Aylin, 13 ans, découvre depuis deux années complètes l’univers grandiose et magique qu’est Poudlard. Les yeux toujours grands ouverts, elle n’a rien perdu de son émerveillement face à toute la magie qui coule dans les pierres de Poudlard. Ainsi, à chaque détour, à chaque couloir, à chaque escalier qui bouge avec une paresse infinie, elle sourit. Parce qu’elle aime ce qu’elle voit, ce qu’elle découvre et ce qu’elle prend plaisir à redécouvrir chaque jour durant. Parfois, il lui arrive même de s’assoir dans un coin et de regarder, pas très discrètement, les tableaux se mouvoir les uns chez les autres, discuter avec les voisins ou les élèves un peu bavards. Elle apprécie la compagnie du château comme on pourrait apprécier un animal de compagnie, elle le personnifie comme un ami.

Et alors, que dire de l’extérieur ? De cette étendue de verdure – qui vire un peu au orange à présent – où elle se complait souvent à passer du temps. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Elle aime la nature, l’extérieur et Poudlard dispose d’un tel environnement qu’il serait difficile pour la jeune fille de ne pas tomber en pamoison face à cela.

Néanmoins ce jour-là, la jeune fille ne mettra guère le nez dehors. Il pleut averse et elle s’est déjà faite enguirlandé par sa mère lorsque cette dernière a appris qu’elle aimait aller dehors même avec la pluie. Parfois, Aylin se dit que si sa mère était une sorcière, elle recevrait une beuglante : elle en avait déjà vu dans la grande salle et qu’est-ce que c’était impressionnant ! Il était acquis pour la fillette que si sa maman en avait eu l’occasion, elle aurait trouvé une raison suffisante pour l’enguirlander de cette manière.

C’est toute à cette pensée que la jeune fille descendait un énième escalier en fredonnant un air gai. Jusqu’à ce qu’un cri strident ne la ramène sur terre. Aylin n’eut guère le temps d’en chercher l’origine : devant elle, un garçon de Serdaigle venait de faire la plus belle chute que l’adolescente ait pu voir au cours de sa courte vie.

- Oh ! s’étonna-t-elle. Tu vas bien ?

Parce que, forcément, dans ce contexte, il était tout à fait approprié de demander si le garçon allait bien. Alors qu’il était évident aux yeux de tous – sauf d’Aylin – que le garçon qui venait de faire une chute n’était sans doute pas au meilleur de sa forme.

Trois ans. Voilà maintenant trois années que Kasey étudiait à Poudlard. De par ses parents, il avait entendu tellement d'histoire qui rendait l'endroit aussi magique que mystérieux, si bien qu'avant de recevoir sa lettre d'admission, Kasey cultivait une certaine excitation depuis sa tendre enfance. Si au bout du compte l'émerveillement était retombé, le sorcier de 13 ans n'en restait pas moins conquis. Entre sa maison, les cours et le lieu, s'ennuyer entre ses murs semblait être impossible, il y avait toujours une chose à faire : bavarder avec les tableaux, se promener dans le parc, regarder de très loin et avec envie la Forêt Interdite (si vous saviez à quel point il était curieux, Kasey avait grandement envie d'y aller et découvrir ses nombreux dangers, vivre une aventure !), ou encore les heures de cours et les devoirs, mais surtout le Quidditch. Clairement, ce sport lui faisait de l'œil et il s'était promis un jour de rejoindre l'équipe de sa maison.

Mais pour l'heure, Kasey était en chemin pour la Grande salle. Il devait y retrouver des amis, afin de réviser ensemble. Avec empressement, l'adolescent cavalait dans les marches, la tête ailleurs, comme à chaque fois. Vous vous en doutez, être si peu attentif dans les escaliers n'étaient clairement pas une chose à faire. Ce qu'il devait arriver se produisait donc : Kasey rate une marche, son pied qui essaie de se réceptionner glisse et il glissa ainsi, non sans se fouler la cheville. Les fesses au sol, son coccyx était tout aussi douloureux que sa cheville. Derrière lui, une gamine s'enquit de son état. Est-ce qu'il allait bien ? Quelle drôle de question ! Si Kasey songe à répondre sèchement, il préfère employer l'humour :

— Très bien, merci !

Il tirait une sacrée tête. Son visage était déformé par une vilaine grimace qui caractérise que trop bien la douleur qu'il ressentait.

Mes excuses pour le retard, ça n'arrivera plus !

Si Aylin avait été un chiot, elle aurait probablement baissé la tête, courbé l’échine devant la bêtise crasse qu’elle venait de dire. Qui aurait pu douter que l’adolescent souffrait le martyr vu le cri qu’il avait poussé ? Pourtant, la réponse qu’il lui fit la prit au dépourvu. Etait-ce de l’ironie ? De l’humour ? Aylin peinait à croire que ce soit la vérité mais … certaines subtilités linguistique0 lui échappait souvent. Sa maman disait souvent qu’elle était trop perchée pour comprendre les autres. Aylin se demandait si elle était montée sur un arbre pour que sa mère puisse dire ça mais elle n’avait pas de réponse.

C’est ainsi que l’esprit de la jeune fille s’évada un instant … avant de revenir au moment présent face à la vilaine grimace faite par le Serdaigle, là, sans l’ombre d’un doute, elle comprit : il avait mal. Bon, peut-être qu’elle devrait faire quelque chose pour rattraper sa bourde.

- Est-ce que tu as besoin d’aide pour aller jusqu’à la pharmacie ?

Non pas que la frêle silhouette de la jeune fille soit vraiment imposante, juste qu’elle est capable de marcher sur ses deux pieds, deux chevilles et même deux jambes. Rien que cette pensée rend Aylin guillerette : il faut savoir se satisfaire des petites victoires que la vie nous offre. N’est-ce pas exactement la petite phrase que disait son père ? Peut-être pas exactement mais cela y ressemblait fortement ! Ainsi, elle tendit la main à l’élève qui devait avoir approximativement son âge, prête à lui venir en aide.

Kasey avise la petite du coin de l'œil. Elle ne semblait pas comprendre l'humour dans sa réponse. Elle regardait dans le vide, certainement perdu dans ses pensées.

— C'était une blague, souffla Kasey au bout du compte. De l'humour pour dédramatiser la situation ; j'ai mal, mais ce n'est grave non plus. Je pense m'être simplement tordu la cheville.

La fillette semble retrouver ses esprits et propose son aide. Si Kasey tilte au mot "pharmacie", il ne s'embête pas à la corriger. Il avait compris l'attention, c'est le plus important. Il accepte donc sa main tendue et avec précaution, le garçon se relève doucement. Il s'appuie contre le mur et posa une main contre l'épaule de la gamine.

— Bien, c'est un bon début... maintenant, il faut descendre plusieurs escaliers, sinon, ça ne serait pas marrant.

Il lâche le mur et s'appuie sur la fille. Une douleur vive lui arrache une grimace dès lors qu'un peu de poids s'écrase sur sa cheville fragilisée. Malheureusement, il allait devoir utiliser ses deux pieds. La gamine était frêle, Kasey ne pouvait pas se permettre de se retenir trop à elle.

— Nous allons y aller doucement, ça devrait le faire.

Il commence à avancer sur ses mots, péniblement, mais sûrement.

— Après, tu n'es pas non plus obligé à m'accompagner jusqu'à l'infirmerie, surtout si tu as cours. Au fait, c'est quoi ton nom ? Moi, c'est Kasey.