Du vent. Aujourd'hui, c'est du vent, ou plutôt une brise fraîche et légère, qui vient s'engouffrer dans mes cheveux comme de la soie. J'ai jamais touché de la soie, mais apparement c'est très doux. Un vent de soie, c'est comment je le décrirai.
Je suis là, je regarde mes jambes se balancer dans le vide, le tête face à cette brise de février, assis sur un banc non loin de nombreuses personnes qui se tiennent là.
C'est un jour où je n'ai pas de cours, où j'ai pas mal de temps libre, et heureusement d'ailleurs. Ce jour où je passe mon temps libre...seul. Seul ? En ce jour ?
Il fait frais, d'ailleurs, on sent bien que l'hiver ne s'est pas encore trop effacé. Armé d'un simple pull blanc, je me dis que j'aurais dû prendre plus chaud, parce que je commence bien à avoir froid, malgré son épaisseur.

Tout le monde est ensemble, et plus particulièrement avec sa moitié. Ou son quart, puisque comme chacun sait, une relation jeune n'est pas souvent éternelle. Enfin ça, c'est ce que m'ont dit papa et maman, et je sais pas quoi en penser, sinon suivre ce qu'il disent.
Ils se sont tous donnés rendez-vous, ils sont tous accrochés l'un à l'autre, l'un étant le chocolat chaud et l'autre le radiateur, en gros, ils se réchauffent mutuellement. Drôle à savoir, en sachant que je commence à avoir froid et que je suis seul spectateur d'une chance que pas tout le monde ne peut avoir. Je regarde le soleil, c'est le seul à me tenir compagnie.

Je regarde ma main. Deux chocolats sont là, posés au creux de ma main. Je crois qu'ils sont au chocolat au lait. Pas magiques, juste de simples chocolats moldus, ce qui fait du bien à voir dans un monde entouré de magie. Leur papier rose et doré reflètent le soleil dans mes yeux, ça m'éblouis. Je les ai trouvés en salle commune, probablement un amoureux qui les a laissé tomber par mégarde...mais comme je n'ai pas eu envie de chercher le propriétaire toute la journée, je les ai gardés. Tant pis, je les offrirai à quelqu'un que je croiserai dans les couloirs, ça lui fera peut être plaisir que quelqu'un lui offre ça sans contexte...

On est le 14 février, oui, et je nie totalement que ce jour est spécial pour les chanceux.

@Anna Delore

Il faisait frais ce matin-là, quand elle sortit prendre l'air, elle remarqua beaucoup d'élèves, regroupés par deux, marchant main dans la main dans le parc. Qu'est-ce qu'il leur arrivait tout d'un coup ? Elle secoua la tête pour les enlever de ses pensées et continua à marcher, le regard perdu dans l'horizon.
Elle s’assit dans l'herbe, puis se laissa tomber en arrière, les bras sous la tête. Elle contempla le soleil rayonnant dans ce milieu d'hiver.

Parce qu'on était en février, le 14 février plus précisément. Un jour comme les autres, qui n'a rien de spécial... Il ne lui évoquait rien. C'était lassant, tous ces jours qui se suivaient, se ressemblaient... Mais à bien y réfléchir, en re-prononçant "14 février" plusieurs fois dans sa tête, elle se rendit enfin compte que ce jour avait une signification, qu'il creusait un gouffre au plus profond de mes souvenirs, c'était le jour de la Saint-Valentin.

Encore ce jour, toujours ce jour, tous les ans le même... Elle ferma les yeux et soupira, ce jour ne signifiait rien pour elle et elle avait toujours pensé qu'il ne signifierait jamais rien. Tout s'éclaircit soudain dans ses pensées, tous ces élèves qui marchaient main dans la main, eux en avaient de la chance...

Elle se redressa, ne pouvant réprimer un sourire moqueur envers elle-même, qu'est-ce qu'elle en avait à faire de leur bonheur ? Elle avait toujours été heureuse sans l'amour, et rien n'y changera. Elle n'avait pas besoin d'éprouver une quelconque jalousie pour ces tourtereaux ridicules... De toute façon, elle n'avait jamais été amoureuse de sa vie... Une image d'Anselme apparut brièvement dans ses pensées, avant qu'elle ne la chasse, les sourcils froncés. Elle n'était pas amoureuse d'Anselme, un gamin comme les autres, sympa, rigolo, mais son sentiment pour lui n'avait rien à voir avec l'amour, elle l'aimait seulement en amitié...

Elle se rappela leur jeu dans la neige, un peu moins d'un mois plus tôt, elle s'était tant amusée... Elle se ré-allongea, tentant de se remémorer tous ses souvenirs si chaleureux...

@Anselme Beyer

Je regarde au loin les gens s'enlacer, tout le paradis dans leur tête, avec probablement Cupidon qui leur fait des bouchons d'oreilles pour qu'ils ne soient que dans leur bulle.
Moi, rien. Je fixe les cotons dans le ciel qui se déplacent très lentement, en pensant à mes chocolats. J'en mange un maintenant ? J'ai faim... Je me reprends. Non, une fois que tu l'aura donné à un inconnu. Il ne risque pas de fondre, après tout.

Tandis que me dis ça, une autre voix, étrangère, me murmure au fond de moi "Y a pas que les chocolats, qui vont fondre..." Quoi d'autre alors ? Les derniers ilots de neige ? Non, il fait frais. "....les coeurs" N'importe quoi. Les coeurs peuvent pas fondre par ce froid. "Non, l'Amour. Lui, ferai fondre le plus pierreux des coeurs dans un hiver glacial.." Me voilà poète des coeurs, seul, lors d'un jour de Saint Valentin. Trouvez l'erreur.

Je tourne la tête vaguement, je ressens quelque chose que j'aime pas, de la tristesse. Voire de la solitude, mais ça je peux le supporter.

Un feu, ardent, se détache à une dizaine de mètres de moi. Des flammes régulières, s'éparpillant dans l'herbe, brûlant le plus froid des glaçons. Je marche vers lui, la tête un peu lourde par ces métaphores à la noix. C'est stupide. Pile le jour où t'es créatif, tu fais de belles métaphores, mais t'es seul. T'es idiot, Ans'. Je me rapproche du brasier ardent, jusqu'à le voir entièrement, avec le corps et la tête qui va avec. Un brasier aussi intense ne peut être qu'elle.

Très discrètement, pour pas la déranger, je m'avance en faisant le moins de bruit possible. Je ne veux pas lui gâcher cette tranqui-. Je crois que je vais repartir, qu'est ce qui m'a pris ! Je suis devant elle, sûrement devant le soleil qui voulait la dorer, à ne rien attendre, juste la déranger. Et discret comme je suis, elle a dû m'entendre. Je suis juste...bête. Je crois que je vais repartir.

Alors je me retourne vers le soleil qui l'admire depuis je pense une bonne demi-heure, l'air jaloux, et je le regarde avec mépris autant que lui me regarde avec cet air hautain, de là-haut. J'avance un pied, prêt à le poser, finalement on appelle ça marcher. Et je commence à repartir, l'esprit embrouillé par l'astre possessif, mes deux chocolats dans la poche, que je vais sûrement manger à moi tout seul.

Perdue dans mes pensées, réchauffée par les rayons du soleil brûlant, j'étais dans un mélange d'attente et de détente. Qu'est-ce que j'attendais, au juste ? Que quelqu'un vienne me voir, pour rompre cette solitude ? Sûrement pas, il fallait peut-être que j'aille retrouver mes amies, sont-elles avec des garçons ? Ce n'est pas leur genre. Surtout à Faustine, elle ne s'est jamais intéressée aux garçons. Mais où était Faustine en ce moment ? Je n'en avais aucune idée. J'étais tellement perdue dans mes pensées que si quelqu'un était passé à côté de moi à ce moment-là, je ne l'aurais même pas remarqué !

Au final, pourquoi rester si calme lors d'un jour si spécial ? Certes, je n'avais pas envie de jouer les amoureux mais je pouvais bien profiter de cette journée pour observer, m'amuser et pourquoi pas jouer des tours aux autres élèves. Mais seule, ce n'était pas drôle, pas du tout. Je m'assis en tailleur, histoire d'observer plus précisément le petit monde qui m'entourait. Et là, qu'est-ce que je vois ? Un garçon très reconnaissable, marchant d'un pas hésitant sur le soleil. Cette touffe de cheveux brun foncé... Anselme ? Ne m'a-t-il pas reconnu depuis le temps ? Je me levai et m'attachait les cheveux, on avait beau être en février, le vent commençait à s'estomper et la chaleur se faisait sentir

J’avance vers lui d'un bon pas, de face, avec un grand sourire plutôt coquin. Il m'a remarqué, il me regarde arriver vers lui, je ne sais pas si je vais regretter ce que je vais faire, mais je le ferai quand même. Je ne suis plus qu'à un mètre de lui, je m'agenouille sans perdre mon sourire, et avec un ton où perce la moquerie, je lui demande :

- Voulez-vous m'épouser, mon cher Anselme ?

Normalement, ce sont les garçons qui demandent la main de la fille, mais là j'étais de bonne humeur à rire, et j'ai hâte de voir sa réaction. Avec quelqu'un comme lui, je sais que je ne peux qu'embellir cette journée.

Les chocolats, c'est marrant, quand même. C'est doux, parfois amer, fondant à l'intérieur, croquant à l'extérieur, de toutes les couleurs, de toutes les formes, et l'emballage, l'emballage... !Doré, argenté, de bronze, bleu, rouge, vert, jaune, violet, rose, et tellement d'autres couleurs ! Et présentés dans des boites uniques les unes des autres ! Chaque chocolat est différent. Et pour toutes les saisons, en tout lieu, partout on pourrai manger du chocolat. En soi, on pourrait comparer ça à l'amour, non ? Oui, c'est ça, c'est l'incarnation de l'amour, comme les fleurs. Te voilà critique culinaire, en plus de poète. C'est la journée des métiers ou quoi ??
Je me réprimande, mais au fond de moi, je suis fier de la métaphore que je viens de réaliser.

La Flamme vient vers moi en souriant, elle m'a vue. Bien que je ne m'y attendais pas, je suis agréablement surpris.
Et là, truc insensé. Bam, genou contre terre. Mais au ralenti, comme si c'était fait exprès. Je me tiens prêt à l'aider, si elle est en train de tomber. Drôle de chute tout de même, personne ne tombe en posant un genou à terre. Mais tout le monde a son truc bizarre, non ?
Et là, truc insensé. Bam, deuxième version. Veux-je l"épouser.
Mes oreilles sifflent un peu, même si c'est du second degré. Ne pas bégayer, ne pas bégayer. Je repense à mes deux chocolats, perfect timing, et j'espère que je ne rougis pas (normalement non).
Je sais ce que je vais faire.

J'affiche un sourire semblable au sien, un peu espiègle et ironique, et fait une sorte de révérence pour attraper sa main opposée, vivement. Je la prends, et hop n vu ni connu, je dépose le chocolat dans sa main, la mienne toujours fermée sur elle. Maintenant le contact, je lance, du ton le plus sérieux possible :

- Miss, voyez vous, je ne serai contre ce mariage. Il ne me rapporterai que du bonheur, et sans conséquent, un être divin à mes côtés.

Je la relève et la regarde droit, dans les yeux, en souriant.

- Acceptez donc mon accord.

Je lâche enfin sa main, en veillant à la refermer sur le chocolat, et sors le deuxième de ma poche, en lui montrant.
Puis j'esquisse une révérence, et lui lance un "- Acceptez vous un ou deux pas ?" bien placé. Danser, voilà longtemps que je ne l'ai pas fait. Et avec une fille, encore moins.
Je crois que, j'ai trouvé celle qui partagerait avec moi cette journée des plus banales.

Il me regarde. Une lueur d'hésitation brille dans son regard qui n'en perd pas pour autant tout son malice. Il ne se laisse pas surprendre, et réagi plus vite que je ne le pensais.


- Miss, voyez vous, je ne serai contre ce mariage. Il ne me rapporterai que du bonheur, et sans conséquent, un être divin à mes côtés.

Il esquissa une révérence puis attrapa ma main tendue, afin de me relever gracieusement, puis l'air le plus sérieux du monde, il déclare :

- Acceptez donc mon accord.

Je me retiens de rire et le regarde droit dans les yeux, en souriant, il me lâche ensuite la main, dévoilant un chocolat emballé dans un papier rose et doré, étincelant au milieu de ma paume.
J'étais tellement absorbée par son regard pétillant que je n'avais même pas remarqué son tour, il en sorti un deuxième de sa poche, comme pour me le montrer, avant de continuer :

- Acceptez-vous un ou deux pas ?

Soudain le temps s'arrêta, mes yeux se figèrent sur son expression comique, je rougis un peu, me demandant comment était-ce possible qu'une personne puisse me faire rire, sourire, rougir... me faire être moi-même... tout ça ensemble. C'était vraiment irréel, Anselme était quelqu'un de spécial, comme je n'en avais jamais rencontré. C'est pour ça qu'à l'instant, même, je savais qu'il fallait profiter de ces moments, ces moments où on ne pense à rien, seulement rire, jouer, s'amuser.

Je reprenais, gonflée de bonheur :

- Soit, c'est un peu juste, un chocolat en cadeau de fiançailles. La prochaine fois vous me ferez l'honneur de m'accorder une bague, monseigneur.

Je finissais ma phrase en inclinant brièvement la tête, comme en signe de supériorité, et continuais avec malice :

- Néanmoins, je vous autorise à m'accorder cette danse, car il ne va pas sans dire que j'éprouve pour vous un certain amusement.

Je m'étonnais moi-même, en sortant des phrases pareilles. Puis resserrant le chocolat dans ma main, je me rendis compte qu'il fallait danser. Mais danser comment ? En valse, c'est ça qu'il voulait. Je n'en avais aucune idée, et j'y suis donc allée à l'instinct : je lui ai pris les deux mains, attendant qu'il exécute le premier pas.

J'esquissais un sourire en pensant à la bataille de boules de neige de la dernière fois, il n'était pas possible que ça tourne pareil, non ?

Je montre une expression choquée. "Comment ça, "un peu juste en cadeau de fillancailles" ? J'ai pas le budget pour une bague !" Mais au fond de moi, je sais que je suis heureux, au moins, qu'elle ai accepté mon pauvre chocolat. Ce qui est, quand j'y pense, un bien maigre présent pour une invitation à danser.
Peu importe, elle a accepté, c'est le plus important.

Ah donc c'est à moi de commencer ?? Oui, la galanterie, comme d'habitude... sauf que je sais pas danser du tout, moi ! Enfin, je sais plus ! Je crois qu'il est temps d'improviser, comme d'habitude.
Anna rougit l'espace de quelques secondes avant de se reprendre. J'espère que je ne l'ai as forcé à danser, et que je ne lui fait pas honte; ce serait vraiment horrible de ma part.
Improviser, essayer de ne pas marcher sur les pieds, sourire, rire parce qu'on se sera cassé la figure... un beau programme, oui.
Ça manque un peu de musique, bien sûr. La musique mettrai une très bonne ambiance. Mais je ne sais pas si ma baguette peut faire ça, en tout cas je ne sais pas la formule pour le faire.

Anna m'attrape les mains. Je renchéris aussitôt en la faisant tourner sur elle même, comme dans les films de romance à la télé, que papa me faisait regarder le vendredi soir, après l'école, devant un plateau d'apéritifs. Je me remémorait tellement bien cette scène de danse, que j'essayais d'exécuter les mêmes mouvements que les acteurs.
En plus, je sais très bien une danse, une seule, que mon père me faisait danser au réveillon : le rock. Mais danser le rock, là ? Dans cette atmosphère ? Comme disait maman : "Aie toujours le consentement de la personne avec qui tu veux faire quelque chose".

- Alors ? Quelle danse ? Rock, slow, valse ?

Le slow, je sais pas faire, en plus j'ai autant peur pour mes pieds que pour les siens. J'espère que le slow sera écarté des possibilités. Valse, ça va, j'ai quelques bases (Merci oncle Tom pour le mariage de thème ancien, grâce à toi la valse je gère un peu). Et rock, ce serai parfait. En fait, peu importe son choix, c'est un oui, même pour le slow.

- Aux dames de choisir la danse qui les fera sourire, pas vrai ?

Je lui lance le même regard et le même sourire mesquin et ironique. Je pense totalement que ça va se finir comme la dernière fois, au sol, en fou rire. Et ça serai pas si mal.

@Anna Delore Alors, comment veux tu faire mourir tes pieds ?

Il me fait directement tourner sur moi-même, peut-être est-il outré de ma remarque sur le cadeau de fiançailles ? Peu importe. Il me propose trois danses : le slow... mouais. La valse, encore moins ! Et le rock... je connais pas du tout. Bof. On pourrait peut-être trouver quelque chose d'original. Je regarde autour de moi et une idée me vient subitement à l'esprit.

Je le prends à mon tour et le fait tourner comme une marionnette, en faisant exprès de finir son trajet dans l'herbe un peu humide. Je n'ai pas la moindre empathie pour lui écroulé dans l'herbe, me regardant d'un air surpris et étonné. Je me précipitai alors vers un arbre quelques mètres plus loin, il est tordu et très facile à grimper, super hasard !

Je monte avec une certaine agilité, me hissant le plus haut possible sur une branche assez fine qui peut néanmoins supporter mon poids sans flancher. Je m'agrippe à l'écorce mouillée et la tête entre les feuilles l'interpelle, lui, toujours à plat dans l'herbe :

- Les danses c'est pas ma passion du moment, tu vois ce que je veux dire ? On va plutôt faire le truc à ma façon : je vais sauter et toi le petit maigrichon tu vas essayer de me rattraper c'est compris ?

Je rigolai à moitié, mes yeux provocateurs le défiaient du regard, allait-il accepter le défi ? Dans le pire des cas, je tomberai dans l'herbe molle, il ne pouvait rien arriver de pire, pas vrai ?

Alors là, si je m'y attendais..
Voilà qu'en moins de deux secondes, je me retrouve à terre, dans l'herbe qui commence à me mouiller le pull, mi à terre par un vrai démon déguisé en ange, qui me nargue depuis son perchoir en hauteur. C'est pas possible, tout ça pour une danse ?? Et qu'elle a proposé en plus!
Ça n'allait pas se passer comme, foi de Beyer.

Ni une ni deux, je me relève, d'un bond, et me précipite vers l'arbre, en me stoppant net pendant que je me rends compte que je n'ai aucun plan. Même si les miens en général ne marchent pas, il me faut tout de même une méthode...
Monter et la pousser ? Non ! À un peu moins de 2 mètres du sol elle pourrait se faire mal, et je n'ai clairement pas envie qu'elle m'en veuille et que j'aie une blessée sur la conscience !
Peut être scier la branche ? C'est mort, j'ai pas de scie. Grimper jusque là-haut avec elle ? Risqué, mais possible. En soi ,c'est la solution la moins dangereuse de toutes.

Je m'execute alors. En allant le plus vite possible, je fais mon possible pour qu'elle ne voie rien venir, et me hisse jusqu'à elle. Je m'assois comme je peux à côté d'elle sur sa branche, et me rends compte à quel point c'est calme, sous un arbre. On est cachés du monde sous ce gros casque de feuilles, et personne ne peux nous voir.

Je tente quelque chose, risqué mais ça lui apprendra à me feinter une danse !
Je feins de la pousser de la branche, en la rattrapant au dernier moment. Mon coeur loupe quand même un battement. Et si j'avais manqué mon coup et qu'elle était tombée ? Je ne me le serais jamais pardonné. Malgré ça, si ça lui a fait peur, tant mieux c'était le but.
Mais j'espère qu'elle me pardonnera.

@Anna Delore Plus de peur que de mal

Ah ok, je vois le truc... Il n'a aucune intention d'obéir à mes ordres, et il ne vaut mieux pas que je saute maintenant car il n'y a plus personne pour me rattraper. Anselme a réagi le plus vite possible, d'une vitesse presque impressionnante, et grimpe maintenant pour atteindre ma branche. Je n'ai aucune idée de son objectif, mais cela ne m'inquiète guère : au pire des cas, il serait capable de me taper le bras... Personne ne fait du mal à une fille, n'est-ce pas ? C'est que je ne le connaissais pas assez alors.

Près de moi, sous les feuillages, il n'hésita pas à me pousser. D'un seul coup, comme ça, dans le vide. Je perdis aussitôt mon sourire : on était quand même à plus d'un mètre, fallait pas que je tombe sur la tête ! Ma bouche s'ouvrit sans qu'aucun son n'en sorte et je tentai de agripper à une branche en vain. Au dernier moment, quand la panique commença à m'envahir, je sentis les mains du garçon se caler dans mon dos pour me rattraper juste avant la chute.

Saine et sauve donc, je le regardai. Il semblait mi-amusé, mi-gêné. Tant mieux, il n'avait pas autant d'assurance que je le pensais et il serait plus facile de reprendre le dessus. Il m'avait lâché. J'empoignai un de ses bras et le serrait très fort dans un faux accès d'affection, par simple but de le distraire afin de m'enfuir à nouveau. C'est réussi. Je le lâche et saute les 2 mètres qui me séparent du sol, cette fois en maîtrisant bien tout mon corps. J'atterris assez durement mais sans problème, et je me demande ce que je vais bien pouvoir faire pour me venger.

Pendant tout ce temps, j'en oublie presque que c'est la Saint-Valentin et que pendant que des amoureux se bécotent, je suis encore en train de faire le pitre avec Ans. Je ne réfléchis pas plus, et reste sur une idée totalement bête et insensée : je retire ma veste inutile par cette chaleur malgré la saison, la lui jette sur le visage pour l'aveugler avant qu'il ait eu le temps de réagir, puis vais me cacher en courant derrière un buisson. On est vraiment des gamins.

@Anselme Beyer