J'étais pendu là, parce qu'elle avait voulu que je monte sur ce balai. Elle avait voulu me faire croire que c'était si simple, que j'avais juste à m'envoler et j'allais devenir le prochain Krum sur balai. J'étais la tête pendue vers le bas et voilà qu'elle me donnait maintenant l'ordre de tomber. De littéralement tom-ber ! Je ne sais pas ce qu'il se passait dans sa tête, peut-être que dans son monde c'était facile de se laisser tomber et risquer de s'éclater le derrière, mais pas dans le mien.

Je soupirai en me maudissant. Je maudissais encore plus cette école, ces cours, ce balai, cette vue de gazon que j'avais depuis maintenant dix minutes.

- Il va bien falloir pourtant, si tu veux redescendre !

- Aaaah, Levis, j'suis pas un Gryffondor, moi !, criai-je

Je ne sais pas si c'était l'altitude de trois mètres qui me faisait délirer ou la vision future de mon corps qu'on retrouverait complètement cassé si Levis échouait, mais il me fallait penser à autre chose.
Je changeais de mains toutes les deux minutes car chacune devenait moite, et je priais pour qu'un professeur passe par là, même si cela signifiait perdre des points pour ma maison.

Et en même temps, c'était moi qui étais monté sur ce balai, je ne pouvais pas pénaliser Levis...

- Lâche ce balai ! Tout de suite ! s’époumona-t-elle

Elle avait raison, je n'avais pas d'autre choix.

- Ok, ok, prépare-toi ! Je compte jusqu'à 3 !, commençai-je en me pleurant intérieurement, et je me fais tomber juste après avoir dit 3, ok ? Pas après 2, hein, après 3 ?!, m'expliquai-je.

Je respirai un bon coup, prêt à hurler à la mort pour faire venir le premier élève qui saurait me sauver, prêt à réparer mes os cassés.

- 1....2.....

Faites que le temps s'arrête, pensai-je en stressant. Je déglutis et criai mon dernier chiffre.

- 3 !

Je fermai les yeux, fis glisser ma main, et mon corps chuta comme délivré de cette horreur, ma main le remerciant d'avoir cédé. Il fallait maintenant faire confiance en les capacités de Levis.

 « Ce n’est pas si difficile que ça, lance toi ! Saute ! » pensa Levis, les dents serrées par la concentration. Elle sentit une goutte de sueur perler sur sa tempe, mais n’y prêta pas plus d’attention que ça. Si elle ratait son sortilège, ou le lançait au mauvais moment, c’était l’infirmerie assuré pour Lukas, et la retenue pour elle. Mais que penserais son père d’elle si si peu de temps après son arrivée à Poudlard, elle se faisait déjà punir !

- Ok, ok, prépare-toi ! Je compte jusqu'à 3 !, et je me fais tomber juste après avoir dit 3, ok ? Pas après 2, hein, après 3 ?! cria Lukas.

Levis voulut lui crier quelque chose comme : « D’accord ! Je gère, panique pas ! » mais sa langue resta soudainement collée à son palais, sa gorge desséchée. Elle se contenta d’un bref hochement de tete en resserrant la prise sur sa baguette.

- 1....2....., commenca-t-il

Levis inspira et expira bruyamment, les yeux fixés sur le jeune garçon, son coeur battant follement entre ses côtes.

- 3 !

Lukas lâcha prise et tomba comme une pierre vers le sol. Le temps sembla ralentir, Levis ouvrit la bouche, prête à crier :

- Mo…

Trop tard. Le corps de Lukas heurta le sol dans un bruit étouffé par l’herbe, son uniforme noir formant comme une auréole autour de lui. Horrifiée, la jeune élève resta un moment plantée là, sans bouger, les yeux écarquillés par la stupeur. Puis elle s’élança vers lui, son sang glacé dans ses veines.

- Lukas ! cria-t-elle, le désespoir et le regret perçant dans sa voix

J'avais attendu durant cette longue et lente chute. J'avais attendu qu'un sortilège me rattrape et me fasse atterrir sur un joli petit coussin moelleux. Mais non, au lieu de cela, j'avais atterri sur le côté. Ma respiration s'était arrêtée le temps d'une seconde, le temps du choc.

- Lukas !, me cria-t-elle

J'avais presque oublié qu'elle était là. Qu'elle m'avait vu tomber comme on lance un gros sac de patates dans les brouettes des campagnes.

J'essayai de me relever. Mes jambes avaient l'air de fonctionner. Je n'étais donc pas paralysé. Je tendis mon bras droit vers le balai, pour voir si je ne l'avais pas cassé. Soudain, une douleur se réveilla, m'interdisant catégoriquement d'étendre mon bras plus que ce que je ne le faisais.

- Aaah, fis-je d'une petite voix gênée, je crois que j'ai mal au bras.

Je tentais de le faire pivoter, de tester sa force. Je gémissais à nouveau de douleur.

Je ne savais pas ce que je devais faire mais il fallait que je parte d'ici avant qu'un professeur ne le voie. Je me levai d'un bond, soutenant mon bras droit avec ma main gauche, et je m'en allais en direction des dortoirs. Ça finirait bien par passer.

- Tout va bien t'inquiète, lui lançai-je juste avant de partir. Tu veux bien rapporter mon balai à M. Mason s'il te plaît ?

Levis se précipita près de Lukas, complètement affolée. Qu’avait-elle fait ?! Elle s’arrêta n’émanions à un mètre de distance, ne se sentant pas la force de s’approcher plus. Et si il ne se relevait jamais…? Néanmoins, le garçon se redressa, et un vif soulagement la parcourut.

- Aaah, je crois que j'ai mal au bras.

Levis aurait voulu se confondre en excuses, implorer pardon, mais ses excuses restaient coincées en travers de sa gorge, sans qu’elle ne puisse prononcer un mot. Lorsque son camarade de promotion gémit à nouveau, elle esquissa un pas dans sa direction avant de s’arrêter à nouveau.

- Tout va bien t'inquiète. Tu veux bien rapporter mon balai à M. Mason s'il te plaît ? lui lança-t-il.

C’était hors de question. Elle n’allait pas le laisser s’en aller comme ça, alors qu’il avait sûrement une fracture ou quelque chose du même registre ! Elle s’avança cette fois pour de bon, avant de dire :

- Lukas, c’est clairement hors de question. Je..je vais t’accompagner à l’infirmerie, le balai peut bien attendre !

Elle marqua une pause avant de dire à mi-voix :

- Je suis désolée, c’est ma faute… l’aise moi t’aider.

Elle baissa les yeux, craignant de rencontrer le regard de Lukas. Lui en voulait-il ? Elle ne pourrait pas le lui reprocher si c’était le cas. Elle était la seule fautive.

Dans la panique, je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle me rattrape ni même refuse de me laisser tranquille. Elle avait l'air encore plus désolé que moi d'être monté sur ce fichu balai. Et alors que je l'entendais vouloir m'accompagner à l'infirmerie, je sentais mon bras pulser sous la douleur. Je le regardai, comme si mon bras allait m'afficher le problème dont je souffrais. Je tentais de le bouger un peu, et je grimaçai quelque peu de la gêne ressentie. Je ne savais pas si c'était réellement cassé, mais elle avait raison, il fallait que j'aille voir l'infirmier. Ou quelqu'un qui saurait quoi faire.

D'un ton plus désolé, elle baissa les yeux en s'excusant. La pauvre culpabilisait de ma bêtise d'être monté sur ce balai. J'en oubliais mon bras, et par réflexe, plaçais mes deux mains sur ses épaules pour la rassurer. Evidemment, mon bras ne coopéra pas et je dus me mordre la lèvre pour ne pas lui montrer que je souffrais et que je regrettais ce que je venais de faire. Lentement, je ramenai mon bras vers mon corps, plié en angle droit pour ne plus sentir la douleur.

- Hé, t'inquiète Levis, c'est moi le débile qui suis monté sur un balai. Pas toi, t'as pas à t'en vouloir.

Je baissai la tête pour tenter de chercher son regard et lui montrer ma sincérité. Du moins, je cherchais son visage, pas vraiment ses yeux.

- Si ça peut te rassurer, on y va.

@Levis Krats , en fonction de ce que tu décides, ça peut être mon dernier post