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01 août 2022, 12:56
Professeur Bristyle  privé 
Dimanche 28 avril 2047
Heure du petit déjeuner
Grande Salle
Avec @Aelle Bristyle


Le moment était arrivé. Aujourd'hui, Elizabeth se préparait à avoir une conversation très importante. Assise ici depuis un bon moment, elle n'avait pourtant pas mangé, de peur de manquer l'arrivée de la personne à qui elle souhaitait parler. Elle fixait l'entrée en se mordillant la pulpe du pouce gauche.

Enfin elle entra. Elizabeth laissa retomber sa main alors qu'elle suivait du regard la silhouette qui traversait la Grande Salle. Elle lui laissa le temps de s'installer, puis se leva. La Serdaigle tira sèchement ses cheveux en arrière pour former une queue de cheval sévère et rajusta la besace en cuir qu'elle portait en bandoulière de façon à ce que le poids tombant sur sa hanche ne la gêne pas. Elle traversa la salle à grands pas. À mesure qu'elle s'approchait de son but, le nœud dans ses entrailles se resserrait et le tumulte du sang dans ses oreilles s'intensifiait au point de couvrir le brouhaha des conversations entre élèves. Elle atteignit la table de Poufsouffle bien plus vite que prévu. La première année s'assit en face de la jaune en tentant de rassembler ses pensées.

- Bonjour, Aelle Bristyle, salua-t-elle d'une voix mesurée, en totale contradiction avec la débandade qui régnait sous son crâne. J'espère que je ne te dérange pas. Je m'appelle Elizabeth Le Gall.
Dernière modification par Elizabeth Le Gall le 21 févr. 2023, 22:36, modifié 2 fois.

3ème année RP / #018e6b

04 août 2022, 16:16
Professeur Bristyle  privé 
Dimanche 28 avril 2047
Grande Salle — Poudlard
6ème année



Tendre la main, attraper la carafe de jus de citrouille, s’en servir une rasade, reposer le tout tandis que de mon autre main j’effectue un sortilège pour attirer à moi la panière de brioches. Mes gestes sont mécaniques, effectués avec un habitude vieille de six années et une désinvolture presque arrogante. Je ne prête guère attention à ce que je fais ni même à ce qu’il se passe autour de moi, tout simplement parce que j’ai la tête pleine de rêves et que mes doigts sont impatients de se serrer autour d’une plume, que mon esprit a faim de lecture et d’apprentissage. Mais puisqu’il faut bien vivre, je me nourris de brioches et je m’accroche à ma fourchette pour tenter de repousser les bribes de mon rêve qui ne veulent pas me lâcher. J’ai encore vu dans mes songes ce mastodonte de pierre ; il tombait de haut, du pont qui s'écroulait, et il tombait sur moi. Je suis morte dans mon rêve, je me suis réveillée en sursaut et j’ai mis plusieurs secondes à comprendre que les événements du train étaient derrière moi.

Je m’en veux d’enchaîner les cauchemars comme je le faisais étant plus jeune. Des chuchotements oniriques accompagnent toutes mes nuits et rendent mon sommeil plus fragile qu’il ne l’était déjà. Je me trouve minable de rêver de la sorte alors que le danger n’existe plus et que tout s’est bien terminé. Je ne comprends pas pourquoi j’y pense, ni pourquoi les autres en parlent tellement. Comme si ça les rassurait d’évoquer la catastrophe et de ressasser ce que nous avons vécu. Ils ne comprennent pas que le salut vient avec l’oubli. Je les méprise comme je me méprise.

Agiter ma baguette magique, faire venir à moi la théière, remplir ma tasse et jeter un regard morne à la fille qui vient de s’asseoir juste en face de moi alors que, Merlin !, nous sommes dimanche et que la table pullule de places libres ! Mes yeux s’accrochent à ses lèvres lorsqu’elle prononce mon prénom et je devine instantanément que je vais détester l’échange à venir. Sa tronche m’est inconnue mais elle, elle connaît mon prénom et mon nom de famille — qu’elle emploie tout ensemble, ce qui est bizarre. Cela signifie qu’elle a entendu parler de moi grâce aux rumeurs (celles concernant les chinois ou une autre qui traîne dans les couloirs ?) et qu’elle ne me veut donc pas du bien. Je me crispe et serre les mâchoires pour accuser le coup.

« ... J'espère que je ne te dérange pas. »

Et bien si, en fait, tu me déranges.
Je fronce les sourcils, toujours aussi étonnée de voir à quel point les Autres sont incapables de réfléchir d’eux-même. Nous sommes dimanche matin, il est tôt, je déjeune et je ne la connais pas… Évidemment qu’elle me dérange !

La suite ne vaut même pas la peine d’être écoutée. Je me tape de son identité comme de mon premier chaudron. Au moins a-t-elle l’intelligence de se présenter décemment et je peux désormais mettre sur ce jeune visage un nom : Le Gall… pour ce que ça peut me faire ! Et elle est vraiment petite, me dis-je en la regardant bien comme il faut. Toute petite, certainement une première année. Elle a vraiment la tête d’une enfant. Et moi, les enfants, ça m’ennuie : ils ne peuvent rien m’apporter.

Je croque vigoureusement dans ma brioche, prends le temps de mastiquer et je fais passer le tout avec une bonne gorgée de thé. Trop chaud ; je grimace et repose la tasse un peu trop brutalement. Une goutte atterrit sur la table.

« D’accord… ? » commencé-je, les deux sourcils se dressant sur mon front.

Merlin, prié-je intérieurement, débarrasse-moi de cet ennuyant encombrement !

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

On peut sans aucun doute entendre dans ma voix un léger agacement qui n’est en rien le reflet exact de la véritable fatigue qui m’envahit à l’idée de devoir repousser, encore, une personne à laquelle je n’ai pas la moindre envie de parler.

Espérons qu'Elizabeth ne pas susceptible, dis-donc ! Et surtout qu'elle soit très patiente.

04 août 2022, 19:36
Professeur Bristyle  privé 
Elizabeth se tend dans l'attente de la réaction de la Poufsouffle. Quelle impudence de sa part de se tenir ainsi devant elle ! Si la moitié de ce qu'on dit sur cette fille-là est vrai, c'est quelqu'un d'extrêmement brillant, mais pas vraiment accessible. Venir lui parler est à l'encontre de tout ce qui est habituellement le premier mouvement d'Elizabeth : être discrète, ne pas faire de vagues, se faire oublier. Mais elle le doit pour se tailler une place dans ce monde - puisqu'il est désormais le sien -, fût-ce à coups de griffes.

Voici le moment où Elizabeth doit s'expliquer. Exposer pourquoi elle a décidé de braver l'aura de solitude et - disons le - d'hostilité qui entoure Aelle. Bien sûr, elle a déjà répété des dizaines de fois ce petit discours dans sa tête, mais au moment de le prononcer, il semble que tous les mots se soient mélangés. La fillette mordille l'intérieur de sa joue et inspire profondément avant de se jeter à l'eau.

- Voilà, révèle-t-elle, il paraît que tu maîtrises exceptionnellement bien ta magie. Et, et moi j'aurais bien besoin d'aide dans ce domaine.

Elle maudit la nervosité qui la fait bégayer comme la dernière des bécasses. Devant Aelle, elle aurait aimé se montrer un peu plus courageuse qu'elle ne l'était. Mais on dirait que l'assurance de la jaune, au lieu de déteindre un petit peu sur elle, lui vole le peu qu'elle a.

- Ma magie à moi fait ce qu'elle veut, continue-t-elle. C'est tellement... aléatoire. Dans sa voix, on entend sa frustration de ne pas réussir à dompter cette force encore toute nouvelle pour elle.

On dirait que cette histoire a envie d'être racontée au présent...
Tu l'auras compris, Elizabeth ne sait pas - encore - que c'est sa baguette qu'elle peine à comprendre, et non sa magie.

3ème année RP / #018e6b

05 août 2022, 09:33
Professeur Bristyle  privé 
Passés les premiers compliments qui font agréablement gonfler mon ego, le doute s'immisce en moi. Je plisse les yeux en écoutant l'enfant me raconter qu’elle a besoin d’aide, que sa magie fait n’importe quoi et qu’elle ne sait pas que faire de ses dix doigts, et surtout de sa baguette magique — ça, elle ne le dit pas, mais c’est facile à comprendre. Ce n’est malheureusement pas la première fois que l’on vient requérir mon aide. Les premières fois, c’était plaisant. L’idée que de jolies rumeurs circulent sur mon compte et profèrent autre chose que des mensonges horripilants me fait sourire ; je suis heureuse que mon talent soit reconnu même si je sais qu’il est mal reconnu. Les on dit dans les couloirs et les il parait me débectent parce qu’ils ont tendance à déformer la réalité et à exciter les esprits sans savoir ce qu’il en est exactement.

Le doute s’immisce donc et aussi discrètement que possible, je regarde autour de moi à la recherche du coupable, celle ou celui qui a fomenté cette grotesque vilenie. Évidemment, je ne trouve personne mais cela n’apaise en rien mes craintes. Le problèmes de mes déboires passés, c’est qu’au-delà de la réputation que j’y ai gagnée — celle qui dit que je suis désagréable et que l’on ne doit pas m’approcher, chose que j’apprécie grandement — c’est que je suis également la cible de moqueries. Et si depuis ma troisième année j’ai cessée d’y porter une réelle attention, cela me joue encore parfois des tours. Comme cette fois-là où un septième année, spécimen moins agaçant que les autres élèves de cette école, est venu me confier un morceau de parchemin sur lequel, disait-il, se trouvait les compliments d’une personne qui éprouvait pour moi une vive admiration. Ce jour-là, j’ai manqué de prudence, je l’ai lu ce parchemin, sans me protéger, et je me suis retrouvée quelques minutes plus tard recouverte d’une substance nauséabonde sous les rires des idiots cachés au bout du couloir. Ils me l’ont dit clairement : « Alors Bristyle, tu fais moins la maline ! », ce qui m’a permis de comprendre qu’ils étaient jaloux de ma renommée, de mon intelligence et surtout du fait que je n’en avais absolument rien à fiche de tout cela. Je me réconforte en me disant qu’ils ont finit par le comprendre lorsque je les ai épinglé dans un coin, le lendemain, et que je leur ai fichu une frousse incroyable avec l’aide de Zikomo… Le Mngwi s’est follement amusé même s’il peine à l’avouer. Et moi aussi.

Le doute s’installe donc en moi face à cette gamine qui pense obtenir de moi une aide quelconque. C’est que l’idée qu’elle puisse croire que je vais accepter est tout de même… Incroyablement hilarante. Est-elle stupide ? Elle n’en a pourtant pas l’air malgré ses balbutiements. Non, le problème c’est qu’elle est pleine d’espoir. Une enfant pleine d’espoir qui pense qu’il suffit de demander poliment pour obtenir ce qu’elle désire. Je vais être dans l’obligation d’anéantir ses espérances — en espérant que cela la garde désormais loin de moi.

Un long soupir franchit mes lèvres. Je baisse les yeux sur mon assiette, fait tourner distraitement ma fourchette entre mes doigts avant de me décider à couper un morceau de lard que j’enfourne dans ma bouche avec le reste de ma brioche. Je déteste vraiment être dérangée durant mon petit déjeuner. Ma bouchée avalée, je repousse mon assiette et dépose enfin mon regard charbon dans celui de Le Gall — qui est tout de même ridiculement petite, si petite que je doute qu’elle ait réellement sa place à Poudlard.

« T’as onze ans, affirmé-je d’une voix désintéressée, peut-être douze… T’as tout le temps que tu veux pour apprendre à la maîtriser alors… Apprends. »

Entendre : apprends par toi-même. Qu’elle se donne les moyens, Merlin ! Même si je veux bien avouer que je salue à la fois son audace et sa motivation. Une jeune personne qui se questionne sur ses échecs sera toujours plus intéressantes que celle qui ne le fait pas. Mais je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle n'a pas suffisamment essayé, qu'elle ne s'est pas assez entraîné, qu'elle fait preuve de faiblesse en venant chercher de l'aide.

« Ici, c’est… Une école, » continué-je en lui lançant un regard entendu, mon sourire virant moqueur. Un nouveau soupir, je secoue vaguement la main devant moi. « Demande à tes professeurs. »

Cela sera-t-il suffisant ? Si je garde le silence assez longtemps, finira-t-elle par partir comme elle est arrivée, sans bruit et sans éclat ?

Le présent, c'est chouett.
Elizabeth est touchante, je l'aime bien !

05 août 2022, 13:36
Professeur Bristyle  privé 
Aelle prend son temps pour répondre. Elizabeth ne la quitte pas des yeux, sur les charbons ardents. Et quand elle entend les paroles de la Poufsouffle, elle est stupéfaite. Du temps ? La moitié de Poudlard a failli mourir la semaine dernière !

- Onze ans, répond la Serdaigle à la question informulée. Mais je... Je ne suis pas sûre d'avoir le temps, continue-t-elle d'une voix vibrante. Je pourrais mourir n'importe quand, non ? Et, le jour où ça arrivera, j'aimerais penser que j'ai au moins une petite chance de l'empêcher, même si elle est infime.

Nous y voilà. La véritable raison qui l'a poussée à venir demander de l'aide à Aelle Bristyle. L’événement qui a changé le demain en maintenant, le besoin en désespoir. Son regard accroche l'endroit où EvalSepulveda s'est tenue, elle et son train de fumée.
Elle n'aime pas y penser, elle l'évite autant que faire se peut. Elle a plutôt bien réussi, ces derniers jours, mais maintenant qu'elle l'a en tête, elle n'arrive pas à l'en sortir. C'est comme un grand tissu noir et poisseux qui lui tombe dessus et dont elle n'arrive pas à se défaire.
Avec un effort, Elizabeth revient au moment présent et à Aelle Bristyle.

- Je voudrais juste comprendre ce qui ne va pas, reprend-elle, et comment je peux l'améliorer. Une fois que j'aurais passé ce cap, je pense que je pourrais avancer seule, mais jusque là...

Elle fait un vague mouvement. L'incapacité d'expliquer précisément son problème fait écho à l'incapacité à le comprendre.

- Je sens ma magie, elle est là, explique la bleue en désignant cette chaleur, sous son sternum, qui ne la quitte jamais vraiment. Mais dès que j'essaie de lancer un sort, c'est n'importe quoi.

Elle secoua la tête pour réfuter la proposition d'Aelle de s'adresser aux professeurs.

- Les professeurs considèrent que mon niveau est correct. J'ai de bonnes notes et tout. Mais moi, je sais bien que ce n'est pas suffisant. Je dois être la meilleure. Sinon, je ne suis qu'une demie-sorcière, un avorton de magicienne. On me l'a assez fait comprendre, ajoute-t-elle sans parvenir à refréner l'amertume qui filtre dans sa voix.

La première année s’interrompt et serre les mâchoires. Quels sont les mots qui pourraient faire pencher Aelle en sa faveur ? Est-ce qu'ils existent même ?

Impression partagée ! J'aime beaucoup Aelle aussi
Dernière modification par Elizabeth Le Gall le 13 nov. 2023, 14:00, modifié 2 fois.

3ème année RP / #018e6b

05 août 2022, 16:58
Professeur Bristyle  privé 
Mon estomac se tord étrangement lorsque résonne le mot mourir dans la bouche de cette gamine. Je déglutis péniblement et échappe à son regard, qu’elle détourne de toute manière. Je feins d’observer mon assiette le temps que s’éloignent de moi les souvenirs qui font échos à ses paroles. Je trouve cela étrange qu’une enfant de son âge ait déjà conscience que oui, elle peut mourir à chaque instant qui passe, au moment où elle s’y attend le moins. Je ne suis pas certaine qu’à son âge je me posais de telles questions. Il m’arrive d’ailleurs encore aujourd’hui de les oublier, ces questions, puisque je me plais à croire que mon talent et mes dons magiques me sauveront de toute manière de la mort. Ainsi qu’une certaine petite goutte que je garde précieusement par-devers moi.

Je gonfle mes poumons et soupire discrètement en regardant Le Gall de travers. Je remarque évidemment le tremblement dans sa voix, comme si elle pouvait se casser à tout instant et la fille fondre en larmes sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Je ne pourrais le supporter. Les mauvais souvenirs semblent lui peser, ce qui n’est pas étonnant vu les événements que nous avons récemment vécus. Mais ses propres angoisses trouvent un reflet chez moi et je n’apprécie guère cela. J’entreprends donc de tenir loin de moi tous ces détails que je capte malgré moi, de sa voix qui tremble à son regard voilé, pour n’entendre que ses paroles et uniquement ses paroles.

Parmi tous les enfants en manque d’attention à Poudlard, il fallait que je récupère celle qui veut être la meilleure, qui ne se contente pas de ses bonnes notes et des compliments des professeurs. Celle, elle me le dit clairement, qui subit les brimades de je-ne-sais-qui. Je crispe les mâchoires, l’agacement pointant le bout de son nez sur mon visage. Je ne suis absolument pas la bonne personne pour réconforter cette gamine ni même pour lui apprendre quoi que ce soit. Je ne suis pas la bonne personne parce que je n’ai pas envie de l’être, parce que sa petite vie ne m’intéresse pas, parce qu’elle n’a rien à m’apporter et parce que ça me fatigue de côtoyer les Autres et leur éternelle fierté si facile à froisser.

« Le problème c’est pas ta magie, dis-je sur un ton plus dur que je ne le souhaite. C’est toi. Si t’es à Poudlard, ça veut dire que ta magie n’a aucun problème. Ce qui cloche c’est ta façon de l’appréhender. »

Que cette gosse ait la sensibilité nécessaire pour avancer dans l’apprentissage de la magie ne me concerne en rien. Je ne comprends pas ce qu’elle attend de moi. Que je lui donne des cours, comme si j’étais une gentille professeure et elle une agréable élève ? Merlin, croit-elle que je vais gâcher mon précieux temps à lui apprendre quelque chose qu’elle devrait comprendre d’elle-même ?

« Tu as raison quand tu dis que tu ne seras qu’un… avorton de magicienne, même si j’aurais pas employé ces mots-là, si tu ne t’améliores pas. Mais c’est pas moi qui vais t’aider. »

Un sourire ironique s’affiche sur mes lèvres. Je secoue la tête de droite à gauche et ajoute sur ton douloureusement sincère en la regardant bien en face :

« Je n’ai pas de temps pour toi. »

Je hausse les épaules, parce que c’est la stricte vérité et que c’est comme ça.

« Tu dis que tu dois être la meilleure, c’est ça ? Tu attends quoi, prouve-le. C’est pas en quémandant toujours de l’aide que tu le seras. »

À son âge, et aujourd’hui encore, il ne me serait jamais venu à l’esprit, jamais, d’aller demander de l’aide, surtout lorsque j’étais capable de résoudre mes problèmes toute seule. À vouloir qu’on l’accompagne dans son apprentissage, elle finira comme la plupart des abrutis qui me servent de camarade de classe : elle sera incapable de réfléchir par elle-même et deviendra un boulet. Sorcière ou non, un boulet pour la société et pour toutes les personnes qu’elle côtoiera. Je caresse l’idée de lui dire toutes ces choses mais me retiens finalement : je ne suis pas là pour lui faire la leçon, sa vie ne me concerne en rien.

C'est aberrant qu'elle se figure être la seule à avoir du mal à manier sa baguette magique et à obtenir d'elle autre chose que des étincelles. La moitié des premières années sont dans le même cas qu'elle. J'en connais même dans les années supérieures qui éprouvent encore des difficultés à lancer des sortilèges. La magie s'apprend et surtout se comprend, il faut l'écouter, il faut vivre avec elle ; et à son âge, cela passe par son lien avec sa baguette magique. Je fouille brièvement le petit corps à moitié caché par la table sans trouver la trace de sa moitié de bois — j'ose croire que celle-ci se trouve non loin d'elle, contre son corps.

Un peu dure la Aelle ! Mais entre nous, si elle Elizabeth est encore là à pouvoir lui parler, et si Aelle lui répond sans l'insulter, c'est qu'elles sont sur la bonne voie. Elizabeth a de bonnes armes dans sa poche : sa sincérité et sa politesse.

05 août 2022, 19:46
Professeur Bristyle  privé 
Elizabeth plisse son petit nez de concentration en tentant d'appréhender différemment sa magie. Elle la voit comme un fluide stocké à l'intérieur de son corps, et qui peut en sortir à volonté - ou pas, c'est selon. Où se fourvoie-t-elle ?

- Qu'est-ce qui cloche, dans ma façon d'appréhender ma magie ? questionna-t-elle.

La Serdaigle a la sensation d'être à un moment charnière : la prochaine phrase que prononcera Aelle Bristyle pourrait lui donner la clé de ce qu'elle cherche. Elle est si près, elle le sent. Mais elle pourrait tout aussi bien passer sa vie entière dans le noir.

Les prochains mots d'Aelle la frappent de plein fouet. Mais ce n'est pas le moment de se laisser submerger par ses émotions. Pas aujourd'hui, elle refuse. La première année plante ses ongles dans ses paumes pour tenter de faire barrage à ce tumulte qui l'habite. Un, deux, trois, quatre... La boule logée dans sa gorge rétrécit puis disparaît. Cinq, six... Sa respiration redevient fluide. Sept... Ses muscles se décrispent.
Elle est surprise de la facilité avec laquelle elle redevient maîtresse d'elle-même. Elle n'a même pas eu besoin d'aller jusqu'à dix. Si la jaune a noté son bref trouble, elle ne se doute probablement pas de l'intensité des sentiments qui l'ont brièvement traversée.

Elle a compris qu'Aelle ne souhaite pas l'aider, et qu'il y a peu de chances pour qu'elle change d'avis. Mais la bleue a trop à gagner pour baisser les bras maintenant. Tant qu'Aelle ne l'a pas sommée de déguerpir, elle peut rester encore un peu assise et en apprendre plus de son aînée.

- Je ne comprends pas, s'interroge-t-elle. Quel est le mal à se faire aider si on en a besoin ?

Malgré ses entraînements et les nombreux sortilèges qu'elle a lancé, encore et encore, Elizabeth n'a toujours pas compris le schéma qui se cachait derrière ses réussites ou ses échecs. Les conseils d'une sorcière plus expérimentée qu'elle pourraient l'approcher de la solution, du moins elle l'espère.

3ème année RP / #018e6b

05 août 2022, 22:56
Professeur Bristyle  privé 
Elle parait faire un effort surhumain pour endiguer la frustration qui grimpe certainement en elle. J’observe du coin de l’œil ses petits traits se froisser et son regard se balader sans que je ne parvienne réellement à comprendre ce qu’il se passe dans sa tête. Elle ne lâche étonnement ni cri ni plainte. Elle accueille mes paroles comme si elle les prenait pour la vérité, comme si elle ne ressentait pas le besoin d’asseoir son importance et son envie que je lui apprenne la magie — comme si elle pouvait s’étudier comme on le fait avec les Potions ou la Botanique ! Et elle me demande à moi ce qui cloche dans sa façon d’appréhender la magie ? Au moins connaît-elle le mot appréhender… Comme si j’étais capable de le savoir rien qu’en la regardant, moi, ce qui cloche chez elle ! Alors évidemment je peux monter quelques hypothèses bancales… Mais encore faudrait-il pour ça que j’ai envie de lui accorder suffisamment d’attention.

Par dépit, j’attrape ma fourchette et joue distraitement avec les aliments qui se trouvent encore dans mon assiette, dépitée à l’idée de devoir supporter la présence de cette enfant qui n’a pas l’air décidé à quitter son banc pour retrouver sa table, ses amis, sa vie. Je me demande si elle est aussi seule que je l’étais ou si elle est du genre à brasser tout un tas de personnes et de s’attacher à mille âmes sans craindre de souffrir de leur perte. Je repousse aisément mes questionnements quand elle ouvre de nouveau la bouche.

Mon regard trouve le chemin vers le sien que je sonde pour savoir si la question est sincère ou non. Malheureusement, elle l’est.

« Y’a rien de mal à ça, lâché-je du bout des lèvres, il s’agit seulement de savoir dans quel camp tu veux être : de ceux qui ne peuvent pas avancer sans l’aide des plus doués qu’eux… »

Moi, donc. Mais je ne doute pas que si cette fille est dotée de suffisamment de paresse pour attendre les conseils des autres pour avancer elle ira trouver l’aide d’une autre personne plus talentueuse qu’elle pour résoudre les problèmes qu’elle se pense incapable de régler par elle-même.

« … ou de ceux qui ont le talent nécessaire pour avancer seul. »

Il y a une femme ici, dans ce château, qui m’a donné des conseils tout à fait contraire à ceux que je donne à Le Gall. Une femme qui deviendrait livide si elle savait qu’aujourd’hui encore je me préfère seule qu’accompagnée. Ou du moins, dans certains cas. Un sourire amer flotte à l’orée de mes lèvres au souvenir de ma directrice et comme souvent mon regard est attiré par son siège, là-bas, qui reste éternellement vide. Il revient rapidement à sa place, c’est à dire baissé sur mon assiette et surtout pas ailleurs. Il ne faudrait pas que l’enfant pense que je lui accorde trop d’intérêt.

« C'est juste une question de valeur, » terminé-je en haussant les épaules, sans chercher à cacher l'évidence : selon moi, ceux qui sont dans le mauvais quand ne valent même pas la peine d'être regardés et je ressens pour eux un profond et intense mépris.

Je n'ai jamais eu besoin d'aller quémander de l'aide des autres pour en être là où j'en suis aujourd'hui et au moins ai-je la fierté de pouvoir affirmer que mon talent est le résultat de mon travail et de mon acharnement.

14 août 2022, 09:51
Professeur Bristyle  privé 
La Serdaigle médite les paroles d'Aelle un petit moment.

- Je pense qu'on peut être les deux, finit-elle par lâcher. Avoir besoin d'aide sur certains points et être totalement indépendant sur d'autres. Voire aider soi-même les autres parfois.

Prise d'une impulsion, elle tire de sa musette un petit carnet à spirales, qu'elle ouvre à une page couverte de notes, et un stylo-plume.

- Récapitulons. Je n'ai aucun problème pour la théorie – le mot Théorie est déjà rayé, mais la Serdaigle rajoute un trait pour faire bonne mesure, écorchant légèrement le papier de sa plume de métal –, ni pour la concentration et encore moins pour la visualisation – si Aelle jette un regard sur le carnet, elle verra que ces deux mots ne sont même pas notés. Je ne crois pas avoir de souci de prononciation, mais je peux me tromper sur ce point – il est écrit Prononciation ?, Elizabeth n'y touche pas. Et pour finir, la gestion des émotions pourrait être un problème, sauf qu'il m'arrive d'échouer alors que je suis dans de bonnes conditions – la première année inscrit trois points d'interrogation à côté des mots Gestion des émotions, qui constituent la dernière ligne.

La Serdaigle tapote sa lèvre inférieure de son stylo pendant qu'elle se remit. Elle est visiblement satisfaite, puisqu'elle ne retouche rien.

- Qu'est-ce que tu en penses ? J'ai oublié quelque chose ? lâche-t-elle en levant les yeux vers Aelle.

Une imperceptible lueur de défi danse au fond de ses prunelles. Elle voudrait qu'Aelle reconnaisse son travail, qu'elle approuve. Qu'elle l'estime.

Pardon pour le retard, ce n'est pas évident d'écrire sur téléphone :(

3ème année RP / #018e6b

29 août 2022, 19:51
Professeur Bristyle  privé 
Je me fous de ce que tu penses, lui aurais-je asséné si elle n'avait pas sorti aussi rapidement son petit carnet. Deux constats se font instantanément dans mon esprit à la vision de cet objet et de celui qui l'accompagne, une sorte de stylo : tout d'abord, cette gamine est du genre à prendre des notes, donc à organiser ses pensées, ce qui revient à dire qu'elle est capable d'une réflexion plus poussée que la plupart de ses camarades du même âge ; et second point mais pas des moindres : elle a encore un pied dans le monde moldu. Mes épaules s'affaissent à cette conclusion mais je ne dis rien, j'écoute et j'observer la page ouverte devant elle. À quel point ce pied est-il encore coincé dans ce monde ? Je ne sais pas exactement mais je pense qu'il l'est de toute façon bien trop pour une enfant censée être une sorcière. Enfin, je ne peux lui reprocher, c'est la même chose pour toutes les personnes dans sa condition. Ils ont eu la malchance de naître dans le mauvais monde et seront pour toujours, ou du moins pour très longtemps, un peu décalés, en retard, à côté.

Je sais exactement quel est le problème de cette fille et d'où viennent ses difficultés. Et je sais également qu'elle n'est sans doute pas prête à l'entendre. En ai-je quelque chose à faire ? Non. Reste à savoir maintenant si j'ai envie de la mettre sur le chemin de la compréhension ou non. Elle me fait pitié avec ses questionnements bancals, ses rayures et sa liste. Elle me fait presque autant pitié qu'elle me donne de l'espoir : les générations à venir ne sont pas toutes dénuées d'intelligence et de persévérance. Je serais presque rassurée.

Je remonte les yeux en même temps qu'elle le fait et qu'elle cesse de parler, m'offrant sa phrase qui contient non seulement une question mais également une petite pointe de défi. Après tout, ne lui ai-je pas déjà dit que je n'avais pas de temps pour elle ? Je soutiens silencieusement ce regard en mâchonnant ma langue.

Je ne sais qu'éprouver : de la colère parce qu'elle ne m'écoute pas ou de la moquerie parce que cette gamine pense pouvoir avoir ce qu'elle veut de moi ? Étonnement, la colère ne vient pas. Ne préexiste que la réponse, la grande réponse attendue qui prend de la place dans ma tête parce qu'il s'agit de la seule chose, actuellement, qui présente un minimum d'intérêt.

« J'en pense, finis-je par rétorquer en posant les coudes sur la table, que si tu ne sais pas écouter, ça serait inutile de te donner le moindre conseil. »

Gaspiller ma salive pour une élève qui n'est même pas capable de comprendre que quand c'est non, c'est non ? Une enfant qui refuse allègrement les mots pourtant clairs que j'aligne depuis le début de la conversation ? Certainement pas.

« En attendant, évidemment que tu galères. Ça fait quoi, six ou huit mois que tu connais la magie ? » Je désigne son carnet et son stylo d'un geste du menton. « Tu penses comme une moldue. C'est ta baguette que tu devrais avoir dans les mains, pas ça. Comment tu veux la comprendre, sinon ? »

Pour une fois, je suis consciente de la dureté de mes paroles et surtout de la facilité qu'il y aurait pour Le Gall de les prendre pour une insulte à peine voilée — ce qui serait une erreur puisque ce n'en est pas une. La situation qui jusqu'à présent ne m'ennuyait qu'à demi me fatigue tout à fait : celle qui se trouve devant moi n'est qu'une née-moldu, voire une sang-mêlée qui ne comprend pas qu'elle a tout un monde a rattraper contrairement à ses camarades né-sorciers qui fréquentent la magie depuis leur plus jeune âge. Elle ne comprend pas qu'elle doit fournir plus d'effort encore et surtout apprendre chaque jour qui passe à se familiariser avec cette magie qu'elle dit sentir dans son sternum. Qu'elle doit sacrifier à chaque instant son temps et sa concentration pour se connecter à sa baguette magique afin que celle-ci lui soit aussi familière que ses mains ou ses doigts ou n'importe quelle autre partie de son corps.

Dommage. Si elle avait été un peu plus âgée, sans nul doute que converser avec elle aurait pu être intéressant. En attendant, l'idée de l'accompagner dans sa compréhension du monde magique ne présente aucun intérêt pour moi.

Excuse-moi pour ce retard, encore ! Je suis heureuse d'avoir pu reprendre ce RP que j'aime énormément. Écrire ce post a été un plaisir.