La météo d’aujourd’hui est comme celle d’hier : triste pour certains, et belle pour d’autres. Aujourd’hui il pleut et ma mère n’aime pas cela. Je la regarde pestiférer contre cette pluie qui ne cesse de se renforcir. Elle voudrait utiliser un sort, je le sais bien. Elle regarde toujours mon père d’un regard suppliant et qui veut dire : « ce serait si simple de l’arrêter ». Mais elle est la seule à le vouloir. Mon père et moi aimons rire de cette hantise qu’elle a. Pour moi, la pluie est douce et agréable. Pour moi, elle est la clef au bonheur de mes plantes. Alors mon père lui répète en riant :

« - Cela ne sert à rien, Mary. Même si je n’y connais rien, la magie n’a sûrement pas été faite pour cela.
- Il y a un sort pour l’arrêter, ça veut bien dire qu’il est nécessaire !
- Nécessaire ou utile ? »

Ma mère hausse les yeux au ciel et repart dans sa chambre lancer quelques sorts pour se défouler. Je regarde mon père en souriant, appréciant cette complicité que nous avons, puis me dirige vers le bar de la cuisine. Sur celui-ci est posée ma truelle jaune et noire que je venais d’amener à ma mère pour qu’elle la répare. Un petit « Reparo » lancé, et voilà qu’elle est comme neuve.
Je quitte à mon tour le salon et rejoins en courant la petite serre du jardin où je passe la majeure partie de mon temps. Ma mère a fait installer un sortilège de séchage, aussitôt que l’on passe le pas de la porte. Mes plantes n’apprécieraient pas toutes que je rentre trempé, alors ce système est plutôt apprécié.

Ma serre est un endroit tellement reposant pour moi. Je peux y passer des heures. J’ai démarré il y a peu une collection de succulentes car je les trouve sublimes et aux caractéristiques multiples. Mon père m’en ramène parfois lorsqu’il voyage. Elles ont toutes leur petit coin respectif, et ne manque de rien.

Il est déjà 20 heures, et cela fait déjà 4 heures que je suis enfermé au milieu de mes plantes. L’humidité est contrôlée par un système que mon père a fait installer et je sais qu’il ne faut pas que j’abuse. Mais depuis quelques minutes, je remarque qu’une de mes plantes ne veut pas manger, et je ne trouve pas d’explication à ce phénomène.
Mon père entre soudainement dans la pièce, le sortilège de séchage se met en route et me fait bondir de surprise.

« - Papa ! Je t’ai déjà dit de ne pas rentrer si brusquement ! Tu vas faire peur aux plantes !
- Lukas, les plantes n’ont pas "peur" !
A cette remarque, je hausse les yeux au ciel, piqué par l’ignorance de mon père.
- Et puis, il est l’heure de rentrer. Ca fait des heures que tu traines ici, reprend-il.
- Non, pas encore.., supplai-je, regarde, ma plante ne veut plus manger !
- Oui, et bien c’est aussi l’heure pour toi de manger. Allez, sors d’ici !
Mon père s’approche de moi pour me tirer par le bras, et je tente de m’en échapper.
- Lukas, tu vas te calmer, oui ! »

Mon énervement et ma peine me font crier pour qu’il comprenne.
Soudain, une plante un peu plus loin se met à vibrer, ses tiges tremblent et semblent s’allonger. D’un coup, toutes les tiges de mon Trachyandra bondissent jusqu’au plafond de ma serre et brise le verre.
Mon père et moi hurlons de peur, et nous voyons ma mère arriver en courant. Elle sort sa baguette, la dirige vers ma plante et articule :

« - Reducto !
La plante reprend sa forme initiale et reprend sa vie comme si rien ne s’était passé. Choqués, mon père et moi regardons ma mère qui reprend ses esprits.

- Mary ? C’était… ?, balbutie mon père
- Oui, John, comme je t’en avais parlé… C'était possible que cela se produise un jour.

Ma mère s’approche de moi, s’agenouille à mon niveau, pose ses mains sur mes épaules avec un léger sourire et me sort d’une voix rassurante :

- Tout va bien mon chéri. Te voilà sorcier, comme moi.
Face à mon regard d’incompréhension, elle continue :
- Il y en aura d’autres des moments comme ça, mais il faudra apprendre à les contrôler… Mais surtout à contrôler tes émotions, fit elle en insistant son regard sur mon père.

Aujourd’hui était un jour spécial. Ma plante pourtant sans pouvoirs, venait d’avoir subi un changement magique. Elle, tout autant que moi.