Guitare sécurisée sur le dos, une main perdue dans la fourrure de Goliath, je fixe ce foutu train, faisant de mon mieux pour paraître stoïque.
Allez, tu vas pas pleurer maintenant. Pas devant tout le monde comme ça.

La main de papa se pose sur mon épaule avant qu’il ne m’attire contre lui.

- Eh, champion, c’est que quelques mois. Tu verras, ça va passer vite.

Eh ben, raté. Je tente de réprimer mes larmes en reniflant bruyamment. Puis, la voix tremblante, lui réponds, espérant sans doute qu’il fasse disparaître tous mes problèmes en deux mots.

- Mais, papa. J’veux pas y aller.

Alors que maman me tend un mouchoir, tentant de m’apaiser avec des mots doux, je baisse les yeux sur le sol, croisant le regard de Goliath qui s’agite, impatient.

Me mouchant bruyamment, j’évite de parler de nouveau, de peur que ça ne déclenche une nouvelle vague de larmes. De toute façon, ils savent parfaitement ce que j’en pense. J’ai l’impression que c’est le seul sujet de nos discussions, en ce moment.

Même Noel et Callum en parlent souvent. Je ne peux pas leur en vouloir, mais moi, tout ce que je veux, c’est ne pas y penser. Je voulais profiter avant que tout ça soit fini.

Maintenant, c’est foutu.

Je me colle quelques instants à mes parents, avant que quelqu’un signale le départ imminent du train. Une caresse rapide à Goliath et papa me donne mes affaires, et me pousse presque jusqu’au train.

M’essuyant furieusement les yeux, pour que personne ne puisse deviner que j’ai pleuré, je pose mes affaires et m'assois dans un compartiment au hasard, content de n'y trouver qu'une autre personne.

Avachi sur le siège, je croise les bras, et me recroqueville sur moi même, visage tourné vers la fenêtre.

Allez, plus que 7 ans dans cette foutue école.

Eugène se triturait les doigts, très peu à l'aise entre les immenses murs de la gare bondée de monde. Il attend, là, entre le quai 9 et 10. Il scrute la foute, angoisse à chaque seconde écoulée. Saon parent avait dix minutes de retard, cela l'inquiétait. Iel avait promis de venir lui dire au revoir et lui souhaitait bonne chance pour cette quatrième année qui se profilait. Eugène avait hâte de retourner à Poudlard, de retrouver un semblant de repère dans tout ce chaos. Un semblant de maison quand la sienne était devenue inhospitalière. Emily finit par apparaître à ses côtés, quelque peu essoufflé. Iel prit tout de fois le temps de prendre son fils dans ses bras, sourire aux lèvres.

— Excuse mon retard, j'ai été surpris.e par les bouchons.
— Ce n'est rien, j'avais peur que tu me rates de peu.
— Ne perdons pas plus de temps, tu ne dois pas rater ton train.

Ensemble, ils traversent le mur pour déboucher sur le quai réservé aux sorciers, là où le Poudlard Express les attendait. Eugène déglutit en voyant le train, en aucun cas serein. Il se souvient encore de l'attaque, de l'évacuation en urgence et du stress que le tout avait engendrer.

— Eugène.

Le dénommé avise saon parent.

— Tout va bien se passer.

Tout se voulait rassurant en iel. Le timbre de sa voix, son regard, sa manière de serrer tendrement son épaule. Eugène acquiesce, bien que le doute persiste, une crainte surdimensionnée qui refusait de s'endormir. Pourtant, l'adolescent s'avance en compagnie d'Emily.

— Tu n'as rien oublié ? Tu as tout ce qu'il te faut ? S'il manque la moindre chose, écrit moi, j'essaierais de te faire parvenir un colis rapidement.
— J'y penserais.
— Tu as hâte de retrouver tes amis ?
— ... ouais, j'imagine.

Emily l'avise avec inquiétude, mais n'insiste pas. Quant à Eugène, il ne cesse de penser à Edmund. Il aimerait réparer les choses, mais était-ce possible, alors qu'il ne cesse de penser à ses lèvres ? Le garçon avait si honte, en plus d'être en colère contre lui-même. Il doit passer à autre chose, mais il n'arrivait pas à le faire. Lors du départ sonne, inévitable. Eugène serrait aussi fort qu'il pouvait saon parent. Tout deux se promirent de se retrouver au plus vite. Eugène monte, salut de la main une dernière Emily, avant de s'engouffrer dans le wagon. Il ne perd pas de temps, Eugène voulait à tout prix un compartiment vide. Par chance, il y en avait un. L'adolescent s'engouffre, range sa valise sans fond et se laisse tomber sur l'un des sièges. Il ferme les yeux, n'arrive plus à retenir ses quelques larmes. Il pressentait que sa tête allait imploser à tout instant.

La porte du compartiment s'ouvre. Eugène se ressaisit aussitôt et se cache derrière un bout de papier qui se trouvait dans sa poche. Une vielle liste de course au vu de ce qu'il lisait. L'inconnu prenait place d'une fenêtre. Si Eugène voulait au début l'ignorer, la curiosité prenait le dessus. Il le regarde de la tête aux pieds.

— Tu rentres en premier année ? lâcha-t-il.

Pas un bonjour, ni même un semblant de présentation. Eugène avait décidé de ne pas tourner autour du pot. Il avait besoin d'une distraction.

Je met quelques secondes avant de réagir à ce que l'autre occupant du wagon, pensant d'abord qu'il parle au téléphone, avant de me rappeler que ce n'est apparemment pas possible.

Et effectivement, quand je relève la tête dans sa direction, il s'adresse bien à moi. Enfin, sauf si il a des écouteurs invisibles et qu'il aime fixer les gens en parlant au téléphone...

- Hein ? Ah, euh, ouais.

Je décroise les bras, main droite venant agripper l'avant bras gauche. Mes yeux hésitent entre lui et le paysage qui commence à défiler par la fenêtre. C'est un truc de sorciers de parler dans le train ?

Entre ça et le train à vapeur, je commence à penser qu'ils sont restés quelques dizaines d'années en arrière. Au moins, les sièges sont confortables.

Je finis par reporter mon regard sur lui, avant de reprendre la parole. Faut être poli, à ce qu'il parait.

- Toi pas, je suppose ?

Il a l'air bien plus vieux, et grand. Enfin, il a aussi l'air d'un batteur dans un groupe de rock. Si les sorciers savent même ce qu'est le rock.

D'un geste familier, je rapproche légèrement mon étui de guitare de moi, doigts pianotant quelques instants dessus. Même si je n'ai pas le droit à mon téléphone ou à un casque audio, j'ai au moins mon propre instrument, pour continuer à entendre de la bonne musique. J'espère seulement que leurs hiboux peuvent transporter des partitions.

Sa question ne l'était pas en réalité. Tout dans le garçon respirait le premier année : La peur, la douleur de quitter ses repères, le fait qu'il soit prostré comme si la fin du monde l'attendait. Oui, c'était forcément un premier année et alors que ce dernier le confirme, Eugène n'eut pas vraiment de réaction. Il venait de taper dans le mile. Par pure politesse (là également, ça se lisait sur son visage), le gamin demande ce qu'il en était pour Eugène.

— J'suis en quatrième année, répondit-il alors, pas peut fière d'avoir tenu jusque-là.

N'empêche, il se demande encore comment il avait réussi son coup. Vraiment, tout lui était hostile, mais il persévère à faire son bout de chemin ici, si bien qu'Eugène s'impressionnait, bien que cela amusait beaucoup moins Emily. Avise la guitare qu'il tenait et l'indique aussitôt du doigt.

— Maon parent sait en jouer, par contre, j'suis une vraie brèle, dit-il.

Ils allaient certainement passer la majorité du temps ensemble, alors autant trouver de quoi discuter pour faire passer le temps, sinon le trajet risquait d'être excessivement long.

— Hâte d'être à Poudlard ? C'est inquiétant sur les bords, mais ça ce pas relativement bien.

Eugène insiste bien sur le "relativement". Entre l'horreur du bal d'Halloween, le Dominion, l'attaque du Poudlard Express et j'en passe les vertes et les pas mûrs, il y avaient de quoi se questionner sur la sécurité de l'école.

@Elijah Coyle

Rp abandonné après discussion avec Elijah