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20 juil. 2022, 20:26
Couleurs d'un monde nouveau  Irlande   + 
Belleek, en Irlande.
Samedi 6 juillet 2047
avec @Hjúki Anastase et pour cette ouverture, Moïra et Berthold Noestlinger


« Tu seras sage et poli, n'est-ce pas ? » La voix douce et inquiète de Moïra Noestlinger résonne dans la chambre de la petite auberge où nous nous disons au revoir, après qu'ils m'ont accompagné la veille jusqu'au petit village de Belleek, en Irlande du Nord. Ce ne sont pas nos premières séparations, après déjà six ans de scolarité à Poudlard ce tableau n'est pas inhabituel et pourtant, je perçois plus d'inquiétude qu'à l'accoutumée dans les regards et gestes de mes parents. Ils vérifient pour la troisième fois que toutes mes affaires sont complètes, puis que je suis moi-même entier et debout sur mes deux jambes.

« J'ai dix-sept ans, vous savez. Je suis adulte désormais, je peux m'occuper de moi-même seul. »

Un grognement étouffé me parvient sur ma droite, où mon père passe une main agitée dans sa barbe en me toisant avec son air contrarié habituel. Il s'approche -ce à quoi je réponds par un mouvement de recul mais me retrouve rapidement bloqué par un mur derrière moi.

« Tu seras adulte quand tu auras un peu plus de poils au menton que ça, fils. » lâche-t-il de sa voix bourrue en tapotant sa baguette épaisse sur ma joue, créant au passage quelques étincelles qui me chatouillent désagréablement. « Et quand tu seras diplômé. En attendant, l'adulte que tu es n'est même pas jugé assez grand pour se servir d'une baguette en toute autonomie. » achève-t-il en me tournant le dos, les bras croisés.

Si aucun des deux n'approuve mon envie de voyage, mon insistance des dernières semaines accompagnée de bons résultats scolaires et du fait indéniable que je me rapproche inexorablement de l'âge adulte les a finalement convaincus de me laisser un peu de liberté, sous toutefois d'innombrables conditions. Au moins, rencontrer Hjúki Anastase n'en fait pas partie, ce qui est déjà une agréable surprise.

Après de multiples embrassades dont je me serais bien passé suivies de promesses de nouvelles fréquentes, Moïra et Berthold Noestlinger consentent enfin à plier bagage. Ils disparaissent tous deux dans le crac caractéristique des transplanages, me laissant seul dans cette suite de l'auberge où nous avons tout trois passé la nuit. Quand enfin la solitude m'étreint, l'angoisse elle aussi pointe le bout de son nez, vicieusement cachée jusque-là je la sens remonter le long de ma gorge et la serrer douloureusement dans une étreinte familière. Je m'étale de tout mon long sur le lit où j'ai passé la nuit, fixant le plafond de longues minutes en tenant dans ma main le parchemin vierge fourni par mes parents et doté d'un sortilège protéiforme. « Tu nous écris un petit mot tous les jours. Si nous n'avons pas de nouvelles de toi pendant plus de 48h, je retrouve ce Hugo Astanase et le donne en pâture à un Magyar à pointes. » me revient la voix fâchée de mon père. « Tu ne ferais pas ça à son tout premier petit copain ! » avait alors répondu ma mère avec affolement en se plaçant entre nous deux. M'abstenant de préciser que je le connaissais en réalité à peine pour ne pas les inquiéter, j'ai toutefois expliqué que nous n'avions absolument pas ce genre de relation et qu'il était de toute façon bien trop âgé pour moi, suite à quoi ma mère s'était contentée de me tapoter l'épaule en me rassurant sur le fait qu'elle n'avait « pas de problème à l'idée que deux garçons se fassent des bisous sur la bouche. »

Une heure après le départ de mes parents et désormais rassuré sur l'absence d'un demi-tour précipité en cas d'affaires oubliées, j'ouvre hâtivement ma valise et en extrait de son double-fond bien caché l'ensemble acheté quelques semaines auparavant avec Ennis O'Belt. Je l'enfile aussitôt et ressens une douce chaleur m'envahir au contact du tissu ample de la jupe qui me va encore mieux que dans mon souvenir. Passant devant un miroir, j'ajuste aussi mes cheveux en chassant quelques mèches rebelles et en tressant une partie d'entre eux, et achève ma mise en beauté avec une fine couche de rouge à lèvres.

Il ne me reste plus qu'à rejoindre le lieu de rendez-vous avec Hjúki Anastase, à une centaine de mètres de là. Après quelques semaines à peaufiner les détails du voyage avec le sorcier, les détails de ceux-ci me paraissent désormais plutôt clairs malgré toute ma méconnaissance des paysages irlandais et des arts de la navigation. Ne reste que la simple angoisse refoulée depuis plusieurs jours : le moindre signe de celle-ci aurait affolé mes parents qui m'auraient ensuite interdit d'entreprendre le voyage. Désormais libre de s'exprimer et aussi inquiète des regards posés sur moi dans ce paisible village peuplé de plus d'âmes que je ne l'aurais cru, c'est avec appréhension que j'attends Hjúki Anastase au point de rendez-vous, ma valise posée à côté de moi.
Dernière modification par Ada Noestlinger le 23 juil. 2022, 21:10, modifié 1 fois.

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
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21 juil. 2022, 15:30
Couleurs d'un monde nouveau  Irlande   + 
Annoncer qu’il ne posait toujours pas l’ancre pour l’été à Opa n’avait pas été si évident, le jeune mage ayant dû surmonter son tiraillement entre son besoin de mouvance perpétuelle qui n’était toujours pas rassasié et sa pointe de culpabilité à l’idée de ne pas avoir profité de la fin de sa scolarité pour lui revenir et jouir de sa présence à Galway, ayant égoïstement mobilisé sa bouffée de liberté pour soi. Trottait également dans un coin de son esprit le souhait de lui proposer une installation outre-Manche, mais il n’osait pas encore lui en parler, craignant être motivé par de fausses raisons. L’Europe ne recelait pas à coup sûr des réponses ou solutions à l’insatisfaction qu’il tirait de son existence dans les îles Britanniques. Depuis l’été dernier, Hjúki avait un peu lu et vu de la culture irlandaise, mais il était mitigé du fait de sa conscience de ne pas devoir ce patrimoine à une transmission familiale, il s’était juste trouvé posé là à la naissance, élevé par un aïeul lui ayant offert une tradition germanique, ne connaissant pas tant d’horizons. À la croisée, devant Hécate, l’adolescent se demandait si un déracinement valait la peine pour se découvrir – à moins qu’aller en Allemagne ne s’apparente à un rempotage ? – tout à fait alerte que rebrousser chemin était l’une des voies offertes.

Son émancipation du système académique le libérait des considérations strictes de calendrier, même s’il ne pouvait s’empêcher de songer au fait que son émissaire en avait à son tour fini avec Poudlard. Là encore, il n’avait pas osé l’interroger sur ses projets d’avenir, ne voulant en aucun cas que sa quête de rupture n’influe ses choix. En attendant, lorsqu’Ada avait suggéré une traversée pour ces vacances, bien que le jeune Anastase n’ait pas tant devisé avec, quelques missives après leur thé partagé à Pré-au-Lard, il avait vite balayé les arguments d’hésitation, reconnaissant une occasion de prendre le temps d’observer son Irlande comme d’un premier regard, loin de considérations utilitaires ou de questionnements sur ce qu’il était censé apporter à tel ou tel lieu. Gardant bien en mémoire les enseignements d’Ulysse à la barre glanés au fil de ses mois de navigation, ainsi que ses astuces incluant un soupçon de magie, il n’avait pas trop de craintes à l’égard de la gestion de la petite embarcation qui sera épargnée des courroux marins sur le fleuve irlandais. Avançant tranquillement en direction de l’emplacement convenu, Hjúki voit se découper progressivement la Silhouette croisée quelques mois plus tôt en Écosse. Le soin qu’il décèle dans sa tenue et les jolis entrelacs de ses mèches lui décoche un discret sourire, se rappelant ses rares expérimentations de maquillage à Poudlard, souvent découragé par le temps qu’exigeait un tel art. Il n’est pas étonné de voir que sa main d’artiste se propage au-delà de la toile. Conscient que son hôte était ici en terrain inconnu, l’adolescent se sentit le devoir de bien l’accueillir.


« Bienvenue en Irlande ! J’espère que le dernier trimestre a bien été vécu. »

N’étant pas des plus à l’aise pour lancer le dialogue, il lui laissait la possibilité de dévier sur n’importe quel autre sujet que l’école, à moins d’y rester si c’était son souhait. Pointant en direction du cours d’eau, il enchaîna.

« Nous pouvons commencer à nous diriger vers le bateau, pour se délester de la valise. »

23 juil. 2022, 21:10
Couleurs d'un monde nouveau  Irlande   + 
Je n'ai pas à attendre longtemps l'arrivée de mon compagnon de voyage qui ponctuel se montre présent à l'heure exacte du rendez-vous. Bien qu'ayant toujours un moyen sur moi de contacter rapidement mes parents et étant particulièrement bien renseigné aussi sur les habitudes de communication moldues, une vague de soulagement m'envahit quand le jeune adulte que je reconnais aussitôt s'adresse à moi. Anxieux de nature, mon imagination fertile avait donné naissance à de nombreux scénarios où le voyage ne se déroulait pas comme prévu et ce dès le point de rencontre. Je me redresse aussitôt à la vue du sorcier -un peu trop vite puisque je dois me rattraper de justesse au dossier du banc pour ne pas chuter, et l'observe avec une attention probablement encore un peu trop soutenue avant de détourner le regard.

« Vous êtes tout pareil au portrait que j'ai dressé de vous, » lâché-je un peu inutilement mais avec soulagement. Ce visage, je l'ai observé plus longtemps sur papier qu'en vrai : il a rapidement pris un aspect irréel pour moi, comme si la rencontre à Pré-au-Lard n'avait jamais existé malgré les missives échangées les semaines suivantes. De le voir identique à mon souvenir me raccroche alors un peu plus à la réalité du voyage à venir auquel j'ai songé avec détachement ces derniers temps dans le confortable déni qui fait fuir l'anxiété. Etonnamment, cette prise de conscience ne fait pas naître d'autres inquiétudes. Le sorcier a une présence calme et réconfortante si bien que je ne tarde pas à me sentir en sécurité.

« Je vous suis, » indiqué-je en lui emboîtant le pas, traînant ma lourde valise derrière moi. Sur le trajet, je conserve une distance raisonnable avec mon guide pour ne pas empiéter sur nos espaces vitaux respectifs mais me tiens juste suffisamment proche pour converser tranquillement. Beaucoup de mes préoccupations n'ayant pas tenu sur le format succinct des missives échangées, je ne peux m'empêcher d'en faire part à mon interlocuteur, un peu à la manière d'une longue et interminable énumération qui a plus pour utilité de me rassurer que d'apporter de réelles informations pertinentes. « ...le matin, je me lève à 5h30. A 7h, je dois boire mon premier thé de la journée. J'ai emmené du thé dans ma valise. Plusieurs parfums, je vous en partagerai volontiers. Sauf le jasmin -il me reste de quoi faire à peine une vingtaine d'infusions et je dois absolument boire un thé au jasmin à midi. Je bois mon thé dans une tasse rouge, surtout pas une autre couleur. Mais j'ai emmené ma tasse. De quelle forme sont les assiettes de votre embarcation ? Je mange plus facilement lorsque le récipient est ovale. » s'ensuivent de nombreuses autres remarques plus ou moins futiles pour autrui, mais qui ont toute leur importance pour l'individu organisé que je suis. « ...19h30, l'heure du dîner. Ensuite, infusion du soir -pêche pour la saison estivale, et le coucher à 20h30... » puis les énumérations finies, j'enchaîne avec toutes les questions sur la navigation et le voyage en eux-mêmes, de multiples détails qui n'ont pas encore pu être abordés dans nos quelques échanges.

Quelques minutes plus tard, l'embarcation que je devine être la nôtre se dessine devant nous. Mon pas s'arrête net tandis que mon ventre se tord soudainement d'angoisse. C'est réel : je vais véritablement voyager presque seul, sans mes parents pour la première fois de ma vie et sans l'organisation et le cadre strict de Poudlard. Pour la première fois depuis plusieurs minutes, Hjúki Anastase peut profiter d'un long silence de ma part. Cloué tant par l'anxiété que la réalisation soudaine que je ne peux plus me soustraire aux événements, j'attends encore une fois que le sorcier prenne les devants pour la suite de cette aventure.

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24 juil. 2022, 15:41
Couleurs d'un monde nouveau  Irlande   + 
*Et vous avez toujours votre regard de Tisseur…* songea-t-il en sentant l’attention portée à ses traits, vraisemblablement pour confirmer qu’il s’agit de la même personne, en se rappelant sa première confrontation avec ledit portrait en lequel il avait eu l’opportunité de se plonger plus longuement lorsqu’il lui était parvenu physiquement. Depuis, il évitait inconsciemment les surfaces réfléchissantes, comme si avoir aperçu son image d’un œil étranger le portait à se voir autrement, éveillant outre mesure des interrogations sur soi. Ce ne sont pas essentiellement les traits auxquels Hjúki s’accroche pour reconnaître Ada, se visualisant moins des visages que des silhouettes et des mélodies, sa voix suit une intonation et un rythme rassurant car concordant avec celle qu’il avait mentalement entendue à chaque fois qu’il lisait ses lignes. Évaluant du coin de l’œil le volume de la valise, le jeune homme se félicita d’avoir ensorcelé partiellement le bateau, incluant notamment une extension des rangements des cabines ou une gestion de l’eau et de sa purification dans un circuit à touche sorcière. Il s’était tout de même posé des limites à l’emploi de la magie, se concentrant sur ce qui était réalisable avec des préparations de potioniste – la baguette étant l’extrême recours, les sortilèges de navigation qui feraient filer tout seul le voilier n’étaient dans ses plans, d’autant qu’il n’avait pas appris le maniement de la barre depuis des mois pour rien.

Les préoccupations que son compagnon de voyage se mit à lui exposer étaient très concrètes, engageant l’adolescent à compter discrètement avec les doigts de l’une de ses mains les informations pour s’en souvenir en dépit de la vitesse de l’énumération et les traiter en parallèle. Une fois le solstice passé, bien que l’aube soit de moins en moins matinale, l’été demeurait une saison où Hélios poignait en des eaux concordant avec 5h30, d’autant que les Îles Britanniques n’avaient le fuseau de l’Europe continentale qui à longitude semblable était déjà une heure plus tard, ce premier point ne l’étonna point, contrairement au coucher qui lui paraissait légèrement précoce. Bien qu’il ne boive pas toujours autant que recommandé, Hjúki était au courant des besoins théoriques d’hydratation et avait normalement bien anticipé sa réserve d’eau potable pour répondre aux deux litres quotidiens par personne, alors la liste des thés ne l’inquiéta pas plus que cela.

Il tiqua seulement un instant, comme si un voile s’était temporairement glissé devant ses yeux, en entendant la promesse de sentir quotidiennement le parfum du jasmin. Cela faisait à présent plus d’un an que cette fleur avait été évitée avec succès, c’était sans doute la mesure la plus délicate à gérer. Il serait complètement déplacé de lui refuser un besoin ‘absolu’ juste parce que son cerveau avait associé ce breuvage à une personne en particulier, dont il n’appréciait pas la résurgence dans la mémoire. Même en se persuadant qu’il avait oubliée sa Thésée, elle restait en somme une affaire non conclue dans son esprit, quelqu’un ayant soufflé les premiers mots d’une histoire avant de se dissiper, est-ce qu’il lui suffisait de claquer la porte où flottait ces étranges prémices, au sens de sacrifice ? Tentant d’examiner la situation le plus rationnellement possible, il nota l’argument que ce serait l’opportunité de détruire le couple jasmin/fille d’Hécate et retint la possibilité de considérer la direction des vents pour éviter la transmission la plus frontale de ces notes florales.

Prenant en compte ce qu’il avait entendu, il invita Ada à monter à abord et initia un tour des lieux, commençant par le pont et le cockpit, ne manquant pas de présenter ses instruments d’orientation et navigation et ses cartes fluviales, se disant que ce pourrait avoir un côté rassurant de montrer sa préparation de l’itinéraire et des étapes en réponse aux questions qui avaient déferlées à l’instant, commentant le premier arrêt prévu tout en lui montrant les pages d’un Atlas des Irlandes.


« Notre première station sera Enniskillen. Si les balades en espace naturel ne vous dérangent pas, nous pourrons profiter du cadre en suivant le circuit de Cuilcagh Boardwalk. »

Passant par la descente du voilier, il continua sur l’espace de vie du niveau inférieur en montrant les deux cabines qui se faisaient face du côté de la poupe et tous les coffres disponibles de rangement, puis la table et banquette centrale et la salle d’eau. Hjúki prit un peu plus de temps pour la cuisine, où il indiqua notamment le bac à compost pour ses feuilles de thé, puisqu’elles risquaient d’être consommées en quantité, et proposa une alternative pour l’assiette ovale qu’il n’avait pas, étant coutumier d’une vaisselle aux formes régulières.

« D’ovale je n’ai qu’un plat assez imposant. Si je le rétrécis avec une potion d’inspiration ‘Drink Me’ de Carroll, avec un bon dosage, ce pourra ressembler à une assiette convenable ? »

Scannant l’espace au cas où lui reviendraient des détails à expliquer, il poursuivit avec l’intention de bientôt mettre en marche l’embarcation, puis de trifouiller dans sa sacoche aux multiples ingrédients et fioles à la recherche d’une préparation à base de ce qu’il appelait champignon des Merveilles.

« Je pense que nous pouvons nous mettre sur le départ, notre première portion de navigation est assez longue, vous pouvez prendre le temps de vous installer ou de vous reposer. N’hésitez pas si vous avez d’autres questions ou besoins à exprimer. »

27 juil. 2022, 19:55
Couleurs d'un monde nouveau  Irlande   + 
J'écoute avec la plus grande attention tout ce que mon compagnon de voyage a à m'apprendre sur la navigation et ses pratiques, me montrant toutefois un peu plus discret et réservé dans ma curiosité. Il y a beaucoup à assimiler mais je tente d'enregistrer chaque information, comptant bien venir en aide à mon hôte dès qu'il l'estimerait nécessaire et que j'aurais l'expérience et les connaissances adéquates. Et évidemment, dans la limite de ce qu'il me serait possible de faire sans magie. Cette contrainte de devoir vivre à la moldue se fait de plus en plus pesante au fil du temps et de l'amélioration de mes maigres capacités magiques, mais je m'estime heureux d'y voir le bout du tunnel dans désormais une petite année.

« Ce me semble parfait. Comme indiqué dans mes lettres, je n'ai juste pas ma baguette magique. Ni mon permis de transplanage, d'ailleurs. » indiqué-je en parfait touriste. La crainte d'un éventuel dérangement ne tardant pas à se manifester, je nuance mes propos. « Mais je tâcherai de me montrer utile au mieux. »

Poursuivant la visite, je découvre avec un plaisir non dissimulé la cabine où je pourrai me reposer. En tout point similaire à ce que j'avais mentalement imaginé ces dernières semaines, la promesse du repos à venir et la quiétude qui se dégage de l'étroite pièce dénoue partiellement le nœud d'angoisse qui me tordait le ventre. J'y dépose ma valise avec satisfaction et me promets d'y revenir dès que possible pour ranger chacune de mes possessions et m'approprier les lieux.

Dans la cuisine, l'alternative proposée au plat ovale sonne agréablement à mes oreilles. Rassuré sur la première impression confirmée du tempérament d'Anastase et son caractère conciliant là où d'autres m'auraient trouvé trop exigeant, je hoche la tête avec soulagement.

« Si vous pensez que le plat ne manquera pas à d'autres préparations, c'est avec plaisir. Sinon, je m'accommoderai d'une assiette ronde. Poudlard m'y a habitué. »

Bien qu'épuisé, le nom de la potion inconnue éveille aussitôt ma curiosité et je me promets d'interroger plus tard mon hôte à ce sujet. Mais pour l'heure le repos me semble essentiel et sens que si je ne me l'accorde pas rapidement, il est probable que mon état psychologique en pâtisse. Après avoir remercié mon hôte, je me retire dans ce qui sera mon antre et lieu de repos pour les deux à trois semaines à venir. Arrivé dans la petite cabine, la vue de mon lit m'ôte tout courage pour procéder à une installation. J'enlève simplement mes chaussures et sans me démaquiller ni ôter mes vêtements je me glisse sous les draps et laisse le sommeil m'emporter. Il me vient bien plus aisément que je ne l'aurais imaginé pour un lieu inconnu et très vite, mes songes m'emportent dans les salles de potions de Poudlard où Diarmuid O'Belt s'affaire à la conception de plusieurs breuvages en simultané dans différents chaudrons. J'ai particulièrement chaud au réveil et enfile des vêtements plus confortables ; un short et un tee-shirt qui m'arrachent une grimace de dégoût face au petit miroir de la cabine et prends une petite heure pour déballer enfin mes affaires.
Sur un étroit rebord j'aligne avec soin ma collection de figurines des sorciers célèbres, soufflant au passage sur la barbe d'Albus Dumbledore pour en ôter les poussières puis constate avec surprise que l'intégralité de mes affaires entrent dans les espaces de rangement dédiés, après avoir émis mentalement quelques craintes à leur apparence extérieure. Sûrement sont-ils soumis à un sortilège d'Extension, tout comme ma valise.
Glover Hipworth trébuche de son emplacement après une oscillation particulièrement prononcée de l'embarcation. Le remettant en place, je me promets de demander ultérieurement à Hjúki Anastase de fixer le tout avec des sortilèges de glue.

Satisfait de mon rangement qui m'apporte un réconfort certain, et l'impression d'être un peu plus chez moi, ce qui est rassurant, je sors de ma cabine en quête du sorcier.
La position du soleil dans le ciel me confirme mon impression d'avoir dormi déjà trop longtemps.
« Excusez-moi, si je n'ai pas raté le déjeuner je peux aller le préparer pour vous. Des contraintes alimentaires ? »
Je ne précise pas qu'il n'est plus question pour moi de m'alimenter pour l'heure : le moment habituel alloué au déjeuner étant passé, je préférerais ne pas avoir à modifier mon emploi du temps dès le premier jour. En revanche, le thé au jasmin serait approprié.

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30 juil. 2022, 16:02
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Constatant la bonne écoute dont il bénéficie, Hjúki est plutôt rassuré en estimant que cela réduisait grandement le risque des incidents évitables se produisant par négligence des informations essentielles. Il se souvenait bien du nouveau décret insensé sur la restriction des jeunes adultes, contournable aisément par les majeurs à entourage sorcier en employant l’instrument d’un pair, il avait ainsi confié sa propre baguette d’adulte indépendant à une élève de Poudlard en fin de cursus pour qu’elle en jouisse à loisir, elle la lui avait renvoyée tout récemment, n’en ayant plus besoin depuis l’obtention de son diplôme. Cela faisait plusieurs mois qu’il s’était débrouillé sans, empruntant celle d’un pair si le besoin s’en faisait expressément ressentir, ayant diffusé son flux magique presque exclusivement dans des chaudrons. Bien que son rapport avec son conduit boisé ne soit pas si intime et puissant, l’idée de simplement le passer à Ada lui venait beaucoup moins naturellement qu’à l’heure où il l’avait spontanément offert à sa gardienne temporaire.

Ce voyage n’était de toute façon pas tellement centré sur la pratique de la magie, à la limite sur son histoire perceptible en certains lieux ou vestiges témoignant de rites ou de constructions contenant l’empreinte des enchanteurs d’antan, c’est pourquoi l’adolescent ne voyait rien qui limite réellement son hôte dans ce contexte. Alors qu’il laissa ce dernier prendre ses quartiers, il rejoignit le cockpit de pilotage pour préparer en douceur la sortie du quai et l’entrée sur la route fluviale, plaçant ce départ en priorité par rapport à la manipulation du plat qui reviendra dans ses préoccupations lorsque son esprit ne sera plus mobilisé pour la navigation. Pour s’assurer de ne pas oublier, il déroula délicatement un rouleau de son poignet, une montre améliorée qui fonctionnait également comme un calendrier pour que le jeune Anastase puisse y intégrer des entrées classées en fonction de l’urgence ou de la ponctualité avec laquelle elles devaient être traitées.

Suivant avec une concentration soutenue les paramètres de navigation et les miles parcourus, Hjúki n’intègre la présence de son partenaire de voyage et sa question qu’avec retard. Il est vrai qu’il n’avait pas pensé à activer d’alarmes correspondant à chacun des horaires énumérés tout à l’heure, et n’a pas encore développé une discipline stricte à l’égard de la façon de ponctuer sa journée, vivre selon Sol est une idée qu’il trouve assez séduisante pour l’instant, mais pour l’appliquer exactement, il faudrait moduler son organisation temporelle au jour le jour, et à chaque coordonnées son exposition idoine à l’astre. En arrivant à la compréhension de l’intervention, la proposition l’étonne légèrement, un peu comme s’il découvrait une information insoupçonnée sur ses talents.


« Si vous appréciez l’art culinaire, je ne voudrais pas que vous vous forciez dans le cas contraire. »

Le jeune homme détestait évoquer ses ‘contraintes’ qui constituaient sans doute une insulte à la gastronomie et offusqueraient les plus fins gourmets. Ironiquement, les potions lui prouvaient à répétition la fonctionnalité et l’importance des mélanges équilibrés entre plusieurs composantes, entre diverses notes et leurs accords ; mais il persistait à séparer autant que possible les éléments de son assiette en groupes uniformes. Malheureusement, la méthode consistant à distinguer les domaines pour en faire des blocs et les étudier intensément par phases, l’un après l’autre, au lieu de s’intéresser un peu à tout en tout temps ne fonctionnait pas dans l’alimentation où les catégories devaient s’allier pour retrouver un équilibre de potion. Il se raccrochait au fait qu’il ne soit pas obligatoire de tout mettre dans le même chaudron.

« Je peux être sensible aux variations trop contrastées de goût et texture, c’est pourquoi j’évite les choses trop mélangées selon ces paramètres. »

Hjúki jugea inutile de développer sur ses capacités de triage devant une composition trop disparate. Le garde-manger était a priori assez organisé pour qu’un étranger s’y retrouve, chaque aliment étant rangé par catégorie, dans des contenants qu’il avait protégés avec un revêtement de conservation magique par précaution, pour s’assurer que les denrées ne se détériorent point, ce qui était sa hantise.

04 août 2022, 18:35
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Après avoir pris connaissance des préférences culinaires d'Anastase, j'entre dans la petite cuisine et tout en préparant le nécessaire pour mon infusion au jasmin j'avise les ingrédients trouvés après une analyse approfondie du contenu des quelques placards. Rangés par catégorie, il est plutôt facile de se retrouver dans cette organisation qui me paraît optimale et sélectionne sans peine deux légumes, un féculent et une légumineuse que j'étale sur le plan de travail. Pour le reste, j'imagine que le processus n'est pas bien différent de la préparation d'une potion. C'est la première fois que je cuisine pour autrui ; à vrai dire, c'est même la première fois que je cuisine tout court. L'analyse des ingrédients me révèle qu'ils ne possèdent pas tous la même dureté ; d'expérience après sept années de potions je choisis de partir du principe que les plus denses et résistants au contact seront les plus longs à cuire. Je place donc les haricots secs dans le petit chaudron bouillonnant jugeant inutile de les écraser ou de les couper, puis passe à la préparation de la carotte dans laquelle je détaille des rondelles de taille identique au cas où cela influerait sur le résultat final. Vient ensuite la pomme de terre pour laquelle je peine à façonner des cubes d'apparence homogène et le tout bouillonnant depuis une vingtaine de minutes, j'y ajoute en dernier la courgette coupée de la même façon que les ingrédients précédents. Me souvenant de la remarque du sorcier sur les textures, j'espère à ce moment-là que l'apparence et la taille des différents morceaux jouera aussi sur le rendu en bouche.

Après avoir laissé le contenu de mon chaudron sur le feu durant dix-huit minutes supplémentaires -temps décidé arbitrairement en l'absence d'une recette proprement écrite, j'y verse une partie de mon infusion au jasmin pour l'assaisonnement et y ajoute une bonne cuillérée de sel.

Si je ne trouve pas d'avenir dans le monde des potions, je pense que je peux me reconvertir en cuisinier : c'est au final un art bien similaire et tout aussi passionnant. Avant d'apporter son repas à mon hôte, je dresse au mieux le contenu de mon chaudron dans un petit récipient et tâche d'y séparer les ingrédients entre eux pour éviter une agression en bouche due à de possibles variations de textures. Ceci fait, je lui apporte et après une brève explication du contenu de la préparation, je prends congé. « N'hésitez pas à faire appel à moi si je peux vous aider d'une quelconque autre manière. » Mes pas me guident vers la cuisine où je nettoie minutieusement l'intégralité du matériel utilisé puis, repassant dans ma cabine je saisis un petit calepin et un crayon et part me poser à l'arrière du bateau, où je devrais avoir une bonne visibilité pour dessiner les heures suivantes, si je ne suis pas interrompu. Mes dessins de paysages irlandais me tiendront occupé jusqu'à Enniskillien, la première étape de notre voyage.

NB : Le plat est aussi mauvais qu'il en a l'air. On ne peut pas être bon dans tous les domaines, désolé.

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09 août 2022, 11:00
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Hésitant, il se demanda s’il aurait dû l’accompagner ou du moins lui donner des indications plus précises, mais si Ada avait fait une telle proposition, c’est que la préparation culinaire était dans ses cordes… en réalité, l’adolescent n’en sait trop rien, ne connaissait son partenaire de voyage au point de supposer juste à tous les coups. Ayant appris quelques bases depuis qu’il avait quitté l’internat où tout tombait tout cuit dans la bouche des élèves, Hjúki était à présent capable de se débrouiller, mais pour développer ces qualités à Poudlard, c’est qu’il fallait être intéressé et investi dans une recherche d’autonomie lors des congés ou de son temps libre. Il n’avait jamais osé à l’époque demander des astuces aux elfes des cuisines qui devaient pourtant connaître moult recettes et procédés. Surtout que si cela se rapprochait de la confection des potions, cela signifiait qu’il suffisait de peu pour dévier du résultat exact et obtenir un mélange inadéquat. Tentant de se persuader que tout ira pour le mieux, sa concentration se redirige sur la gestion de la navigation, ne parvenant toutefois pas à taire la conscience de l’avoir possiblement laissé en terrain inconnu à hostile. Les discrets relents d’un parfum familier lui rappellent doublement un mirage, celui de cette frêle mais farouche créature dégageant cet arôme floral, et qui lui avait déjà exposé… Frissonnant, il couvre à de multiples reprises ses Perles-de-Nótt, espérant par la pression de ses paupières faire barrage aux images que sa mémoire tente inconsciemment de dépoussiérer. Il assume sa décision de ne pas avoir initié une fictive tabula rasa sur les conséquences de sa juvénile bêtise, autant avoir tous les arguments de ne pas retomber en un tel piège. Ne jamais laisser trop vite s’effriter la distance.

Sentant la fragrance s’intensifier, le jeune Anastase plisse le nez, comme si cela aurait quelque effet notable, et constate que cela provient non du thé de Ada, mais du repas concocté. Son esprit réfractaire peine à assimiler l’idée de parfumer ainsi un plat, mais si c’est une pratique familiale, testée et approuvée… en bref, sûrement juge-t-il trop hâtivement. Ayant exprimé ses remerciements, Hjúki alterne d’abord sa respiration entre le nez et la bouche pour s’accoutumer progressivement aux notes de jasmin qu’il détecte dans l’amalgame des saveurs, parfaitement conscient de la grande impolitesse que ce serait que de se couper l’odorat au cas où. Ce n’était pas un médicament et il devait faire confiance avant d’émettre une opinion définitive, même si certains éléments en bouillie ou engorgés paraissent douteux au premier regard. Goûtant du bout de la langue divers morceaux, sa circonspection devant la cuisson d’il ne sait combien de sabliers à l’eau puis au thé est de plus en plus justifiée. Il avait depuis longtemps accepté que chacun avait sa cuisine, celle d’Opa était celle d’Opa, mais en dépit de ses expériences hors de chez soi, que ce soit au château ou chez les Swan, il n’avait jamais rien mangé de tel. Soit Ada avait des goûts très divergents des siens, soit la part laissée à l’improvisation avait été un chouilla excessive. Enfin… tout s’apprend. L’adolescent décida de laisser son hôte tranquille pour l’instant et, ignorant si cette mixture l’avait sustenté, entreprit plutôt de préparer leur excursion à venir en intégrant des encas à la composition un peu moins audacieuse au cas où un manque d’énergie se ferait ressentir, comptant se remanifester une fois accostés, ce qui devrait arriver bientôt dans l’après-midi.

13 août 2022, 18:33
Couleurs d'un monde nouveau  Irlande   + 
Après quelques heures d'un travail particulièrement minutieux, les paysages irlandais se précisent sur ma feuille de papier, gagnant encore et encore de nouveaux détails jusqu'à ma capitulation face à une insatisfaction grandissante. J'ai encore beaucoup de progrès à faire mais avec le long voyage qui nous attend, je devrais pouvoir remplir ce carnet de nombreux souvenirs -même si certaines œuvres me feront probablement grincer des dents plus tard quand mon art se sera perfectionné.

D'abord imprécise, Enniskillen se dessine au loin et se rapproche après avoir longé plusieurs petits villages plus ou moins impressionnants par leur taille et architecture. Tandis que cette première escale se précise et malgré toute ma fatigue, je trépigne d'impatience autour de Hjúki Anastase alors que le voilier s'engage dans un petit bras de rivière pour rejoindre un port tout aussi minuscule.

« J'ai envie de partir en exploration ! Peut-on se retrouver d'ici deux heures, peut-être pour le circuit de Cuilcagh Boardwalk que vous aviez évoqué ? A moins que celui-ci attende demain, si la promenade risque d'être longue ? » Avec honte, je songe au fait que ma préparation de ce voyage a été plutôt bancale malgré mon grand besoin habituel d'une organisation parfaite et complète. Il semblerait toutefois que je sois plus enclin qu'à l'accoutumée aux imprévus et à ce qu'ils apportent. Le vent qui souffle sur mon visage et agite mes cheveux ressemble à un vent de liberté rarement ressenti jusqu'ici, et j'ai envie d'en profiter.

Après m'être provisoirement séparée de mon compagnon de voyage, je m'engage dans les rues d'Enniskillen à la recherche de découvertes intéressantes, mon casque anti-bruit bien enfoncé sur mes oreilles pour échapper aux publicités criantes sur les murs de certaines maisons et au brouhaha d'une ville agitée malgré une population modeste. Peu familière de la vie moldue après avoir grandi à l'écart de tout dans une famille sorcière, les hauts bâtiments et toutes les boutiques propres au commerce des personnes non-magiques me sont aussi impressionnants qu'intimidants.

La visite d'un centre commercial où le port du casque anti-bruit se révèle plus indispensable que jamais est aussi riche d'enseignements. Je me retrouve rapidement embrigadée par une vieille femme trop petite pour attraper certains articles en hauteur et suis invitée à la suivre dans les rayonnages tandis qu'elle remplit progressivement sa cage métallique sur roues de nombreux articles. Arrivés aux caisses, j'observe avec une curiosité non dissimulée la dame nourrir un gigantesque robot avec de la monnaie moldue qu'il avale goulument, en échange de quoi je l'aide à ranger ses courses dans des sacs. Je ressors de cette étrange expédition avec un billet froissé glissé dans ma poche et une boîte de chewing-gum chaleureusement offerts par la femme reconnaissante.

Un peu de repos est ensuite bienvenu et c'est au Forthill Park que je trouve de la verdure et du calme. La pelouse bien entretenue comprend quelques petits robots sur roues parcourant le terrain en arrosant et coupant une herbe déjà bien asséchée pour un début de mois de juillet. Non loin, un vieil homme assis sur un banc avec un enfant grommelle sur une époque qui était mieux avant. Sa main tachetée et ridée tire sur un large plastique d'où sort une friandise qu'il dévore entre deux grognements.

L'heure tourne et les passants se succèdent dans le parc, je prends plaisir à observer chacun d'eux et à leur imaginer une vie, un métier et une famille. L'heure tourne et un désert prend place dans le parc. J'ai tardé, peut-être un peu trop. Un regard à ma montre m'indique qu'il est tout juste l'heure.

Il est temps de rejoindre Anastase. Sur mon trajet, je ramasse l'emballage de friandise abandonné au sol, curieux de cet artefact inconnu.

« J'ai ramené du chewing-gum moldu, vous en voulez ? » proposé-je à l'approche du jeune sorcier.

Reste à voir ce que notre programme nous réserve -dans tous les cas, l'heure du thé approche et celle du coucher sera bienvenue après un dîner que j'espère copieux. Je réalise que je n'ai pas mangé un seul morceau de la journée par pur oubli. C'est justement pour éviter ce type de situation que j'ai d'ordinaire un planning très bien organisé -j'en oublierais aussi de boire si ce n'était pas le cas. Ai-je bu par ailleurs, en dehors de mon thé ?
Le ciel tourne autour de moi, j'aurais bien besoin de m'asseoir un peu.

♦ Étudiant.e à l'IMSM - #b45f06
Appelez-moi Ada ou Lest ! ♦

22 août 2022, 20:05
Couleurs d'un monde nouveau  Irlande   + 
Arrivés à bon port, Ada propose d’emblée de se séparer pour explorer à son aise, ce à quoi Hjúki acquiesce ; ne craignant pas grand-chose en accordant à une personne a priori responsable de déambuler seule. Ayant laissé passer quelques instants après son départ, l’adolescent hésite un peu, le circuit étant reporté à plus tard, il est déchargé du rôle du chaperon et a désormais le champ libre pour s’attarder sur un aspect de son choix en ces lieux. Tant que moins de deux heures sont nécessaires, gardant en vue l’importance de respecter l’horloge de son hôte. Se saisissant de l’un des guides de la région, il le feuillette jusqu’à trouver la carte locale et les indications autour d’une curiosité dans le coin sur laquelle il avait marqué l’intention de s’y attarder si possible. Bien qu’il eût bien moins sillonné l’Irlande du Nord que la partie méridionale de l’île lors de son enfance, le jeune voyageur était conscient que les constructions séculaires datant d’avant la scission de cette terre ne trancheraient probablement pas tellement avec ce qu’il aurait pu déjà contempler. Chaque architecture étant unique, cela n’enlevait rien à son souhait d’observer celle se trouvant à Enniskillen : avoir déjà visité la Notre-Dame de Paris ne retient pas de découvrir d’autres cathédrales gothiques, diront les Français. Du moins se l’imaginait-il.

S’étant dirigé vers le nord, en direction de Devenish Island, le jeune Anastase arriva bientôt aux abords du site historique installé sur cet îlot, entre ruines effondrées et pans encore debout. Concédant que ce monastère n’était guère fonctionnel à l’état de ruines, Hjúki tenta tout de même de visualiser son apparence et surtout son animation du temps où les gens qui se promenaient ici n’étaient pas seulement des visiteurs mais également des résidents. S’étant renseigné, il savait que des refuges de cette nature encore actifs actuellement existaient, pour y prendre une retraite, qui que l’on soit. Même si quelques monastères étaient tombés en décrépitude, à l’image de celui qui se tenait sous ses yeux, ce mode de vie coupé des hallucinations du monde n’avait pas complètement disparu. N’était-il déjà pas un peu ermite, à avoir essayé de limiter au strict minimum ses rapports avec les entités extérieures depuis qu’il s’était retiré de la société des sorciers ? Néanmoins, l’adolescent n’avait pas encore osé passer le pas de toquer à l’une de ces portes pour en expérimenter l’atmosphère. Son imprégnation de paganisme était trop forte pour s’assurer de ne pas verser dans l’indécence, même si les croyances anciennes celtiques et irlandaises n’étaient pas forcément à dissocier entièrement du christianisme, avançaient de petits encarts du livre, se gardant bien d’approfondir la question.

Observant la rotation de l’ombre du morceau de bois qu’il avait planté à portée de vue, Hjúki se mit sur le retour à temps pour ne pas alarmer son partenaire de traversée par quelque retard. Alors qu’il avait compté sur sa légère avance pour s’occuper enfin d’ajuster son plat, Ada se présenta avant d’avoir eu l’occasion de sortir ses fioles avec une étrange offrande.


« Non merci, je n’arrive pas à garder longtemps en bouche une gomme non comestible, alors que c’est précisément le principe de ces… choses. »

Il déclina ainsi poliment sans la moindre once d’hésitation, étant parfaitement conscient de son aversion pour les friandises, qu’elles contiennent de la magie ou non.

« J’allais m’occuper d’imprégner le récipient ovale, qu’il soit prêt pour ce soir. J’ai compris que vous étiez particulièrement couche-tôt, j’imagine que les promenades à l’heure de la nuit naissante ne vous correspondent pas trop… Nous pourrions reporter notre marche au jour naissant, demain matin ? D’ailleurs, j’aurais voulu vous donner de l’eau et un encas au cas où juste avant que vous partiez à l’aventure, est-ce que c’est tout de même allé ? »