Comme tous les jours depuis qu'elle était rentrée de Poudlard, Dawn passait ses journées enfermée dans sa chambre. Elle ne souhaitait voir personne. Elle ne sortait jamais, pas même pour manger. Ses parents lui laissaient donc de la nourriture devant la porte et l'adolescente la récupérait quand elle avait faim, ce qui n'était pas souvent le cas ces derniers jours. Elle devait faire son deuil mais il lui était impossible pour l'instant. Elle en était à la troisième étape: la colère. Pire encore, c'est de la haine qu'elle ressentait, surtout envers sa mère et les moldus de son espèce. Le fait de ne pas avoir pu dire au revoir à son grand-père empirait la situation et ses sentiments.

Trois coups frappèrent à la porte. C'était généralement le signe qu'une assiette venait d'être déposée. Sauf qu'il n'était pas l'heure et, cette fois, la voix de son père se fit entendre de l'autre côté.

— Dawn, j'aimerais te parler, s'il-te-plait. Tu ne peux pas rester enfermée tout l'été.

Dawn entendait son père mais lui répondit par le silence. Si elle ouvrait cette porte, soit elle s'effondrerait en larmes, soit elle piquerait une crise de colère. Elle avait subi beaucoup trop d'émotions négatives ces derniers jours Pourquoi ne pourrait-elle pas passer les vacances de cette façon ? Après tout, elle avait suffisamment de quoi s'occuper: ses livres ainsi que son téléphone et son ordinateur moldu. Elle avait sa propre salle de bain et, si elle avait besoin de prendre l'air, elle ouvrait sa fenêtre et se posait sur le rebord. La seule raison qui la pousserait à sortir, c'est si ses parents cessent de la fournir en nourriture, ce qui n'arrivera pas. Après quelques longues secondes, son père ajouta:

— J'ai trouvé une solution. Mais j'aimerais t'en parler à toi et pas à la porte.

À vrai dire, l'idée venait de Tara. Mais les parents de Dawn savaient pertinemment que leur fille refuserait, par simple esprit de contradiction, si elle se rendait compte que l'idée venait de sa mère. Le stratagème fonctionna et la porte s'ouvrit sur la jeune fille. Elle restait silencieuse, accrochée au panneau de bois. C'était sa façon d'inviter son père à entrer. Ezra fit quelques pas dans la pièce et regarda autour de lui sans savoir ce qu'il cherchait. Dawn, enfermée dans son mutisme, se posa sur son lit en attendant que son père parle. Il comprit.

— Nous avons appelé les parents de ta maman. Tu peux passer l'été chez eux en France.

Elle ne voudra pas l'avouer mais Dawn trouvait l'idée excellente. Certes, ses grands-parents sont des moldus (ceux qu'elle détestait le plus au monde) mais eux n'étaient pas au courant de sa condition magique. Et en France, la situation était bien loin de celle que vivait la Grande Bretagne actuellement. Il n'y avait pas de milice anti-sorciers, pas de guerre. C'est exactement ce dont elle avait besoin en ce moment: s'éloigner de sa réalité.

— Ton train part demain à 10 H, ça te laisse un peu de temps pour faire tes bagages. Le voyage est long mais ça te donnera l'impression d'être encore plus loin de tout ça.

C'est comme s'il lisait dans les pensées de Dawn. La jeune fille avait toujours été plus proche de sa mère. Comme la plupart des filles. Pourtant, elle partage depuis toujours un lien spécial avec son père. Ils avaient besoin de peu de mots pour communiquer. Ezra attrapa une valise derrière la porte et la tendit à Dawn. Elle lui répondit par un petit sourire. Ce n'était pas le sourire qu'elle avait l'habitude de donner, il était absent, mais cela reste une avancée pour son paternel.

— Tes grands-parents ont justement besoin d'un guide anglophone pour leur château. Tu dois juste être rentrée pour ton stage à la réserve des Hébrides.

Il sortit sur ces mots. Aussitôt qu'il fut hors de la pièce, Dawn attrapa la valise et fourra tout ce qu'elle trouvait utile dedans. Elle se demandait même si tout allait rentrer…



Le lendemain, à 8 H tapantes, la jeune fille était prête à partir. Elle dû quand même attendre une bonne heure avant d'entendre les trois coups contre la porte. Elle ne vit pas sa mère en traversant la maison. Tant mieux, elle n'avait pas envie de la voir. En revanche, Tommy lui sauta dans les bras. Ils partirent tous les trois vers la gare et personne ne dit un mot. Au moment où le train ferma ses portes pour partir, la jeune fille adressa un signe de la main à son père et à son frère. Ensuite elle prit place sur un siège libre.

Dawn arriva à Beaumesnil en fin d'après-midi. Le voyage était presque aussi long que pour se rendre à Poudlard. Elle avait passé le trajet comme une véritable petite moldue. Elle eut le temps de regarder un film sur son ordinateur et de lire un peu. Bien sûr, sa baguette était restée à la maison car elle n'en aurait pas besoin durant les vacances. Surtout si elle passait l'été dans la famille de sa mère. Sur le quai, elle fut accueillie par ses grands-parents ainsi que par son oncle Rhys. Tous montèrent en voiture pour rejoindre la demeure, ou plutôt le château de sa grand-mère.

Oliver et Marie Lowell sont chatelains. Ils entretiennent le château de Beaumesnil qu'ils ont acheté avec leurs économies après leur retraite. Leur plus jeune fils, Rhys, les aide pour les petits travaux de plomberie et d'électricité et, parfois, il s'occupe aussi des visites. L'entretien d'un tel bâtiment n'est pas donné. Donc pour renflouer les caisses, les Lowell organisent des visites guidées dans certaines parties inoccupée de la demeure.

La jeune fille aimait beaucoup ses grands-parents maternels même si elle ne les voit pas souvent à cause de la distance. C'étaient des gens simples malgré leur responsabilité de "nobles", Ils n'avaient peut-être pas de titre mais vivaient presque comme tel. Ils aimaient la vie et en profitaient pour faire beaucoup de voyages et d'activités.

Arrivés au château, les propriétaires des lieux installèrent leur petite fille dans la chambre qu'elle occuperait pendant un mois et demi. C'était celle qu'elle avait l'habitude d'occuper. Ensuite, ils lui dirent quelques mots sur le fonctionnement de la maison. Ils parlaient français avec Dawn comme avec tout le monde car ils savaient que la jeune fille comprenait suffisamment même si elle avait parfois des petites difficultés à répondre. Le français n'est pas une langue facile.

— Je te laisse t'installer. Lui dit sa grand-mère Demain matin, nous verrons ensemble comment nous allons nous organiser pour que tu fasses les visites en anglais. C'est gentil de t'être proposée.

La jeune fille avait très vite oublié que son père avait évoqué cette possibilité car elle était trop heureuse de cette échappatoire. Mais jamais elle ne s'est proposée d'elle-même. Jusqu'à présent, Dawn n'était venue que pour les vacances. Pourtant, la jeune fille connaissait assez bien les lieux pour y avoir fait plusieurs parties de cache-cache avec son frère et ses cousins. Mais devoir les présenter à des inconnus était au-dessus des compétences de la gamine de 14 ans. Déjà, il y avait toute la partie histoire du château qu'elle ne connaissait que brièvement. Et puis, avaient-ils tous oublié qu'elle était incapable de s'exprimer en public ?

— Je… Euh…

Elle cherchait comment pouvoir se dérober à la tâche mais elle ne trouvait aucune excuse. Voyant son visage livide, Marie ajouta:

— Ne t'inquiètes pas, je te donnerais aussi toutes les informations à retenir et tu suivras ton oncle le premier jour. Avec environ 3 visites demain, tu devrais rapidement trouver tes marques.

— Ce n'est pas le problème. Je ne suis pas sûre de réussir à parler avec des autres personnes.

— Ce sera l'occasion de t'exercer. Lui dit-elle en souriant.

Sur ses mots, Marie quitta la pièce, laissant Dawn vider sa valise dans la garde-robe qui lui était attribuée. Après quoi, elle fit le tour du domaine comme elle en avait l'habitude chaque fois qu'elle arrivait pour les vacances. Elle alla ensuite se poser dans le jardin continuer sa lecture avant d'être rejointe par son grand-père qui lui proposa de jouer aux dames. C'est aussi calmement que ce finit cette journée. Pourtant, Dawn ne pouvait s'empêcher d'appréhender les suivantes. Elle allait se confronter à des situations tout à fait inhabituelles et stressantes pour elle. Mais visiblement, sa grand-mère ne comptait pas lui laisser le choix. Dawn qui cherchait à se dégourdir depuis longtemps, allait l'être par la force des choses. Peut-être était-ce le coup de pouce dont elle avait besoin. Ce été était définitivement celui de tous les changements.

Dawn avait pu se lever tard ce matin. Ses grands-parents avaient jugé que son voyage de la veille avait dû la fatiguer. De plus, beaucoup d'informations allaient lui parvenir durant la journée. Et puis, c'est dimanche pour tout le monde. Elle était plutôt de bonne humeur. Après avoir pris une douche revigorante, elle enfila une petite robe légère de couleur bleue et descendit prendre son petit déjeuner dans la partie privée du château. Elle était la dernière levée, alors, elle s'installa seule à table où elle trouva différentes viennoiseries pour contenter son appétit.

Comme si elle l'observait discrètement, Marie arriva au moment même où sa petite-fille avala la dernière bouchée de son petit déjeuner. Elle posa devant elle un document de cinq pages recto et verso. La jeune fille observa sa grand-mère, curieuse. De là où elle était, elle ne pouvait pas lire grand-chose tellement les pages étaient noircies, seuls les titres ressortaient en caractère gras.

- Ce sont toutes les informations dont tu auras besoin pour faire les visites. Lui dit-elle. Je sais que c'est beaucoup mais tu as toute la journée devant toi pour réviser.

Voyant la mine perplexe de sa petite fille, elle ajouta:

- Tu peux rejoindre ton oncle pour la première visite de l'après-midi. Elle se fait en français, ça ira ?

Dawn hocha la tête. Elle espérait que son français serait suffisant pour arriver à suivre. Depuis qu'elle était arrivée, personne ne lui avait parlé en anglais. Tous savaient qu'il était important pour l'anglaise de s'intégrer et d'améliorer son français même s'il était parfois plus facile de s'exprimer dans sa langue maternelle. Elle remonta dans sa chambre où elle prit le temps de lire la documentation. Elle se rendit compte qu'elle connaissait déjà une partie des notes, ayant parcouru la demeure à maintes reprises. En effet, elle rendait visite à ses grands-parents chaque année et a entendu pas mal d'histoires sur le château durant quatorze ans.

À treize heures, elle rejoignit Rhys dans le hall afin d'accueillir les visiteurs. Elle avait emporté ses notes et un crayon avec elle dans le but de les compléter si besoin. Elle avait plutôt l'habitude d'écrire avec une plume mais ce n'était pas le cas des personnes qui l'entouraient. Elle prit donc le parti de se fondre dans le décor. Durant la visite, elle resta un peu en retrait, se contentant de sourire chaque fois qu'elle sentait un regard sur elle. Mais elle écoutait attentivement les mots prononcés par son oncle. De salle en salle, elle constata qu'elle pouvait compter sur sa mémoire photographique. Elle n'aurait aucun mal à effectuer seule les visites si elle n'était pas aussi timide. C'est là-dessus qu'elle allait devoir travailler cet été et sa grand-mère ne lui laissera pas le choix.

La visite se termina par les jardins. Après avoir dit quelques mots à propos du parc à l'anglaise et les jardins à la française, Rhys invita les visiteurs à les parcourir et proposa à Dawn de faire de même. Bien qu'elle eût souvent foulé ces allées, elle aimait toujours s'y balader et prendre un bon bol d'air frais. Cette fois, elle choisit de s'approcher des écuries afin d'observer les chevaux. Elle s'approcha du premier qu'elle vit et lit son prénom sur une petite plaque doré, plaquée sur la porte du box.

- Bonjour Lilith. Dit-elle en caressant le museau de la bête.

Une tête sortit du box d'à côté, ce qui surprit Dawn. Elle recula de deux pas, effrayant le cheval par la même occasion.

- Sorry, je voulais pas déranger. Dit l'anglaise, prête à quitter les lieux.

- T'inquiète. Répondit l'autre fille. Tu ne déranges pas.

La blonde, qui devait avoir le même âge que Dawn, observa la visiteuse des pieds à la tête.

- Tu dois être la petite fille de Marie et Oliver. J'ai entendu dire que tu arrivais. Je suis Alix.

Le sourire aux lèvres, la fille tendit une main vers l'inconnue que Dawn serra timidement. Elle ne savait que répondre. Était-il utile qu'elle se présente puisque son interlocutrice l'avait reconnue ? En tout cas, son regard posé sur elle avait l'air d'attendre une réponse. Elle détourna le regard et lui répondit.

- C'est moi. Je m'appelle Dawn.

Rhys pointa à son tour le bout de son nez et proposa à Dawn de le suivre pour la dernière visite de la journée. Sauvée par le gong, Dawn se demandait justement comment elle allait se dépatouiller de cette rencontre qu'elle trouvait un peu gênante. Elle suivit son oncle et rejoignit de nouveau le Hall d'entrée.

Dawn avait très mal dormi cette nuit-là. Elle avait passé beaucoup de temps à se retourner dans son lit tout en se demandant comment elle allait faire pour faire les visites alors que sa timidité la rendait incapable de parler en public. Ce n'était pas la partie théorique qui coinçait, elle était certaine de connaître son sujet sur le bout des doigts pour avoir relu la veille au soir le feuillet que sa grand-mère lui avait remis. Résultat, elle se leva au son de son réveil, épuisée et des poches sous les yeux. Elle mit longtemps à émerger et à sortir de son lit. Lorsqu'elle trouva le courage nécessaire, elle marcha lentement jusqu'à la cuisine et prit son petit-déjeuner le plus silencieusement possible dans l'espoir qu'on l'oublie. Malheureusement, même si le château était grand, l'espace habité ne l'était pas tant que ça et ses grand-parents ainsi que son oncle la rejoignirent très vite. Ils avaient déjà tous mangé et étaient prêts à attaquer la journée, ce qui n'était pas le cas de Dawn.

La jeune fille n'était clairement pas prête à assumer une visite seule et cela devait se voir sur son visage fatigué. Personne ne lui fit remarquer son teint pâle et ses yeux cernés et à moitié ouverts seulement mais l'on pouvait lire de l'empathie dans les regards des membres de sa famille. Ils connaissaient tous sa timidité pourtant moins prononcée à l'intérieur de son cercle familial. Son oncle se contenta simplement de lui proposer de le suivre une nouvelle fois ce matin car le groupe était assez important en nombre et qu'elle prendrait la relève cette après-midi. Sa grand-mère fronça légèrement les sourcils, comptant bien se servir de cette opportunité pour endurcir la jeune fille qui elle était soulagée de cette décision, du moins pour l'instant.

Elle suivit donc le plan convenu avec son oncle, cela lui donnait l'occasion de suivre au moins une visite en anglais, histoire de se faire une idée de ce qui l'attendait. Le groupe de la matinée était composé d'une vingtaine de personnes. Elle apprit ensuite que cette après-midi, elle devait accompagner des groupes de quatre à six personnes seulement, ce qu'elle trouva bien plus abordable pour commencer que cette immense horde d'eux qui la fixerait à elle seule. Malgré tout, elle restait convaincue qu’elle n’arriverait pas à faire sortir ne serait-ce qu’un seul mot de sa bouche peu importe qu’elle soit face à un seul ou quarante visiteurs.

Plus l’heure avançait et plus une boule dans son ventre grossissait. Son angoisse allait lui faire perdre pied plus vite que prévu si cela continuait. À midi, Dawn se prépara un sandwich qu’elle préféra déguster dans le jardin. Elle espérait que l’air frais de l’extérieur et les jolis décors lui ferait oublier son stress et l’aiderait à s’apaiser. Mais, assise au pied d’un arbre, l’anglaise n’arrivait même pas à manger ne serait-ce qu’une bouchée.

- Bonjour Dawn, tu n’as pas faim ?

Alix s’était approchée sans que Dawn ne la voit, trop plongée dans ses angoisses pour remarquer quoi que ce soit se trouvant hors de ses pensées. Son intervention eut au moins le mérite de la faire sortir un peu de la spirale infernale dans laquelle elle s’était plongée. Elle ne savait pas trop quoi répondre. Si la française était attentive, elle pouvait entendre l’estomac de la jeune fille gargouiller. La faim et l’appétit étaient deux choses bien différentes et elle avait l’impression que son repas finirait sur les pieds d’un visiteur. Sans compter que, même devant une fille de son âge, elle avait des difficultés à s’exprimer. Elle inspira et trouva ses mots. Après tout, ce sera la situation la moins compliquée qu’elle vivra aujourd’hui et elle allait sans doute être amenée à la côtoyer régulièrement au cours de son séjour.

- Si… mais j’arrive pas à manger.

La blonde l’interrogea et Dawn n’eut pas d’autres choix que de lui raconter ce qui la préoccupait. Enfin si, elle avait le choix. Elle aurait pu inventer une histoire mais c’était plus fort qu’elle. Mal à l’aise, il lui était impossible de réfléchir en profondeur pour créer un mensonge qui tienne la route. Alors, elle dit la vérité en sachant pertinemment qu’une discussion génante à ce propos suivrait. Et c’est ce qui est arrivé. Alix tenta de rassurer Dawn par les mots mais elle précisa aussi qu’elle était plutôt une fille extravertie qui ne s’était tout de même jamais retrouvée dans la position de la brune.

- Tu as déjà entendu parler d’équithérapie ? lui demanda finalement la blonde.

- Le what ?

La française avait oublié que le français de l’anglaise, bien que plutôt correct, n’était pas parfait. Elle admit que ce mot n’était pas utilisé fréquemment dans la langue de Molière. Elle continua en expliquant qu’il s’agissait d’une sorte de thérapie grâce aux chevaux et que cela aidait à prendre confiance en soi. Dawn n’était encore jamais montée sur un cheval, mais elle n’était plus à ça prêt. S’il existait une solution pour réduire son stress en public, elle était prête à la tenter. Malheureusement, les deux filles étaient à court de temps avant la prochaine visite.

- Passe me voir après tes visites guidées, je t’apprendrais.

Alix était la fille de l’écuyer du château et est passionnée par les chevaux comme son père. Cette été, elle avait obtenu l’autorisation de s’occuper des bêtes de Beausmenil, comme une étudiante. C’est pour cette raison que leur première rencontre s’était passée dans les écuries et qu’elle pouvait proposer des cours d’équitation à la brune.

L’avantage de cette conversation, c’est que Dawn avait pu trouver un peu d’appétit pour manger son sandwich. Son ventre rempli, elle pria pour garder le tout bien au chaud et sur le coup de treize heures, elle rejoignit l’oncle Rhys, qui resterait avec elle pour l’épauler, dans le hall d’entrée afin d’accueillir les quatre visiteurs. Elle sentit son estomac se nouer aussitôt qu’elle les aperçut, craignant pour son dîner. En sueur et la voix tremblotante, elle passa la visite guidée à répéter les phrases qu’elle avait apprises par cœur dans le feuillet. Les deux visites se passèrent de la même façon. Elle essayait de ne pas trop regarder vers les adultes qui la fixaient. Ils devaient se demander de quel monde elle venait et allait demander un remboursement pour une visite aussi nulle. Il n’en fut rien. Sans doute car son oncle avait discrètement pris l’initiative d’expliquer que la jeune fille était nouvelle et mal à l’aise en public mais qu’elle y travaillait.

Maintenant, elle n’attendait qu’une chose, savoir si l’équitation pouvait faire des miracles sur son stress. Elle venait de passer la pire des après-midis, encore pire que lorsqu’elle devait présenter un exposé oral en classe. Elle savait qu’elle ne deviendrait pas quelqu’un d’autre du jour au lendemain mais sait-on jamais, il y aura peut-être un miracle.

En français

Peu après avoir clôturé la dernière visite de la journée, Dawn marcha vers les jardins pour rejoindre Alix aux écuries comme elles l'avaient convenu quelques heures plus tôt. Quelques heures plutôt, elle semblait emballée à l'idée de pratiquer l'équithérapie. Mais maintenant qu'elle y était, elle n'était plus si sûre. Et pour cause, elle n'y connaissait absolument rien à l'équitation et il y avait des milliers de façon pour que la séance tourne au désastre. Et si elle tombait du dos du cheval en pleine course ? Et si elle recevait un coup de sabot ou se faisait piétiner ? Et si elle s'y prenait mal et blessait l'animal ? Toutes ces idées sombres tournaient dans sa tête et lui avait donné quelques difficultés à se concentrer sur la visite. Heureusement, la faute pouvait facilement être rejetée sur son manque d'expérience et son oncle ne lui en tiendra pas rigueur.

La boule qu'elle avait dans l'estomac depuis son réveil ne l'avait toujours pas quitté. Elle commençait à croire qu'elle était une cause perdue. Sa timidité devait être si profondément ancrée en elle, qu'elle ne pourra jamais s'en débarrasser. La jeune fille était condamnée à la solitude et à l'anxiété sociale. Elle s'était tellement convaincue de cette idée durant ces dernières heures qu'elle avait l'intention de dire la l'écuyère qu'elle abandonnait avant même d'avoir essayé. Ou elle pouvait juste ne pas se présenter au rendez-vous…? Non ! La française devait l'attendre et ce ne serait pas poli. Pour une fois qu'elle avait réussi à discuter avec quelqu'un de ses problèmes sociaux et qu'en plus cette personne lui avait soumis une potentielle solution, elle n'allait pas se montrer désagréable dès son arrivée au château. Surtout si elles doivent se croiser tout l'été.

Lorsque l'anglaise passa la porte de l'écurie, Alix était déjà occupé avec Lilith, le cheval qu'elle avait croisé la dernière fois.

- Ah te voilà !

Dawn resta plantée dans l'encadrement de la porte. Voyant qu'elle ne bougeait pas, Alix continua :

- J'ai choisi Lilith car je pense que vous vous connaissez déjà. Tu viens ?

Le ventre de la sorcière tira un peu plus lorsqu'elle entendit l'invitation à s'approcher. C'est comme si elle avait une soudaine peur irrationnelle des équidés provoqué par son manque de confiance en elle.

- Non, je…, elle déglutit. Je connais pas les chevals. Je sais pas conduire.

Alix tiqua discrètement sur les fautes de français mais ne releva pas. Elle craignait de brusquer l'étrangère, ce qui n'était pas le but de la séance.

- Oh t'inquiète, tu ne vas pas la monter. Du moins pas aujourd'hui. On y va petit à petit, d'accord ?

L'anglaise acquiesça. Après ses mots, elle se sentit un peu coincée et ne fut pas capable de dire non. Elle réduisit la distance qui la séparait du cheval. Elle était bien plus à l'aise lorsqu'une barrière les séparait.

- Tu as de la chance, Lilith est la plus douce de nos pensionnaires. Elle marqua une pause. Bon avant qu'on commence, je suis obligée de te dire que c'est pas vraiment une thérapie car j'ai pas le diplôme requis. C'est mon but mais pour l'instant, je vois ça comme de l'entrainement. J'espère que ça ne te dérange pas.

Cette fois, c'est un "non" que Dawn signifia de la tête en attrapant la brosse que lui tendait la française. L'adolescente reproduisait les gestes que l'autre fille lui montrait et s'y appliquait. Cette dernière précisa aussi qu'elle ne devait pas se retenir sur les caresses. Étrangement, le brossage avait quelque chose d'apaisant. Elle sentait son estomac se dénouer et son rythme cardiaque ralentir. Elle retrouva la sérénité qu'elle avait habituellement en compagnie des animaux. Alix dû s'en rendre compte, car c'est le moment qu'elle choisit pour engager la conversation. Elles discutèrent de sujets banals, sans importance qui ne demandait que des réponses courtes et sans s'étendre sur sa vie privée. Juste de quoi éloigner les préoccupations de la sorcière. Cela rassurait d'autant plus la jeune fille qui craignait de révéler le secret qui occupait la majeure partie de sa vie : la magie.

Cette première séance eut l'effet escompté, tant pour Dawn que pour Alix. L'anglaise attendait la prochaine séance avec impatience.

En français

Depuis la toute première séances d'équithérapie, Dawn retrouvait Alix un à deux fois par semaine afin de réitérer l'expérience. Alors que la sorcière redoutait le tout premier rendez-vous, elle les attendait maintenant avec une impatience non dissimulée. Il faut dire que non seulement elle passait un bon moment avec la blonde et le cheval nommé Lilith, mais les progrès qu'elle faisait petit à petit étaient mesurable. Elle restait tout de même sur la réserve durant les visites guidées et se contentait de donner les informations qu'on lui avait fournies. Mais elle avait arrêté de bégayer et de rougir chaque fois qu'elle disait une bêtise. Dans son quotidien également, elle paraissait un peu plus sûre d'elle. La jeune fille n'aurait jamais cru cela possible il y a encore quelques semaines.

Les séances avec le cheval avaient un peu évolués depuis la première. Non seulement l'anglaise continuait à panser et à caresser l'animal, elle avait également appris à prendre soin du cheval au quotidien. Elle aidait Alix à nettoyer l'écurie, nourrir les pensionnaires, curer leurs sabots. Mais elles ne se sont pas cantonnée à cela. En effet, lors des dernières sessions, Dawn apprit à brider et seller un cheval. Elle n'hésitait plus à parler à Lilith, lui racontant sa vie en omettant certains détails quand la moldue pouvait entendre.

Les progrès de la jeune fille étaient tels que l'écuyère décida qu'il était temps de passer à la vitesse supérieure. Ils étaient parti en balade à pied durant la dernière séance. Dawn tenait fermement la bride de Lilith et marchait à ses côtés dans les bois attenant au domaine. Cet exercice lui permettait de prendre confiance en l'animal mais aussi de croire en ses capacités de le diriger. Il ne restait plus qu'une seule étape pour que l'enseignement soit complet.

- Tu es prête à monter ? Lui demanda la blonde lorsqu'elle arriva à son niveau, annonçant le programme de cette séance.

Dawn observa le visage de la jeune fille. À tout moment, elle s'attendait à ce qu'elle rigole et lui annonce qu'il s'agissait d'une blague. Mais ça ne venait pas. La jeune fille était loin de se sentir prête. Bien que cela lui était tentant, grimper sur le dos de l'animal pour partir en promenade était une sacrée étape et elle n'était pas sûr d'y parvenir un jour.

- Je ne suis pas sûre…

Mais Alix n'était pas de cet avis. Elle avait vu celle qui était devenue son amie évoluer de jour en jour et elle savait qu'elle en était capable même si la principale intéressée en doutait. Elle le signifia à l'anglaise. Bien sûr, elle irait à son rythme mais d'ici la fin de la session, Dawn serait sur le cheval même si l'animal devait rester immobile pour cela.

Les deux filles commencèrent comme d'habitude par le moment de douceur. Dawn posa son front sur celui de Lilith et lui murmura quelques mots. Elle partagea ses craintes qui venaient d'apparaitre en apprenant qu'elle allait devoir monter sur son dos. Il n'y avait plus grand-chose que le cheval ne savait pas. La sorcière lui avait parlé de sa vie à Poudlard, du décès de son grand-père, de la haine qu'elle ressentait envers ses parents. La jument était devenue sa plus fidèle confidente et cela lui avait fait un bien fou de pouvoir se confier.

Après avoir posé la selle sur le dos de l'équidé, Alix aida Dawn, tremblante, à monter. La blonde encourageait et rassurait son amie, persuadée qu'elle n'avait rien à craindre. L'anglaise, à présent en hauteur, gardait les yeux fermés.

- Touche son encolure.

La sorcière s'exécuta et caressa la nuque du cheval. Les sensations étaient légèrement différentes. C'était comme s'il ne s'agissait pas de l'animal avec lequel elle travaillait depuis trois semaines. Rassurée par sa présence, elle ouvrit les yeux. Perchée sur Lilith, elle voyait le monde d'un peu plus haut que d'habitude. Cela lui donnait une nouvelle perspective, elle pouvait voir des choses auquel elle n'aurait jamais pu faire attention si elle n'était pas montée. Après quelques secondes de découverte, elle se rendit compte qu'elle se sentait plutôt bien. La présence du cheval continuait de la rassurer.

- On peut avancer ?

Dawn fit un signe positif de la tête. La bride à la main, la moldue donna l'impulsion pour faire avance l'équidé dans le pré. Les balades dans les bois seraient sans doute pour la semaine prochaine si la brune s'en sortait bien. Ensuite, lorsque l'écuyère sentit que son élève prenait confiance, elle lui proposa de diriger elle-même l'animal. C'est une nouvelle sensation de liberté qui envahit la jeune fille. Elle serait bien partie au galop, si elle n'avait pas encore un peu peur de l'équitation. Elle avait l'impression de semer tous ses problèmes dans l'herbe derrière les pas du cheval. C'est plus légère qu'elle descendit de la selle à la fin de la session d'équithérapie.

Elle connaissait les propriétés apaisantes d'une présence animal mais jamais elle ne se serait attendue à un tel miracle. D'un regard entendu, elle remercia son amie moldue qui lui répondit de la même façon.

En français

Le séjour de Dawn en France touchait presque à sa fin. En effet, elle commençait un stage à la réserve des Hébrides dès lundi et devait donc rentrer à Doncaster à la fin de la semaine. Elle aurait pourtant préféré rester jusqu'à la rentrée scolaire. Car même si elle passerait les journées loin de chez elle, elle allait tout de même devoir rentrer chez elle chaque soir. Elle ne se sentait pas prête à affronter ses parents de nouveau, d'autant plus qu'elle se sentait si bien ici, loin de l'agitation du monde sorcier anglais. Elle craignait de voir tout ses problèmes lui peser lorsqu'elle sera de retour dans le foyer familial.


Dawn se leva ce matin-là comme tous les jours et se rendit à la cuisine afin de prendre son petit-déjeuner. Elle était prête à commencer une nouvelle journée de visite bien que la fatigue se faisait sentir car elle travaillait presque tous les jours. Et même si elle avait longtemps redouté ces visites, elle le faisait surtout afin d'aider sa famille. Mais aujourd'hui, satisfaite du travail de sa petite fille au cours des six dernières semaines, Marie lui avait réservé une petite surprise pour la journée. Alors que la jeune fille se levait de sa chaise pour se mettre au travail, sa grand-mère l'interompit

- Prends ton temps, tu ne travailles pas aujourd'hui.

Devant le regard plein d'interrogations de sa petite fille qui s'était stoppée net, elle ajouta :

- Je te donne ta journée, tu l'as bien mérité. Profites-en pour aller promener en ville avec Alix.

Ravie de la nouvelle, Dawn embrassa sa grand-mère sur la joue. Ensuite, elle courut vers l'entrée du château où elle attendit son amie dont l'arrivée était imminente. Elle ne laissa pas le temps à la blonde de passer le portail qu'elle l'agrippa par le bras tout en l'entrainant dans le sens opposé. Elle lui raconta rapidement ce que sa Granny venait de lui dire et toutes les deux se dirigèrent vers le centre du village. C'est bien parce que la ville n'était pas bien grande et que tout le monde se connaissait que Marie laissait deux filles de 14 et 15 ans se promener seules.

Malheureusement, dans les petits villages de ce genre, il n'y a pas grand-chose à faire. Mais Dawn était ravie de voir autre chose que le château et ses environs. Elles promenèrent dans les rues presque déserte un jeudi matin et en profitèrent pour discuter davantage.

- Si j'ai bien compris, tu es en internat c'est ça ? Voyant son amie dodeliner positivement de la tête, elle ajouta : Comment ça se fait ?

- L'école se trouve en Écosse, loin de chez moi. C'est plus facile.

- D'accord, mais y'avait pas d'école plus près ?

- Oui, oui. Mais c'est une très bonne école, l'une des meilleures. Mentit-elle.

- Et c'est pas trop dur d'être loin de ta famille ?

Dawn lui signifia non de la tête.

- C'est pas facile au début quand on connait rien ni personne. Mais on s'y fait. Et puis j'envoies souvent des hib… des lettres à mes parents.

La sorcière détestait mentir mais elle n'avait pas le choix. Alix ne pouvait pas savoir, tout comme ses grands-parents ne sont pas au courant. Pourtant, Dawn accumulait les gaffes à cause de sa maladresse, elle se demandait même comme elle avait pu garder le secret. Pourtant Dawn mourrait d'envie de partager cette partie de sa vie avec son amie.

- Des lettres ? Tu ne peux pas envoyer des SMS ?

- Oh non ! Le château est perdu dans les Highlands. Le réseau n'arrive pas jusque-là.

Encore un mensonge… Mais comment expliquer à Alix que c'est la concentration de magie qui empêchait l'utilisation des appareils électroniques moldus. La moldue retint surtout le mot "château" et lui posa des questions sur sa résidence scolaire. Alors Dawn lui parla de Poudlard sans jamais le nommer et en omettant les détails magiques. Elle racontait sa vie là-bas comme si elle était moldue. À plusieurs reprises, elle dû tourner sa langue dans sa bouche avant d'en dire de trop.

À force de marcher, Les deux filles eurent faim et s'arrêtèrent manger un sandwich. Elles auraient préféré faire arrêt dans un Fast Food mais le plus proche était à douze kilomètres… En revanche, elles trouvèrent un bowling où elles passèrent l'après-midi avant de rentrer. La journée avait été bonne pour Dawn? Elle avait pu mieux découvrir Alix. C'était la première fois qu'elle se sentait si proche d'une personne en dehors des membres de sa famille.

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L'heure du départ était arrivée pour Dawn. Elle avait reculé le moment où elle quitterait Beaumesnil le plus possible, faisant en sorte de prendre le train courant de l'après-midi plutôt qu'au matin comme il était initialement prévu. Elle redoutait le moment où elle allait se retrouver devant son père, puis sa mère. Seul Tommy lui manquait et elle avait hâte de le retrouver.

Elle n'avait fait aucune visite aujourd'hui afin de prendre le temps de ranger ses affaires. Lorsqu'elle boucla sa valise, elle sentit une boule se former dans sa gorge. Elle devait dire adieu aux meilleures vacances de sa vie, bien qu'elles se soient passées dans un contexte plutôt triste qu'elle aurait volontiers évité.

La jeune fille descendit au rez-de-chaussée, elle y espérait croiser son oncle Rhys avant sa prochaine visite. Sinon, elle ne pourrait pas lui dire au revoir. Elle l'interpella alors qu'il allait accueillir un groupe et l'oncle et la nièce se mirent un peu à l'écart. L'homme n'était pas des plus démonstratifs mais connaissait les épreuves que Dawn traversait. Du moins, c'est ce qu'il croyait puisqu'il n'avait aucune connaissance du monde de la magie et des évènements qui le secouaient en ce moment même. Il n'était finalement au courant que du deuil auquel elle faisait face.

- Tu reviens quand tu veux, tu fais une excellente guide. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n'hésites pas à m'écrire, d'accord ? Fais bon voyage, ajouta-t-il en posant sa main sur l'épaule de sa nièce.

Le trajet en voiture jusque la gare fut assez silencieux malgré les trois autres personnes dans l'habitacle. Dawn sentait déjà tout le poids qui l'avait quitté durant son séjour revenir. Ses grands-parents et Alix devaient le sentir puisqu'aucun des trois n'osa parler en dehors des broutilles habituelles. Les adieux étaient difficiles pour tous.

C'est dans cette atmosphère qu'ils sortirent tous les quatre de la voiture. Oliver, le grand-père de Dawn, sortit la valise du coffre et la traina jusqu'au quai. Le train était déjà là mais ils avaient encore un peu de temps devant eux afin de se dire au revoir. La jeune fille s'approcha d'abord de son aïeul et le serra dans ses bras. Il était plutôt factuel.

- Tu es une fille très courageuse, Dawn, et je ne doute pas que tu arriveras à traverser cette épreuve comme toutes les autres qui se dresseront sur ton chemin. On a vu les progrès que tu as fait et on en est fier.

L'étreinte se termina sur ses mots et elle se tourna ensuite vers sa grand-mère. Celle-ci était plutôt dans l'émotion. Elle la serra de la même façon.

- Tu vas me manquer, ma petite-fille. C'était agréable de t'avoir tout ce temps. N'en veux pas trop à tes parents… C'était maladroit mais ils ont cru bien faire.

Bien sûr qu'ils pensaient que ce serait une bonne idée. Malgré tout, Dawn avait un trou béant à l'intérieur de sa poitrine qu'elle ne pourrait combler qu'en faisant son deuil, ce qui est difficile lorsque l'on apprend le décès d'un être cher plus d'un mois après son décès.

Et puis, il y avait Alix qui était LA rencontre de ces vacances. Dawn avait le sentiment de lui devoir beaucoup car c'était surtout grâce à elle si elle avait passé de si merveilleuses vacances. En six semaines, l'anglaise s'était très attachée à la blonde et espérait pouvoir continuer leur amitié à distance. Alors que la sorcière se demandait si elle devait serrer sa nouvelle amie dans ses bras, celle-ci répondit à sa question en l'étreignant quelques secondes.

- Je n'aurais jamais cru me faire une amie, cet été… C'était chouette mais on se remet ça l'année prochaine ! Tu me promets de m'écrire puisque tu vas dans une école paumée sans réseau ?

C'est ce que Dawn espérait entendre. Elle lui répondit positivement avant de tous les remercier et monta dans le train avec sa valise. Installée sur son siège côté fenêtre, elle fit signe aux trois personnes restées à quai jusqu'à ce qu'ils ne soient plus dans son champ de vision. Elle inséra ses écouteurs dans ses oreilles et entreprit de lire un livre, histoire de ne pas penser aux personnes qu'elle venait de quitter mais aussi à celle qu'elle allait retrouver de l'autre côté.

Ezra et Tommy l'attendaient à la gare de King's Cross. Si elle avait pu, la jeune fille se serait dirigée tout droit vers la voie 9 ¾ afin de s'évader vers Poudlard. Non seulement ce n'était pas possible car Poudlard devait être déserté mais elle allait aussi vivre une semaine de stage à la réserve des Hébrides qu'elle ne raterait pour rien au monde. C'est d'ailleurs la seule raison qui l'avait fait rentrer si tôt avant la rentrée scolaire.

Son petit-frère de douze ans, courut vers Dawn dès qu'il l'aperçut et la serra. L'adolescente était heureuse de le voir, c'était bien le seul. Elle ne s'adressa à son père que pour lui donner sa valise. La famille s'isola dans un endroit vide de gens et transplana jusqu'à Doncaster. Heureusement, Tommy monopolisait la parole en racontant à sa grande sœur tout ce qu'il s'était passé en son absence. Le voyage avait été long et fatigant et l'atmosphère était lourde depuis son retour dans la maison familiale. Alors, dès que leur conversation fût terminée, Dawn rejoignit sa chambre.



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