Cette année, j'avais eu beaucoup de chance en découvrant mon horaire hebdomadaire. J'avais, en plus du samedi, dimanche, le mardi et le mercredi de libre comme aucun de mes cours ne s'y trouvaient. Et puis encore mieux, ma semaine ne commençait que les lundi après-midi. Ainsi, j'avais encore tout mon temps pour conclure les devoirs et projets que je n'aurais pas eu le temps de terminer durant la fin de semaine. J'espérais avoir autant de chance l'année prochaine, mais je ne comptais pas trop là-dessus. J'avais donc passé la matinée à réviser en salle commune. La plupart de mes camarades étant en cours, j'avais eu toute la tranquillité dont j'avais eu besoin pour terminer mon compte-rendu en potion. Sauf que rapidement, l'heure du midi était arrivée, ne me laissant pas d'autre choix que de quitter ma solitude pour grappiller quelque chose à manger dans la grande salle.

Lâchant un soupir, j'avais ranger mes travaux et attrapé le livre que je lisais en ce moment pour descendre de la tour ouest, Loria ne quittant pas mes côtés. Quelques minutes plus tard et j'avais les deux pieds entre les quatre grandes tables. Rapidement, mon regard balaya le repas du jours : sandwich et salade, parfait pour se balader en mangeant. Attrapant un morceau de sandwich et quelques légumes dans une serviette en papier, j'avais rapidement fait demi-tour pour éviter de me sentir oppresser par la foule. Direction le parc ! J'avais eu l'occasion de regarder la température du haut de ma fenêtre, il était donc temps de voir par moi-même s'il faisait vraiment chaud comme le soleil le laissait penser. Une lecture à l'extérieur avant mes cours de l'après-midi, ça serait bien sympathique.

C'est donc paisiblement que mes pas prennent d'eux-même le chemin de la cours de l'horloge pour atteindre le parc. Mais c'est sans compter ma fichu curiosité. Mes prunelles noisettes sont soudainement attiré par une silhouette, celle d'une jeune fille dans le couloir. *Elle va pas manger ?* Je la dévisage sans même m'en rendre compte, ce n'est qu'un instant plus tard que je secoue la tête pour remettre mes idées en place. Je ne la connaissais pas et ce n'étais pas de mes affaires. Du moins, c'est ce dont j'essayais de me convaincre.

Je franchis la porte de la salle de potions à grandes enjambées. Je déteste le lundi matin, vivement que cette année se termine ! Les cours de potions dès le début de semaine, j'en ai assez. Heureusement, le cours de vol de l'après-midi vient ensoleiller un peu cette journée. Enfin c'est le cas d'habitude. Mais cette fois-ci, ça ne suffit pas : à la fin de la semaine, je serais à Londres pour les vacances. Et je préférerais amplement être en cours de potions plutôt que dans cette ville.

Je passe devant la Grande Salle sans m'arrêter. Cela fait deux mois que je suis sous la surveillance de Mister O'Belt, qui veille à ce que je mange et de Miss Miller, qui s'occupe du côté psychologique. Au début, je n'étais pas ravie d'avoir autant d'attention. Mais j'avais finis par comprendre que c'était pour mon bien. Mais aujourd'hui, j'ai l'estomac trop noué pour avaler quoique ce soit. Je n'ai pas non plus dormi. Le stress m'en a empêché. En bref, j'ai l'impression que je vais revenir au même point qu'il y a deux mois, quand j'avais fini à l'infirmerie après ton malaise.

En tournant la tête, je croise le regard d'une fille qui me fixe, de l'autre côté du couloir. "Mais qu'est-ce qu'elle me veut ?". Elle secoua la tête. Je hausse les sourcils. "D'accord, ok..."

Je passe mon chemin pour être dans un coin plus tranquille. A cette heure-là, tout le monde est dans la Grande Salle pour manger. Ce n'est donc pas difficile de trouver un couloir tranquille. Je m'assois au sol, le dos contre le mur et je soupire en fermant les yeux. Bordel, enfin un peu de calme...

*Continue ton chemin, ne dérange pas une quasi inconnu* C'est ce dont je n'arrêtais pas de me répéter en rejouant mentalement la scène qui venait tout juste de se passer. Pourquoi je n'étais pas capable de me concentrer sur moi et laisser les autres tranquille comme ils avaient si bien su le faire pour moi l'année dernière ? *Parce que j'aurais bien aimé que quelques s'arrête pour m'aider à un moment* Sans que je le décide réellement, mes pas s'arrêtent en plein centre du couloir avant de faire marche arrière pour revenir sur mon chemin. La jeune fille ne devait pas être bien loin non ? Ça ne faisait que quelques secondes que nous nous étions croisés, avec un peu de chance, elle était toujours dans le même couloir. Quelques mètres plus loin, bingo ! J'avais eu raison.

Accroupi au sol, la fille que j'identifiais être en deuxième année dans la maison des verts était adossé au mur, les paupières closes. *Est-ce qu'elle allait bien ?* Bonne question et il n'y avait qu'une façon de le savoir.

Doucement, je m'avançais vers elle et m’accroupis à ses côtés en silence. Si elle avait besoin de calme, je n'allais pas parler, mais au moins, elle ne serait pas seule. Sans croiser son regard pour ne pas l'intimider ou lui donner l'impression que je la jugeais, je finis par parler d'une voix calme et, je l'espérais, rassurante.

-Est-ce que... est-ce que ça va ? Ce n'était pas la top forme, ça je pouvais bien le voir, mais ainsi, ça lui donnait la possibilité de s'exprimer si elle le souhaitait.

Le calme est de courte durée. Rapidement, trop rapidement, j'entends des pas dans ma direction. Bon, peut-être que c'est juste quelqu'un qui passe par là ? Cette personne va passer son chemin, comme tout le monde le fait depuis le dé...

Je relève la tête et ouvre les yeux. A mes côtés, une fille brune est accroupi et ses yeux noisettes me fixent. Et elle me demande comment je vais. ''Ça va nickel, vraiment.''

- Je pète le feu. Je lui répond de mon éternel ton sarcastique et froid.

Je replace ma tête et ferme à nouveau les yeux, signifiant la fin de la conversation. Mais dans ma tête, une phrase tourne en boucle : ''Elle, elle s'est arrêté.'' Personne ne s'est arrêté, sauf pour me récupérer sur le sol du couloir en rentrant du parc quand j'ai fait un malaise. Et encore, je ne les ai jamais revu. Même mes ami(e)s n'ont rien fait, même si en ce qui les concerne c'est surtout moi qui les ai tenu à l'écart... Il fallait bien que je sois honnête envers moi-même : que cette fille se soit arrêté me touche, même si ce n'est pas ce que j'avais voulu en m'asseyant dans ce couloir. Et puis elle avait été si douce... Je soupire. Ça va pas me tuer...

- Ok, je pète peut-être pas tant le feu que ça... Dis-je en soupirant de nouveau.