J'avais hâte de jouer aux Bavboules. J'ignore pourquoi mais je le sentais. Aujourd'hui, j'allais obtenir ma première victoire. C'était décidé ! Je le sentais au plus profond de moi. Ce jour était pour moi. Gaiement, je me suis levée bien avant bon nombre de personnes, trop excitée pour dormir plus longtemps. Et puisque l'excitation me prenait de plus en plus, j'ai décidé de me promener un peu pour me calmer et surtout pour ne pas réveiller mes camarades de dortoirs.

Me promenant alors dans les couloirs, je réfléchissais intensément à la stratégie que j'avais mise en place. J'étais persuadée qu'en jouant de cette manière, j'allais pouvoir l'emporter. Qu'importe ce que l'on pouvait me dire, j'étais certaine qu'une bonne stratégie était essentielle pour remporter un match de Bavboules. Je sortis, cependant, rapidement de mes pensées lorsque je vis au loin une silhouette qui me paraissait connue. Je sors alors vivement mes mains de mes poches pour saluer - je le crois - une amie qui sort - il me semble - des toilettes des filles ?

Mais j'ai totalement imaginé la scène. Puisque ce n'était pas elle. Et pire que ça même. J'entendis, à ma plus grande horreur, que mes bavboules dans l'élan que j'ai pris, se sont évadées de mes poches pour tomber dans les escaliers se trouvant juste derrière moi. Je me fige sur place, mes yeux s'arrondissent alors que je prends conscience de l'erreur que je venais de faire. Je me tourne lentement, tel un robot, et entendis les Bavboules descendre et épouser chacune des marches de ces interminables escaliers du quatrième étage jusqu'au hall d'entrée dans un bruit totalement assourdissant.

On va me tuer....

Paniquée, je me mets alors à courir derrière mes Bavboules et agite les bras dans tous les sens dès lors que je vois quelqu'un emprunter les escaliers. Et pour espérer les prévenir, je me mets à crier de toutes mes forces :

- POUSSEZ-VOUS ! MES BAVBOULES SONT DEVENUES TOTALEMENT FOLLES !

@Maddie Joy, @Ellana Collins, @Charlotte Dwight, @Herminie Peers, @Kate Hunter, @Elian Kernac'h : j'espère que cela vous conviendra et si l'un d'entre vous souhaite se mêler à cette folie, n'hésitez surtout pas

Quelque part dans un dortoir de Poufsouffle, un horrible fracas retentit. « ATTENTION AU TRAIN ! » brailla Elian dans un mouvement de panique, prit au piège dans ses draps. Il observa autour de lui, visiblement encore peu réveillé. Le bruit tonitruant, très sec et arythmique continuait sa lancée et semblait même se rapprocher ! Après s'être extirpé de son lit - pourtant bien confortable - dans l'urgence, le garçon observa par la petite fenêtre ronde, supposant surprendre des grêlons de la taille d'un vif d'or. Rien. Est-ce que de la grêle tombait dans la Grande salle ? Jamais l'étudiant n'avait été témoin d'un tel comportement de la part du plafond... Il se proposa pour aller vérifier, la curiosité prenant le pas sur la peur d'être frappé par la foudre ou peu importe ce à quoi ce bruit le préparait. Il s'enroula rapidement dans une couverture et s'engagea pieds nus dans le terrier, cheveux en pétard et yeux plissés par la violence des tous premiers rayons du soleil s'insinuant dans la salle commune. Plusieurs autres camarades vêtus de leurs pyjamas s'étaient rassemblés dans la même expression ahurie. Qu'est-ce qui pouvait bien produire ce son tout droit sorti des enfers à une heure pareille..?

Elian s'extirpa de la porte en tonneau et gagna le hall d'entrée du château, d'où provenait cet atroce réveil. Maintenant son châle improvisé sur ses épaules, il progressait sur le sol marbré. Peu importe ce que c'était, le bruit semblait s'éterniser dans le silence de plomb et surtout se rapprocher de plus en plus... Qui pouvait bien s'amuser à réveiller le château de cette façon en pleine semaine, et surtout pendant les derniers jours de révision avant les examens ? Elian commença à s'engager sur les marches pour essayer de surprendre un quelconque coupable en levant la tête, quand il dut esquiver soudain une boule sautillante sous l'effet de son élan. « Hein ?! » Dans une grimace figée, le jeune sorcier observa la sorte de balle rouge dévaler les dernières marches du grand escalier et s'arrêter en contrebas. Il redescendit pour la saisir dans sa main mais quelque chose l'interpella du coin de l'œil, outre le vacarme qui se rapprochait encore : la boule colorée n'était visiblement pas venue seule. Un flot de balles terminait son chemin sur chacune des marches du grand escalier, une jeune sorcière courant après elles. La voix de cette dernière se fit alors entendre dans tous le hall.

Ses paupières clignèrent rapidement devant ce spectacle déroutant. Des Bavboules ! Bien sûr que c'était des Bavboules... Il relâcha celle qu'il tenait entre les mains, visiblement apeuré par la mise en garde et décida de se décaler pour ne pas à avoir à esquiver ces véritables munitions ambulantes. Elian reconnaissait la petite sorcière, il avait assisté à sa répartition dans la maison de Poufsouffle. Si une préfète se levait... Il se baissa pour éviter de peu une énième Bavboules en s'approchant. « ALORS C'ETAIT ÇA TOUT CE BOUCAN ?! JE CROIS QUE JE SUIS DEVENU SOURD ! » s'écria-t-il à travers le bruit sec des derniers rebondissements et avec le sourire de quelqu'un qui ne s'inquiétait définitivement pas assez du fait d'être devenu sourd. A vrai dire, il avait pensé à une armée de Trolls des montagnes ou quelque chose dans ce genre-là.

J'étais totalement paniquée. J'allais finir par réveiller tout le monde. J'allais finir par alerter les préfets des différentes maisons puis les préfets-en-chef puis les professeurs puis les directeurs de maisons et même... Je me raidissais à mesure que j'y pensais. Tout le monde allait l'apprendre et j'allais finir en retenue. Mes parents seraient déçus et mes grands-parents encore plus. Et si par le plus grand des malheurs, on décidait même de me renvoyer ?

Ne mets pas la charrue avant les hippogriffes, Mary !

J'essaie de me rassurer comme je le peux mais je vois bien les regards que l'on me lance pour les plus curieux qui se sont précipités pour comprendre ce qu'il se passait. Jusqu'à ce que je croise le chemin et le regard d'un Poufsouffle. Je l'ai déjà croisé plusieurs fois. Il s'appelle Elian, il me semble. Et il est bien plus âgé que moi. Je m'attendais à ce qu'il me dispute mais je le vois sourire alors qu'il hurle être devenu sourd. Je me sens soudainement affreusement coupable et m'arrête donc à sa hauteur pour m'incliner et lui demander pardon.

- Je suis sincèrement désolée. Cela n'aurait jamais du arriver, elles sont tombées de ma poche sans que je le veuille. Mais elles sont trop rapides, je n'ai pas réussi à les rattraper. Je demanderais à mes parents de te payer les frais médicaux pour tes oreilles...

Je relève la tête, les larmes aux yeux, prête à pleurer tellement je me sens coupable d'un tel bazar.

- Je suis désolée... Vraiment désolée...

Ce matin-là, Orla marchait d'un bon pas en direction de la Grande Salle. Elle tenait du bout des doigts le parchemin qui servirait de réponse à la lettre que lui avait adressée son grand-père. Grand-père inconnu aux bataillons il y avait encore quelques mois. Grand-père dont elle n'avait jamais lu le prénom. Grand-père LeFer.

Que faisait-il ? Où était-il ? Avait-il des animaux ? Des chats, des chiens, des kangourous peut-être ? À quoi pouvait ressembler cette fameuse demeure dans les Highlands ? Le connaissait-on dans ce coin du pays ? Tant de questions sans réponses, qu'elle s'était efforcée de garder au strict minimum dans sa lettre. Il ne s'agissait pas d'être envahissante par écrit. Cela, elle le garderait pour quand elle le verrait en chair et en os. Mais le verrait-elle un jour ?

Toutes ces considérations furent brutalement interrompues par un bruit. Ou plutôt, des bruits. Ou mieux, un fracas de multitude de sons qui semblaient s'entrechoquer et briser le tissu de la barrière du son et qui... Orla s'arrêta net en voyant la source – les sources, du bruit (non, des bruits... etc.) Pause. Est-ce que ce ne serait pas...

– Des Pafbulles !

Orla poussa un cri d'allégresse et fonça pour en rattraper le plus possible. Il y en avait une, trois, cinq, dix ! Toutes roulaient dans des directions différentes, Orla ne savait plus où donner de la tête. Elle n'avait jamais joué aux Pafbulles (titre non contractuel), et voilà qu'il semblait en pleuvoir des dizaines ! Mais d'où pouvaient-elles bien venir ?

Alors qu'elle était encore baissée pour ramasser les Pafbulles, Orla vit un peu plus loin son amie Mary parler à un garçon bien plus âgé. Orla fronça les sourcils, avant de se rendre compte que son amie semblait s'épancher en excuses. Peut-être que ça venait d'elle, les Pafbulles ? Il n'y avait qu'une manière de le savoir, d'autant que le garçon était peut-être en train de houspiller sa copine, et, foi de LeFer, personne n'houspille sa copine !

Orla s'avança vers le duo, les poches pleines à craquer de ce qu'elle s'obstinait à appeler dans sa tête des Pafbulles, mais qui était bien des Bavboules. Elle tapota l'épaule de son amie :

– Salut Mary ! Ça va ? Elles sont à toi, les Pafbulles ? Je t'en ai ramassées quelques unes.

Elle se tourna vers le garçon et lui adressa un sourire, sans vraiment savoir ce qu'elle pourrait bien ajouter. C'étaient seulement des Pafbulles, quoi ! Pas la peine d'en faire tout un plat.

Je ne savais plus où me mettre, j'étais si gênée. Je ne voulais pas qu'Elian m'en veuille. Mais j'avais aussi peur qu'il soit réellement affaibli à cause du boucan que j'avais provoqué. Je ne savais donc pas ce que je pouvais faire pour me faire pardonner. Est-ce que je devrais prévenir mes parents ? Pour une histoire de Bavboules qui tombent de mes poches et roulent de manière incontrôlable dans les grands escaliers de l'école ? C'est certain que mes frères aimeront cette histoire et m'en parleront souvent. Même pour toujours. Je les connais, ceux-là !

Le désespoir commençait donc à planer autour de moi jusqu'à ce qu'une lumière m'éblouisse, celle d'un ange tombé du ciel pour me porter secours. Et cet ange n'était autre qu'Orla. Ma bonne amie, mon excellente amie Orla ! J'avais presque envie de plonger dans ses bras quand je la vis apparaître dans mon champ de vision. Elle est douée pour apparaître quand j'ai besoin d'elle. Depuis notre toute première année, j'ai toujours pu compter sur elle. Mais je me retiens tout de même de m'accrocher à elle comme un bébé pourrait le faire avec sa maman. D'une parce qu'elle n'est pas ma maman, et de deux parce que je ne suis pas un bébé. Alors, un peu de tenue ! Surtout devant Elian !

J'eus à peine le temps de sourire à Orla que la suite de son intervention verbale me choqua tellement que je perdis les mots. Je la fixais, simplement. Je clignais des yeux aussi, comme si le fait de faire cela allait m'aider à mieux comprendre ce qu'elle venait de dire. Je réfléchissais à toute vitesse, au cas où j'ignorais un terme magique. Mais j'avais beau réfléchir, rien ne me venait.

- Tu... Quoi ?

Elle verra très certainement que je ne comprends rien à ce qu'elle me dit et penche légèrement la tête sur le côté. Je regarde alors un coup Elian comme pour vérifier si lui a compris, avant de reporter mon attention sur Orla.

- Des Pafbulles ?