Inscription
Connexion

18 mai 2022, 19:56
Une valse à deux temps
Le bruit lancinant des pas résonnait dans le couloir du quatrième étage, leur écho rebondissant sur la pierre glacial qui couvrait les murs. Immobile, l'air diffusait les claquements secs avec une tendresse contrariée, comme un ami conciliant qui ne sait s'il doit s'énerver ou réconforter son ami pour sa bêtise. La lumière, plus franche et moins subtile, éblouissait Edmund de tout son mécontentement.

Le bruit calfeutré des pas se répétait encore, allait et venait sans cesser, tantôt rapide et tantôt lent, tantôt fort et tantôt faible. Toujours présent. Cette litanie meublait le silence sans le briser, de sorte qu'aucune mélodie n'eut la folie d'occuper l'esprit du garçon. Un peu de musique, toutefois, aurait sans doute su être la bienvenue : les tourments ne sont jamais que plus accablants lorsqu'on est seul avec soi-même.

Les pas s'arrêtèrent, et l'air s'enroula autour d'Edmund, se glissa dans son cou, lui susurra six notes tremblantes : que viens-tu faire ici ? Lubie. Le bruit mordant de la semelle contre la pierre retentit une nouvelle fois. Une seule.

La question se posait néanmoins. Que venait-il faire ici ? Si haut dans le château, on ne trouvait presque rien : deux salles vides où rien ne se passait, une salle morte où trop s'était passé, une salle vive où il n'était jamais passé. Et une autre, pleine de vide où tout n'était que passé. Il n'y avait plus rien pour lui ici. Pourquoi alors revenait-il, encore et encore ?

Le bruit des pas hâtifs, tout doucement, timide et incertain, emplit le silence d'un ton fiévreux. Compagnon abusif de ce changement, le vide-même étreint la lente cadence d'un oubli nerveux : étouffant les sons vifs avec engouement, fourbe il eût presque éteint la légère absence, presque éteint le vœu si, murmures curatifs, les caresses du vent n'avaient pris l'écho d'un refrain, appelé dans leur danse à livrer les aveux.

Que viens-tu faire ici ? entonnait d'un souffle le zéphyr langoureux.

Lentement, Edmund se glissa dans la salle presque vide. Les vitres irradiaient des éclats perçants qui brûlaient la rétine et chauffaient le mobilier, remuaient la poussière et diffusaient dans l'air une odeur de vieux livre. Aveugle, Edmund ferma les yeux et se laissa entraîner vers une chaise, une chaise qu'il connaissait bien. Sa chaise. Comme dans ses souvenirs, elle était tout juste en-dehors du rang, à peine trop tournée sur le côté. Face au piano.

Que viens-tu faire ici ? le questionna le silence de la salle quand il se fut assis.

Que pourrais-je bien venir faire ? lui répondit le silence qui enveloppait le garçon.

Les deux silences se contemplèrent un instant, hésitants et curieux comme deux amants qui se rencontrent pour la première fois. Ils tournèrent l'un autour de l'autre, cherchèrent à apprivoiser et à se laisser apprivoiser en retour, s'effleurèrent avec la douceur d'un pétale dans la brise. À leurs rondes innocentes et juvéniles que nul n'osait troubler manquait cependant une chose. Une seule chose. Une chose essentielle.

À leur danse immobile manquait encore une musique sur laquelle s'abandonner.

@Eugène Harlow

couleur : #7f6000
Inspecteur Munmun, théoricien en chef des Bôs Debilus
Cofondateur de la PTC
Poufsouffle Vult !

19 mai 2022, 11:58
Une valse à deux temps
Le temps filait, lui qui était devenu précieux. Eugène comptait les minutes, une drôle d'habitude causée par son emploi du temps chargé. Les cours, les devoirs, l'association qui se concrétise, les Hel's Angels, mais pas la moindre petite seconde pour sa personne. Honnêtement, cela convenait parfaitement à Eugène : il s'oubliait. Sa tête fourmillait de pensée et de souvenir indésirable doublé d'amertume. Il ne voulait pas s'y attarder et pour ça, il se tuait à la tâche. Mais étrangement, ce même emploi du temps digne d'un ministre comportait un troue que rien ne pouvait combler. Eugène était contrarié par cet état de fait. Concrètement, il avait heure de libre devant lui et ce n'était guère appréciable.

Tout comme le temps, le soleil filait à travers le ciel dégagé. Quelques couloirs baignaient dans sa lumière qui ne connaissait aucune perturbation. Il sillonnait le château plongé dans un silence autant apaisant que dérangeant. Il n'y avait pas un chat, pas la moindre présence autre que la sienne. Il était seul avec ses tracas du moment. Cela le contrariait d'autant plus. Il aurait pu retourner dans sa salle commune, mieux encore, dans son dortoir, mais ses pas décidèrent de l'emmener ailleurs. Plus loin et plus haut encore. Sans trop savoir pourquoi il se retrouvait au quatrième étage, là où tout et rien se côtoyaient. Là où un souvenir se dessinait sous ses yeux. Il pousse la porte, pénètre au sein de la pièce à la fois vide et encombrée.

Là aussi, le silence s'imposait en maître. Étrange pour une salle ou la cacophonie doit régner. Eugène ignora autant les chaises vides que les instruments. Il ne porta aucune attention sur le tambour et autres percussions qu'il apprenait à jouer en ce moment. Sa main glissait le long des touches noires et blanches qui composaient le piano. Eugène s'installe sur la banquette, avise l'instrument imposant tant par sa forme que par son élégance. Il réfléchit, il se souvient. Eugène contemple ce petit garçon qu'il a était. Il inspire, tandis que les souvenirs remontent au grès des notes qui composent le 3e mouvement Moonlight Sonata, devenue parfait sous ses doigts. Cependant, cette fois, il n'avait pas l'impression de revenir chez lui. À la place, il ressentait sa présence, Eugène savait qu'il était là. Il pouvait presque l'apercevoir du coin de l'œil, lui qui était sage comme une image.

Eugène l'ignora, comme il l'avait appris à le faire depuis ce malheureux novembre. Il était concentré sur sa partition et ses doigts qui filaient d'une touche à une autre. Aucune note n'étaient fausses. C'était satisfaisant, mais également frustrant. Eugène n'était certainement pas d'humeur pour apprécier une telle perfection. À ses oreilles, cette partition était bien trop lisse. Ce n'était pas plaisant à entendre, mais il s'efforçait de ne faire aucune erreur malgré la tentation de tout chambouler. Encore.

@Edmund Long

"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

02 juin 2022, 11:49
Une valse à deux temps
Quelle chose étrange que la musique, tapis de notes tressées ensembles selon des motifs, parfois complexes, parfois simples, harmonieux ou discordants. Parfois silencieux.

Dans leur danse hésitante, l'un et l'autre las de ce vide qui résonnait dans la salle comme un son creux, les deux silences tissèrent. Était-ce leur volonté ? Un simple hasard ? Ou peut-être était-ce le vent qui, une fois encore, était venu murmurer aux oreilles des êtres perdus pour leur donner le courage — ou la folie — de se confronter à eux-mêmes ? De leurs doigts effleurant, en tout cas, les silences tissaient. Tressaient. Mots muets hurlés au monde, les premières notes fracassèrent le vide et brisèrent les faux-semblants.

Trop peureux — ou peut-être pas assez — un petit garçon accablé par le vide ferma les yeux.



Quelle chose étrange que la musique, tapie dans les cœurs comme un voleur orgueilleux qui aurait subtilisé tout ce qui est de plus précieux et qui attend la première opportunité, la première excuse pour le brandir à la vue de tous. Bien piètre voleur que celui qui se révèle au grand jour ! pourrait-on penser. La musique, néanmoins, jamais ne s'est fait attraper. Et ce n'est pas faute d'essayer.

Les notes, placardées sur le piano, sonnaient clair comme le claquement d'une canne sur le sol glacial. Le rythme, tantôt lié tantôt sec, s'envola dans la salle comme un ouragan sur une falaise, une larme sur une joue qui glisse inéluctablement avant de s'écraser sur la pierre dans un dernier soupir. Les temps, les mesures se succédaient, s'enchaînaient, menaient le morceau vers l'avant et vers sa fin. Inexorablement.

On a tendance à s'imaginer que la musique est le son par excellence. Certains, peut-être même vous qui lisez ces mots, pensent même que la musique est ce qui s'approche le plus de la vie, en ce qu'elle naît, existe avec grandeur et harmonie, puis meurt pour ne laisser après elle qu'un souvenir nostalgique. C'est peut-être vrai. Mais pas aujourd'hui. Pas maintenant.

Car cette musique, filée de conserve par deux silences dansant, cette musique qui a éclaté le vide, apporte en elle-même un autre silence. Un silence violent, hargneux, rageur, qui exsude du piano et contamine l'air comme une goutte de sang dans de l'eau. Un silence de mépris, un silence de colère, un silence d'absence et de regret. Un silence vide de vie et de sens.

Au fil du temps, qui se déroule avec lenteur, les émotions se succèdent, se dévoilent. Un à un, les masques tombent pour révéler le prochain acteur. Derrière le mépris se cachait le regret, derrière la colère se trouvaient l'absence et la honte, laquelle dissimulait encore, bien que mal, la culpabilité.

Les masques se levaient comme les mesures se suivent et se succèdent, les unes après les autres, au rythme du tempo qui les mène inexorablement vers leur fin. Tous les autres dissous et brûlés, seul demeurait le masque du vide.

couleur : #7f6000
Inspecteur Munmun, théoricien en chef des Bôs Debilus
Cofondateur de la PTC
Poufsouffle Vult !

28 juin 2022, 17:06
Une valse à deux temps
@Edmund Long

Et il joue, coupé du monde et de cet instant. Il a oublié sa présence, tout comme il s'oublie le temps de quelques volés lyric. Il est porté par les notes, par cette mélodie qui ne lui apportait aucun réconfort. Eugène fronce les sourcils, la lèvre se recourbe, ses doigts se tendent touche après touche. La dernière note sonne fausse. Elle lui vrille les oreilles, mais Eugène en tira une certaine satisfaction. Il avait horreur de la perfection. Ses doigts restent en suspens. L'adolescent se questionne. Continuer ou s'en aller ? Faire comme si, initialement, il n'a jamais mis les pieds dans cette salle pour faire une rencontre en particulière. Ses doigts restaient en suspension. Il était incapable de prendre une décision.

Ses bras retombe ballant le long de son corps, signe de reddition. Il ne comptait pas continuer, pour autant, il ne voulait guère quitter cette pièce, fuir les souvenirs qui l'abritent et ignorer le point de départ de sa blessure. Béante. Saignante. Cœur en lambeau, sûrement mérité pensera certains. Et la source de son malheur était dans son dos. Éternel boulet qu'il traînait à la cheville. Le regard pesant. Oppressant. Eugène le savait partout et nulle part à la fois. Un écho de rire, le fantôme d'une silhouette au coin de l'œil, les larmes d'une séparation douloureuse qui le laissait encore amer. Aimer faisait si mal, tout perdre à cause de ça était destructeur. Une tornade qui balayait tout sur son passage pour ne rien laisser.

De nouveau, Eugène appuie sur les touches. Les notes se succèdent dans un rythme nouveau. Ce n'était ni du Chopin ni du Mozart. C'était une mélodie entêtante dont il voulait crier les paroles au concerné. En aurait-il la force un jour ? Certainement pas, pour le moment, Eugène ne pouvait que fredonner pour lui-même et pour celui qui était dans son dos.

Well when you go
Don't ever think I'll make you try to stay
And maybe when you get back
I'll be off to find another way


Il appuyait sur les touches de manière agressive, à défaut de pouvoir frapper celui qui le faisait tant pleurer la nuit. Il ferme les yeux, le dos voûté, la mine colérique. Oh comme Eugène voulait qu'il l'entende.

And after all this time that you still owe
You're still the good-for-nothing I don't know
So take your gloves and get out
Better get out
While you can


Oh comme Eugène voudrait tant se débarrasser de lui. De son souvenir. Des temps passés ensemble. De cette blessure.

When you go
Would you even turn to say
"I don't love you
Like I did
Yesterday"


Et il aimerait ne plus l'aimer. Il aimerait arrêter de se mentir. Ne s'était-il pas promit ça ? D'arrêter toutes ses foutaises, ses mensonges et d'y croire ? Alors pourquoi était-ce si difficile de tenir parole ? Pourquoi était-il incapable de l'oublier ? Pourquoi continuait-il de le pleurer la nuit ? Pourquoi continuait-il de ressentir de l'amour malgré l'amertume et la rage qui entachait ce sentiment ? Pourquoi donc ?

Sometimes I cry so hard from pleading
So sick and tired of all the needless beating
But baby when they knock you
Down and out
It's where you oughta stay


Au fond, Eugène se haïssait pour ce simple fait. Il se détestait d'être bon, d'être incapable de jouer les cons. Car il le sait, que s'il revenait, Eugène lui tendrait les bras pour l'accueillir malgré tout ce qu'il s'était dit, tout ce qu'il s'était promis. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, pourtant. Il le fuyait, mais inévitablement, Eugène se rapprochait, le gardait à l'œil, s'efforçait de se souvenir de leur dernier repas ensemble. Leur dernier sourire. Leur dernier rire. Cet unique baiser.

And after all the blood that you still owe
Another dollar's just another blow
So fix your eyes and get up
Better get up
While you can

When you go
Would you even turn to say
"I don't love you
Like I did
Yesterday"

"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras

24 sept. 2022, 10:06
Une valse à deux temps
Le silence tut le murmure des notes aussi sèchement qu'un éclair tue le noir de la nuit, instant brutal, inattendu. Claquement de fouet, il effleura le masque comme la bise caresse les cheveux et mord les oreilles un jour de décembre. Dans le chaos qui se prépare, les deux premiers danseurs observent le troisième, nouveau et presque dévoilé, lui tendent la main le sourire aux lèvres. Filent.

Ce n'était ni du Chopin ni du Mozart. C'était une mélodie entêtante qui criait ses paroles avec douleur et avec rage. Avec force, avec courage. Des paroles si lointaines et pourtant inscrites dans sa mémoire plus sûrement encore que son propre nom. Écho d'un autre temps.

As a child, you would wait and watch from far away
But you always knew that you'd be the one
That work while they all play


Mains tendues, les danseurs attendaient patiemment tandis que leurs doigts tissaient le mélodie, glissaient sur le clavier des souvenirs. Le troisième ne bougeait pas.

In youth, you'd lay awake at night and scheme
Of all the things that you would change
But it was just a dream


Des flots remontaient des après-midis passées à deux, des paroles drôles ou ironiques, gentilles ou méchantes, bancales et maladroites. Des moments du passé qui le hantaient la nuit dans ses rêves — dans ses cauchemars — et le poursuivaient le jour au détour d'un couloir. Le troisième danseur toujours demeurait impassible.

Here we are, don't turn away now
We are the warriors that built this town
Here we are, don't turn away now
We are the warriors that built this town
From dust


Tourbillons dans un courant tranquille, les images, les odeurs se succédaient. Le contact des cheveux un jour où ils se cognèrent par mégarde, le son d'un gémissement plaintif lors d'un devoir au rendu embarrassant. Typhon sur une plage immobile, raz-de-marée sur des côtes stagnantes, ils s'écrasaient contre les défenses soigneusement érigées. Devant ses partenaires, le troisième danseur commença à trembler.

Will come
When you will have to rise
Above the best and prove yourself
Your spirit never dies
Farewell, I've gone to take my throne above
But don't weep for me
'Cause this will be the labor of my love


Le silence, devenu maëlstrom, s'envola en une tornade de souvenirs que caressaient les silhouettes inexistantes de chacun de leurs gestes. Telles des larmes perlées apportées par la pluie, elles les cueillaient avec des mouvements délicats puis les laissaient reprendre leur cours ruisselant. Le temps n'avait plus d'emprise, les secondes n'avaient plus aucun sens alors que l'horloge tournait dans un sens et dans l'autre sans ordre ni logique, réminiscences dictées par les lois incohérentes d'un esprit blessé.

Here we are, don't turn away now (don't turn away)
We are the warriors that built this town
Here we are, don't turn away now (don't turn away)
We are the warriors that built this town
From dust


Car blessé, il l'était. Un son doux éclata comme du verre brisé. La troisième silhouette de ses doigts effleura son masque, le dernier masque, que quelque chose avait fêlé. Quelque chose avait fêlé le vide. Et alors que les doigts traçaient le sillon qui courait le long du visage comme une comète dans un ciel sans lune, ils touchèrent pour la première fois de leur existence ce qui se trouvait en-dessous. Quelque chose de fragile, de beau et de tendre. De doux et d'unique. De...

De ? De quoi exactement ?

De son autre main il éloigna les doigts de son visage, horrifié, confus et réticent. Ce n'était pas lui ! C'était un mensonge ! Il ne pouvait pas... il n'avait pas le droit !

Qu'aurait dit son père ?

Aussi soudainement qu'il était apparut, le maëlstrom s'évanouit. Le vide s'étiola. Le silence se tut. Seul demeura un petit garçon voûté sur une chaise, les yeux emplis d'horreur et de souvenirs et de regrets. Dans un soubresaut, il se leva.

La lumière rougeoyante du soleil couchant transperça les carreaux, rebondit sur le sillon d'eau qui traversait le visage de l'adolescent qui irradia cette lumière comme depuis l'intérieur, juste avant qu'Edmund ne fuie. Juste avant qu'il ne fuie, un dernier écho s'échappa de sous le masque fêlé, repris doucement par le silence.

From dust

couleur : #7f6000
Inspecteur Munmun, théoricien en chef des Bôs Debilus
Cofondateur de la PTC
Poufsouffle Vult !

20 oct. 2022, 15:29
Une valse à deux temps
Le temps était en suspens, le silence assourdissant. Il y avait de la tension dans l'air. La valse avait pris fin, plus aucune note ne sera de nouveau jouer. Eugène en avait plus l'envie, plus la force. C'était terminé et eux aussi. Fini les rires, fini les repas ensemble. Fini les cours en binôme, le temps passé près de la cheminé. Fini les discussions au coffin de la nuit, fini les confidences et les craintes partager. Eugène songe à ses doux moments, à la légèreté et à l'inconscience qui, à présent, lui laissait un goût amer en bouche. Tout était terminé, mais n'était-ce pas mieux ainsi ? S'ils n'avaient rien en commun, pourquoi se faire du mal plus longtemps ? Mais, ne souffrait-il pas malgré tout ? Il réfléchit, sonde son cœur béant. Il repense au chagrin et à ses lames salé qui glissent jusqu'à la commissure de ses lèvres. Aux insomnies et aux noirceurs de ses pensées. La honte, la culpabilité et à la colère enivrante jusqu'à s'en rendre malade. Les maux de têtes, la nausée et les doigts rongés jusqu'au sang.

Eugène quitte le piano et se tourne vers une fenêtre. Le soleil descendait lentement, signant la fin de la journée. Il s'approche et ferme les yeux. Il profite des quelques rayons qui traversait les carreaux pour se réchauffer. C'était agréable. Une douce chaleur se propageait en lui, tandis que le soleil caressait doucement son visage étiré par la fatigue. Eugène ne bougea pas d'un iota. Il profita des derniers rayons de lumière, avant que le soleil ne disparaît complètement derrière les collines. La salle de répétition devint sombre, le froid l'étreint, la solitude également. Eugène espérait mieux de cette vie, peut-être même de trop. Il s'imaginait une existence plus douce, calme et non un chemin semé d'embûches et de chute. Un chaos qui en appelait une autre.

Il faisait à présent nuit dans la pièce, dix-neuf heures était certainement passé depuis le temps. Il était l'heure de se sustenter, mais son ventre avait beau crier famine, Eugène ne ressentait pas l'envie de se nourrir. Il voulait juste rester ici à contempler ses échecs. Il craignait de croiser le croiser au détour d'un couloir, de devoir l'affronter un jour ou l'autre. Eugène y songe souvent à mettre les points sur les I avec lui. Crasher ses quatre vérités, lui faire savoir à quel point il était odieux, qu'à cause de lui, Eugène s'était sentit comme la pire des merde à cause d'un simple baiser. Mais Eugène n'était pas courageux, ça serait sinon.

Eugène quitte la salle de répétition et emprunte quelques couloirs, puis descend plusieurs escalier. Il ne rentre pas dans la Grande Salle, ne s'attarde pas plus longtemps dans le Hall. Il se rend dans sa salle commune sans plus de cérémonie, là où il ignore tout le monde et s'en va se changer, avant de se coucher.

Fin du rp pour moi, merci beaucoup Edmund pour tant d'émotion :)

"Dramaqueen à ses heures perdues avec Ella Davis"
4e année RP | Je parle en gras