Mai 2047
@Clarke Kane

Dans le coin d'une impasse à Londres, Kasey fit soudainement apparition à l'abri des regards indiscrets. Il ajuste sa veste, ainsi que son sac à dos, avant de reprendre sa route comme si de rien n'était. Plus tôt, il s'était rendu au Chemin de Traverse pour quelques courses et rencontrer ses clients du jour. Sa marchandise était appréciée, assez pour lui permettre d'en vivre un minimum. Néanmoins, Kasey voudrait son activité prendre de l'ampleur. Dans un futur qu'il espère proche, Kasey aimerait ouvrir sa boutique de poterie. Mais pour le moment, tout n'était qu'au stade de projet.

D'un pas nonchalant, Kasey quitte la ruelle pour se mêler au reste de la population londonienne. Il veille à garder la tête basse afin de se faire petit. Parfois, sa main tâte sa manche pour s'assurer que sa baguette était bien cachée. Il n'était pas à l'aise, mais Kasey n'en montrait rien. Son visage était d'une impassibilité à toute épreuve. Être entouré d'autant de moldu l'inquiétait. Kasey avait encore à l'esprit les agressions moldus de 2044. Si les choses se sont calmées, une certaine psychose demeure. Il y avait de quoi devenir paranoïaque à ce stade, mais Kasey préférait être sur ses gardes pour ne pas se laisser surprendre.

Kasey quitte la rue principale. Il emprunte une ruelle bien plus calme et moins animée. Bien que méfiant, le potier se détendit, si bien qu'il marchait la tête haute, bien plus confiant. Il n'avait aucun but précis, si ce n'est de se balader un peu. Il voulait profiter de la capitale avant de revenir à Godric's Hollow dans la soirée. Alors qu'il songe à se rendre dans un parc, Kasey percute une femme dans le tournant d'une rue. Par réflexe, il agrippe son bras pour l'empêcher de tomber en arrière, non sans se confondre en excuse :

— Veuillez me pardonner, je n'étais pas attentif ! Est-ce que vous allez bien ?

Elise Kane #ab1c40

Après un dernier aurevoir à l'homme qui m'avait fait passer mon entretien, je passai le pas de la porte de l'entreprise. La foule londonienne m'embarqua, et je me laissai porter. J'avais garé ma voiture sur le parking de la grande surface voisine à l'entreprise, mais j'avais besoin de marcher avant de rentrer.

Encore un entretien qui s'était mal passé. L'homme avait dit qu'il me recontacterait pour me faire parvenir sa réponse, mais je savais d'ores et déjà que ce serait un refus. Rien que quand ses yeux s'étaient posés sur moi, je l'avais senti : ma mine fatiguée ne lui avait pas convenu - pas pour le poste en tout cas. Et la suite n'avais pas été mieux : lorsqu'il avait appris que j'avais une fille, il a été encore plus réticent - il s'imaginait sûrement que cela freinerait mon travail. Pourtant ça ne risquait pas puisque je n'avais plus sa garde. En bref : je n'avais plus qu'à chercher une autre annonce. Encore.

La foule devint étouffante, et j'avais besoin de plus de calme. Je tournai au hasard dans les rues les moins bondées - au pire, j'utiliserais mon téléphone pour retrouver mon chemin. Alors que je tournai pour la énième fois dans un tournant, je sens mon corps percuter quelqu'un et partir en arrière. Une main saisi mon bras et me ramène sur mes deux pieds. Je levai la tête vers l'homme qui se confondait en excuse en lui souriant.

- Je vais bien, ne vous inquiétez pas ! Ce n'est rien, ça arrive à tout le monde. Vous n'avez rien non plus ?

Une fois remise sur pied, l'inconnue assura qu'elle allait bien et qu'un moment d'inattention pouvait arriver à n'importe qui. À ça, Kasey acquiesce à ses dires, avant de lui lâcher le coude. Il n'y a pas de raison pour qu'elle perde soudainement l'équilibre, non ? Alors que Kasey songeait à reprendre sa route sans plus de formalité, la femme lui retourne la question.

— Je vais bien également, n'ayez pas d'inquiétude.

Il prit le temps de l'observer. Elle semblait sympathique, bien que fatigué au vu de sa mine. Enfin, elle n'en restait pas moins meilleure que celle de Kasey, soyons honnête. Entre les cernes, les sourcils froncés et le visage impassible, on le pense rarement avenant à la première rencontre. C'était de sa faute, il ne faisait pas l'effort d'apparaître sous ses meilleurs jours hors du cadre professionnel. Bien sûr, face à des clients, il était une autre personne.

— Vous semblez avoir passé une mauvaise journée, ne peut-il s'empêcher de remarquer.

Ne devait-il donc pas continuer sa route à la base ? Il se surprend à vouloir converser avec une inconnue. Et puis, il doit sûrement importuner cette dame. Kasey secoue la tête à cette pensée. Un instant, l'embarras pouvait se lire dans ses yeux bleus.

— Enfin, pardonnez-moi, c'est impoli de ma part. Je ne souhaite pas vous embêter, je vais reprendre ma route.

@Clarke Kane

Après avoir lâché mon bras, l'inconnu m'assura qu'il allait bien lui aussi. Comme moi, il semblait fatigué. Du haut de mes 36 ans, je n'avais jamais été aussi mal. Même pas à la naissance de Clarke, puisque j'avais un travail et je pouvais compter sur mes parents qui n'étaient pas très loin. Mais depuis mon licenciement, la perte de la garde et le déménagement de mes parents - bien qu'il ne soit pas récent - j'étais à bout mentalement. Sans oublier tous ces entretiens qui ne se concluaient jamais comme je le voulais. Mais il fallait que je trouve rapidement un nouvel emploi, aussi bien pour moi que pour ma fille. Je ne comptais pas laisser son père gagner si facilement.

L'homme m'interrogea, mais il sembla aussitôt embarrassé par sa propre question. Moi je n'y voyais rien de mal, je lui souris donc à nouveau pour le rassurer.

- Ne vous en faites pas, vous ne m'embêtez pas. Personne ne m'attend !

Je fis une courte pause avant de reprendre.

- Je sors d'un entretien d'embauche qui ne s'est pas très bien passé, _{pour changer.}

Je poussais un soupir. Vivement que ça change !

- Et vous, qu'est-ce qui vous amène par ici ?

Ma curiosité l'avait emporté - je n'avais pas choisi le métier de journaliste par hasard !

Elle n'était pas embêtée et l'inconnue assura aussitôt que personne ne l'attendait. Après une courte pause, elle explique que son entretient d'embauche s'était mal déroulé, ce à quoi Kasey compatit. Trouver du travail n'était pas chose aisée, il était certainement bien placé pour le savoir. S'il a réussi à trouver un patron ou deux au cours de sa vie, décider de se lancer en toute indépendance était bien compliqué. Surtout quand vous n'avez pas de boutique et que votre atelier se trouve dans le garage de vos parents. Il n'y avait rien de flatteur à ça.

— Vous souhaitez trouver un travail dans quel secteur, exactement ?

En voilà une question à risque et il n'y songe qu'après-coup. Si son interlocutrice était une sorcière, il le saurait aussitôt, mais si elle était une moldu et commencer à parler d'un métier qu'il ne connaît pas, cela risque de devenir embêtant. Si Kasey se maudit intérieurement de sa petite bourde, il n'en montre rien. Il allait devoir être prudent dans les minutes à venir. D'ailleurs, l'inconnue lui demanda ce qui l'amenait dans le coin.

— Je venais rencontrer des clients, je suis potier et sculpteur.

Par chance, son métier concordait avec celui des moldus, bien que ses œuvres soient majoritairement magiques. Mais là, ce n'était qu'un détail et ce qui lui restait dans son sac à dos n'avait rien de compromettant. Juste un vase et quelques tasses des plus normales.

L'homme semblait compatir. A en juger par son âge, je me doute qu'il a déjà dû passer lui aussi par la case ''entretien d'embauche''. Moi aussi j'avais dû y passer, mais pourtant je ne me souvenais pas avoir eu autant de difficultés ! Voilà six mois maintenant que je tentais d'obtenir un poste. Mais cela n'avait rien donné. J'avais tenté ma chance dans toutes les villes aux alentours de Harrow, sans changer de domaine - à savoir le journalisme. Mais il allait falloir se rendre à l'évidence : il allait falloir changer de secteur d'activité, au moins le temps que la chance me sourit à nouveau.

- J'ai fait des études journalisme, et je travaillais pour un journal londonien. Mais je vais sûrement quitté ce domaine d'activité, au moins un temps, puisque ça ne donne plus rien.

Il me répondit qu'il était potier et sculpteur, un artiste, donc. Je n'y connais pas grand chose, mais j'ai déjà eu l'occasion d'admirer quelques créations d'artistes qui m'avaient beaucoup plu.

- C'est intéressant ! Vous êtes employé dans une boutique, ou vous travaillez à votre compte ?

Me rendant compte que nous discutions sans même s'être présenté, je ne pu m'empêcher d'ajouter :

- Pardonnez-moi, je ne me suis même pas présenté : je m'appelle Elise Kane, enchantée. Dis-je en plaçant ma main entre nous.

Son interlocutrice indiqua qu'elle avait étudié le journalisme et que, de ce fait, elle travaillait dans ce secteur. C'était un métier intéressant aux yeux de Kasey et heureusement qu'il existait. Il n'y a rien de bon à rester dans l'ignorance, se tenir informé est important. Dommage que le domaine du journalisme soit facilement corruptible en plus d'attirer des personnes peut scrupuleuse. Enfin bon, ce n'était pas le sujet de la conversation. Son interlocutrice parlait de quitter le métier pour un autre.

— Le secteur est bouché, c'est ça ? suppose Kasey. Est-ce que vous avez songer à ouvrir votre propre journal ?

C'était une solution comme une autre, seulement cette dernière demandait plus de temps, de travail et surtout de la patience. Une chose que Kasey expérimente en ce moment. C'est difficile et par moments, il n'hésitait pas à remettre en question son projet, mais c'est une sacrée expérience.

— En effet, c'est intéressant. De plus, c'est pour moi une passion plus qu'un métier. Je suis heureux de pouvoir en vivre, expliqua Kasey. Et oui, je suis à mon compte, mais je ne possède pas encore de boutique physique. Pour le moment, je livre mes clients.

Leur discussion allait de bon train, alors que ni l'un ni l'autre ne s'était encore présenté. Son interlocutrice s'exclame à ce sujet et s'en excuse, avant de se présenter.

— Ce n'est rien, j'ai moi-même oublié les bases de la politesse. Je suis enchanté Mme Kane. Pour ma part, je me nomme Kasey Pryor.

Il serre sa main en retour avec un léger sourire. Honnêtement, Kasey ne pensait pas rencontrer quelqu'un en chemin, ni même prendre le temps de discuter ainsi.

- Oui, ce n'est pas simple de trouver un poste dans le journalisme en ce moment.

L'idée émise par mon interlocuteur me fit réfléchir. Je n'avais pas pensé à ouvrir mon propre journal, mais ce n'est pas une mauvaise idée. Je me perd dans mes pensées quelques instants : le souci est que se faire une place parmi les nombreux journaux déjà existant n'est pas simple. Il me faudrait quelque chose pour me démarquer des autres journaux, mais quoi ?

- Je vais y réfléchir. Ce ne sera sûrement pas chose aisée, mais ça vaut toujours le coup d'essayer.

Quoiqu'il en soit, j'aurais quand même besoin d'un travail pour avoir de quoi vivre, peu importe le domaine d'activité.

Je recentre mon attention sur l'homme face à moi qui me parle de son activité.

- Vous comptez ouvrir une boutique physique, donc ? C'est un beau projet, d'autant plus si c'est votre passion. Vous arrêteriez de livrer vos clients ou vous proposeriez quand même ce service de livraison ? Vous avez un site en ligne pour l'instant ? Vous le garderez si vous ouvrez une boutique physique ? Concilier les deux peut être intéressant et intéresser un public plus large, non ?

En me rendant compte de mon grand nombre de questions, je ne pu m'empêcher de m'excuser.

- Pardonnez-moi pour toutes ces questions, je me suis un peu emportée.

L'homme se présente à son tour. Lui aussi semblait avoir oublié de se présenter.

- Enchanté Mr Pryor. Dis-tu en relâchant sa main après l'avoir serré

Mme Kane affirma qu'en effet, il n'était pas simple de trouver un poste dans le domaine qu'elle convoitait. Le secteur était donc bouché. Kasey émit l'idée d'ouvrir son propre journal et Mme Kane indiqua qu'elle allait y réfléchir, bien qu'un tel projet ne sera pas facile à mettre en place, mais rien ne l'empêchait d'essayer, après tout. Par la suite, Kasey parla rapidement de sa propre activité qui était également une passion. Mme Kane affirma que c'était un beau projet, puis demanda s'il allait arrêter la livraison. Kasey hausse les épaules. Honnêtement, il n'en savait rien.

— Je verrais, mais je pense continuer. Tout dépendra de comment marche l'affaire, en tout cas.

Puis, Mme Kane parla de site en ligne. Qu'est-ce donc un site en ligne ? Kasey hésite sur la marche à suivre. En-tout-cas, il avait sa réponse : Mme Kane était une moldue.

— Non, je n'ai pas de site en ligne.

Était ce suffisant pour la dissuader de continuer sur ce sujet ? Ou bien devrait il parler d'autre chose ? Peut-être était-ce le moment de mettre un terme à cette discussion et de s'en aller ? Kasey lui sourit maladroitement et décide qu'en effet, il était certainement temps de mettre fin à leur rencontre.

— Pardonnez-moi, je dois vous fausser compagnie, mais un ami m'attend.

Ce n'était pas entièrement faux. Il avait prévu de voir Elizabeth, avant de retourner chez lui.

— Ce fut un plaisir d'avoir discuté avec vous, bonne journée !

Si tu ne rajoutes pas autre chose, Kasey s'en ira D'ailleurs, je te donne la possibilité de l'indiquer dans ton poste ! Merci pour cette danse, en tout cas @Clarke Kane

Mr Prior semblait avoir encore des points à éclaircir sur son projet. Et c'était normal, après tout ! Ouvrir une boutique, c'est se lancer dans quelque chose d'incertain : on ne sait jamais ce qu'il peut arriver.

A l'évocation du site en ligne, l'homme semble soudain mal à l'aise. J'ai dis quelque chose qu'il ne fallait pas ? Il ne me semble pas, mais peut-être que c'est mon flot de questions qui l'a mis dans cet état... Quoiqu'il en soit, il te répondit qu'il n'avait pas de site en ligne. Il me sourit ensuite maladroitement avant de s'excuser : un ami semblait l'attendre.

- Pas de soucis, c'était un plaisir pour moi aussi ! Bonne journée !

L'homme part ensuite aussi vite qu'il est arrivé. Je reste plantée là encore quelques secondes avant de finalement m'adosser contre le mur. Cette idée de journal tournait en boucle dans ma tête et j'étais soudainement prise d'une énergie nouvelle. Je n'ai aucun emploi, alors du temps ce n'est pas ça qui me manque, d'autant plus vu l'absence de Clarke. Les contacts j'en ai : j'ai passé plusieurs années dans le secteur du journalisme, j'avais fait beaucoup de rencontres et de collaborations. La motivation, pas de soucis non plus : cet homme avait fait naître un nouvel espoir et un nouveau projet que je comptais bien mettre en marche. Il me fallait seulement une idée. Ce qui me permettrait de me démarquer d'une partie des autres journaux déjà en lice.

Je repris ma marche jusqu'à ma voiture, sur le parking du magasin face à l'entreprise dans laquelle je venais de faire mon entretien. En posant mon regard sur le bâtiment, une détermination pris place dans mon cœur. Ils n'avaient pas voulu de moi ? Très bien, grand mal leur en face, je vais leur montrer ce qu'ils ont perdu.

Et sur ces paroles, le moteur de ma voiture démarra pour me ramener jusque chez moi.