Max était, pour tout dire, légèrement anxieux. C'était la première fois qu'on lui confiait une telle mission, qui allait déterminer la vie d'un petit garçon, mais aussi celle de toute sa famille. Il avait vécu ça, aussi.
On était venu lui dire, lui expliquer le monde magique.

Ça l'avait bien marqué, et sûrement bien impressionné ses parents. Ceux-ci s'étaient montrés plutôt ouverts, avaient tenté de comprendre le monde que leur expliquait le futur professeur de Max. Ils avaient, sans trop de difficultés, laissé partir leur enfant.
C'était une chose difficile, que le chef de choeur concevait même s'il n'avait pas de fils. Laisser son enfant à la garde d'un inconnu qui expliquait venir d'un autre monde et maîtriser la magie devait être relativement éprouvant.

C'était dans cet état d'esprit que Max se présenta devant la porte de la demeure du garçon qu'il était venu voir. Une jolie maison, dans une bourgade d'Écosse tout ce qu'il avait de plus traditionnel. La disparition de leur fils allait être difficile à faire passer. Max passa une dernière fois en revue comment il était habillé, bien qu'il l'ait déjà fait plusieurs fois avant de partir. L'équilibre entre des vêtements élégants mais permettant de se fondre dans la masse emoldue était dur à trouver, surtout après avoir passé un bon bout de temps dans le monde sorcier. Heureusement que ses souvenirs de moldus l'aidaient à s'habiller correctement.
Enfin, le chef de choeur appuya sur la sonnette, qui apparaissait sur le portail. Un peu tendu, Max attendit que quelqu'un vienne lui ouvrir.

- ... donc quand il casse, ça crée du jeu dans l'arbre intermédiaire. Et c'est comme ça qu'on casse un moteur, tu comprends ?

Voyant mon regard perdu, papa soupire et me pousse légèrement du canapé sur lequel nous sommes tous les deux affalés.

- Allez, va me chercher du papier et un crayon, j'vais te faire un dessin.

- Chef oui chef !

Imitant en rigolant un salut militaire, je me lève avec hâte, et pars à la recherche d'un crayon fonctionnel, apercevant au passage le sourire affectueux que s'échangent papa et maman. Je récupère finalement un cahier et un stylo bic dans le bureau, et les donne à papa avant de récupérer son téléphone sur la table. Je secoue la tête à la vue de la musique qui résonne actuellement dans la maison, préférant mettre un titre d'ACDC un peu plus énergique.

Alors que je me retourne vers papa, qui dessine encore, la sonnette retentit, nous poussant tous à tourner la tête vers la porte. Je regarde mes parents tour à tour, et comprends rapidement que nous n'attendions personne. Maman pose son livre et se dirige vers l'entrée, alors que papa hausse les épaules et reprends son croquis.

J'enfile rapidement une paire de basquettes avant de suivre maman. Goliath commence déjà à s'agiter, et il faut que je le calme pour que maman puisse s'occuper de la personne qui sonne au portail.

Je descends les marches qui mènent dehors au pas de course, sautant même la dernière en appelant le malinois. Il saute déjà au portail, aboyant comme un fou.

- Goliath ! Aux pieds ! Chut !

Après un dernier jappement, il obéit, venant se poser à mes côtés, et je le récompense d'une caresse rapide, avant de reporter mon attention sur l'homme qui se tient devant chez nous.

Maman ne semble pas le connaitre, et il est facile de supposer que ce n'est pas un collègue de papa non plus. Elle l'évalue du regard avant de le saluer simplement, un peu froidement.

- Bonjour. Je peux vous aider ?

La femme qui se tenait devant Max paraissait assez froide, peu avenante. Sûrement était-elle peu enthousiasmée par l'apparition du chef de chœur. Max toucha sa baguette dans sa poche, comme pour se rassurer. Il allait l'utiliser, mais une fois à l'intérieur. En effet, pour que les parents croient en l'existence de la magie, le chef de chœur devait la montrer de la façon la plus discrète possible. Il ne s'agissait pas que tout le paté de maison se demande ce qu'il se passait.

-Bonjour Madame.

Max salua d'un mouvement de la tête discret, de façon à ne pas quitter des yeux le garçon qui venait d'apparaître. C'était sûrement pour lui qu'il était là.

-Bonjour jeune homme.

Une fois les salutations réglementaires effectuées, Max reporta la majorité de son attention sur la mère, de manière à entamer la conversation.

-Je suis Max Graham, membre de l'équipe éducative du collège Poudlard. Je suis profondément désolé de mon impolitesse, mais pourrais-je rentrer quelques minutes?


Puis, le chef de chœur de tût, toujours du côté extérieur du portail. Il n'y avait plus qu'à attendre qu'elle le lui ouvre. En tant que sorcier, l'ancien Poufsouffle aurait pu s'en passer, voir transplaner directement à l'abri des regards dans la maison, mais c'était nécessaire et normal pour lui de ne pas rentrer chez les gens directement. Il devait instaurer un climat de confiance.

L'homme était poli, au moins, et il se semblait pas être là pour vendre quoi que ce soit. Je réponds doucement à sa salutation, mais laisse maman parler.

- Bonjour.

Un tressaillement me prends lorsqu'il annonce qu'il fait parti de l'administration d'un collège. C'est donc pour moi qu'il est là.

Je sens le regard que maman porte sur moi, et secoue doucement la tête à son intention. Non, je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe non plus.

Un idée refuse pourtant de quitter mon esprit. Et si il venait pour le volley ? Je sais que certaines vidéos de nos matchs sont disponibles, et qu'il existe des cursus spécifiques dans le pays, mais je ne pensais pas que ça pouvait arriver si jeune.

Je garde une main sur le collier de Goliath quand maman ouvre finalement le portail. Je pense que cela vient plutôt d'une envie que papa soit là pour assister à la conversation, que d'une forme de politesse quelconque, mais le résultat est de toute façon similaire.

- Maria Coyle, et voilà Elijah, mais vous deviez déjà le savoir.

Elle lui serre la main, puis me pointe d'un geste en parlant, et j'agite la main en souriant quand elle me désigne. Maman continue de parler en guidant Mr Graham vers le salon, me laissant m'assurer que Goliath reste dehors.

- Elijah est déjà inscrit au collège d'à côté. N'est-ce pas un peu tard pour de nouvelles procédures ?

Je ferme la porte d'entrée avant de retirer mes chaussures et de m'engager à la suite des adultes. Je ne veux pas rater une miette de cette conversation, il faut que je puisse la raconter à Noel et Callum plus tard.

Papa nous a visiblement entendu arriver. Il coupe la musique et se lève du canapé alors que maman le présente.

- Liam, enchanté. Vous voulez quelque chose à boire ?

Finalement, ça ne se passait pas si mal, pour le moment. La femme ouvrit le portail, bien qu'une légère tension semblait être présente de l'autre côté. Ils se méfiaient de cet homme qui leur apparaissait de nulle part, et c'était tout à leur honneur. Max entra dans le jardin tranquillement, essayant d'instaurer un climat de confiance. Il lui fallait avant tout éviter de faire paniquer les parents, vu ce qu'il leur réservait dans la présentation. Ce fut toutefois avec un certain intérêt qu'il reçut la confirmation qu'Elijah était bien le jeune homme qui se tenait devant lui. Il paraissait bien traité et heureux ou il était, ce qui ne surprit pas Max. Les informations qu'il avait sur ce garçon étaient concordantes. Malgré tout, le chef de chœur allait devoir tirer ce garçon de son cocon, pour l'envoyer à l'école des sorciers.

Max entendit dans vraiment écouter les remarques de la mère d'Elijah. Il était évident que la famille du garçon avait tout organisé, mais ils allaient devoir changer leurs plans. De même Max salua rapidement le père, avant de rapidement prendre la parole, une fois la porte d'entrée refermée.

-Ne vous inquiétez pas, madame, je vais tout vous expliquer. Par ailleurs, je vous remercie, mais j'essaie de ne pas boire.

Le chef de choeur prit une grosse inspiration. Il allait maintenant attaquer le plus gros. Les quelques choses qu'il avait à dire à la famille Coyle.

- Pardonnez-moi pour cette entrée en matière quelque peu abrupte, mais il faut bien commencer quelque part. La magie existe. Avis.

Et des dizaines d'oiseaux apparurent, volant à travers la maison

La magie existe.

J'ai à peine le temps d'appréhender cette phrase que Mr Graham sort un objet en bois de sa poche et prononce un simple mot.

Des oiseaux. De foutus oiseaux.

Ayant par reflexe fait un pas en arrière à l'apparition soudaine des volatils - est-ce que c'était des moineaux ? - je fixe des yeux l'inconnu qui se trouve dans notre salon.

Dehors, Goliath s'agite, mais personne ne lui prête vraiment d'attention. Je jette un regard à papa et maman, observant dans leurs yeux la même incrédulité qui doit être visible dans les miens.

Il ne peut pas les avoir emmenés avec lui, on l'aurait remarqué. Et puis, les oiseaux sont rarement silencieux plus de trois secondes. Et c'est chez nous, il n'a pas non plus pu mettre ça en scène comme le fond les magiciens que l'on voit habituellement.

Merde.

Après un silence plutôt long, c'est papa qui prends la parole le premier, se laissant tomber sur le canapé au passage.

- Merde.

Maman me fixe d'un regard insondable, et quand je le le lui rends, elle se tourne d'un coup vers l'homme, et parle d'une voix hésitante que je n'ai jamais entendue.

- Vous parliez d'un... collège ?

C'est le moment ou tout s'assemble dans ma tête. Avec le nombre de livres que j'ai lu qui avaient le même scénario, c'est même surprenant que je ne l'ai pas compris plus tôt.

Il n'est pas venu pour le sport, mais il est quand même là pour moi. Merde.

La surprise fit bien son effet. C'était sûrement un peu violent, comme première expérience avec la magie, mais Max n'allait pas perdre son temps dans des explications et justifications bancales. Au moins, tout le monde allait l'écouter tranquillement, désormais. Et surtout le croire.
Le père fut le premier à s'effondrer sur le canapé, comme frappé par la foudre. Il semblait très légèrement surpris par la situation. Ce qui n'était guère surprenant, mais embêtait tout de même le chef de chœur. Il ne s'agissait pas qu'il fasse un malaise devant lui, ou Max aurait du mal à gérer la situation. Il n'était pas du tout au point avec ses sortilèges de soins, et le sorcier se voyait mal appeler les secours moldus.
La mère, elle, fut plus terre à terre. Peut-être était-elle moins attachée au réel et à la science moldue? Toujours était-il qu'elle était vite retombée sur ses pieds, et commençait à poser des questions. Elle échangea d'ailleurs un regard interrogatif avec son fils, comme s'il détenait la solution à toutes ses questions. Soufflant un bon coup, Max répondit à la femme.

- Veuillez excuser les manières, mais c'était la façon la plus rapide pour vous faire comprendre la situation.

Max s'arrêta un instant, comme pour permettre à ses interlocuteurs de se préparer. Il allait commencer à tout expliquer, et donner bon nombre d'informations assez complexes.

- La magie existe donc, et ce depuis la nuit des temps. Comme certains sont roux, d'autres peuvent interagir avec cette force. Il y a donc une part de génétique, et la plupart des sorciers ont des parents qui le sont aussi. Mais il arrive des exceptions, où, comme votre fils, ou comme moi d'ailleurs, un sorcier nait dans une famille normale. Première salve d'infos, c'était fait. Cette énergie, la magie, il faut apprendre à la contrôler. Sans cela, on devient une véritable bombe vivante, pouvant exploser à tout moment. C'est ici l'intérêt du collège Poudlard, un internat qui permet à chaque sorcier de savoir contrôler le flux pour lancer des sorts, comme celui que je viens de vous montrer.

Tranquillement, Max fit apparaître un fauteuil, dans lequel il s'installa tranquillement. Il fallait le temps pour que la petite famille digère toutes ces informations.

Non, c'est pas possible. Toutes sortes d'excuses traversent mon esprit, d'une hallucination collective à une blague d'un ami de papa et maman.

Et pourtant, pourtant, je ne peux pas me sortir de l'esprit cette balle qui a semblé ralentir en l'air, la semaine dernière à l'entrainement. Toutes ces fois ou papa et maman ont répété en riant que j'arrivais à m'échapper de n'importe quelle pièce en étant petit. Que je me perchais dans des endroits qu'ils étaient pourtant sûrs que je ne pourrais jamais atteindre.

Oscillant entre l'excitement et le déni, je prête peu d'information à la conversation, trop occupé dans mon propre esprit, jusqu'à ce que je capte le mot «bombe». Ma tête s'oriente d'un coup sec vers l'homme, prêtant attention à ses paroles alors que je commence à blanchir. J'ai aucune envie d'exploser, très peu pour moi.

Mr Graham, semblant peu conscient de la bombe qu'il vient de lâcher, réalise de nouveau l'impossible en s'asseyant dans un fauteuil qu'il vient de faire apparaitre. Quoique, les oiseaux, c'était plus impressionnant.

- Vous voulez dire que si on envoie pas notre fils dans ce… collège, il va mourir ?

Maman semble plus paniquée, maintenant. Je crois qu'elle arrivait jusqu'à présent à mettre tout le côté "la magie existe" à part pour se concentrer sur ce que l'homme disait.

C'est papa qui reprends la parole, finalement. Alors que je suis toujours perdu, ne sachant pas trop quoi dire. C'est pas tous les jours qu'on apprends qu'on est magique, et que si on apprends pas à contrôler cette magie, on risque de mourir, d'une explosion.

- Okay. Okay. Comment on fait ? Qu'est-ce qu'il va se passer ?

C'est exactement ça, pensa Max. Enfin, il ne pouvait décemment pas le formuler ainsi. Il risquait de choquer les parents un tantinet, ce qui n'était pas pour le mieux; il était tout de même là pour instaurer une relation de confiance.

-Il y a effectivement un fort risque que cela se finisse mal. D'où l'intérêt de l'envoyer à Poudlard, notamment.

Il aurait peut-être pu être encore plus doux, mais il n'aurait sans doute pas été assez marquant. A travers ce qu'il venait de dire, Max pensait avoir trouvé le bon équilibre. Mais ils devaient avancer dans leur discussion, désormais. L'heure tournait, et il devait encore expliquer ce qui allait se passer, ainsi que le fonctionnement de l'école. Ce fut donc tout content que Max entendit la question du père. Avant de commencer à y répondre, Max se tourna vers le jeune garçon.

-A présent, écoutez bien, jeune homme. Vous devez enregistrer toutes ces informations. Puis, redressant la tête, le chef de choeur parla plus généralement.Je comprends votre surprise et partage votre peur, mais avançons donc. Tout d'abord, voici le règlement de l'école. Max tira une liasse de papier d'une valise qu'il avait avec lui. Je vous laisserai lire tout cela quand je serais parti. Je repasserai le 15 août dans la matinée, nous irons avec votre enfant faire ses courses de rentrée. Je l'accompagnerai seul, car tout cela se passe dans le monde magique. De même, le premier septembre sera le jour de son départ pour Poudlard. Je le récupérerai à l'entrée de King's Cross, où un train magique partira en direction de Poudlard. Vous pourrez venir lui dire au revoir sur le quai de la gare. Le collège est un internat, Elijah ne pourra donc revenir que pour les vacances de Noel. Prévoyez donc des affaires pour un certain nombre de mois.


Max était passé à des informations bien plus pratiques, mais c'était nécessaire. Il voulait avancer, ne pas avoir à convaincre les parents pendant des heures.

Est-ce que cet adulte à déjà entendu parler de tact ? Quoique, je suis à peu prêt sur que Maman non plus ne sais pas ce que c'est. Heureusement qu'elle n'est pas médecin.

Les yeux ronds, j'ai levé la tête vers le magicien quand il m'a interpellé, mais je ne suis pas sûr de tout imprimer. J'espère que Papa ou Maman retiendront tout ça, eux.

De ce que je capte, en tout cas, Mr Graham revient dans deux jours pour m'emmener faire les courses. Finalement, je crois que j'entends mal.

Mon cerveau s'arrête au moment où il annonce que je resterais là-bas jusqu'à Noël. 4 mois. Au moins, je crois qu'il nous a fait oublier la nouvelle de ma mort imminente. Merde.

- Vous être en train de nous dire qu'il faut qu'on envoie notre fils avec un parfait inconnu dans deux jours pour aller dans un lieu dont on ne sait rien pour acheter des affaires pour un collège de magiciens ?

Ouh, ça y'est. Maman c'est remise du choc. Et elle n'est pas connue pour prendre des pincettes.

- Et comme si ça suffisait pas, notre enfant de 11 ans est censé rester dans cette école pendant des mois ? Seul ? Et évidemment, si on refuse, il meurt, et nous avec.

Papa se lève, se plaçant aux côtés de Maman, une main sur son épaule. Il me rabat vers eux de la seconde main, avant d'adresser un regard mauvais au magicien qui occupe notre salon. Maman, elle, déballe ses pensées sans laisser le temps à l'accusé de se défendre.

- Je ne sais pas à quoi vous pensez, mais vous êtes clairement fou si vous pensez que ce sont des conditions acceptables.

Je lève les yeux, et observe Papa lancer un regard vers la porte fenêtre et Goliath, qui est allongé juste derrière. L'atmosphère de la pièce me semble plus tendu à chaque minute.