Sinéad se leva, une idée en tête ; elle la nota dans son carnet, avant de le reposer sur sa table de chevet. Elle réutiliserait sûrement cette note plus tard dans la journée. Ses idées, qui lui venaient souvent la nuit, avaient ainsi la possibilité de perdurer ; sans quoi la jeune fille aurait tout oublié depuis longtemps.
Sinéad sortit de sa chambre, et s’élança dans la salle à manger. « Bonjour ! » lança-t-elle envers ses parents attablés. Ils lui sourirent en répondant à cet appel. Il était si rare de les voir éveillés avant elle…

Peu après, Sinéad retourna dans sa chambre, et s’installa sur son bureau, son petit carnet ouvert d’un côté, et son manuscrit devant elle. Bien vite, la jeune fille faisait naïvement courir sa plume sur une nouvelle feuille blanche, passionnée, inarrêtable. Comme si une autre part d’elle-même était en train de s’exprimer, un subconscient inconnu, étrange, et pourtant magnifique, enfoui en elle, qui ne ressortait que pour commander sa main, et permettre à cette plume de se mouvoir.

En plein juillet, la canicule n'osait plus quitter le pays, et Sinéad ne put écrire longtemps avec l'air chaud, qui semblait prendre un malin plaisir à lui chatouiller les narines. Pourtant, la jeune fille continua à écrire, inarrêtable, et ce jusqu'à ce que l'inspiration la quitte brusquement, aussi vite que la motivation.

La solitude est intemporelle, lorsqu'elle nous possède, elle nous conserve jusqu'à la nuit des temps. Voilà ce que Sinéad avait noté en se réveillant, ce matin-là, avant de s'élancer dans une nouvelle journée tout à fait anodine. Seule. Toujours seule.
Elle n'avait jamais fait de connaissance assez pertinente ni suffisamment à long terme pour appeler cela une amitié. En effet, la jeune fille n'aimait pas aller vers les gens. Ou alors elle n'osait pas le faire? Elle n'aurait su dire si c'était l'un, l'autre, ou bien les deux. Elle considérait naïvement qu'une amitié devait perdurer toute une vie, mais elle était fort sûrement loin de la réalité, quoiqu'elle ne puisse le savoir, ne l'ayant jamais expérimenté. Ce qui était sûr, c'est qu'elle était bien seule.

Evidement, ses parents lui suffisaient ; pourtant, eux-mêmes sentaient que, bientôt, ils ne suffiraient plus à charger la vie de la jeune fille, de leur magnifique petite fille qu'ils chérissaient plus que tout. Elle ne pouvait plus rester dans sa bulle, elle devait aller vers les autres. Les vacances s'étaient achevées, et avec elles la canicule : Sinéad retournait à peine en école moldue, et il était temps pour elle de commencer à aller vers quelqu'un qu'elle apprécie.
Facile à dire pour ses parents, mais ils ne pouvaient pas entièrement se mettre dans la peau de leur fille. Car ce que cette dernièrement souhaitait intérieurement, c'était seulement être la meilleure, ici, ou dans l'école où l'on ne chatouille pas un dragon qui dort.
La jeune fille faisait continuellement passer ses études avant sa vie sociale.