Si vous n'avez pas encore passé votre BUSE en Potions, il est conseillé de ne pas lire ce sujet, au risque de voir une partie de votre examen dévoilé...

Mardi 18 juin 2047, 11h00

Votre nom vient tout juste de retenir dans le couloir qui mène à la salle de potions et vous vous décidez à y entrer. Après vous avoir fait entré et avoir débité un rapide rappel concernant le déroulé de l'examen, M. Ingram , votre examinateur, vous demande de piocher un petit papier.

Vous tombez sur un Philtre Calmant: vous voici parti pour 10 minutes de préparation puis votre exposé.

Il s'agit donc d'un mini RP en 2 posts.

Les chaussures d'Elian provoquaient un son amplifié sur le sol des cachots. A l'image de ses propres pensées ruminées dans son crâne en bazar, il tournait en rond devant la salle de classe : les ingrédients, les temps de préparation et les noms des potions se mélangeaient dans sa tête. Ce matin il demeurait seul parce qu'il était le premier à passer l'oral de Potions. La plupart des étudiants savaient depuis l'année dernière que la BUSE dans cette matière consistait à réaliser un exposé après un temps de préparation sur l'une des potions abordées en cours, choisie au hasard. La meilleure méthode, utilisée par les plus performants, consistait à rédiger des petits exposés sur chacune des potions au cours de leur apprentissage, et à les apprendre par cœur en vue de l'examen. Bien qu'il s'était essayé à l'exercice des petites fiches mnémotechniques en début d'année, Elian avait rapidement dû s'avouer vaincu : il y avait décidément beaucoup trop d'informations à connaitre pour espérer maitriser l'art des Potions - et puis il n'arrêtait pas de les semer un peu partout par inadvertance - c'était surtout ça le souci. Le seul exercice qu'il réussissait bien, c'était quand il fallait rapprocher les effets de certaines plantes lorsqu'elles étaient ajoutées en tant qu'ingrédients actifs. Ce n'était pas grand chose mais c'était suffisant pour paraitre un peu légitime dans cette matière. Au moins il s'estimait heureux de ne pas à avoir à réaliser une potion devant un jury comme à la fin de leur Troisième année. Quelque part, il repensait à la petite Charlotte qui redoutait la filière Auror justement à cause des cours de Potions... Elle avait raison de s'inquiéter. C'était une chose de se ridiculiser en faisant de la magie avec sa baguette magique, c'en était une autre de le faire à l'aide de son propre savoir et à sa façon de parler d'un sujet. En matière de magie et de savoir être, on ne pouvait tromper un jury professionnel.

Son nom retentit à l'intérieur de la salle, le tirant soudain de son bric-à-brac mental : il était temps pour lui de perdre toute crédibilité auprès du professeur Xarinez et du maître des potions qui s'était déplacé pour les examiner, un certain Monsieur Ingram. Elian observa les deux sorciers d'une expression neutre en apparence bien qu'il criait intérieurement durant l'énoncé des consignes. Am Stram Gram : son exposé porterait sur le Philtre Calmant ! Elian essaya de cacher sa joie, on ne savait jamais si cela pouvait donner l'idée à l'examinateur de lui faire tirer au sort un autre sujet.

Le Philtre Calmant était très bien tombé puisque le garçon en avait été biberonné depuis sa naissance, et on continuait encore aujourd'hui de lui en prescrire - surtout depuis le retour des vacances. Elian devrait donc remercier son père en premier lieu. Il connaissait expérience au moins ses effets, son aspect, son odeur et son goût. Installé à la table près de l'armoire, Elian commença à griffonner quelques mots sur une feuille de parchemin, bien que quelque chose de désagréable titillait son esprit à chaque fois qu'il noircissait son support pour l'oral. Potion de l’Œil Vif au réveil, philtre Calmant après le petit-déjeuner, Goutte du sommeil avant de dormir et tous les deux jours une potion de Vitalité... C'était beaucoup pour un enfant. Ce n'était pas le moment d'y penser, cela dit. Une fois que le temps de préparation fut écoulé, Elian s'installa devant sa professeure et l'examinateur Ingram. La feuille qu'il posa à plat devant lui ne contenait que l'intitulé du philtre et un dessin d'un bonhomme en bâton qui ressemblait fortement à lui-même avec des yeux en croix. Visiblement, Elian n'avait pas vraiment mis à profit ces dernières minutes. Il s'éclaircit la gorge dans son poing avant de commencer directement son exposé, debout face aux juges :

« Je vais vous parler du Philtre Calmant, de ses effets à sa composition en passant par ses origines nébuleuses. Tout d'abord, il faut savoir que cette potion fait partie de la grande famille des potions gentilles qui servent à aider les sorciers dans leur quotidien. Parmi ses sœurs on peut donc compter le Philtre de Paix et la Goutte du sommeil, leur vocation commune étant d'essayer de calmer les sorciers qui ressentent du stress, de l'angoisse ou un sentiment de choc de façon générale. Le Philtre Calmant le fait en ralentissant les battements du cœur quand il bat trop fort et en apaisant les esprits tourmentés. Il est si utile dans la vie des sorciers qu'il doit être facile à administrer : c'est pour ça qu'il est de forme liquide, qu'il sent bon et qu'il a bon goût mais pas trop quand même pour ne pas rendre les gens trop dépendants. » Ses yeux se baissèrent un instant sur son griffonnage et plus particulièrement ses yeux en croix. Appréciait-il toujours ce goût, lui ? A présent il ressemblait plutôt à celui d'un père trop angoissé, selon lui...

Il tourna la page rapidement de son côté vierge et sourit, comme pour se donner le courage de continuer sur sa lancée : « Ce Philtre Calmant peut être trouvé chez les apothicaires grégaires. » Il voulait probablement dire "agréés". Son père se procurait ses flacons dans une boutique de ce genre - bien qu'il le tenait toujours à l'écart durant ses achats étant la propension d'Elian à toucher à tout ce qui se trouvait à sa hauteur. « Les sorciers qualifiés peuvent aussi en fabriquer arti-nasale-ment euh, arti-sanale-ment s'ils possèdent les bons ingrédients. Mais ce genre de philtres doit être préparé avec beaucoup de précautions parce qu'il peut y avoir des effets bizarres si on le rate un peu, et même contraires à ceux que l'on souhaitait au départ ! Ce serait triste d'avoir une poussée d'adrénaline alors qu'on se trouvait déjà dans un état hystérique. En tout cas moi je n'apprécierai pas du tout... »

Il marqua une pause, pensif, les yeux collés au plafond, puis enchaîna sur la partie importante qu'il avait failli oublier : « Cette potion a été créée il a bien longtemps, elle fait partie du moine sorcier. » Patrimoine, c'était patrimoine le mot. « On date sa création après les épisodes de pestes sur le territoire français durant la période du Moyen-Âge. C'était dur dur à cette époque, les potionnistes ont beaucoup travaillé pour trouver un moyen de calmer les âmes endeuillées et ils ont fait beaucoup de recherches et de tests avant d'arriver à un bon résultat. Les historiens disent que ce premier essai réussi entrecroisait plusieurs travaux de l'époque et qu'on ne peut pas attribuer la réussite de cette création à un sorcier en particulier... Moi je pense que c'était un potionniste très déterminé et donc qui devait lui-même souffrir énormément. Et puis il se trouvait sur le continent océanique. Parce qu'il y a un cœur de crocodile dans la recette et je ne vois pas trop comment un sorcier français au Moyen-Âge aurait pu s'en procurer un facilement, ou alors il avait peut-être un correspondant australien ! En tout cas ces travaux ont permis d'établir la recette qu'on utilise encore aujourd'hui. Pour réussir un bon Philtre Calmant, on a besoin d'eau, de brins de lavande, de tiges de menthe poivrée et d'un cœur de crocodile. La particularité du philtre est qu'il a trois ingrédients actifs : les effets apaisants de la lavande naturelle sont très connus par exemple, vous avez déjà goûté une tisane à la lavande ? » Lui beaucoup trop. Elian secoua la tête et continua : « La menthe poivrée aussi possède ce pouvoir, quant au cœur de crocodile... Euh... » Ah, il séchait là. « C'est pour contrer les grosses larmes de crocodiles quand on est triste. »

Le jeune sorcier essaya de se rappeler des différentes étapes de préparation, mais c'était un peu brouillon, notamment sur leur ordre d'apparition. Il s'en tira assez bien sur la cuisson des plantes, mais tout ce qui touchait au cœur de crocodile était un peu bancal et imprécis. « Si la concoction prend une jolie teinte bleue océane et qu'elle dégage une odeur aussi agréable qu'une bougie parfumée, c'est qu'on a obtenu un Philtre Calmant ! » Il attrapa sa feuille de parchemin et la plia en deux, concluant ainsi un exposé plutôt dynamique bien qu'il restait marqué de quelques familiarités et imprécisions.

La deuxième partie de la BUSE serait d'avantage de l'improvisation dans son cas, Elian le savait - bien qu'il pouvait s'en sortir royalement si les questions portaient exclusivement sur le Philtre Calmant. Son père l'avait bien entrainé pour qu'il patiente jusqu'à la fin de chaque question avant de répondre et surtout pour qu'il ne digresse pas trop du sujet - parce que c'était un risque lorsqu'Elian discutait. En exposé, ça ne se voyait pas car il était seul à devoir parler, mais à présent que l'exercice se transformait en échange... La première question posée par le sorcier, toutefois, le mit en confiance : « Pouvez-vous nous indiquer une autre utilisation de la lavande, en dehors de cette potion, bien sûr ? » Elian marqua une pause et répondit, tout sourire : « Ma grand-mère remplissait de lavande des petits sachets de tulle qu'elle cachait ensuite partout chez elle, sous les oreillers, dans les armoires... Elle les utilisait pour faire fuir les Grinchebourdons, sa maison en était infestée ! » Il ferma les yeux un instant, comme ému d'un souvenir. « Son odeur est assez forte, il faut dire. Enfin je parle de la lavande, pas de ma grand-mère ! Moi j'apprécie quand elle est butinée par les abeilles. Je-parle-toujours-de-la-lavande. » Elian avait su se taire à temps, bien qu'il aurait pu développer davantage sur l'utilisation de cette senteur en parfumerie par exemple.

Elian tritura son brouillon, les mains derrière le dos, tandis qu'il recevait une nouvelle question de l'examinateur Ingram : « Que pouvez-vous nous dire sur les œuvres de Libatius Borage ? » Ah, on ne parlait plus du Philtre Calmant, là. Elian essaya de lire la réponse au plafond, les yeux plissés. Ce nom lui disait quelque chose, s'il faisait un petit effort... « Ses... Ses oeuvres portent sur les potions. » En voilà une réponse évidente et bien trop incomplète ! « Il me semble qu'on a utilisé un extrait de ses livres en cours, quand on a travaillé sur les venins. C'-c'est dans ce livre qu'il y avait la troisième loi de Golpalott, en tout cas ! » Cette information lui été revenue d'un seul coup, mais sa réponse demeurait très maigre. Borage n'était pas un auteur contemporain, ça il le savait grâce à l'état des manuels d'occasion qu'il devrait se procurer à Fleury et Bott pour l'année prochaine, son père le lui avait désigné furtivement. Il s'en souvenait parce que son nom lui avait fait penser à la bourrache, la plante médicinale. « Même s'il a publié ses œuvres il y a longtemps, elles restent toujours d'actualités pour l'apprentissage de certaines potions, comme le Manuel avancé de préparation des potions qui sert encore aujourd'hui ! » Au moins il avait pu en citer une, bien que laborieusement...

Peut-être que le sorcier avait compris qu'Elian perdait pieds parce qu'il lui offrit une question très abordable comme pour le rattraper : « Vous êtes en filière « Auror » et les potions sont donc plutôt importantes pour vous. Citez deux situations où, dans un quotidien d'Auror, les potions peuvent être déterminantes. » Pour Elian et à cause d'une mésinterprétation des paroles de son père, les Aurors étaient tous morts et n'avaient plus besoin de maîtriser l'art des potions mais, tout comme la dernière fois où il en avait entendu parler, il joua le jeu : « Les Aurors sont des super-enquêteurs, alors ils rencontrent forcément des affaires d'empoisonnements au quotidien. C'est là que c'est utile de s'y connaitre en potions, en venins, en dosages parce qu'il faut qu'ils déterminent s'ils ont affaire à des accidents ou bien à des meurtres masqués en suicides. » C'était une première situation, bien qu'Elian semblait manquer cruellement de considération envers son caractère atroce. Il était difficile pour un esprit comme le sien de s'imaginer réellement de telles choses. « Et puis les potions sont utiles pour soigner les autres et soi-même quand c'est nécessaire. Pour un Auror sur le terrain c'est très important parce qu'ils font face à des choses très dangereuses dans l'exercice de leurs fonctions ! Ils doivent pouvoir avoir un stock d'antidotes ou de potions médicinales à portée de main ! »

Elian reprenait un peu contenance après la mention de sa filière nommée en l'honneur de cette vocation assez incroyable. Il écouta la question suivante en se balançant légèrement d'avant en arrière : « Vous suivez les enseignements de Potions depuis maintenant cinq ans. Si vous ne deviez retenir qu'un cours, ou qu'une potion, quel serait votre choix ? » Là aussi, c'était une question un peu moins scolaire, qui faisait appel à davantage de choses qu'une simple récitation. Elian était définitivement épargné par tous les saints. « Oh j'ai beaucoup apprécié les cours sur le Polynectar, il y a deux ans ! C'était trop chouette de pouvoir faire ce projet en plusieurs fois : il y avait beaucoup d'animation, tout le monde était impatient de tester sa potion et on a beaucoup rigolé à la fin en voyant les résultats. Et puis l'idée de me lancer dans la préparation d'un Polynectar m'avait beaucoup intimidé au début alors j'ai été encore plus surpris par l'ambiance de la classe ! C'était très dur à faire alors je ne pense pas que j'en referais un jour en plus j'avais un peu raté la potion et puis elle est pas bonne du tout mais j'aimerai bien prendre l'apparence de quelqu'un d'autre encore une fois ! » Il secoua la tête et ajouta rapidement : « Avec consentement bien entendu ! »

L'examen paraissait aller vers sa fin, avec la nouvelle question du sorcier : « Envisagez-vous de poursuivre les potions jusqu'à l'ASPIC ? Si votre note à cette BUSE vous le permet, bien sûr. » Elian déglutit et acquiesçât plus gravement. Il n'avait vraiment pas le choix de continuer les Potions, son père lui avait dit que maîtriser l'art des Potions était absolument nécessaire à un dossier visant la formation qu'il souhaitait - ce qui était une petite exagération visant peut-être à le décourager un peu, devant la difficulté de la matière. « Je ne veux pas abandonner cette matière et je ferai de mon mieux pour obtenir cet ASPIC. J-je serai prêt dans deux ans Monsieur. » C'était une promesse autant à l'examinateur qu'à lui-même parce qu'il savait qu'il lui manquait beaucoup de choses avant d'envisager obtenir son diplôme en Potions.

A l'annonce de sa libération, Elian salua le professeur Xarinez et l'examinateur en se courbant légèrement - pourquoi avait-il fait ça ?! - et récupéra son souffle dans le couloir, très heureux de constater qu'il ne lui restait plus qu'une BUSE à passer avant le début des vacances. Le jeune sorcier estimait avoir fait de son mieux, il pouvait remercier le hasard de lui avoir attribué un sujet qu'il connaissait plutôt bien. Toute autre potion aurait probablement causé sa perte, mais la main du destin était avec lui, Elian voulait y croire.