Aelle lui jette à peine un regard et hausse les épaules avant de se lever. Elizabeth comprend le message et l'imite, rangeant sa baguette dans sa sacoche dans le même mouvement.

- Sans plaisir, Eléonore Le Gall, raille la sixième année en écorchant son prénom.

Cette réplique tire une grimace mi-penaude mi-amusée à la Serdaigle, une petite grimace qui dit « Bah, à quoi je m'attendais ? »

- C'est Elizabeth, rectifie-t-elle néanmoins.

Elle ne sourit plus, mais son visage arbore toujours cet air de béatitude sereine. Elle marque une pause et rajuste la sangle de son sac sur son épaule.

- Si jamais, un jour, tu veux… commence-t-elle.

Mais elle s'interrompt bien vite et se mordille l'intérieur de la joue d'un air perplexe. Qu'est-ce qu'elle s'apprêtait à proposer ? D'autres cours particuliers ? Une aimable conversation ? Ce n'est pas parce qu'elle-même a apprécié l'entrevue qu'il en va de même pour la Poufsouffle ; on aurait d'ailleurs plutôt tendance à croire l'inverse.

- Je ne suis jamais très difficile à trouver, conclut-elle sans avoir précisé sa pensée. Au revoir, salue-t-elle brièvement avant de tourner les talons.

Avec tout ça, elle n'a pas mangé. Mais il est hors de question de s'asseoir et de prendre son petit déjeuner comme si de rien n'était. Alors elle fait un rapide crochet vers la table la plus proche et ramasse une pomme d'un joli rouge et deux morceaux de pain, qu'elle enveloppe dans un mouchoir et fourre au fond de son sac. Elle mangera plus tard, et ailleurs.

L'invitation est aussi valable pour toi, Plume ! Ce serait un réel plaisir d'écrire de nouveau avec toi.
Fin pour moi ! Un énorme merci, j'ai adoré te lire et te répondre.

La rectification me fait grimacer. Elizabeth ? Peut-être. Éléonore, Elizabeth, ce n'est pas bien différent. L'erreur me déplait cependant, d'autant plus que j'ai prononcé son identité, sa fausse identité, avec une confiance monstre qui rend sa rectification plus sévère encore. Mes lèvres se pincent, mon nez se froisse ; je suis vexée. Mais Le Gall ne sourit pas, aucune trace de moquerie sur son visage. Elle se contente d'énoncer une vérité sans faire fi de ma bêtise, ce qui est plutôt rare. Je me détends donc même si mon envie de disparaître se fait plus forte encore. Tout plutôt que de supporter son regard sur moi plus longtemps.

Elle a d'autres projets pour moi. Je me demande bien, avec le plus grand des sérieux, pour quelle raison je pourrais avoir envie de la trouver dans un futur plus ou moins proche. Pour quoi faire ? Pour dire quoi ? Attend-t-elle de moi que je vienne la voir dans un ou deux mois pour savoir si ses progrès sont constants ? Pour m'assurer qu'elle ait bien compris ma leçon ? L'espère-t-elle ? Merlin, je ne le souhaite pas sinon il y aura au château une énième personne déçue par ses attentes trop prétentieuses. Je n'ai pas beaucoup de raison de vouloir lui parler un jour ; elle n'a pas fait grand chose pour s'attirer mon intérêt, après tout, et le fait qu'elle ait été moins insupportable que ce que j'attendais d'une enfant de son âge ne change pas ce fait. Et puis ça veut dire quoi « je ne suis jamais très difficile à trouver » ? Je n'ai absolument aucune idée de ce qu'elle fait de son temps libre et si ce n'est sur les heures de cours ou les temps de repas, je ne saurai pas où la trouver.

J'abandonne l'idée de lui dire tout cela : ce n'est guère important. Je hausse de nouveaux les épaules et réponds à son salut par un geste du menton. Le genre qui dit : oui, oui, c'est ça, au revoir. Je la regarde s'éloigner. Elle parait si petite, si peu importante. Difficile de croire qu'une si petite chose puisse être douée de magie.

J'attends qu'elle ait quitté la Grande Salle pour lui emboîter le pas, cela nous évitera la gêne de nous retrouver dans le hall sans savoir que nous dire. Son souvenir se dilue rapidement dans les nombreuses pensées qui me traversent toujours l'esprit. Il se noie dans mes préoccupations à propos de mes recherches de la journée et du devoir de Sortilèges que je dois rédiger tout à l'heure ; totalement éclipsé par les réminiscences de mon rêve qui me rappellent que l'aventure du train n'est pas très loin derrière moi et que je ne risque pas de l'oublier de sitôt.



L'invitation est acceptée avec plaisir ! J'ai vraiment beaucoup aimé écrire avec toi et j'ai hâte de revoir nos Protégées ensemble.
Merci pour tout et à bientôt !