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28 sept. 2022, 18:38
Le besoin est une prison  PV 
Après m'être abimée les yeux à observer les gestes de la professeure et avoir bien écouté toutes ses instructions, je me mets à la tâche sans prononcer le moindre mot, avide de comprendre l'effet que ça fera de pouvoir contrôler cet objet et le voir agir sur ma baguette magique. Ce que j'ai ressenti tantôt, cette présence étrangère pourtant activée grâce à moi, à ma magie, j'ai encore envie de l'approcher pour la saisir dans toute sa profondeur. Parfois, et ce soir plus que les autres jours, je ressens un besoin affamé de m'oublier dans les sensations que me procurent la magie. Dans ces moments-là, je ferme les yeux et je la ressens là, dans mon ventre, comme je l'ai appris il y a des mois en compagnie de la même femme qui me refuse aujourd'hui sa présence. J'ai envie de me noyer dans la magie et de ne plus jamais en sortir.

Je plonge donc, muette de concentration. Secouer le sistre doucement dans un mouvement régulier qui est loin de m'être familier. Prendre le temps d'apprécier le son des grelots, attendre qu'il soit suffisamment stabilisé, jusqu'à ce que je sente à l'intérieur de moi cet étrange phénomène : je le sens de l'intérieur alors qu'il vient de l'extérieur. Un sourire m'étire les lèvres. Mon cœur manque un battement. Ne surtout pas arrêter.

De ma main libre, je reproduis les gestes de Priddy. Je fais lentement glisser ma baguette entre les deux bras de l'objet, tout en maintenant le rythme. Une seconde, deux secondes, trois secondes. Les sensations qui m'habitent me grandissent, je sens qu'il se passe quelque chose. Le manche passe. Je continue mon chemin mais déjà les grelots trébuchent : un son dissonant puis encore un autre. Je suis en train d'échouer, je me souviens de ce qu'a dit la femme : si vous perdez le rythme, il faudra recommencer. A l'intérieur de moi, tout se tait. Alors je m'arrête, je desserre les doigts pour soulager ma paume. Les grelots libérés tintent doucement.

Je pose l'objet sur mes genoux pour secouer les doigts.

« Je commence à comprendre, » dis-je simplement à Priddy sur un ton très bas, presque en chuchotant.

Et sans lui demander son avis, je recommence. Une fois : trop rapide ; deux fois : trop lent. Ce ne sont pas des échecs complets : à chaque fois j'en apprends davantage. Au bout de quelques minutes, je desserre définitivement les doigts et tends le sistre à sa propriétaire, une moue frustrée sur le visage. Je voudrais le garder pour moi et passer ma nuit à travailler : je sais que je pourrais m'améliorer avec la pratique. Mais il ne m'appartient pas et en trouver un pour moi n'est pas ma priorité.

« C'est la première fois que la réussite d'une manipulation magique repose sur mon rythme, commenté-je du bout des lèvres en observant l'étrange objet. Je ne pensais pas devoir aussi travailler sur ça. » Dans une autre bouche, cela pourrait passer pour une plainte ; de peur qu'elle se méprenne quant à mes paroles, j'ajoute : « C'est rassurant : il y aura toujours quelques choses à apprendre. »

Je me rencogne dans mon fauteuil et tourne les yeux vers les flammes. Je prends conscience de la nuit qui nous entoure et de l'heure qui file. J'aimerais le lui demander mais je sais que je ne le ferai pas. Je sais exactement ce qu'il se passera si je pose ma question : pourrais-je revenir m'entraîner ? ferais-je, et elle me dirait certainement oui. Oui mais seulement quand un moment se libérera. Alors je viendrais ici un samedi ou un dimanche, nous discuterons et passerons un bon moment. Puis la prochaine fois que je lui demanderais de revenir, elle sera indisponible. Je n'ai pas le temps, dira-t-elle pour ne pas dire qu'elle ne souhaite plus me voir ou une autre fois peut-être. Je comprendrai qu'il n'y aura pas d'autres fois et que je me suis faite avoir comme la première des abruties.

Les flammes projettent des éclats de lumière sur ses jambes que j'aperçois à l'orée de mon regard. La grande ombre est revenue, elle recouvre tout mon corps. Je pense à la sorcière tout là-haut, là-haut dans sa tour culminante à des hauteurs inatteignables. Automatiquement, je la compare à celle que j'ai devant moi. Elle a le visage si ouvert, si lumineux. Elle parait tout à fait équilibrée. Finalement, peut-être qu'elle honorerait nos rendez-vous si je lui arrachais l'autorisation de revenir régulièrement ici.

Peut-être.
Je n'ai aucune envie de savoir si j'ai raison ou si j'ai tort.

J'aimerais que celle-ci soit l'autre. Une Sarah Priddy pour une Kristen Loewy. Une Priddy dans un corps de Loewy.
De mon regard, je frôle le visage de la professeure de sortilèges. Merlin... Merlin, j'ai tellement honte de mes pensées ! Surtout lorsque je prends conscience que je ne l'apprécierais pas tant si Loewy était une Priddy, n'est-ce pas ? Si elle était gentille et agréable, disponible. Si elle me convenait tout à fait, je crois que je l'aimerais moins.

La direction que prennent mes pensées me glace tout à fait. Je me lève soudainement, le visage fermé. D'une voix dure j'annonce à la femme sans oser la regarder :

« Je vais y aller. »

12 oct. 2022, 22:41
Le besoin est une prison  PV 
Sarah ne disait rien. Laissant son élève expérimenter pleinement l'objet magique qu'elle découvrait. Elle l'observait, discrètement, du coin de l'œil, profitant d'avoir les mains libres pour vider un peu sa tasse. Bristyle n'a pas besoin d'elle ou de conseil, elle le sentait. Cette gamine aimait apprendre par elle même. Elle avait en elle ce mélange de fierté et de soif de connaissance. Elle aurait pu être à Serdaigle.

" Comme vous dites, la magie nous surprendra toujours. C'est ce qui la rend d'autant plus intéressante. Dans tous les cas, il faut de la patience et de l'entrainement ou une chance éhontée. C'est une chose qui arrive dans certains cas. "

Elle avait ajouté ces derniers mots dans un demi-sourire. Certains élèves de Poudlard par exemple, ne méritaient pas toujours leurs bonnes notes comparés à d'autres qui se vouaient corps et âmes à leurs apprentissages mais échouaient ou peinaient. La vie était injuste avec ou sans magie. Sarah reposa l'instrument près d'elle avant de terminer sa tasse, profitant du silence et de la chaleur des flammes. Quand la Poufsouffle sauta soudain de son siège, elle tourna la tête vers l'horloge.

" Vous avez raison, l'heure tourne. Attendez. Un instant plus tard, elle tendit un morceau de parchemin à la sixième année. On pouvait y lire que Sarah Priddy avait donné l'autorisation à Aelle Bristyle de passer outre l'heure du couvre feu le temps de frapper au bureau de la directrice et de rentrer à sa salle commune si Kristen Loewy venait à être absente. Je vous fait confiance, ne trainez pas en chemin. "

Elle laissa la Poufsouffle quitter la pièce avant de ramasser le reste du petit goûter nocturne. Elle enfila ensuite sa cape pour son deuxième tour de ronde.

Professeure de Sortilèges depuis Septembre 2046
DDM de Serpentard mars- juin 2047 / DDM de Poufsouffle septembre 2047 à février 2049

14 oct. 2022, 16:29
Le besoin est une prison  PV 
J'arrange ma cape de sorcière autour de mon corps pendant que Priddy griffonne des mots sur un morceau de parchemin. J'ai beau m'étirer le cou, je ne vois pas ce qu'elle fait ; je me résigne donc à attendre, peinant à croire qu'elle est en train d'écrire ce que je pense qu'elle est en train d'écrire. Mais lorsqu'elle me tend le parchemin et me laisse l'occasion de le lire, je remarque que c'est exactement ce qu'elle faisait. Elle rédigeait une note pour m'autoriser à me balader dans les couloirs jusqu'au bureau de Loewy. Je tique en rangeant le papier dans ma poche, surprise qu'elle soit suffisamment compréhensive pour me l'autoriser alors qu'elle sait ni de Merlin ni de Morgane si je vais en abuser ou non. Cela s'appelle la confiance, ce qu'elle me confirme, ce qui ne fait que me troubler davantage. Il faut dire que je n'ai que rarement eu l'occasion d'inspirer ce genre de sentiment. Déjà parce que je ne fais jamais confiance aux autres mais aussi et surtout parce que ces fameux autres sont trop rares à m'approcher pour que nous puissions en arriver à un stade de relation où ils pourraient m'offrir autre chose que du doute et de la méfiance.

« Merci, » dis-je sur un ton clairement étonné.

Je lui adresse un regard plissé, le genre qui pourrait vouloir dire : je ne comprends pas votre comportement mais je vais essayer de vous percer à jour.

J'entrouvre la porte de ses appartements et dévoile un couloir obscur dans lequel passe un courant d'air froid. Je ferme les battants de ma cape et allume le bout de ma baguette sans y penser.

« Je vous remercie pour votre... » écoute, confiance, temps, apprentissage ? « ...hospitalité, articulé-je d'une voix claire et formelle en me tournant vers elle. Bonne nuit. »

Puis je m'enfonce dans le couloir. Je me dirige plus aux souvenirs qu'à l'éclat de ma baguette ; je connais le chemin. Il ne me faut pas longtemps pour revenir sur nos pas et bientôt j'aperçois derrière ma baguette levée la grimace déconcertante de la gargouille qui occupe le couloir du bureau de la direction depuis des temps immémoriaux. Je déglutis péniblement en observant l'Œil qui me rend mon regard. Est-elle à son bureau ? Me voit-elle dans le cadre qu'elle a sur son bureau et qui lui permet de surveiller le couloir ? Me refuse-t-elle en toute conscience l'accès à son bureau, à sa présence ? Je suis persuadée que oui et cela me fait mal parce que j'aurais sincèrement apprécié échanger avec elle ce soir et lui parler face à face, enfin de nos recherches. Ou de tout autre chose, d'ailleurs.

Je ne reste qu'une minute sur place avant de décider de faire demi-tour, le coeur lourd. À quoi cela sert-il d'attendre ? Elle ne souhaite de toute manière pas me voir. Je traîne des pieds pour rentrer au dortoir en faisant quelques détours (notamment un vers le couloir de L'ombre de la mort) pour changer les idées.

Au moins pourrais-je retenir de cette soirée qu'il n'existe pas que des Kristen Loewy sur Terre et que c'est une bonne chose.

– Fin –


Merci beaucoup, c'était un chouette RP !