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27 mai 2022, 17:00
Pierre au cœur  OS 
Jeudi 20 décembre 2046,
Tour d'astronomie, 21h
Conséquences de cette aventure avec @Eryne O'Kieran



Elle avait fixé le ciel pendant cinq minutes ; trois cent secondes passées uniquement à se perdre dans les étoiles. Elle était de ronde ce soir mais avait pris cette liberté, étant certaine de le mériter. Lydia se pensait une des préfètes les plus responsables, elle n’avait fait quasiment aucune incartade et voulait uniquement se retrouver face à elle-même ce soir. Elle avait beaucoup réfléchi depuis ces quelques jours, allant jusqu'à prendre sur son temps de sommeil pour creuser le puits de ses sentiments. Il lui fallait en effet penser à cette histoire de gargouille, cette intrigue de pierre qu'elle s'était retrouvée à affronter aux côtés d'Eryne. Elle en gardait des séquelles physiques : sa très mauvaise chute lui était remémorée dès qu'elle marchait. Le pincement dans ses lombaires s'accompagnait de la vision terrifiante d'une créature de pierre, fonçant vers elle pour les balayer avec sa queue. A chaque fois que cette image revenait, Lydia clignait des yeux avec agacement, comme pour enlever un cil posé sur sa pupille. Dans le même temps, elle entendait une voix sifflante lui dire « si tu n'avais pas réagi en telle inconsciente, si tu étais plus intelligente, tu n'aurais pas mis vos vies en danger » et son irresponsabilité lui était si douloureuse à constater qu'elle rendait la blessure deux fois plus violente.
Elle en gardait quelques séquelles psychologiques, donc.

Sa voix légèrement plus grave qu'il y a un an se faufila dans le silence de la nuit.

« Diphda t’es là ? »
Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. La bestiole était présente, fidèle à son poste. Son poids était devenu si familier que Lydia ne savait plus quand sa grenouille était absente ou ne l’était pas.

« Ah chouette. Désolée, j’vais parler ce soir » ajouta-t-elle avant de soupirer.

Elle remodela ses pensées, les colora un peu pour leur donner plus de profondeur et de sensibilité. Et se lança ensuite dans l’expression du monologue intérieur qui tournait dans sa tête pendant ses soirées à fixer le plafond. Elle refaisait la scène de mille manières différentes et chaque fois trouvait une façon de gagner contre Dalgra (la première gargouille), de protéger Eryne et de s'en sortir avec style.

« J’voulais te dire… Enfin te raconter plutôt, parce que t’étais pas là. Ce soir où t’es pas venue me chercher à la sortie du cours d’astronomie, il s’est passé un truc. J’étais avec Eryne. »

Sa voix commença à trembler.

« J’ai failli mourir. »

Un temps.

« J’ai failli la faire mourir et je... J'ai été... Enfin...»

Diphda avança périlleusement sur le bras de sa maîtresse ; elle était passée de l'épaule au coude. Avec ses petites pattes elle agrippait légèrement la manche de Lydia : comme Eryne l'avait fait l'autre soir, lorsqu'elle n'osait pas intimer à son amie de rentrer plutôt que de s'intéresser à un cadavre de pierre.

« Complètement irresponsable » finit-elle dans un sanglot. « Elle devrait me détester, j'suis capable de l'oublier une nuit de décembre et de la mettre en danger juste pour fayoter devant une gargouille avec un prénom affreux du Moyen-Âge. Et au lieu de me haïr, elle reste avec moi alors que j'ai jamais pu la mériter. J'ai failli la faire mourir. »

Lydia sortit sa baguette et la serra entre ses doigts - ses phalanges devinrent blanches. Elle pleurait mais ne s'en rendait pas compte (Diphda fit d'ailleurs exprès de se placer à l'endroit où tombaient ses larmes pour recevoir une humidité agréable sur sa peau verte et gluante). Ses mains étranglaient le bois et elle y mettait toute sa colère. Sa rage d'avoir lancé un Lumos de manière inconsciente. Sa douleur de ne pas avoir su protéger Eryne, son amie, sa meilleure amie, son rayon de soleil, même si elle ne lui avait jamais dit. Elle ne s'était jamais détestée aussi fort que ce soir là, à quoi servait-il d'avoir des ambitions si à bientôt 14 ans on n'était même pas capable de lancer un sortilège adéquat dans une situation dangereuse.

« Même toi, tu devrais me détester » souffla-t-elle entre ses pleurs à son animal de compagnie.

Elle attendit un peu, le regard perdu dans le ciel, puis relâcha sa baguette et sécha son visage avant de renifler sans grâce. Il était l'heure de reprendre la ronde, en espérant qu'elle ne ferait pas mourir tout Poudlard cette nuit là.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause