Il arrivait parfois de se retrouver devant une porte. À ne pas savoir si on devrait toquer. C'est dans cette situation que se trouvait Noémie. Une main grattant l'arrière de sa nuque, l'autre en lévitation à quelques centimètres de la porte. Pourquoi hésiter? Parce que dans la tête de l'aiglonne, dans cet esprit parfois étriqué, seuls les faibles allaient voir la psychomage. Et pour rien au monde elle ne voulait entrer dans cette catégorie. Elle avait attendu dans le coin d'un couloir, jusqu'à ce que la zone soit vide pour oser approcher la porte. Si elle voulait toquer, c'était maintenant, plus longtemps elle restait ici, plus elle risquait de croiser quelqu'un.

Pourquoi même voulait-elle venir? Ah oui, des problèmes de concentration. Voilà déjà quelques semaines depuis le retour de Poudlard. Avant, Noémie n'avait aucun problèmes à être une élève sérieuse. Il lui arrivait parfois d'être distraite, mais elle se remettait vite à écouter. Mais depuis... depuis elle se réveillait de ses rêveries, complètement perdue sur le contenu du cours. C'en était embêtant. Elle commençait déjà à en voir un impact sur ses notes. Ça ne pouvait plus durer.

Une grande inspiration, et son bras se décida enfin à faire le mouvement. Maintenant, ne restait plus qu'à attendre la réponse. Sa main sur sa nuque redescendit pour jouer avec sa partenaire, tirant sur ses doigts, une petite peau morte, une certaine anxiété prenant place. On ne pouvait plus faire marche arrière.

La journée avait très calme. A vraie dire j'avais eu très peu de rendez-vous aujourd'hui mais c'était plutôt bon signe non ? Enfin théoriquement cela voudrait dire que les élèves n'ont pas besoin de moi et par conséquent qu'il vont bien. je dis bien en théorie car en réalité ils sont assez nombreux à ne pas oser venir, certains paralysés par la peur de se confier, d'être jugé alors que d'autres sont dans un déni total. Là où j'ai été surprise c'est devoir qu'après l'incident du Poudlard Express rare sont les élèves que j'ai pu voir. Pourtant je considère cela comme un évènement plus que traumatisant.

Je m'étais donc occupée avec diverses activités tel que de la lecture ou une tentative plus que ratée d'essayer de faire de la broderie. Alors que je pestais à propos de ce maudit tambour à broder, il me sembla entendre quelqu'un frappé à la porte. Un coup d’œil e direction de l'horloge m'indiqua qu'il était 15h. Tiens, je n'ai pas de rendez-vous avant au moins 1 heure, je me demande qui cela peut-il être. Après avoir rangé dans un tiroir le tambour je me suis avancée jusqu'à la porte.

Devant se tenait une jeune fille que je ne connaissais pas encore. Des yeux clairs, de long cheveux bruns, un peu comme moi à son âge.
"Bonjour, est-ce que je peux t'aider ?"

Enfin, cette porte s'ouvrait. Le moment entre quand elle avait toqué et la psychomage apparaissait devant elle lui avait semblé une éternité. Une éternité pendant laquelle elle a hésité plusieurs fois de juste prendre ses jambes à son coup. Mais une fois la porte ouverte, plus de marche arrière. La deuxième année détaille la jeune femme devant elle. En soi elle l'avait déjà entre aperçu dans le château, mais n'avait jamais beaucoup prêté attention à elle. Alors, elle la détailla. Cherchant à savoir si elle pouvait lui faire confiance.

"Je crois." dit-elle avant de regarder autour d'elle. La peur qu'il y ai des oreilles invisibles l'a prit, et elle ne voulait absolument pas que qui que ce soit sache le pourquoi du comment elle était là.

Noémie lança un coup d'oeil derrière l'épaule de Miss Miller. Détaillant ce qu'elle pouvait de la salle d'attente, se balançant d'un pied à l'autre mal à l'aise. Elle remit ses mains dans ses poches, se repliant légèrement et inconsciemment sur elle-même. Voulait-elle vraiment de son aide? Se mettre en position de vulnérabilité? Il le faut bien si je veux régler ce satané problème de concentration. La bleue et bronze aurait préféré être dans pleins d'autres endroits que celui ci, et n'était clairement pas contente de cette situation.

Son regard se redirigea vers la psychomage, une petite méfiance pouvant s'y lire. "Vous pensez qu'il serait possible d'en discuter à l'intérieur?"

La jeune fille me répondit par une réponse assez énigmatique. Cela laissait entendre qu'éventuellement oui, je pouvais l'aider mais qu'elle n'en était pas non plus certaine. Et bien, on verra ce que je peux faire ou non pour elle. Cela dépendra du pourquoi elle vient me voir car je fais toujours mon maximum pour mes patients. Par contre, j'espérais que ses prochaines réponses soient plus claires sinon cela risquait d'être compliqué lors des échanges. Je sentis son regard se posait pas très loin de moi tandis que je l'observais se balancer. Avant que je puisse avoir le temps de lui répondre quoi que se soit, elle prit les devants à mon plus grand étonnement. Serait-ce de la méfiance que je lis sur son visage ?

"Oh bien sûre, pas de souci. Entre je t'en pris, tu as deux fauteuils à ta disposition." Je joins le geste à la parole en lui montrant l'intérieur du bureau, plus précisément les deux fauteuils qui se trouvaient en face du mien. "Comment est-ce que tu t'appelle ?"
J'étais restée devant la porte, attendant une réponse de sa part bien que j'étais certaine qu'elle allait rentrer. Je préférais quand ils se présentaient tout seul plutôt que quand c'était à moi de leur demander, une sorte de peur irrationnelle de paraitre désobligeante en leur demandant leur nom.

Ce fut soulagée que la jeune fille rentra dans le bureau, prenant place dans un des fauteuils. Avant de répondre, ses yeux explorèrent l'espace, prenant naturellement note de la seule sortie. Habitude qu'elle avait prise sans s'en rendre compte depuis les événements. Observant les différents objets, et les titres des livres dans la bibliothèque, habitude innée dans ce cas là.

"Claire-Cornwell, Noémie Claire-Cornwell." se présenta-t-elle finalement après quelques secondes d'observation.

Son regard se porta sur ses mains posées sagement sur ses genoux. Il fallait qu'elle explique le pourquoi du comment qu'elle était là, sinon jamais la femme ici pourrait l'aider. L'aiglonne n'en avait pas envie, mais il fallait rester raisonnable.

"Je suppose que je devrais vous dire les raisons de ma visite... eeuuum."

Son esprit divagua quelques secondes, un flot de pensées, idées s'entremêlaient. Ce qui fut parfait, un parfait rappel du pourquoi elle était ici.

"J'ai récemment remarqué que j'avais plus de mal à rester concentrée en cours, et... enfin de manière générale. J'oublie quelques affaires dans le dortoirs, mon encrier parfois. Enfin... rien qui ne me ressemble av... d'habitude." se reprit-elle au dernier moment. Admettre qu'il y avait un avant, serait admettre, en tout logique, qu'il y avait eu un après. Une fissure entre les deux. Ça voudrait admettre qu'elle avait été trop impacté par ce qu'il s'était passé. Et ça ne devrait pas. Elle aurait dû être plus forte que ça.

La jeune fille, ou plutôt devrais-je dire Noémie, entra dans le bureau et je surpris son regard qui observer les lieux. Ensuite elle se présenta à moi sous un nom qui ne me disait rien. Il était plus qu'évident que je ne puisse pas connaitre tous les élèves de l'établissement vu le nombre important qu'ils étaient mais des fois je pouvais en connaitre certains ou des membres de leur famille aussi.

Après m'être installée confortablement la jeune aiglonne m'ôta les mots de la bouche et prit les devant, ça me change des élèves très timides qui ont du mal à aligner quelques mots. Je l'ai encouragé à continuer avec un léger sourire, prête à noter précieusement chaque informations qu'elle s'apprêtait à me donner.
"Rien que le simple fait de le reconnaitre est déjà un bon début. Beaucoup de personnes sont dans le déni, surtout pour ce qui pourrait être en apparence que de simples oublis. Je dis bien en apparence car combiné avec le manque de concentration c'est forcément autre chose."

C'est moi ou elle a eu une hésitation ? Il y a quelque chose qu'elle ne me dit pas, il va falloir creusé. Le manque de concentration et les oublis peuvent survenir suite à diverses causes et savoir quelle est la source me permettrait de l'aider.
"Noémie, quelque chose se serait-il produit avant ça ? Des fois même des choses qui nous paraissent insignifiantes peuvent être le déclencheur."

Est-ce que quelque chose s'est produit? Punaise oui. Insignifiant? Noémie devait s'empêcher de rire à cette mention, ce qui se traduisit par un petit pouffement triste. Levant les yeux vers la psychomage, elle jaugeait si elle pouvait lui faire confiance ou non. Mais d'un côté, l'adolescente voulait entendre que ce qu'elle avait vécu était suffisamment grave pour qu'elle se retrouve dans cet état. Une validation. Une preuve qu'elle n'était pas faible. Que c'est une raison suffisante pour le brouillard dans lequel elle vit depuis. Cette sensation de vide, qui certes s'est bien estompé, mais reste toujours présente. Pourquoi elle vivait dans la contradiction de ne plus pouvoir dormir tout en étant en permanence fatiguée et ne rêver que de son lit. La jeune fille en avait marre de vivre ainsi, et si pour arrêter tout ça il fallait être vulnérable face à cette inconnue alors elle le ferait.

"Le Poudlard Express. C'est le déclencheur."

Ça y est, elle admettait enfin que oui, oui ça l'avait marqué. Ses sourcils se froncèrent, tentant de reflouer les larmes qu'elle n'avait pas autorisé à couler depuis. C'est comme si avoir dit ces simples six mots avait brisé tout ce qu'elle avait enfermé dans une boite, et qu'elle ne pouvait plus empêcher ses yeux de devenir humides.

" J'étais sur le pont, à un moment... y en avait un, des sorciers à cape noirs, qui me cherchait."

Elle repensait à ses pieds douloureux quand elle marchait en chaussettes sur les cailloux. À ses rêves de se retrouver dans le wagon des professeurs en sécurité tout ça pour les retrouver enchainés. Le sentiment de désespoir, être sûre qu'elle était foutu. Une parole brisant le silence, avec quelqu'un d'autre qui a vécu ça, et tout qui remonte, en un flot qu'elle n'arrive pas à arrêter.

Désolé pour le retard![/color]"

Dès ses premiers mots j'ai su de quoi elle parlait. L'attaque du Poudlard Express. J'attendais avec Diarmuid et Owen sur le quai. Nous étions inquiet car nous ne voyons pas le train arriver. Nous ne savions pas comment agir alors les garçons sont partis chercher le train tandis que j'étais restée sur place car j'étais assez désarçonnée par la situation. J'étais inquiète et je n'avais aucune idée de la marche à suivre alors j'étais restée sur place en les attendant. J'avais appris après ce qu'il s'était passé. J'avais appris qu'ils avaient attaqué le train et que l'aide apporté par mes collègues avaient été primordial. J'avais tellement culpabilisé après. Je m'étais sentie tellement mal ! J'avais là l'occasion de me rattraper ne serait-ce qu'un petit peu. Ce sera loin d'être suffisant vu ce que j'avais entendu mais ce sera déjà une légère avancée. Les quelques mots qu'elle avait sorti avait été dur pour elle. J'en avais conscience.

"Je... J-je vois de quel évènement tu parles."-j'essayais de me reprendre et de ne pas laisser paraitre mon trouble. "Est-ce que... tu pourrais m'en dire plus sur ce sorcier ? A quoi est-ce qu'il ressemblait, pourquoi il te cherchait par exemple ? Je sais que ça risque d'être difficile pour toi d'en parler au début mais tant que tu n'en auras pas parlé tout ça restera à l'intérieur de toi et ça continuera de te ronger."

Étaient-elles deux à être mal à l'aise sur ce sujet? L'hésitation de la psychomage n'échappa à Noémie. Les adultes aussi avaient mal vécu ça? Mais... L'aiglonne ne se souvenait pas d'elle dans le train. Certes, dans le wagon des professeurs elle n'y avait jeté qu'un coup d’œil furtif. Alors peut-être bien que Miss Miller y était et qu'elle n'avait rien remarqué.

L'exercise que lui demanda la femme semblait simpliste mais... sson regard tomba vers le sol, tentant vainement de la revoir parfaitement, ses sourcils se fronçant. Sa silhouette. Sa silhouette. Ça elle le voyait parfaitement. Mais... Quid de son visage? Quelle était la couleur de ses yeux? Ses cheveux? La forme de ses lèvres? Souriait-elle? Non. Noémie pouvait se souvenir de ses pieds de l'autre côté du train. Elle pouvait se souvenir du bruits du gravier à son passage. Elle pouvait se souvenir de leur langue chantante. Elle pouvait se souvenir de cette cape noir. Mais de son visage? D'elle? Rien.

"Je.. Je ne suis pas sûre. Elle, elle était bordée de noir. Et.. J'étais sortie du train. Avec Kelly et Argentella. On... Ils étaient là. Je.. hum. Je suis passé sous le train pour leur échapper. Elles n'ont pas voulu me suivre. Alors... " Pourquoi cette femme c'était embêté à poursuivre une jeune sorcière comme elle? Pourquoi avoir attaqué ses deux comparses? Pourquoi une telle perte de temps? Que représentaient-ils? Des gamins inoffensifs, désarmés.

"Je sais rien." réalisa-t-elle. Ses mains se serrèrent sur son uniforme, son dos se vouta. Elle n'avait aucune réponses et n'avait aucune déduction en tête.