La fumée du train du Poudlard Express emplissait la quai de la voie 9 3/4. Il était temps pour les enfants de retrouver leur parents, de les serrer dans leurs bras, de leurs raconter tout ce qu’ils avaient fait (enfin pas tout non plus…), de leur parler de tout ce qu’ils avaient appris…

Accompagné de sa femme, William Shell balayait des yeux l’endroit à la recherche de sa petite tête rousse. Il aimait sa fille avec toutes ses qualités et défauts, serte, mais il lui arrivait tout de même de maudire sa petite taille qui la rendait plus difficile à repérer dans les foules.

"À ta gauche Will."

Suivant les instructions de la plus petite femme, l’ex Serdaigle détourna son regard vers la direction indiqué découvrit une fillette rousse, lui ressemblant en tout point quand il avait son âge, chose que le parrain de l’enfant ne cessait de pointer du doigt. Lorsque la Serpentard aperçue ses deux parents, son visage s’illumina d’un grand sourire. Tiffanie s’approcha d’eux d’un pas rapide, ne les lâchant des yeux sous aucun prétexte. Arrivée à leur hauteur elle se retint de se jeter dans leurs bras, voulant "faire la grande" et ne pas paraître ridicule auprès de ses autres camarades. Son père n’eu en revanche pas la même pudeur et la serra dans ses bras, avant de déposer un baiser sur son cuir chevelu, il s’abaissa ensuite à sa hauteur tout en posant ses deux grandes mains sur les épaules de la plus petite.

"Tu m’as manqué ma grande! Nick va venir à la maison ce soir, il a hâte de te revoir."

"Tu veux que je prennes tes affaires Fanny?"

Le sourire de la rouquine s’élargit d’autant plus. Le fait d’avoir toute l’attention de ses parents portée sur elle lui avait manqué, avec eux elle était le centre du monde, en particulier avec son père. Pour simple réponse, la fillette se contenta de tendre ses bagages à sa mère.

Leann sortit du train, ses deux valises dans ses deux mains. Exceptionnellement, ce n'était pas Miss Gwent qui allait la ramener à la Résidence, mais bien sa mère qui avait à lui parler d'une chose qu'elle avait qualifié d'importante. Qu'importe, la jeune fille verrait bien quand elle la verrait. Sa boule au ventre n'était toujours pas partie, et passer deux mois entiers en compagnie de sa famille la rendait nerveuse. *Tu vas morfler*

Elle vit sa mère à quelques dizaines de mètres, avec un sourire poli sur le visage, qu'elle lui rendit immédiatement. Les contacts physiques n'étaient pas dans leurs habitudes, alors ce ne fut qu'un signe de tête de la part de Leann, et un sourire de la part de sa mère, avant que celle-ci ne fasse un signe de main à Miss Gwent, qui était enfaite bien là. La blonde ne l'ayant pas remarquée, sursauta quand elle prit ses bagages et partit en avance.

- Trésor, as-tu fait bon voyage cette fois ?

La Serpentard répondit d'une voix claire :

- Oui, vous ne m'aviez pas prévenue de l'arrivée de Miss Gwent.

La japonaise émit un petit rire froid et s'apprêta à répondre, quand ses yeux se posèrent sur une famille. La plus jeune tourna la tête en direction de celle-ci et elle haussa les sourcils, stupéfaite de voir Tiffanie en compagnie de ses parents. Elle souffla, amusée quand sa mère se dirigea vers eux, accompagnée de Miss Gwent qui avait rebroussé chemin quand elle avait remarqué qu'elle marchait seule.

- William, cela fait des lustres, comment vas-tu depuis ? Demanda-t-elle assez fort pour qu'il l'entende, ainsi que sa femme et sa fille.

Rapidement rejointe par Leann, elle se posta entre sa mère et Miss Gwent.

L’homme se releva pour laisser sa femme embrasser leur fille, mais Dianne fut interrompue dans son action lorsqu’une autre femme appela son époux. Le concerné se tourna vers son interlocutrice et il eu du mal à la reconnaître au début. Elle lui disait quelque chose, il savait s’il la connaissait, mais d’où? Se creusant la tête, la mémoire lui revint soudain: Yoshiko. Mais pourquoi venait-elle le voir? Après la naissance de sa fille, il était persuadé que personne ne provenant d’une famille comme la sienne ne viendrait lui parler, par honte d’être vu avec un traitre à son sang.

"Lilibeth. Cela faisait bien longtemps en effet."

William appela la japonaise, qui avait depuis leur dernière rencontre prit de l’âge, par son surnom mais resta ferme dans sa façon de parler. Il ne voulait pas qu’elle s’imagine qu’il comptait avoir une discussion amicale avec elle, aussi sympathique sonnait-elle dans sa voix, l’homme connaissait sa façon de penser et il avait sa petite idée de quelle était son opinion concernant sa situation familiale actuelle. À cette pensé, il eu le réflexe protecteur de se placer légèrement devant sa fille afin de mettre une chose bien au clair: il ne la laisserait pas approcher son enfant.

Il ignora totalement la présence des deux autres personnes, mais une des trois têtes rousses n’en fit pas autant… Tiffanie avait passer tout ce temps à regarder Leann avec un regard emplit de haine. Elle avait un très mauvais pressentiment, et si son parrain lui avait apprit une chose, c’était de toujours avoir confiance en son instinct.

Yoshiko baissa la tête en souriant. Elle n'aimait pas du tout le ton qu'employait William, encore plus devant Leann qui les regardait curieusement, avant de croiser le regard de Tiffanie, qu'elle lui rendit évidemment plus noir encore. Son attention fut détournée quand, instinctivement, Yoshiko mit une main sur l'épaule de sa fille. Elle répondit à la suite, ayant perdu son sourire arrogant, le remplaçant dés à présent par quelque chose de bien moins "amical" :

- Tu es devenu bien formel mon cher, faisant allusion au surnom, mais cela ne m'étonne guère, en raison de l'image que tu as probablement acquise de ma personne au cours des dernières années.

Elle fit une pause, soufflant du nez, bien amusée de la situation, et reprit :

- Eléonore se porte à merveille, si tu n'en avais pas connaissance.

Elle se détourna de l'homme pour se tourner vers celle qui l'accompagnait.

- Excusez mon impolitesse, je ne me suis pas présentée. Lilibeth Hartley, enchantée.

La blonde tourna vivement sa tête vers sa mère à l’évocation de son nom. C'était étonnant. Elle sourit néanmoins quand elle sentit l'emprise de Yoshiko se resserrer autour de son épaule, signe de l'effort incroyable qu'elle faisait en s'adressant à la femme qui avait fait le déshonneur de la famille.

Leann quant à elle, mit une main d'un côté de sa bouche, et s'approcha un peu de Tiffanie, histoire qu'elle puisse entendre ce qu'elle lui disait, un sourire mauvais collé aux lèvres :

- Eleonore est ta tante, si tu ne le savais pas.

La plus jeune serra du poing face au commentaire de la blonde, elle s’apprêta à renchérir, mais son père prit les devant:

"Tiffanie sait qui est sa tante, merci jeune fille."

Le tond de sa voix s’adoucît très légèrement lorsqu’il s’adressa à la fillette. Il ne lui en voulait pas pour sa remarque déplacée, il se doutait bien de quelle type d’éducation avait pu avoir la petite, il savait qu’elle avait eu le cerveau retourné par les idéaux extrémistes de ses parents. Pauvre gosse se disait-il. Un détail ne lui avait en revanche pas échappé: Jacky. La femme était mariée et le nouveau nom qu’elle portait lui était familier.

"Tu dois être Leann Jacky? Tiffanie m’a brièvement parlé de toi."

De son côté, Dianne avait imité le geste de la femme et appuya sa main droite que l’épaule gauche de sa fille; ce réflexe fut une marque de protection maternelle, ce qui ne semblait pas être le cas de la dénommée Lilibeth. Elle était prête à partir avec son enfant à tout moment si les propos de la mère ou de la fille devenait trop violents à son goût. Elle répondit aux salutations de la japonaise par un simple signe de tête.

Tiffanie et William ne partageait en revanche pas le même opinion que l’ancienne Hitch: si ils devaient régler des comptes, ils le feraient avec le plus grand plaisir! Tel père telle fille.

La rouquine se mit sur la pointe des pieds pour chuchoter à l’oreille de sa mère, faisant en sorte de ne pas être entendu par les les nouvelles arrivantes.

"C’est elle qui a insulté papa dans la volière."

À cette remarque, la rousse se contenta de caressa l’épaule de sa fille du pousse. Elle savait bien qu’avec son caractère, Tiffanie n’avait pas besoin de réconfort supplémentaire, mais elle voulait tout de même lui faire savoir qu’elle était là.

Le trio fit abstraction de la présence de la troisième personne, ne n’ayant aucune idée de qui il pouvait bien s’agir. Une membre de la famille? La marraine de Leann? Une gouvernante? Qu’importe.

Un sourire de connivence entre la mère et sa fille, et Leann se courba légèrement en guise de brève salutation. Elle se redressa et répondit d'une voix calme, mais un peu plus froide, en s’esclaffant un peu, histoire de contraster :

- Je ne tiens pas à entendre ce qu'elle dit de moi, vous avez sans aucun doute dû vous faire la même opinion qu'elle.

Miss Gwent tenta de rappeler l'heure, mais Yoshiko la rembarra immédiatement, la faisant se taire à nouveau, puis toisa William, avec le même air réprobateur, accusateur qu'elle lui avait lancé le jour où il a été déshérité, puis secoua la tête en relâchant son emprise sur l'épaule de sa fille. Son soupir voulut dire "tu ne peux plus rien y faire".

Elle se souvenait de l'époque au cours de laquelle ils étaient devenus amis, c'est triste de penser que tout a voler en éclat à cause de la femme qui se tenait à ses côtés. Elle écarquilla cependant les yeux quand sa fille prit la parole :

- Si cela n'est pas indiscret, Mr, pourquoi avez-vous fait cela ? Mon frère est dans la même situation que vous il y a des années, alors j'aimerais savoir pourquoi.

Elle était très sérieuse, et sa question fut accueillie par une reprise trop calme pour l'être réellement de la part de sa mère, en japonais, mais pour éviter toute éventuelle compréhension de la part des Shell, elle employa le Tsugaru-ben, que Leann arrivait à comprendre malgré quelques difficultés :

- Tu es bien consciente que l'une des plus grandes faiblesses de la famille de ton père vient d'être dévoilée à quelqu'un cherchant potentiellement à nous nuire ?

La Serpentard dû répéter l'enchainement de mots dans sa tête plusieurs fois pour le comprendre, ce qui lui valut un nouveau regard réprobateur de la part de sa mère. Ne parvenant pas à trouver la bonne prononciation, elle opta pour le standard.

- Je cherche à comprendre, essayez de le faire aussi.

Elle reporta son attention sur William, laissant cet affront de côté pour le moment.

Tiffanie souffla grossièrement du nez, retenant un rire moqueur, face au changement soudain de dialecte employé par les deux sangs-pures. Elle avait l’impression de voir deux mauvaises espionnes utiliser un langage codé pour communiquer.

La situation sembla amuser beaucoup moins sa mère qui s’empressât de répondre à la question de la jeune fille.

"C’est très indiscret, en effet."

Son tond était froid, tout comme son regard. Dianne ressentait beaucoup moins de compensation que son mari envers la blonde, ce dernier tenta de calmer le jeu:

"Laisse Dianne. C’est encore une enfant, c’est normal de ne pas tout comprendre à son âge."

Détournant le regard de son épouse, il se concentra de nouveau sur Leann.

"Si tu parles de mon mariage, je l’ai fait simplement par amour. Bien que je n’ai plus le moindre contact avec eux, j’aime ma famille, mais ils m’empêchaient d’être moi-même. J’ai donc du faire un choix très difficile: les laisser décider de mon avenir en y sacrifiant mon bonheur, ou choisir le futur que je voulais mais risquer de perdre leur amour."

Il se remémora du jour où Dianne lui avait annoncé sa grossesse, c’était à ce moment précis qu’il avait su qu’il ne regretterait jamais son choix. Et la première fois qu’il avait porté son bébé dans ses bras… Personne ne pourrait lui faire douter, il avait prit la bonne décision en épousant celle qu’il aimait.

"J’espère que ton frère sera heureux avec la personne qu’il aime et qu’il aura un meilleur soutient familial que moi je n’ai eu."

William doutait fortement de la réalisation de ses dernières paroles, mais il garda cette pensée pour lui. Il espérait juste que si ce jeune garçon venait à devenir père, son enfant serait mieux accueillit que ne l’avait été sa fille dans la famille.

Leann lança un regard amère à la femme qui venait de la rembarrer, et se retenu de faire une de ces remarques acides dont elle avait tant l'habitude pour écouter le discours de l'homme. Ce qu'il lui dit ne l'étonna pas, c'était presque la même chose que ce que lui avait dit Tiffanie dans la volière. Elle répondit à la fin, encore plus sérieuse qu'avant, mais sans aucune once d'arrogance ni de colère cette fois :

-Mais il ne vous est jamais venu à l'esprit de... Rencontrer vos neveux ? Votre beau-frère, vos belles-sœurs ?

Elle ne comprenait pas, ce qui avait tendance à l'embrouiller. A l'entente de ses questions, Yoshiko mit une main sur son front en soupirant. Certes, elle n'appréciait guerre William, mais elle se doutait bien qu'il n'avait pas connaissance de tout cela, alors l'apprendre de la bouche d'une enfant de 12 ans...

- Leann, il suffit. Déclara-t-elle d'une voix tranchante, sans appel.

Et elle se tut alors, jouant avec le bouton de fermeture de sa pochette. Miss Gwent était partie, jugeant la conversation trop délicate pour rester, et avait emporté les deux valises de la Serpentard. Leann ne voyait pas où était le problème, alors elle soutint le regard du père de famille, fronçant les sourcils d'incompréhension.

Si James venait bel et bien à emprunter la même voix que l'homme qui se tenait en face, réagirait-elle comme l'a fait sa sœur ? Ou serait-elle plus compréhensive ? Ce qu'elle avait dit à Tiffanie dans la volière était vrai, bien sur qu'elle ne souhaitait pas qu'il soit la cause de la chute des Hartley - et accessoirement du clan - mais pourrait-elle couper totalement les ponts ?

À l’entente de la phrase de Leann, le regard de Tiffanie s’illumina: elle avait des cousins! Avaient-ils son âge? Étaient-ils à Poudlard? Les avait-elle déjà vu sans le savoir? La fillette regarda sa mère qui se contenta de froncer les sourcils face à la remarque de la petite blonde. Elle savait que malgré toutes les histoires que William avait pu raconté sur sa famille, leur fille était très curieuse et voulait tout faire pour se rapprocher des gens rejetant sa simple existence. Elle la soupçonnait même d’avoir soudoyé le choixpeau pour aller chez les verts. Elle baissa son regard vers sa fille et avec un sourire bienveillant, elle retira sa main précédemment posée sur son épaule pour la faire venir caresser les cheveux de la rouquine, afin de la rassurer et qu’elle soit mentalement préparée. Dianne savait que les prochaines paroles de son mari serraient dures à entendre pour la petite fille.

"Non."

Les étoiles dans les yeux de Tiffanie disparurent, laissant place au vide. La rouquine baissa les yeux et poussa un long soupire.

"Je n’avais pas connaissance de l’existence de ces personnes, et je te remercie pour cette information. Mais je sais que si je venais à reprendre contact avec ma famille, quelque soit mon motif, ils risqueraient de s’en prendre à Dianne ou Tiffanie et je refuse de prendre un tel risque. Jamais je ne les laisserais s’approcher d’elles, en particulier Tiffanie qui est encore très jeune et qui pourrait se faire manipuler très facilement, notamment par mon géniteur."

Avant que la plus jeune ai eu le temps de faire quoique ce soit, sa mère la rapprocha légèrement pour pouvoir venir la serrer contre elle. Elle baissa sa tête vers la mini-William et lui chuchota doucement à la l’oreille:

"Laisse mon cœur, ce sont des histoires de grands."

Des histoires de grands… C’est ce que disaient toujours ses parents à chaque fois que le sujet des Shell était posé sur la table. Mais là était tout le problème! S’il s’agissait d’histoires de grands, pourquoi une gamine de 12 ans se retrouvait-elle au beau milieu de l’affaire? C’était son père qui avait déçu sa famille, pas elle! Elle n’avait rien fait dans l’histoire! Elle était juste née au mauvais endroit, au mauvais moment…

La jeune fille avait écouté, perdue. C'était donc pour cela que sa mère la regardait comme ça, avec un regard noir. Elle tourna brièvement la tête vers Dianne et sa fille, leur proximité lui fit comme un pincement au coeur. Elle regarda une nouvelle fois le regard que lui lançait sa mère, et elle souffla amèrement, tout en hochant la tête à la réponse de William. C'était plus dur que ce qu'elle pensait, mais elle savait. Elle savait, au fond, elle se souvenait, elle avait accepté. Alors c'est avec un faible sentiment de résignation que la jeune fille s'inclina légèrement à nouveau en guise d'excuses, selon les coutumes qu'elle s'était évertuée à apprendre à Izu, toujours sous le regard de glace de Yoshiko. Elle n'était pas réellement désolée, enfin, elle ne pensait pas l'être.

- Je vois, excusez-moi.

Son regard redevint ce qu'il était lorsque Yoshiko remit sa main sur son épaule, pour bien lui faire comprendre qu'au moindre nouveau écart, elle serait sévèrement punie. Ses mots résonnaient dan sa tête "ils risqueraient de s'en prendre à Dianne ou Tiffanie", lui arrivera-t-il la même chose ? *Ouais, t'es triste ?* Elle ne l'était pas, mais elle s'imaginait déjà l'enfer qu'il vivrait si il devait rester à l'écart du monde sorcier pour que Nils ne le trouve pas.

Voyant que Leann restait silencieuse, sa mère déclara :

- Rien qu'à titre informatif. Éléonore a eu un fils, il s’appelle Théo. James et Arthur ont eu deux enfants chacun également, Adrien et Emilie, et Raphaël et Gabriel. Ils se portent bien.

Sa voix restait vide, mais son air moqueur avait disparu aussi. Ces informations avaient été dites seulement dans le but d'informer la rouquine qui avait l'air de s'y intéresser, et peut-être aussi William envers qui elle avait surement encore un peu d'amitié. Elle relâcha une nouvelle fois l'emprise sur sa fille et laissa tomber son bras le long de son corps, fixant le trio en face, froidement, comme d'habitude.