Ce matin, il me restait encore quelques pots à réparer. Ma mère ne souhaitant pas utiliser la magie, avait préféré me laisser seul face à cette tâche. Il me fallait donc passer par des moyens de moldus, les moyens que mon père connaissait.

Assis les deux face à la grande table en bois, nous nous étions armés de colle ultra résistante et de nos morceaux de terre cuite brisés. La veille, l'orage avait frappé tellement fort que le vent avait fait tomber nos trois petits pots de l'entrée de la serre. J'avais été un peu inconscient de les laisser dehors et de ne pas les rentrer, mais j'avais cru qu'ils seraient épargnés. Mon père m'avait pourtant prévenu. Toutefois, il ne le retint pas contre moi, et accepta de m'aider à recoller les morceaux.

Ainsi, sous le son de sa vieille radio qui nous proposait de vieux classiques anglais, nous étions concentrés et appliqués. Nous avions tenté de ramasser tous les bouts couleur terre cuite que nous avions pu trouver, mais nous n'étions pas à l'abris d'une pièce manquante.

J'échangeais avec lui quelques propositions de sorts magiques que ma mère utilisait, mais cela le mettait en alerte à chaque fois :

- Ah non Lukas, contrôle-toi, ta mère veut que j'te surveille !
- Papa, je n'ai pas de baguette, je ne peux rien faire, remarquai-je en riant.
- Oui, et pis ta plante, elle a pris 3 mètres en une seconde juste par magie ?. Mon père me dévisageait avec son petit regard malin, puis se reprit :
- Ah ! j'avais dit que j'arrêterais avec cette remarque..., fit-il agacé que son public de moldu ne soit pas là pour rire à sa blague.
- Mais j'ai pas fait exprès !

Parfois, je sentais que mon père pouvait s'agacer plus rapidement lorsque je mentionnais la magie. Il l'avait parfaitement accepté pour ma mère, et s'en amusait même. Mais pour moi, je crois qu'il aurait préféré que je sois comme lui, craignant sans doute que l'on ne partage plus les mêmes intérêts. Le voir renfermé me gênait, mais alors que j'allais lancer quelque chose pour changer de sujet, il se recula et se leva de son tabouret :

- Je reviens, je vais chercher de la meilleure colle pour ton gros pot. Je pense pas que celle-là soit suffisante.

Il posa son morceau de pot sur la table, s'essuya les mains sur son tablier et sortit par la petite porte de la serre.

Agacé par cet échange raté, je fixai mon pot cassé. J'avais seulement placé deux pièces, prêtes à tomber et se briser à nouveau au moindre mouvement. Il me fallait rapidement cette colle.
Soudain, alors que je continuai de m'énerver intérieurement, je vis les deux pièces trembler. J'eus à peine le temps de paniquer qu'elles s'étaient fusionnées et faisaient à nouveau partie de mon pot. Comme si ces parties ne s'étaient jamais brisées !

- Oh, non, non, non ! Pourquoi la magie vient quand j'en ai pas envie ?!

Pris de panique, je cherchais une solution afin que mon père ne le voie pas. S'il s'en rendait compte, il saurait que j'avais eu recours à la magie. Il saurait et serait agacé !
Ni une ni deux, je saisis le pot et le jetai par terre.

- Désolé..., fis-je en direction du pot.

A cet instant, mon père rentra et d'un air interrogateur mais pas réprobateur, me demanda ce qu'il s'était passé. Je balbutiai et sortis :

- C'est... J'ai trébuché contre le pied de la table, et le pot est tombé, mentis-je accompagné d'un air désolé.
Un moment silencieux passa et un petit rire se fit entendre de son côté.
- Bon... et bien je reviens avec une pelle et une balayette !

A sa sortie, j'en tombai sur mon tabouret, ma tête dans les mains. Il fallait vraiment que j'apprenne à canaliser ces émotions. L'année allait être horrible sinon. Comment faisaient tous les autres sorciers ?!

Occupé dans mes pensées, je bondis en entendant quelque chose se cogner à la vitre de la serre. Cela avait été léger mais suffisamment aigu pour que je l'entende. Ce ne pouvait pas être un oiseau, maman avait lancé un charme pour les protéger des coups contre chaque paroi. Alors que je m'approchai de la vitre principale, j'aperçus quelque chose qui ressemblait à un petit bout de feuille de papier. J'allais ouvrir la porte quand un autre arriva en trombe par la petite ouverture qui servait avant aux lettres.

Celui-ci arriva directement dans mes mains et je remarquai que ce n'était pas un bout de papier, mais une enveloppe. Et cette enveloppe m'était destiné. Je la retournai avant même d'y lire l'adresse, et je remarquai au sceau rouge : Poudlard. Cet expéditeur, je le connaissais. Ma mère m'en avait beaucoup parlé. Je mentirais si je disais que je ne savais pas ce qu'il y avait dedans. Mais je savais qu'en l'ouvrant, je marquerais une distance de plus avec mon père.

Je la retournai à nouveau et notai qu'il était écrit "dans la petite serre au fond du jardin". Intelligents ces sorciers.. Ils savent même où me trouver !
Je pris une grande inspiration, ainsi qu'une grande décision et décidai de l'ouvrir. Je décachetai l'enveloppe et lus les premières lignes : j'étais accepté à l'école de Poudlard.