigués.


Mentionnés dans ce RP : @Elfie Chassin @Alexander Luben

La porte s'ouvrit. Il était là, il était assis à son bureau, à travailler. Il ne partait pas. L'adolescente soupira un peu. Elle n'arrivait pas trop tard. Tout n'allait pas bien mais... Euh, non, ça n'allait pas bien du tout !

Oxy avança d'un pas dans le bureau puis s'immobilisa. Son professeur était assis à son bureau. Normalement. Or, lui n'était jamais assis "normalement", il avait plus la position d'un ado ou bougeait dans tous les sens. Là, il faisait... Pas lui. En plus il paraissait épuisé et... trempé ?

La Gryffondor jeta un œil au plafond au dessus de sa tête. Pas de trou. Pas de pluie. Comment avait-il pu finir dans cet état ? Les autres n'avaient quand même pas... Elle ne savait même pas ce qu'ils auraient pu faire.

Le voir dans cet état la glaça et elle mit du temps à répondre à sa question. Elle se racla la gorge, se dandinant d'un pied sur l'autre.

"Je, euh, rien... Je venais voir comment vous alliez. J'avais, euh..."

Ça ne semblait pas le moment parfait pour lui offrir son cadeau. Elle sortit une main de sous sa cape pour fouiller dans ses poches, mais non, pas de cookies disponibles. Zut, elle aurait dû en prendre à Miss Fleming !

A la place, elle sortit Akela et fit un pas hésitant vers la cheminée.

"Vous voulez que j'allume un feu ?"

La jeune préfète des rouges est hésitante, comme si elle avait besoin d'un service mais qu'elle réalisait, devant la posture de l'enseignant, que le moment n'était pas vraiment bien choisi. Samy n'aime pas du tout renvoyer cette image de lui, il s'en veut, alors il essaie de se donner l'air vivant pour paraître accessible, aussi souriant et positif que d'habitude, prêt à filer un coup de patte quand le besoin se fait sentir. Il s'ébouriffe les cheveux, cligne plusieurs fois des paupières, redresse les épaules, puis répond à la fillette.

« Je vais bien ! J'étais justement en train de corriger un paquet de copie de ta promo. Il y des notes vraiment pas mal, vous aviez bien révisé, ou alors vous aviez bien compris mes explications, dans tous les cas ça fait plaisir ! »

C'est la seule chose qu'il a trouvée à lui répondre. Seul les êtres humains les plus naïfs pourraient tomber sous le panneau et croire à son discours improvisé empreint d'une fausse note guillerette. Enfin, qui sait, Oxy marchera peut-être... Ce serait bien. Ça lui éviterait un parfait spectacle de misère !

La suite de l'échange prend une tournure très inattendue. Pris au dépourvu, Samy cède à sa pulsion première, accepter un peu d'aide et de soutien. Il se sent minable à avoir besoin de l'aide de son élève pour remonter la pente. Le poids sur ses épaules se fait plus lourd encore, il sent qu'il ne gère pas, et que chaque chose qu'il fait l'enfonce encore un peu plus : il n'est pas fait pour ce métier. Il est encore trop jeune, trop frais, trop immature, trop fragile, un enfant que l'on materne.

« Oui... S'il te plaît. »

Il se ressaisit et récupère son poste d'enseignant, désireux de partager ses connaissances d'une façon toujours très ludique.

« Après si tu veux on pourra faire s'envoler des oiseaux de feu des flammes. Je te montrerai comment faire, c'est tout simple ! Si on avait des chamallows on aurait pu demander aux piafs de venir nous les griller. Tu te souviendras de ça, pour ta prochaine soirée pyjama chez des copains copines, hein ? Tu vas épater la galerie avec ces oiseaux. Une fois que tu auras appris cette métamorphose classique en cours, tu sauras quoi faire pour créer cette petite particularité. »

Oxy sourit quand son professeur lui affirma bien aller, cela la rassurait. Et puis elle pensait avoir bien réussi son devoir. Les cours sur la licorne étaient super sympa et elle avait adoré chercher dans la masse d'informations de la bibliothèque tout ce qui était vrai à leur sujet et ce qui ne l'était pas. Et encore plus ce dont elle doutait. Alors elle...

Non, un truc n'allait définitivement pas avec Mr Samuel. On ne se mettait pas dans un état proche du calmar géant en corrigeant des copies sur les licornes ! Elle plissa les yeux puis hocha tête.

D'un Incendio parfaitement maîtrisé elle fit s'embraser les bûches disposées dans la cheminée. Elle profita une seconde ou deux de la douce chaleur des flammes et de leur réconfort et tourna la tête, toute souriante à l'idée de son professeur.

"C'est un sortilège qui permet de transformer les flammes en oiseaux ? C'est vrai ? Et on les fait voler où on veut ? C'est trop bien ! C'est un enchantement ou une métamorphose ? Ah ben une métamorphose si on change la forme des flammes. Il faut avoir quoi comme base ? Car je ne suis pas tous les cours de méta. Et je crois que les éléments on ne les voit qu'en cinquième année."

La Gryffondor s'interrompit. Elle l'avait refait. Elle s'était emportée alors qu'elle n'était vraiment pas venue pour ça.

"Euh, pardon. Je veux dire ce serait cool. Mais en vrai je suis là parce que... Enfin je voulais savoir si..."

Comment allait-elle lui demander. Elle avait peur de le mettre en colère. Quoi qu'à le voir elle allait surtout le rendre plus triste encore.

"Vous savez, les Gryffondor. On est nombreux. On n'est pas tous pareils."

La jeune fille allume le feu d'une main de maître, répandant une lueur plus gaie et chaleureuse dans le petit bureau assombri par la lumière de la nuit. La voix enjouée d'Oxy contribue à faire baisser le niveau de mal-être ressenti dans la pièce. Samy l'écoute parler sans l'interrompre et la laisse tirer ses propres conclusions quant à la métamorphose des flammes en oiseaux-flammes.

« Le nom du charme, c'est Avifors. Et la base, ce sont les flammes. C'est encore plus simple que de transformer un objet en oiseau, car ici, tu ne cherches pas à transformer totalement l'objet. Tu le conserves. C'est une métamorphose partielle. Dans ton oiseau, tu retrouveras des flammes au niveau des ailes, le rouge feu dans ses yeux, la trainée de fumée qu'il laisse derrière lui, son vol qui va toujours vers le haut, plein de petits détails que ton cerveau ne devra pas penser à supprimer. Tu peux arriver à la faire, cette métamorphose, elle n'est pas trop difficile. Tu te concentres très fort. Tiens, regarde. »

Samy part farfouiller dans sa bibliothèque à la recherche d'un ouvrage dans lequel se trouve l'oiseau à visualiser.

« Voilà l'oiseau-flamme. Tu vas fermer les yeux et penser très fort à lui, avec toutes les informations que je t'ai données. Puis, tu vas ouvrir les yeux, et projeter tes pensées sur la plus haute des flammes, et tu vas l'élever d'un mouvement de baguette, l'étendre, jusqu'à ce que le haut de la flamme se détache, comme une goutte d'eau, et se modèle en oiseau. »

L'enseignant se concentre et donne l'exemple. Il élève une flamme et d'un coup, un pop retentit, elle se sépare en deux et la partie qui continue à monter dans les airs se transforme. Samy ouvre la porte de son bureau pendant que la transformation se termine, et, sous les yeux d'Oxy, un oiseau enflammé s'enfuit dans la nuit noire.

Il laisse la jeune Gryffondor s'entraîner à son tour, la guide, et puis le ton de la conversation se fait plus sérieux. Le professeur reprend sa place et regarde la fillette d'un air grave.

« Je sais... Ou j'essaie de savoir, et de m'en convaincre. Je n'arrive pas à savoir si c'était un cas isolé, cet incident. Parce que je suis pour le fait que les jeunes fassent leurs propres expériences, qu'ils se plantent, qu'ils testent les limites... Mais jusqu'à un certain point. Et je ne sais pas si je suis une personne assez ferme pour empêcher ça de se reproduire. Je ne comprends pas pourquoi ça leur est passé par la tête. C'est quoi, leur tempérament d'ado aux hormones bouillonnantes, ou alors c'est un acte de contestation pour me dire que ce sont eux les chefs et qu'ils ne m'écouteront pas ? Tu les connais sans doute mieux que moi... Tu sais ce que je dois comprendre de cette baston* ? »

A nouveau, c'est un sourire triste et désabusé qui se dessine sur les traits du professeur.

*Baston : en langage djeun's dans le texte.

Mr Samuel semble se laisser entraîner alors que les mots quittent Oxy comme des flammèches de feu d'artifice. A moins que ce ne soit comme de petites proies qui fuient à toute vitesse avant de se faire goulûment avaler. Une étincelle de vie jaillit de lui et il lui explique comment réussir ce sortilèges, allant jusqu'à lui montrer une illustration dans un livre pour qu'elle visualise l'oiseau-flamme. Il lui montre ensuite comment faire et ce sont les yeux ébahis qu'elle regarde le volatile filer dans la nuit.

Sous sa supervision, elle s’entraîne d'une main, tout en gardant l'autre bien cachée sous sa cape pour presser le présent contre son uniforme. Quand enfin elle réussi à faire apparaître son propre oiseau-flamme, elle le regarde, des étoiles dans les yeux avant de se souvenir de ce qu'elle fait ici. Sa mémoire tacle sa joie si vite qu'elle a du mal à trouver les mots.

Puis c'est au tour de son professeur de se lancer dans une drôle de diatribe dont les mots ont du mal à faire sens pour la jeune préfète. Son air grave l'inquiète car elle ne l'avait jamais vu ainsi. Avait-il un problème médical en plus du reste ?

Elle tenta de forcer son cerveau à trouver une solution, et surtout ) mettre des mots sur ce qu'elle comprenait.

"Je ne suis pas bien sûre. Mais je ne crois pas qu'il y ait eu de vrais soucis de violence dans notre maison. Je veux dire, je pense qu'on me l'aurait dit. Il y a bien des fauteurs de troubles mais en général ils sont plus insupportables que méchants. Je veux dire je les imagine pas frapper les autres."

Et c'était pourtant ce qui s'était passé. Est-ce que son directeur de maison avait mis le doigt sur quelque chose ? Est-ce que vraiment ils oseraient vraiment faire des trucs moches comme ça juste pour le tester lui ? Du temps de Mr Dole, il y avait eu quelques fortes têtes qui faisaient quelques âneries de manière périodique mais rien n'arrivant à la cheville de ce qui s'était passé.

Le cœur de la plus jeune s'emballa. Que se passerait-il si c'était ça et qu'il n'avait pas donné la réponse attendue par les joueurs ?

"Je comprends pas pourquoi ils ont fait ça. Mais, s'il vous plait, ne nous laiss..." Elle s'interrompit. Elle ne pouvait pas lui demander ça comme ça.

"Avec Ennis on va vous aider, on va leur parler, on va... Vous l'avez vue ? Ennis. Elle était blessée."

Oh bon sang ils s'étaient battus, avaient blessé leur coéquipière et préfète, mis hors de lui leur directeur. Oxy réalisait seulement les faits et n'en revenait pas. Une colère sourde balaya ses doutes et sa tristesse.

"Ils ne recommenceront pas ! Vous les avez punis et ils vont comprendre que ça ne se fait pas. Vous les avez bien punis ?"

Le doute s'insinua à nouveau. Fâché comme il était il avait forcément pris des dispositions pour enrayer la violence dans l’œuf non ?

Samy regarde Oxy créer son propre oiseau de feu avec de la fierté dans le regard. Quand elle y arrive, lui, de son côté, sourit autant qu'elle. La discussion revient sur le sujet principal de leur échange, et la jeune préfète tente de rassurer son directeur de maison quant aux habitudes des Gryffondor. C'est le monde à l'envers, c'est lui qui devrait être dans son bureau, en haut de la tour, à donner des consignes, à dire aux élèves que tout va s'arranger, à essayer de chercher une solution au problème. Et là, dès son troisième jour, il les abandonne déjà et fuit, lâche qu'il est. Il secoue rapidement la tête, non, il ne sera pas ce genre de personne.

« Non non non, je vais me remettre les idées en place, peaufiner un petit discours, et demain matin je parlerai aux lions par petits groupes. Ce n'est pas à vous de faire ça, t'en fais pas. J'ai juste eu besoin de m'éloigner un peu pour réfléchir et ne pas agir de façon irréfléchie sur le coup de la colère. J'ai vu Ennis, oui. Elle va s'en sortir, même si elle est sacrément amochée au niveau de l'épaule. Tu peux passer la voir, elle est largement en état de recevoir des visites. »

Il n'aurait plus manqué qu'Ennis soit dans un état critique, là, c'était le gnome sur le champignon.*

« Oui, et je crois que la honte d'avoir à faire ça va les faire réfléchir à deux fois avant de recommencer. Ils doivent aller présenter leurs excuses à l'ensemble de l'équipe jaune, en expliquant pourquoi ils ont fait ça, pourquoi ce n'est pas correct et en promettant de ne pas recommencer. Je les ai laissés aller se calmer, on pouvait rien obtenir de ces têtes de mules dans un état aussi enragé. Quant à Elfie... J'espère simplement qu'à force de foncer dans autant de murs elle changera de direction. Pour l'instant, je la laisse se planter et assumer les conséquences de ses actes. J'ai jamais trouvé que donner des ordres et des punitions marchait, pour faire apprendre les choses. Certains ont besoin de tester les limites et de se prendre un retour de flammes dans le visage, un truc qui les atteint eux personnellement, pour commencer à se remettre en question. »

Purée, si tous les Gryffons pouvaient être comme la personne réfléchie et positive qui se tient devant lui... Sous ses airs d'adolescente naïve et cachée derrière sa petite taille, il y a en réalité une personne très mature émotionnellement.

* = la cerise sur le gâteau

S'éloigner. Il avait eu besoin de s'éloigner. C'était bien ce qu'elle redoutait. Et s'il y avait une prochaine fois ? Et si cette fois là il décidait qu'un éloignement permanent lui serait bénéfique. Que deviendraient-elles ? Que deviendrait-elle ?

Oxy hocha la tête tout en grimaçant. Salement amochée c'était pas des plus réconfortant comme terme. Elle passerait la voir. Mais si elle pouvait la rassurer sur leur avenir avec leur directeur de maison en même temps ça lui ferait ça de moins à penser. Ennis devait se concentrer sur elle-même pour le moment.

Son analyse du comportement d'Elfie la laissa perplexe. Elle finit par s'avouer qu'étant adolescente elle-même, elle n'était pas la mieux placée pour comprendre ce qui était à faire ou au contraire à ne pas faire. Un instant elle vit sa camarade avec des cornes de bélier foncer dans un mur du château à côté d'une porte et sourit. Bah, elle finirait bien par accepter de prendre cette fameuse porte. Il fallait juste espérer qu'elle ne blesse personne en cours de route et ne détruise pas le château avant de se rendre à l’évidence. Peut-être que si elle se retrouvait face à Mrs Loewy elle trouverait le chemin plus vite...

En attendant, elle avait une mission à mener à terme. Elle sortit de sous sa cape le livre qu'elle avait caché, protégé jusque là et le posa sur le bureau de Mr Samuel.

"Pour vous. Pour que vous sachiez que Gryffondor c'est pas juste quelques individus mais une grande famille. Et que vous en faites partie maintenant."

La préfète eu une pensée pour Mr Dole. Il serait fière d'elle. Elle l'espérait.

Un petit silence suit son long monologue. Samy, qui est passé par toutes les émotions ce jour-là, ne trouve rien à ajouter pour essayer de relancer la discussion, lui qui est pourtant expert dans l'art du small-talk en temps normal. Un peu gêné, il se grignote l'intérieur de la joue et se balance très légèrement d'une jambe à l'autre. Fort heureusement, Oxy et sa nature bavarde et enjouée reprend du poil de la bête et relance le dialogue.

Elle commence par poser sur la table un livre qu'elle avait caché dans le plus grand des secrets dans ses vêtements. Interloqué, le sorcier relève la tête. Elle enchaîne avec une phrase qui va rester gravée dans la mémoire du Directeur de Maison des rouges pendant très longtemps. Une famille... Il n'avait jamais vu les choses de cette façon. Les larmes semblent vouloir lui monter aux yeux, alors, pour les contrer, il pare son visage d'un grand sourire d'émotion.

« Une famille... Oxy ? Merci. Tu es d'une aide précieuse, je suis désolé que tu aies eu à faire tout ça... Mais merci. On est une grande famille de lions, on se serre les coudes et on avance ensemble. Et on fera face aux défis ensemble aussi. »

Bien que l'homme soit connu pour son manque de retenue et sa jovialité, sur le coup, il se retient de lui faire un câlin, un peu de maîtrise de soi tout de même !

« En tant que personnes de la même famille, on pourrait essayer de se tutoyer tu penses pas ? Surtout qu'on va passer beaucoup de temps ensemble, toi et moi ! »

L'adulte envoie un clin d'œil à la jeune fille, convaincu de ce qu'il lui dit. Leurs tâches à tous les deux sont très liées, ils vont sans doute travailler ensemble plusieurs heures par semaine pour prévoir des animations, gérer les lions, encourager au mieux un cadre de vie et de travail sain et motivant. Et puis, il lui dit ceci pour la rassurer ; il ne compte pas lâcher les rouges de suite. Les yeux pétillant, il enchaîne, sur un ton curieux :

« Tu me montres ce joli livre ? »